Filtrer
Éditeurs
Langues
Sciences humaines & sociales
-
Revue Liberté 327 - Le temps des enfants
Laurie Bedard, Marie-Andree Bergeron, Anne-Renee Caille, Thomas Carrier-lafleur, Alexandre Cloutier, Véronique Dassas
- Collectif Liberté
- 25 Février 2020
- 9782924414613
Partout dans le monde, les manifestations pour le climat mettant les jeunes à l'avant-scène se multiplient. Les enfants prennent les devants, s'organisent, refusent d'assister passivement à la liquidation programmée de leur avenir. Curieusement - ou alors est-ce un signe des temps ? -, on a observé, au cours des dernières années, une mobilisation similaire, mais à plus petite échelle, chez les adolescents de Parkland, en Floride, engagés dans la lutte pour le contrôle des armes à feu aux États-Unis après une tuerie dans leur école secondaire. Les jeunes manifestants pour le climat, tout comme les élèves de Parkland avant eux, ne sont en fait pas tant des militants que des citoyens qui agissent et qui réclament le droit d'exercer pleinement leurs libertés civiles, même avant d'avoir atteint l'âge de la majorité légale. Alors qu'ils s'imposent aujourd'hui comme une force politique majeure, on voit s'exprimer un malaise, comme si ceux qui, parmi les adultes, détiennent le pouvoir avaient du mal à admettre la légitimité d'un discours porté par des individus qu'on a l'habitude d'encadrer, d'éduquer, de soigner, mais aussi de contraindre, de limiter, de contrôler. Que signifie donc ce refus de concevoir l'enfant comme un sujet politique ?
-
Revue Liberté 324 - Au marché des corps
Maryse Andraos, Daphné B., David Bernard, Kalina Bertin, Remy Bourdillon, Thomas Carrier-lafleur, Léa Clermont-Dion
- Collectif Liberté
- 28 Mai 2019
- 9782924414521
Notre époque semble obsédée par les états de la chair, qu'elle juge et évalue sans cesse. Le corps est à la fois l'objet d'un culte et d'une détestation ; il faut quantifier sa performance ou ses limites, viser son amélioration continue. On accepte sans trop broncher une pénible entreprise d'uniformisation des corps et des pratiques qui le conditionnent, à un point tel que notre définition étroite de l'esthétique des corps se confond avec une appréciation morale. On peut aussi se demander si le corps est aujourd'hui autre chose qu'un moyen d'afficher sa réussite ou, inversement, un baromètre de l'échec. Et il va sans dire que quiconque tente d'échapper à cette entreprise d'uniformisation et d'évaluation s'expose à diverses sanctions, à commencer par l'exclusion.
Devant ce sombre scénario, il ne faudrait cependant pas oublier que le corps, précisément parce qu'il est fini et faillible, peut constituer un lieu de résistance. Le corps, malgré la lutte qu'on lui livre, demeure le siège de la sensibilité humaine, de la créativité, des passions. Il donne à voir la beauté de l'inaltérable passage du temps. Alors que le rythme de la vie sociale, arrimé à la production, s'accélère sans cesse, le corps, lui, suit sa propre temporalité.
Comment « porter » son corps librement et joyeusement, sans se laisser déterminer par sa contingence ni le soumettre à une coercition héritée de notre système économique ?