Généralités sur l'art
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Conserver / restaurer ; l'oeuvre d'art à l'époque de sa préservation technique
Jean-pierre Cometti
- Gallimard
- NRF Essais
- 18 Février 2016
- 9782072640216
La conservation et la restauration des oeuvres d'art sont en apparence les deux faces d'une même réalité. Les musées n'ont-ils pas pour mission d'exposer et de préserver leurs oeuvres ? Mais c'est compter sans une extension inédite des biens culturels et la propension à y inclure les choses les plus diverses, à commencer par les plus contemporaines. En sorte que ces deux missions deviennent contradictoires.
Les termes qui caractérisent cette situation nouvelle ("patrimoine", "curateur" qui s'est substitué à "commissaire", etc.) indiquent la grande transformation : sous l'effet du marché de l'art internationalisé et de la place qu'il occupe dans le monde de la finance, les oeuvres sont désormais des biens qui, au même titre que d'autres, plus qu'une valeur ont un prix.
S'ajoute l'importance prise par leur dimension contemporaine, puisque la mémoire dans nos sociétés est indissociable d'un rapport à l'histoire désormais centré non plus sur le passé mais sur le présent - un présent sans futur et qui est à lui-même son propre horizon.
La patrimonialisation du présent brasse les cultures les plus hétérogènes, le passé et le présent, l'homogène et l'exogène, l'ordinaire et l'extraordinaire. Elle fait croître le souci qui entoure désormais les productions contemporaines y compris dans leurs composantes techniques, singulièrement créditées d'une valeur que leur obsolescence particulière rend d'autant plus digne d'intérêt. -
Tous les autres progrès techniques de notre civilisation ne sont qu'utilisés. L'automobile, elle, est 'vécue'. C'est la première fois dans l'histoire que des rapports aussi complexes, aussi intimes, s'établissent entre l'homme et un objet.
Auto constitue une étude du comportement de l'automobiliste sous l'angle philosophique et sous l'angle 'poétique', ce qui, pour autant, ne conduit pas l'auteur à renoncer à tout humour. Pourquoi aimons-nous la vitesse? Que cherchons-nous à affirmer, lorsque nous avons un volant entre les mains? En quoi la conduite d'une automobile élargit-elle et transforme-t-elle notre vision du monde?
Cet essai écrit sous la forme d'un récit de voyage en automobile répond à ces questions et représente ainsi la première tentative de psychanalyse de l'homme au volant. -
La chemise
Pierre Basson
- Gallimard (réédition numérique FeniXX)
- Blanche
- 30 Novembre 2018
- 9782072806162
Dans sa maison en dehors de la ville, chaque matin le vieux Dheune compte une victoire nouvelle sur la nuit puisque « c'est la nuit qu'on meurt », et que sa femme Marie, paralysée et mourante, est encore en vie. Près de lui vivent son gendre, Jean Maille et sa fille. Il hait son gendre qui voudrait commander à sa place et il méprise sa fille qui obéit passivement. Ce matin, le couple juge inutile d'aller chercher le médecin pour leur mère puisque, comme le dit Jean Maille : « les pieds sont déjà morts ». Sous la menace de son fusil, le vieil homme décide sa fille à aller le chercher, puis, tranquillement, il se met à nettoyer son arme. Le médecin est venu et a déclaré que « c'était la fin ». Poussé par un obscur instinct, Dheune a saisi une nouvelle fois son fusil et a tiré sur une chemise de Maille qui sèche sur une corde du hangar ; il lui montrera ensuite le trou qu'il a fait dans l'étoffe, « à la place du coeur ». C'est en palpant lui-même l'étoffe de cette chemise qu'il pense au guérisseur qui habite dans un bourg voisin et, se refusant au verdict du médecin, il décide d'aller le trouver ; il met dans une valise une chemise de nuit de la malade et prend l'autobus. Chez le guérisseur, la consultation a lieu, les « passes » sont faites sur la chemise. En attendant l'autobus qui le ramènera chez lui, Dheune s'arrête au café et, détendu, confiant, lui qui n'a plus touché une carte depuis le début de la maladie de sa femme, accepte de jouer la partie qu'on lui propose. Durant cette partie, un mauvais plaisant, à demi ivre, lui subtilise sa valise. Le vol découvert, Dheune trouve à ses côtés des hommes de bonne volonté pour l'aider dans sa recherche afin que sa femme mourante ait cette chemise « avant la nuit », car, cette fois, lui-même le dit, « elle passera pas la nuit ». Une fouille systématique s'organise. On finit par trouver le coupable, mais celui-ci, sous l'effet de l'alcool, a été rendu demi-fou par la possession de cette chemise et, de crainte qu'on lui enlève, a lacéré l'étoffe de coups de couteaux. Il n'en restera que des lambeaux grands comme la main : Marie Dheune ne la mettra pas « avant la nuit ». Cette histoire étrange, basée sur les moeurs et les superstitions d'une civilisation paysanne du midi devient peu à peu une tragédie étouffante.
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La millième année
Pierre Frederix
- Gallimard (réédition numérique FeniXX)
- 16 Novembre 2017
- 9782072773082
Le 2 mars 1945, le camp de presse de la IXe armée américaine pénètre en Allemagne. Les correspondants alliés franchissent le Rhin le 23 mars, traversent des villes en ruine, des camps de concentration abandonnés. Le 2 mai, c'est la jonction avec l'armée russe, l'annonce de la mort de Hitler, l'entrée à Berlin, la reddition de l'ennemi. Le Ille Reich devait durer «mille ans». 1945 aura été cette «millième année». Et le rideau va retomber sur le plus «terrible spectacle» qui fut jamais représenté.
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"Derrière la porte close des chaumières, des yeux craintifs épièrent le passage des Armagnacs : les soldats en déroute, qui traînaient avec eux des fillettes ramassées aux étuves et, plus souvent, à la porte des cimetières, passaient rapidement sur la neige par petites bandes. Ils regardaient derrière eux avec inquiétude et les filles, en troussant leur cotte au-dessus des genoux, devaient courir pour les suivre. Puis, ils disparurent dans les bois. La neige tombait sans interruption. La désolation de la guerre s'étendait à perte de vue sur les champs abandonnés où des corbeaux immobiles et graves se regardaient étrangement, bec à bec. Avec le départ des soldats, la chaleur de l'espoir ranima le coeur des villageois. Malgré le froid, chacun ouvrit sa porte ; l'on respira longuement. Les enfants se poursuivaient en se jetant des boules de neige ; des chiens couraient, les poils hérissés sur le dos, en aboyant dans la direction des bois. La misère était grande : chacun désespérait de se voir, un jour, réuni au monde de ceux qui vivaient, peut-être mieux, dans les villes, comme c'était autrefois, alors que tout prud'homme travaillait selon la loi."
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L'espace d'un matin
Servin Jean-Pierre
- Gallimard (réédition numérique FeniXX)
- 11 Janvier 2018
- 9782072776540
François, célibataire d'une trentaine d'années, assiste, dans l'église Notre-Dame-des-Victoires, au mariage de Manou, sa jeune cousine. Cette jeune fille dans sa robe blanche, il l'a connue enfant, puis adolescente. À quoi sert d'avoir été son guide et son confident pour la laisser aux mains d'un autre ? Bref, l'espace d'un matin, tout le temps que dure la cérémonie, François se remémore ce qu'il a en commun avec Manou ; aux souvenirs de vacances, aux regrets, à la jalousie viennent se mêler des réflexions sur le mariage en général et les femmes en particulier. Les décisions capitales de la vie comportent une grande part de hasard et d'inconnu : choix d'un métier, choix d'un époux ; exclure est un choix plus facile mais aussi important. Lequel d'entre nous, assistant à un mariage ou à un enterrement, n'a songé à la destinée de ses semblables ou à la sienne ? Le calme de l'église, la lenteur de l'office prêtent à la méditation. François aimait-il Manou ? Aurait-il dû l'épouser ? Autant de questions sans réponse. Peut-être le lecteur, mieux que le narrateur, saura-t-il démêler où étaient la sagesse et la vérité, si tant est que l'homme soit fait pour un seul destin. Ce livre habile mais sincère, rigoureux mais complexe, émouvant, assez secret, est le premier roman de Jean-Pierre Servin. Celui-ci a quarante ans. Il est né dans le pays de Caux et il exerce une profession libérale. Du fait de son activité scientifique, il a été conduit à visiter un certain nombre de pays d'Europe et d'ailleurs (Égypte, Mexique) et il a séjourné un an à Boston. Il termine un second roman intitulé Combat singulier.