"Voilà ce qu'il avait à dire de si difficile, dans le chemin creux couronné d'épines : qu'il n'avait pas été le fils, mais le chauffeur de sa mère. Et je soupçonne qu'à cause de cela, il buta toute sa vie sur les mots. Un chauffeur ne parle pas. Beaucoup de ses colères s'effondraient ainsi très vite, leur fragile charpente verbale cédant tout de suite, sous le poids de la plus légère émotion."
Pays perdu raconte la beauté et la rudesse de la vie d'un village d'Auvergne, marquée par des secrets et des relations humaines aussi brutales que profondes.
Et si, dans Alien, l'héroïne occupait la fonction de pédicure du bord, tandis que le commandant se préoccupe de repasser son linge ? Cela s'appellerait Alein... Et si, dans La Grande Librairie, Michel Klouelbecq comparait les saveurs des pâtées pour chien, tandis que Christine Ragot passait son temps à quitter le plateau en furie, sans entamer le flegme onctueux de François Tusnel ? Cela s'appellerait La Grande Solderie... Et si, dans La Belle au bois dormant, le prince s'inquiétait de l'effet de sa coiffure, alors que la princesse se passionne pour les enclumes, manière LGBT ? Cela s'appellerait La Belle et l'Enclume.
Situations loufoques et scènes délirantes abondent dans ces trois parodies, où l'écrivain iconoclaste Pierre Jourde dézingue à tout-va avec un humour ravageur et jubilatoire.
Écrivain et critique littéraire, Pierre Jourde a longtemps été professeur de littérature française à l'université. Il a publié une quarantaine de livres, dans tous les genres (poésie, essais, romans, satire littéraire, théorie de la littérature...). Il a tenu une chronique sur le site Bibliobs. Parmi ses publications, couronnées de nombreux prix : La Littérature sans estomac (2002), Festins secrets (2005), Le Jourde & Naulleau (2008), La Culture bouge encore (2016), Le Voyage du canapé-lit (2019).
"Le transport du canapé constituait l'apogée de la malédiction des objets qui me poursuivait depuis ma naissance. Et je commençais à comprendre obscurément le rôle central que certains de ces objets avaient pu jouer dans des épisodes désastreux, dangereux ou grotesques de mon existence. Ils étaient toujours là quand il y avait un mauvais coup à faire."
À la mort de sa mère avare et dure, une femme hérite d'un canapé remarquablement laid. Elle charge ses deux fils et sa belle-fille de transporter la relique depuis Paris jusqu'à leur maison en Auvergne. À bord d'une camionnette, Pierre, Bernard et Martine embarquent alors dans un périple hilarant, au cours duquel défilent les paysages et les histoires de famille aussi féroces que réjouissantes.
"Après coup, on ne peut pas s'empêcher de revenir sur les jours d'avant, comme pour prendre la mesure de son aveuglement d'alors. On se regarde ne pas savoir, on se regarde vivre alors que cela n'est pas encore arrivé, on s'étonne de ce fragile bonheur. Et ce sont tous les moments de la vie, toutes les joies, les naissances, les après-midi dans le jardin, les journées sur la plage, les histoires racontées le soir aux enfants, les photographies et les souvenirs du passé que vient rétrospectivement infecter de son venin le jour où l'on a su. Ta photographie d'enfant joyeux est celle, à jamais, d'un enfant qui va bientôt mourir."
Un des trois fils de Pierre Jourde, Gabriel, est mort à vingt ans. Le récit évoque la dernière année de ce jeune homme plein de charme et de joie de vivre, doué pour les arts plastiques et la musique. La figure radieuse de 'Gazou' hante le récit de la maladie : les anecdotes du bonheur enfui ponctuent l'élégie. Un texte poignant sur le deuil et l'amour paternel.
« La fable express est une parodie de fable, qui naquit à la fin du XIXe siècle, époque de fantaisie, d'invention et de jeu avec la langue. La recette en est simple : une poignée de vers de mirliton, aromatisés à l'absurde, à l'insolence ou à l'obscénité, et une « morale » en général très peu morale, qui parodie parfois dictons et lieux communs, mais sans obligation. La « morale » est à double sens : elle cache une autre formule, qui se prononce de la même manière mais dit tout autre chose. Bref, c'est un calembour. Le but ? Le jeu, le rire. » (P. Jourde)
Après une savoureuse présentation, Pierre Jourde revisite en 101 fables ce drôle de genre littéraire, exercé entre autres par Alphonse Allais, Boris Vian et Marcel Gotlib. Un vrai manifeste pour une littérature humoristique et populaire.
Écrivain et critique littéraire, Pierre Jourde a longtemps été professeur de littérature française à l'université. Il a publié une quarantaine de livres, dans tous les genres (poésie, essais, romans, satire littéraire, théorie de la littérature...). Il tient une chronique sur le site culturel de L'Obs, Bibliobs. Parmi ses publications, couronnées de nombreux prix : La Littérature sans estomac (2002), Festins secrets (2005), Le Jourde & Naulleau (2008), La Culture bouge encore (2016).
"Dans ces terres reculées, dans ces pays perdus, on vit toujours plus ou moins dans une légende, dans l'image d'un chapiteau roman historié de scènes naïves et cruelles..."
Pierre Jourde revient sur des événements qui en 2005 ont défrayé la chronique. Lors de la parution d'un de ses livres, Pays perdu, une partie des habitants du village d'Auvergne dont il était question dans le récit s'est livrée à une tentative de lynchage de l'auteur et de sa famille.
Pierre Jourde y décrivait la rudesse de la vie dans ce hameau lointain dont il est originaire, mais aussi une fraternité archaïque à l'occasion de la mort d'un enfant. Célébration d'un village aimé, le livre y a été reçu par certains comme une offense. La première pierre propose une analyse passionnante de cette incompréhension. Il offre aussi une magnifique démonstration des puissances de la littérature et un récit vibrant d'admiration pour ces gens qui vivent dans un temps différent de celui des villes.
Cette silhouette fantomatique, aperçue sur le quai d'une gare, est-ce bien celle de François, l'ami de jeunesse rencontré dans une école religieuse de Clermont et disparu depuis vingt ans? À partir de cette vision fugitive, la mémoire se met en marche. Qui était véritablement François? Les souvenirs de l'enfance et de l'adolescence affluent, dessinant une personnalité déchirée, contradictoire, fascinante. Était-il ce garçon cruel, machiavélique, qui a poussé ses camarades à commettre un acte dont la barbarie les hante encore? Était-il cet enfant solitaire élevé par une aïeule paysanne dans une maison noire dont les images l'obsèdent? Paradis noirs est un roman sur le poids de la mémoire et de la culpabilité, sur les inguérissables blessures de l'enfance.
Ogre sanguinaire et rabelaisien, le Maréchal règne en despote sur la république d'Hyrcasie. Tout le monde veut sa peau, amis ou ennemis. Mais personne ne sait qui il est en réalité, sauf, peut-être, son vieux confident, qui est aussi son secrétaire particulier, son masseur, son homme à tout faire. Des rebelles tentent de renverser le tyran et l'assiègent dans sa capitale. Il n'envisage pas d'autre solution, pour en finir, que de déclencher l'apocalypse.
Pierre Jourde propose ici une synthèse politique des dictatures issues de la décolonisation, et amplifie jusqu'aux limites du fantastique le processus de déréalisation inhérent à l'exercice du pouvoir. Les intrigues, les complots, les personnages prolifèrent et s'entrecroisent, dans un jeu vertigineux. Ce récit polyphonique est à l'image de son personnage principal : cruel, truculent, excessif, comique.
À trois reprises, Pierre Jourde est allé parcourir les pistes du Zanskar, vallée désertique de l'Himalaya, à quatre mille mètres d'altitude. Le Tibet sans peine raconte ces longs périples (l'auteur avait vingt-cinq ans la première fois) sous forme d'une épopée cocasse, décrivant les tourments, les émerveillements et les ridicules de jeunes banlieusards occidentaux livrés à une nature démesurée. Traverser des glaciers et des tempêtes de neige avec un équipement de promeneur estival nécessite autant d'inconscience que de ténacité. L'équipée est rapportée avec une verve comique teintée d'autodérision. À la description des paysages sublimes et de l'hospitalité généreuse des Tibétains répond celle du progressif délabrement physique et moral du voyageur et de ses compagnons dans la dureté de l'épreuve. Un régal de lecture, qui n'est pas sans évoquer l'humour espiègle et le sens de l'absurde des récits de Nicolas Bouvier.
Dans un abécédaire aussi corrosif que personnel, Pierre Jourde se dévoile autant qu'il pense son époque. Du rock aux enjeux majeurs de l'actualité, de la boxe à ses propres entrailles, l'auteur joue sans demi-mesure le « je » de l'abécédaire, voguant au fil des lettres comme au hasard de lui-même : Hammond, Critique, Liberté, Mastroianni, Kid Atlaas, Racisme, Quenouille, Style, Israël, Vialatte, notamment, ponctuent ce voyage inédit à travers l'écrivain. Trois grands thèmes toutefois nourrissent de manière quasi-organique chacune des portes vers lui-même : la Littérature, la Géographie et l'Histoire ; piliers obsessionnels et fondamentaux d'une intelligence singulière. « Depuis le début, je cours après l'instant parfait, celui que rien ne viendrait troubler. Le moindre défaut, je m'acharnerai à le faire disparaître, et si cela n'est pas possible, je m'acharnerai sur lui en pensée. »Avec cet abécédaire, qui à chaque ligne pense, débat, se souvient, raconte et s'engage, Pierre Jourde compose un autoportrait solaire et ténébreux. Un autoportrait en clair-obscur. Et livre un texte hanté, par le passé, ses fantômes ; hanté par d'inépuisables obsessions. Des images qui apparaissent (O comme Onirisme), des sensations diffuses, dont l'expérience, dans des sphères parallèles, ajoute encore à la connaissance de soi. Pierre Jourde sacrifie donc à l'exercice dans les règles de l'art pour nous offrir un abécédaire-kaléidoscope aux infinies facettes et à la folle érudition. Une déambulation, à travers les lettres et la langue, profondément incarnée. Il livre, aux mains du lecteur, sa troublante vérité.
On l'a cherché longtemps, celui qui expliquerait toute l'histoire. On le voit enfin, par un trou dans la cloison. Va-t-il arracher son masque de carnaval sur une absence de visage ? Le voici, le prince peu charmant avec qui, depuis l'origine, on a rendez-vous. Ce n'est plus le moment de trembler. Peignons-nous sur la face un large sourire de clown, pour l'entretien au sommet.
La nouvelle édition mise à jour et enrichie du pastiche du Lagarde est Michard : Le Jourde et Naulleau.Pierre Jourde et Éric Naulleau persistent et signent dans leur entreprise de nuisance littéraire.
Enfin une version revue et augmentée de leur pastiche du Lagarde et Michard, dans laquelle ils s'amusent à épingler, avec une certaine ironie, des écrivains remarquables et remarqués.
Si l'on retrouve leurs cibles de toujours : Marie Darrieussecq, Alexandre Jardin, Camille Laurens, Bernard-Henri Lévy, Philippe Labro, Christine Angot, Philippe Sollers viennent enfin se joindre à ce brillant aréopage : Patrick Besson, Anna Gavalda, Marc Lévy, Florian Zeller Enfin, pour couronner le tout, découvrez Olivier Adam, François Bégaudeau et Philippe Djan.
Leurs ½uvres sont présentées et annotées, afin de goûter toute la saveur de leur style. Et pour ceux qui désireraient tester leurs connaissances : des sujets de devoirs et leurs corrigés !