Pourquoi des hommes agressent-ils sexuellement des femmes, des enfants ou d'autres hommes ? Pourquoi des hommes payent-ils pour des relations sexuelles ? Pourquoi consomment-ils de la pornographie ? Pourquoi battent-ils leur compagne ? Pourquoi tuent-ils leur conjointe ou leurs enfants ? Pourquoi prennent-ils les armes pour massacrer leurs collègues d'étude, de travail ou des gens à l'église, à la mosquée, à la synagogue, ou encore tirent-ils de façon aléatoire sur des cibles qui leur sont inconnues ? Pourquoi sont-ils des meurtriers en série à caractère sexuel ?
Violences dites domestiques ou conjugales, agressions sexuelles, meurtres, féminicide, les femmes sont les principales cibles des violences masculines. Et les violences, qu'elles soient sexuelles ou non, puisent en grande partie leur origine dans certains clichés sur les droits des hommes dans le domaine des rapports sociaux de sexe. La banalité de la violence masculine, qui est multiple et trop souvent létale, est mondiale et frappe les femmes et les filles des sociétés du centre du capitalisme comme des sociétés de la périphérie, des Etats démocratiques comme des dictatures. La pratique massive des viols pendant les guerres n'est pas l'apanage d'un peuple, d'une nation, d'une ethnie ou d'une religion en particulier, mais bien de l'ensemble des forces armées. Le viol est une arme de guerre. Ce n'est pas une culture nationale, ethnique ou religieuse en particulier qui est la cause de cette violence, de cette soumission des femmes au plaisir masculin, mais bien une culture patriarcale qui s'exprime par une culture d'agression.
Beaucoup d'hommes dissocient sexe et affectivité. C'est évidemment le cas des prositueurs. C'est ce que les jeunes apprennent dans la pornographie. C'est ce que certains pratiquent en agressant sexuellement. Cette dissociation est l'un des traits de la masculinité des sociétés patriarcales.
Pour Sade (1740-1814), l'homme a le droit de posséder autrui pour en jouir et satisfaire ses désirs?; les humains sont réduits à des objets, à des organes sexuels et, comme tout objet, ils sont interchangeables, par conséquent, anonymes, sans individualité propre. Ils sont instrumentalisés pour que le dominant puisse assouvir ses fantasmes d'asservissement. Sade annonce l'avènement de la société produc-tiviste avec son organisation, ses représentations, ses symboles, ses différentes formes de rationalisation, c'est-à-dire une économie politique de la production corporelle, favorable à l'objectivation des femmes et à leur soumission sexuelle, piliers de la modernité capitaliste. La recherche de normalisation (forme des corps, vêtements, imposition des codes de la pornographie, industrialisation, dans certains pays, de la prostitution, etc.) renforce non seulement la domination masculine, mais également celle du capitalisme.
« C'est la valeur qui fait l'homme », soutient Roswitha Scholz. Le capitalisme, c'est-à-dire le règne de la loi de la valeur, a donc un sexe. La société bourgeoise se fonde sur une dissociation entre la sphère de la production et celle de la reproduction (sphère publique versus sphère privée), tout au profit des hommes comme sexe dominant et du Capital. Le sadisme social concentre certains des éléments constitutifs de la marchandise : aliénation, réification, dépossession et servitude, sur la base d'une violence sexuée qui rend pérenne les rapports de domination et de soumission.
S'inscrivant dans le cadre de la Théorie critique de la valeur (Wertkritik), Gérard Briche, Ronan David, Anselm Jappe, Robert Kurz, Nicolas Oblin, Roswitha Scholz et Johannes Vogele explorent les mécanismes actuels des dominations et proposent des pistes de réflexion, d'interrogations et d'analyses sortant des sentiers battus.
Prostitution, tourisme sexuel, traite des femmes et des enfants, pornographie... La paupérisation de régions entières du globe crée les conditions propices à de nouvelles formes de trafic d'êtres humains. Les profits des multinationales du crime sont colossaux et entrent, de façon plus ou moins masquée, dans la stratégie de développement de nombreux pays.
Issu de longues années d'enquête, cet ouvrage dévoile le lien unissant industrie du sexe, criminalisation et mondialisation... Des chiffres accablants, des cartes, des analyses précises et rigoureuses révèlent l'ampleur d'un phénomène engendré par les excès du libéralisme sans morale, et appellent l'urgence d'une réaction collective. Tolérer la culture pornographique et la prostitution, nous dit Richard Poulin, c'est consentir au scandale d'un esclavage moderne affectant chaque année plus de quatre millions d'individus.
Chaque année, plusieurs millions d'enfants sont prostitués. Ils sont enlevés ou achetés à leurs parents, puis livrés à des proxénètes - notamment pour alimenter le tourisme sexuel. Violé, torturé, l'enfant, devenu marchandise, se vend bien et constitue un profit très lucratif. Richard Poulin dénonce, chiffres à l'appui, ce scandale mondial froidement planifié par des adultes sans scrupule. Il révèle que les États se font souvent complices de ces délits innommables favorisés par la mondialisation, et retrace les itinéraires internationaux de la traite - des pays d'origine et des pays de destination. Il montre que nos sociétés occidentales, clientes attitrées des pays pauvres, sont de plus en plus atteintes par ces pratiques mafieuses.
Que ce soit l'assassinat des étudiantes à la Polytechnique en 1989 ou les meurtres en série de femmes prostituées à Vancouver, que ce soit aux États-Unis, ou ailleurs, les meurtres en série et les meurtres de masse ont augmenté sensiblement, ces dernières décennies. Cette croissance ne peut s'expliquer uniquement par des facteurs individuels. Pour éclairer un phénomène à première vue inexplicable en dehors de la folie présumée du tueur, Richard Poulin et Yannick Dulong mettent en relation l'histoire personnelle du meurtrier, le contexte culturel, le construit social dans lesquels ses victimes et lui évoluent. Les victimes servent de révélateur non seulement des motivations profondes et des actions des tueurs, mais également de la dynamique sociale sexiste et raciste qui sous-tend de tels actes.