Le boxeur Pietrantonio Di Mauro, venu de Roccasecca, un village pelé au sud de Rome, est assassiné dans un bal à Villeurbanne en 1932. L'élucidation du meurtre de ce militant fasciste va vite devenir un enjeu politico-médiatique. Au cours de l'enquête, les suspects, anarchistes ou communistes, seront tour à tour emprisonnés, innocentés, de nouveau traqués par les services secrets tout-puissants de Mussolini, la redoutable OVRA, jusqu'à la déclaration de guerre. En arrière-plan, le roman déroule la fresque de l'épopée fasciste, d'abord triomphale mais qui peu à peu se mue en désastre, jusqu'à l'écroulement final : le corps du Duce et celui de sa maîtresse exposés à Milan, pendus par les pieds.
On retrouve ici la méthode et le style tout à fait singuliers de Philippe Videlier. La folle aventure fasciste arbore les couleurs d'une farce grinçante. Le récit, d'une implacable précision documentaire, est ponctué par les apparitions bouffonnes d'un super-héros jailli d'une bande dessinée à la gloire du régime. Le personnage de Mussolini, délirant de narcissisme, se piquant d'art, adulé par les foules en Italie et en Amérique - mais aussi, on a tendance à l'oublier, en France et en Europe -, domine le livre de sa stature à la fois effrayante et grotesque, au fil d'une reconstitution exceptionnelle.
Un communard libéré des bagnes de Nouvelle-Calédonie, une intrépide féministe passionnée par Jules Verne, des aventuriers italiens, des gardes hindous, des officiers anglais : on croisait forcément des gens hardis à la pointe de l'Arabie, à l'Hôtel de l'Univers, dans la cité d'Aden. Arthur Rimbaud, devenu un autre, y fit escale. En ce point du globe s'attardèrent le philosophe Paul Nizan et le poète Philippe Soupault. Selon un géographe, le mot Éden a la même origine que le mot Aden. Cela reste à voir.
Rejetant les dominations coloniales, l'Orient arabe a voulu entrer en modernité. Au Caire, à Damas, à Bagdad, des colonels enfilèrent l'uniforme du progrès. Aden choisit la révolution.
Depuis le parvis de l'Hôtel de l'Univers, c'est toute l'épopée de notre temps qui est observée à travers l'histoire du monde arabe, creuset où entrent en fusion les appétits des puissances planétaires.
On retrouve ici le ton propre à Philippe Videlier : une ironie à la fois caustique et nonchalante, usant d'un style imperturbable pour décrire le cours sanglant de l'histoire en s'appuyant sur une documentation riche et précise.
"Au matin du 16 mai 1939, les agents mandatés du NKVD vinrent prendre en automobile Isaac Babel au "village des écrivains" de Peredelkino. On l'emmena à la prison avec ses manuscrits ficelés en liasse. Au début, il n'avoua rien. Pas même qu'il était un espion à la solde du Français André Malraux."
La mutinerie du Potemkine, l'assassinat d'un vice-gouverneur par Maria Spiridonova, Cavalerie rouge peint par un Malévitch de plus en plus inquiet, l'aventure étonnante de Gagarine... Quatorze nouvelles - émouvantes, tragiques ou drôles - qui racontent la Russie de l'époque soviétique et les événements ou les acteurs majeurs de la révolution.
Philippe Videlier allie la précision documentaire et une discrète férocité de ton, qui confère à ces nouvelles un charme particulier. Il a inventé un genre, le roman d'histoire : conter la vérité comme si c'était une fiction.
Dans leur jeunesse, caracolant par monts et par vaux, Mao Zedong et ses généraux s'étaient nourris du roman Au bord de l'eau, l'épopée des Cent Huit Brigands Justiciers. Bien d'autres ressources leur furent nécessaires pour échapper à Chiang Kai-shek et à ses conseillers de la Wehrmacht, aux Nippons déchaînés, aux canonnières anglaises du Yangtsé, aux policiers de la Concession française de Shanghai. Chaussés de semelles de paille, mâchonnant du gingembre et des piments, les hors-la-loi sillonnaient le pays et ralliaient à eux les Chinois miséreux. Ils parvinrent au pouvoir, et alors ce fut une autre histoire. Les alliances se défirent, les intrigues se nouèrent. L'un après l'autre, les compagnons de la grande aventure passèrent à la trappe...