Mes doigts sont rouges.
Mes lèvres sont rouges.
Mes doigts sont trempés dans mon encre.
Mes mains s'agrippent à l'idée que j'ai de toi puis s'envolent.
S'enfuient.
À l'intérieur comme à l'extérieur de moi, les personnages ont quitté la scène sans verrouiller la porte.
Tout est à mobiliser : la tête, la gorge, les mains, le ventre. Le sexe. Le corps entier couve les souvenirs, donne naissance au poème. Sur la joue où il y eut griffure, on voit maintenant les traces d'une larme ou d'une caresse. Le corps se tient aux aguets, prêt à fuir et à réinventer le temps. Et la femme cherche, parmi les histoires, celle qu'il lui faudra écrire.
Dans «Ce qui reste sans contour», troisième recueil de la poète, on assiste à l'évolution d'une jeune femme appelée à se reconstruire par l'écriture. En reprenant contact avec sa mémoire corporelle, la femme établit un dialogue avec l'autre partie en elle et parvient à transcender l'abus dont elle a été victime.
Le recueil s'inscrit dans une réflexion sur le rôle des procédés narratifs dans la redéfinition d'un sujet touché par un événement traumatique. Il rend hommage à la résilience de l'individu face à la violence ainsi qu'au pouvoir thérapeutique de l'art.
« À tire d'ailes » découle du regard d'une jeune femme sur son quotidien, sur les élans ou les confusions du coeur, sur les vagues à l'âme ancrés dans de vagues paysages du Nord de l'Ontario, Fauquier, Sudbury, Blind River. Le texte trace un arc narratif autour de moments clés qui se déploient en quatre temps, menant cette femme d'une jeunesse incertaine du nord ontarien jusqu'à une prise de conscience identitaire et personnelle qui ouvre une perspective de changement sur le monde.
Prix de poésie Trillium 2012