Randolph, fils d'un riche négociant en bois de Pittsburgh est expédié par son père en Louisiane pour y récupérer son aîné Byron, qui fait office de constable dans une exploitation forestière perdue au milieu des marais. Les ouvriers sont rongés par les fièvres et l'alcool, et Byron, moralement dévasté par son expérience de la Première Guerre en Europe. Un misérable saloon tenu par des Siciliens (la Mafia étend son bras tout-puissant jusqu'aux bayous) catalyse la violence et le manque d'espoir de ces hommes coupés du monde. Tandis que Byron règle les problèmes à coups de feu et de poing, Randolph, lui, croit encore aux vertus du dialogue et de la diplomatie pour maintenir l'ordre dans la "colonie".
Plus approche le moment où le dernier abre sera coupé, et les ouvriers renvoyés chez eux aussi pauvres qu'ils étaient arrivés, plus l'on doute de voir Randolph ramener son frère à la civilisation –; et à la raison.
Grand roman " sudiste " sur la fraternité et la paternité, mais aussi sur l'impitoyable capitalisme des années 20 dans une Amérique ivre de progrès technique. Un pays où être un bon citoyen, c'est être riche, ce qui signifie que celui qui possède l'argent est aussi celui qui dicte la loi.
Sam Simoneaux, dont la famille a été massacrée quand il avait six mois, débarque en France le jour de l'Armistice. De la Première Guerre, il ne connaîtra que le déminage des champs de bataille de l'Argonne. À La Nouvelle-Orléans, devenu responsable d'étage aux grands magasins Krine, il ne peut empêcher l'enlèvement de la petite Lily Weller. Licencié, sommé par les parents Weller de retrouver leur enfant, il embarque comme troisième lieutenant – maintenir l'ordre et à l'occasion jouer du piano – sur l'Ambassador, bateau d'excursion à aubes qui sillonne le Mississippi. Le roman se déploie alors le long du fleuve, scandé par la musique de jazz – orchestre noir, orchestre blanc et alcool à volonté. Au gré des escales et des bagarres, Sam met au jour un commerce d'enfants mené par quelques spécimens peu reluisants de la pègre des bayous.
Chatoyante fresque striée de noir, Nos disparus explore, outre des thèmes déjà abordés dans Le Dernier Arbre – le destin des hommes au retour de la guerre, la force des liens du sang –, celui de l'inanité de la vengeance.
Né en 1947 à Morgan City, Louisiane, Tim Gautreaux est le fils d'un capitaine de remorqueur. Professeur émérite d'anglais à la Southeastern Louisiana University, il est l'auteur de deux autres romans, dont Le Dernier Arbre (Seuil, 2013), et de nouvelles publiées par The Atlantic Monthly, GQ, Harper's Magazine et The New Yorker. Ses pairs l'ont qualifié de " Conrad des bayous ".
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Marc Amfreville
Professeur de littérature américaine à la Sorbonne, Marc Amfreville a traduit une trentaine de romans contemporains, cinq volumes des Nouvelles complètes de D.H. Lawrence, et participé à l'édition et à la traduction de divers romans de Melville et de Fitzgerald dans la " Bibliothèque de la Pléiade ". Il a reçu en 2006 le prix Maurice-Edgar Coindreau.
Paul, dit Beau Gosse, aime la bagarre et danser le jitterbug – trop souvent avec d'autres femmes que la sienne, Colette, la plus jolie fille de Tiger Island ; la plus maligne, aussi. Lasse des frasques de son mari autant que de son job de caissière à la banque, Colette part tenter sa chance en Californie. Jaloux, Paul la suit. Ils reviendront vite fait, ayant découvert là-bas, elle, le harcèlement sexuel, lui, les pratiques malhonnêtes de la côte Ouest.
À leur retour au pays, la crise pétrolière se résume à deux mots : chômage généralisé. Tandis que Paul tente de reconquérir sa belle, celle-ci retrousse ses manches et se lance dans diverses aventures pour assurer la survie de sa famille : chasse au ragondin et pêche à la crevette en haute mer.
Sur fond de misère conjoncturelle et d'exploitation des travailleurs, Gautreaux déroule un récit porté par les valeurs traditionnelles. La vaillance des protagonistes dans un contexte plus qu'hostile – les fameuses tempêtes du Golfe ne chôment pas, elles... – entretient un suspense constant, et la poésie des bayous confère un charme indéniable à ce premier roman drôle et généreux, salué dès sa parution aux États-Unis par une critique unanime.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Marc Amfreville
Tout absorbés qu’ils sont par leurs affaires de cœur, de foi, d’argent, par leurs marottes diverses et variées, occupés à peser les avantages et les inconvénients de la vie au sein de petites communautés aussi soudées que scrutatrices, les personnages de ces nouvelles tentent d’affronter les déceptions du quotidien. Ce sont des voix discrètes, rarement entendues, des vieilles filles un peu tristes, des ferrailleurs, des artisans, des retraités… souvent détestables, parfois admirables.
Sur les rives du Mississippi, sous la neige du Minnesota ou dans les montagnes de Caroline du Nord, Tim Gautreaux cartographie des existences bien loin des mondanités et des grands drames. Il manie la malchance sans sentimentalité, nous offre dans une prose ciselée des histoires bouleversantes ou hilarantes et, surtout, nous rappelle avec humour et empathie qu’il est, en général, inutile de prendre les choses trop au sérieux. Né en 1947 à Morgan City, Louisiane, fils d’un capitaine de remorqueur, Tim Gautreaux est professeur émérite d’anglais à la Southeastern Louisiana University. Il est l’auteur de trois romans publiés au Seuil : Le Dernier Arbre, Nos disparus et Fais-moi danser, beau gosse. Ce que nous cache la lumière, recueil rassemblant le meilleur de ses nouvelles depuis le début de sa carrière, révèle une nouvelle facette de cet écrivain qualifié par ses pairs de « Conrad des bayous », dans la lignée de John Cheever ou de Raymond Carver.
« Gautreaux sait dénicher l'extraordinaire au sein des vies les plus ordinaires, dans une prose aussi précise et mémorable que de la poésie. » Ron Rash
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Marc Amfreville