Amérique 1950 : le « White only » s’applique partout : bus, hôtels, culture ; pour un soldat noir, voyager d’un État à l’autre est une odyssée. C’est dans un pays au bord de l’implosion que, de retour de la guerre de Corée, Frank Money, miné par de terribles crises d’angoisse et une incapacité totale à renouer avec les autres, reçoit un appel au secours de sa soeur gravement malade, lui demandant de venir à Atlanta. Il se lance alors dans la traversée de cette Amérique ségrégationniste pour la ramener à Lotus, ville de leur enfance. Un voyage emblématique vers ce lieu fantasmé comme détesté, aimé et subi, durant lequel Franck Money se redécouvrira pour se reconstruire. Toni Morrison fait de ce roman, condensé au vitriol de la mémoire honteuse de cette époque, un miroir tendu à l’Amérique d’aujourd’hui.Approuvée par l’auteure elle-même, Anna Mouglalis donne au roman de Toni Morrison ce mélange de gravité et de sérénité qui en font déjà un texte mémorial.
Durée : 04H00
© Toni Morrison, 2012 © Christian Bourgois éditeur, 2012 pour la traduction française © et Audiolib, 2013
Vers 1680, l'Amérique n'est encore qu'aux prémices de son histoire coloniale. Parmi les utopistes du Nouveau Monde, il y a Jacob Vaark, fermier et négociant d'origine hollandaise. Sa femme Rebekka a perdu tous ses enfants, et se noie dans le chagrin. Pour alléger sa peine, Jacob accepte de prendre à son service la jeune Florens, qui vient seconder dans la maisonnée deux autres domestiques : Lina, esclave autochtone dont la tribu a été décimée par une épidémie, et Sorrow, unique rescapée d'un bateau attaqué par des pirates. Ces femmes, livrées à elles-mêmes, vont voir leurs destins basculer au contact d'un homme, forgeron affranchi, qui fait irruption dans leurs vies.
Neuvième roman de Toni Morrison, Un don est une grande fresque historique sur l'esclavage, mêlant la tragédie intime à l'épopée de la fondation de l'Amérique et dressant au passage d'inoubliables portraits de femmes.
On le surnomme « Laitier » parce que sa mère a continué de lui donner le sein en cachette jusqu'à ses trois ou quatre ans. Son vrai nom, c'est Macon Mort, le même que son père. Il vit dans le Nord, dans la région des Grands Lacs. Mû par la recherche d'un trésor enfoui, dit-on, dans une grotte, Laitier entreprend un voyage vers le Sud, d'où est originaire sa famille. C'est là qu'il découvrira son histoire familiale, que seule une comptine chantée par les enfants d'un village a conservée. Une comptine racontant la légende de Salomon qui s'envola pour retourner en Afrique, et qui laissa tomber le bébé qu'il portait dans ses bras.
Publié en 1977 aux États-Unis et en 1996 en France, Le Chant de Salomon est le troisième roman de Toni Morrison, et celui qui l'a solidement installée sur la scène littéraire américaine. Excellente introduction à son oeuvre selon l'Académie suédoise, qui décerna à son autrice le prix Nobel en 1993, il est réédité augmenté d'une préface de Christiane Taubira.
Nel Wright et Sula Peace sont deux petites filles noires, deux meilleures amies qui grandissent dans une bourgade de l'Ohio au lendemain de la Première Guerre mondiale. Ensemble, elles rêvent d'une autre vie, plus riche, plus drôle, plus libre surtout. Sula est effrontée, rebelle, audacieuse ; elle décide bientôt de partir à la rencontre du vaste monde, des grandes villes de l'Amérique chatoyant de promesses en ces années folles. Nel, de son côté, restera sagement enracinée, s'acquittant sans broncher des devoirs de mère et d'épouse que la société des hommes assigne depuis toujours aux femmes.
Quarante ans plus tard, Nel et Sula se retrouvent, se confrontent, et s'affrontent. Hymne à l'amitié et à l'émancipation dans une société gangrenée par les préjugés, le deuxième roman de Toni Morrison (paru aux États-Unis en 1973) trace les contours de toute son oeuvre à venir, et demeure, un demi-siècle plus tard, d'une pertinence saisissante.
C'est l'histoire de jeunes gens venus voir une vieille femme, aveugle et sage, descendante d'esclave, noire et américaine. Ils disent tenir un oiseau entre leurs mains. L'aïeule ne sait s'il est vivant ou mort. Elle représente l'écrivaine, l'oiseau, la langue. En s'appuyant sur cette métaphore, Toni Morrison déploie avec une rare poésie l'idée qui traverse toute son oeuvre : nous sommes tous, individuellement et collectivement, responsables de notre relation à l'autre, à travers ce qui nous lie à jamais : le langage.
Nous sommes mortels. C'est peut-être cela, le sens de la vie.
Mais nous générons du langage. C'est peut-être cela, la mesure de notre existence.
.