«Les victoires démocratiques restent toujours imparfaites et provisoires, et c'est leur force que de rappeler combien l'histoire est incertaine, l'humanité fragile.»
Vincent Duclert
Face à tant d'impuissance pour agir et penser aujourd'hui face à l'antisémitisme, il n'est pas vain de rappeler à la France, à l'Europe, le meilleur de ce qu'elles ont été dans le passé, afin de demeurer capables encore d'édifier des sociétés démocratiques. Ces récits de combats héroïques réinsufflent à la raison démocratique un supplément d'âme. Il ne suffit pas d'invoquer la démocratie pour la défendre. On doit "croire" en elle et trouver, dans cette croyance de raison, le courage de se battre pour elle.
En 1910, Charles Péguy écrit dans Notre jeunesse que l'affaire Dreyfus «ne finira jamais». Plus elle est finie, explique-t-il, «plus elle prouve».
En 1994, la première parution de ce livre avait été saluée par la critique et les lecteurs, et traduite en plusieurs langues. Sa réédition de 2006 fut augmentée d'un nouveau chapitre final et connut le même succès. Cette quatrième édition actualise de nombreuses données et propose de nouvelles analyses de l'événement et de l'histoire qui en est faite.
Le 22 décembre 1894, un procès d'État condamne un capitaine juif, alsacien, innocent de toute charge, pour crime de " haute trahison " (en faveur de l'Allemagne). S'ouvre, deux ans plus tard, une crise majeure de la République. Le régime est menacé par l'effondrement de la justice, l'impunité de l'armée, la violence des nationalistes, la peur des républicains. Mais l'engagement pour Dreyfus, la défense des droits de l'homme et du citoyen, la lutte contre l'antisémitisme et le nationalisme entraînent un sursaut civique de la société. Le 12 juillet 1906, un arrêt solennel de la Cour de cassation réhabilite l'officier. L'Affaire inaugure un âge démocratique porté par l'engagement des intellectuels, les expériences dreyfusistes, la reconnaissance de nouvelles libertés comme celles d'association et de conscience (au fondement de la laïcité), la solidarité pour les opprimés de par le monde. Ces mutations si décisives pour la Belle Époque demeurent d'actualité, face à la raison d'État, au viol de la justice et à l'abandon des persécutés. Pour retrouver le sens des valeurs dans des sociétés traversées par le racisme, l'antisémitisme et les passions identitaires ?
Le capitaine Alfred Dreyfus fut réhabilité le 12 juillet 1906 par un arrêt de la Cour de cassation. Cet acte solennel et officiel détruisait l'accusation de « haute trahison », attestée par deux conseils de guerre, du brillant officier juif, intellectuel et moderniste, dont il proclamait la pleine et entière innocence. Tout au long d'un combat de plus de douze ans, combat finalement victorieux contre le nationalisme, l'antisémitisme et la raison d'État, où le régime républicain et la société française durent admettre la primauté des valeurs de justice et de vérité, l'École normale supérieure joua un rôle décisif qui marqua profondément l'institution, ses élèves, ses enseignants et, au-delà, l'ensemble du monde intellectuel et scientifique. Parmi ces normaliens, dreyfusards de la première heure - Lucien Lévy-Bruhl, Salomon Reinach, Alexandre Bertrand, Paul Appell -, il faut rappeler avec force le rôle de Lucien Herr, socialiste, germaniste et philosophe, directeur de la Bibliothèque des lettres de la rue d'Ulm. Sa conviction précoce puis son engagement total furent déterminants, à la fois pour lancer le mouvement dreyfusard à partir de janvier 1898 et pour mobiliser toute la communauté normalienne. Cette mobilisation inaugura des pratiques collectives ou individuelles, analytiques ou critiques, brèves ou déployées, bref un ensemble de postures et de procédures qui constituèrent ce qui fut appelé le mouvement des « intellectuels » au cours de l'affaire Dreyfus. Peu nombreux, les antidreyfusards de l'École furent emmenés par des conservateurs catholiques, tels les académiciens Jules Lemaître ou Ferdinand Brunetière. Naquirent alors des débats passionnants et victorieux sur la légitimité du rôle du chercheur dans la cité et le devoir de connaissance dans l'engagement. Réunie par Vincent Duclert, professeur agrégé à l'École des Hautes Études en sciences sociales et biographe d'Alfred Dreyfus (Fayard, 2006), la présente anthologie raisonnée des écrits normaliens sur l'Affaire restitue l'essentiel de ces témoignages et de ces débats.
1915. Les Arméniens, parfaitement intégrés à l'Empire ottoman, sont exterminés par les radicaux du gouvernement unioniste turc. Bilan : 1,5 million de victimes arméniennes, sujets ottomans, persans et russes. Au printemps 1915, la population arménienne ottomane est victime d'un génocide - arrestations massives, déportations et massacres - planifié et exécuté par le parti au pouvoir à Istanbul, le Comité Union et Progrès. Longtemps contesté, le génocide des Arméniens ne fait plus aucun doute mais Ankara continue d'exercer des pressions pour empêcher sa reconnaissance officielle. Cent ans après, trois historiens ont uni leur force pour concevoir la première synthèse sur l'extermination d'un peuple qui fait entrer l'humanité dans l'âge des génocides.
Au coeur de la mémoire nationale et des trajectoires individuelles, les archives en France ne sont pas seulement un symbole. Le terme désigne en effet les millions de documents produits ou reçus par les administrations, les entreprises, les associations, les individus, mais aussi les services publics et privés qui les collectent, les conservent et les communiquent, ainsi que les dépôts et les salles de lecture.
Les archives sont à la source de l'histoire et sont mobilisées par les sciences sociales, autant qu'elles restituent les activités des administrations, des associations, des entreprises... L'exigence actuelle de transparence publique, la recrudescence des conflits mémoriels placent aujourd'hui archivistes, généalogistes, historiens et citoyens devant des enjeux considérables, proprement politiques et de portée internationale.
Cet ouvrage se propose de guider le lecteur à travers cet univers mal connu en présentant les transformations de la législation, les mutations institutionnelles des services de conservation et de communication, les défis nouveaux des usages des archives et de l'entrée dans l'ère du document numérique.
Le 22 décembre 1894, un procès d’État condamne un capitaine juif, alsacien, innocent de toute charge, pour crime de « haute trahison » (en faveur de l’Allemagne). S’ouvre, deux ans plus tard, une crise majeure de la République. Mais l’engagement pour Dreyfus, la défense des droits de l’homme et du citoyen, la lutte contre l’antisémitisme et le nationalisme entraînent un sursaut civique de la société. Le 12 juillet 1906, un arrêt solennel de la Cour de cassation réhabilite l’officier. L’Affaire inaugure un âge démocratique porté par l’engagement des intellectuels, la reconnaissance de nouvelles libertés, la solidarité pour les opprimés de par le monde.
Vincent Duclert, historien de la France contemporaine, professeur à Sciences Po, signe une synthèse sur l’affaire Dreyfus remarquable de rigueur et de clarté.
Un texte indispensable pour comprendre ces mutations si décisives pour la Belle Époque, et qui, 120 ans plus tard, demeurent d’actualité face à la raison d’État, au viol de la justice et à l’abandon des persécutés.
Durée : 06H16
© Éditions La Découverte, 1994, 2006, 2012, 2018 © et (P) Audiolib, 2019
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?Orateur hors-pair, grand humaniste et fondateur du journal L'Humanité, Jean Jaurès est une figure de proue du socialisme français dont le nom incarne pour beaucoup l'opposition à la guerre qui s'annonce en 1914. Alors que le monde est sous tension après l'assassinat de l'archiduc Ferdinand, Jaurès met tout son poids politique dans ce combat pour la paix et finit assassiné à l'aube de cette grande guerre qu'il redoutait. Cet engagement ultime est le point d'orgue d'une carrière politique au service des exclus et des persécutés commencée dans les années 1880 par un soutien enflammés aux mineurs grévistes de Carmaux.Vincent Duclert apporte son regard expert à Jean-David Morvan et Rey Macutay pour nous offrir le portrait détaillé et passionnant de cette figure universelle du socialisme et du pacifisme, dont s'inspirent encore nos dirigeants actuels.
La France s'est construite autour de son État, et la période contemporaine ne fait pas exception. Tout au long de la Troisième République, et bien sûr sous Vichy, l'appareil d'État se renforce. L'administration joue ainsi un rôle décisif dans la mise en place des principales institutions sociales et politiques de la France républicaine. Mais cette administration est-elle pour autant " républicaine " ?
La France s'est construite autour de son État, et la période contemporaine ne fait pas exception. Tout au long de la Troisième République, et bien sûr sous Vichy, l'appareil d'État se renforce. L'administration joue ainsi un rôle décisif dans la mise en place des principales institutions sociales et politiques de la France républicaine. Mais cette administration est-elle pour autant " républicaine " ? Autrement dit, qui les fonctionnaires entendent-ils servir en priorité : la Nation, la République, l'État ? La réponse n'est évidemment pas la même pour les conseillers d'État et pour les inspecteurs de la Sûreté, pour les officiers et pour les instituteurs, pour les magistrats et pour les ingénieurs des Ponts et Chaussées. Elle n'est pas non plus la même pour la République laïque du début du XXe siècle et pour l'État en crise du milieu des années trente. À partir d'une quarantaine de contributions de chercheurs (historiens, juristes, politistes), cet ouvrage aborde un volet indispensable à la connaissance des serviteurs de l'État au cours d'une période fondamentale de l'histoire de la France contemporaine. Par-delà les deux crises majeures que sont l'affaire Dreyfus et l'Occupation, on y trouvera à la fois une analyse de la machinerie de l'État et une étude des représentations que se font les fonctionnaires de leur place dans l'État, la société, la nation. Compétence, autonomie, obéissance, impossible réforme : le lecteur d'aujourd'hui retrouvera dans cet ouvrage bien des débats toujours d'actualité au sein de l'appareil d'État en France. Celui-ci est en effet l'héritier d'une longue histoire, relevant pleinement à ce titre d'une approche politique - tant la question des pratiques d'État en République est indissociable des enjeux même de la démocratie.