Envisager la démocratie comme forme de société plutôt que comme régime politique. Comprendre l'ontologie sociale complexe, faite d'habitudes, schèmes d'interaction, et formes d'organisation qui lui sont propres et qui, seules, donnent tout son sens à la démocratie en tant que régime politique. Telle est la perspective que déploie ce livre. En s'appuyant sur la tradition philosophique du pragmatisme américain, intégrée à la théorie critique et le tocquevilleanisme, il développe une théorie sociale de la démocratie. Il défend l'idée que la démocratie doit être entendue comme un concept qui vise à décrire un état désirable des interactions sociales parmi les individus, en tant que citoyens, mais aussi en tant que membres d'une société qui participent à la vie sociale dans toutes ses institutions: sur leur lieu de travail, dans leur famille, au sein de l'espace public. Il tâche ainsi de dégager les conditions normatives qui favoriseront la démocratisation des marchés, des entreprises, des associations, des églises, des bureaucraties et d'autres institutions sociales. Ce faisant, ce livre nous aide à mieux comprendre la signification, la portée et l'étendue du projet démocratique. Ce projet, ancré dans la vision émancipatrice qui caractérise le monde moderne, se propose d'instaurer une société fondée sur le principe de coopération entre individus libres et égaux. L'idée de démocratie, dès lors, n'acquiert sa signification politique qu'en lien avec cette vision primordiale d'une forme de société qui n'a pas d'équivalent dans toute l'histoire humaine.
The aim of this book is to provide a fresh, wider, and more compelling account of democracy than the one we usually find in conventional contemporary political theory. Telling the story of democracy as a broad societal project rather than as merely a political regime, Frega delivers an account more in tune with our everyday experience and ordinary intuitions, bringing back into political theory the notion that democracy denotes first and foremost a form of society, and only secondarily a specific political regime.The theoretical shift accomplished is major. Claiming that such a view of democracy is capable of replacing the mainstream categories of justice, freedom and non-domination in their hegemonic function of all-encompassing political concepts, Frega then argues for democracy as the broader normative framework within which to rethink the meaning and forms of associated living in all spheres of personal, social, economic, and political life. Drawing on diverse traditions of American pragmatism and critical theory, as well as tackling political issues which are at the core of contemporary theoretical debates, this book invites a rethinking of political theory to one more concerned with the political circumstances of social life, rather than remaining confined in the narrowly circumscribed space of a theory of government.
Le primat de la pratique en philosophie est au coeur de la théorie de la connaissance de John Dewey, philosophe éminent du mouvement pragmatiste américain. A travers la reconstruction historique des processus de sécularisation de la connaissance, c'est toute une conception de la philosophie qui s'étale le plan original ouvert par la notion de pratique. Dewey aurait ainsi contribué au renouveau des études sur les sciences, dépassant enfin le dualisme qui opposait épistémologues et sociologues vers une nouvelle épistémologie des pratiques de connaissance.
Comprendre la nature de la pensée, redéfinir notre compréhension de la connaissance et de sa place dans la vie des individus et des sociétés, tel est le projet de John Dewey. Il le poursuit à travers une investigation des structures logiques de la pensée et de la connaissance. C'est au coeur de ce projet que se trouve la théorie du jugement. Voici une contribution à la redécouverte d'un auteur trop longtemps méconnu en Europe.
Que signifient les discours actuels en faveur du « post-séculier » ? Et pourquoi faudrait-il en finir avec l'âge séculier ? Qui l'exige ou le demande ? Quels sont les événements qui le requièrent ? Ces dernières années, un débat sur la place de la religion dans les démocraties libérales s'est engagé dans le monde intellectuel. Si certains ont parlé d'un âge séculier et d'autres d'une « société post-séculière », c'est parfois la dynamique même de sécularisation de l'espace public qui semble avoir été remise en cause. Plus profondément, ce sont les rapports entre religions, sciences et démocraties qui ont été questionnés. En faisant délibérément usage de ces termes au pluriel - pour indiquer qu'il existe différentes formes de religion, plusieurs genres de sciences et plusieurs conceptions de la démocratie - les contributions rassemblées dans ce volume entendent sonder ces rapports et cette pluralité. Le lecteur y trouvera la traduction française de plusieurs interventions de John Dewey sur l'antinaturalisme et la religion, des contributions de pragmatistes contemporains et des enquêtes sur le rôle public de la foi ou sur la mise en cause de l'autorité épistémique des sciences, aussi bien aux États-Unis, qu'en Europe et en Afrique du Nord.