C'est dans une ferme misérable et isolée de la Lauze-Haute, contrefort aride dont les châtaigniers sont la plus grande richesse, que Pierre voit le jour. Il porte fièrement l'amour de ses racines mais la terre ingrate ne peut le nourrir. Contraint de se placer comme berger de l'autre côté du Causse, il rencontre Mélisse, amour inaccessible dans cette société rurale où l'on n'est que ce que l'on possède. Le refus du père chasse le jeune homme vers un autre exil, plus cruel encore, la mine. Pierre se révolte et part pour l'Amérique.
II y mène une vie aventureuse de pionnier que Mélisse vient partager. Le couple vit à San Francisco des jours heureux : ils connaissent la fortune, puis un fils, John, leur naît. II faudra le tremblement de terre qui ravage la ville pour que la mémoire des origines reconduise les nouvelles générations au berceau de leurs ancêtres.
Vaste métaphore sur la Terre, à la fois mère nourricière, sépulture et promesse de l'aube, Les Fiancés de la liberté nous font voyager des Causses rouergats aux eaux du Pacifique sans que Roger Béteille ne cesse jamais de tremper sa plume dans la sève du terroir.
Roger BÉTEILLE enseigne la géographie à l'université de Poitiers. Il a déjà publié les Souvenirs d'un enfant du Rouergue et La Vie quotidienne en Rouergue avant 1914.
Une vallée du bout du monde. Des traînées d'ombre couchées sur les grands prés, blancs de lumière. Plus haut, près du village, le mûrissement tranquille des blés. Il y a les rochers sauvages de Malamort, les bleus épurés de septembre et une maison au toit de lauzes. C'était mon île. Jean-Antoine Béteille, mon aïeul, se démenait comme à vingt ans pour remplacer mon père, mort dans la « drôle de guerre ». Ce bougre de Pierrat, Sarret, le pagès, Léa la bonne voisine ou Félix le musicien, me voyaient déjà « savant », parce que je fréquentais l'école, ce qui les effrayait un peu. Je les croyais, avec une naïve ferveur d'apprendre. Aujourd'hui, ils ne peuvent plus lire leur vie qui renaît dans ce livre. Mais j'éprouve un plaisir ardent à laisser monter ces voix du passé. Il me semble que tout être a besoin de la sève du souvenir. Roger Béteille est né en Rouergue, où il a passé son enfance et son adolescence, témoin attentif et sensible des mutations de la vie quotidienne. Auteur de plusieurs romans enracinés dans le terroir, Roger Béteille a largement contribué à faire découvrir et aimer sa région.