Après les années fastes, de la Révolution tranquille jusqu'à l'échec du second référendum sur la souveraineté, une nouvelle modernité a tenté de s'imposer au Québec. En passant des préoccupations nationales à la focalisation sur l'individualité, la fiction québécoise s'est ouverte à de nouveaux horizons. De nouveaux auteurs sont nés et de jeunes maisons d'édition ont été créées pour les faire connaître.
Il était temps que la critique se penche de façon réfléchie sur ce phénomène de renouveau. C'est dans cette optique que les auteurs de Que devient la littérature québécoise ? se sont réunis pour dresser un portrait complet et systématique de cette nouvelle réalité.
Avec des textes de : Marc Arino, René Audet, David Bélanger, Mathieu Bélisle, Stefania Cubeddu-Proux, Jean-François Chassay, Robert Dion, Lise Gauvin, Louis-Daniel Godin-Ouimet, Marie-Pascale Huglo, Petr Kylousek, Vincent Lambert, Carmen Mata Barreiro, Ursula Mathis-Moser, Andrée Mercier, Élisabeth Nardout-Lafarge, Anne Martine Parent, Céline Philippe et Myriam Suchet.
La distance critique, c'est bien sûr celle que doit se ménager tout chercheur par rapport à ses objets ; mais c'est aussi une volonté d'inscrire et de vaincre la distance entre le corpus étudié et le public visé, entre la littérature québécoise et les cultures étrangères ou encore entre l'auteur et certaines questions de recherche qui se sont imposées à lui.
Réparties en cinq grandes sections - « Sur la littérature québécoise », « Sur le rapport entre le Québec et les cultures étrangères », « Sur la littérature contemporaine », « Sur la biographie » et « Sur Berlin » -, les études regroupées ici sont restées difficilement accessibles jusqu'à présent. En les retrouvant dans ce recueil, le lecteur pourra se rendre compte qu'elles prolongent et complètent les recherches passées de l'auteur, enracinées qu'elles sont dans les domaines de la poétique des genres, des transferts culturels et de l'herméneutique littéraire.
Ces réflexions « à distance » ont bien sûr pour but, suivant une trajectoire bien connue, de ramener à ce qui est, à l'auteur comme au lecteur, le plus proche.
Observée sous l'angle de la dynamique, la question des genres met de l'avant le phénomène de l'intergénéricité, c'est-à-dire les diverses formes d'interaction entre les catégories génériques, canoniques ou non, dans les écritures et les métadiscours contemporains.
Les auteurs veulent montrer comment, dans la production postérieure au renouvellement de la rhétorique et de la poétique, la question des genres continue de travailler, de manière ouverte ou subreptice, la littérature, les arts plastiques, les pratiques cinéma¬tographiques et théâtrales, de même que leur théorie, leur critique, leur commentaire.
Par delà les typologies, malgré les décrets de la mort du genre, il appert que la dynamique intergénérique constitue un enjeu majeur de la production et de la réflexion actuelles, qu'elles soient envisagées du point de vue de la sémiotique, de la sociocritique, de la postmodernité, du féminisme, des études culturelles et intercul¬turelles.