Stock
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L'écriture comme un couteau
Annie Ernaux, Frédéric-yves Jeannet
- Stock
- La Bleue
- 8 Janvier 2003
- 9782234068476
« Tout au long de cet entretien avec Frédéric-Yves Jeannet, je n'ai eu comme souci que la sincérité et la précision, celle-ci se découvrant plus difficile à obtenir que celle-là. Il n'est pas aisé de rendre compte, sans l'unifier ni la réduire à quelques principes, d'une pratique d'écriture commencée il y a trente ans. D'en laisser percevoir les inévitables contradictions. D'apporter des détails concrets sur ce qui se dérobe le plus clair du temps à la conscience. Ce qui assemble les phrases de mes livres, en choisit les mots, c'est mon désir, et je ne peux l'apprendre aux autres puisqu'il m'échappe à moi-même. Mais il me semble pouvoir indiquer la visée de mes textes, donner mes « raisons » d'écrire. Qu'elles relèvent de l'imaginaire n'enlève rien au fait qu'elles jouent réellement sur la forme même de l'écriture. J'espère simplement avoir réussi à exprimer quelques vérités individuelles et provisoires - révisables assurément par d'autres - sur ce qui occupe beaucoup ma vie. »
Annie Ernaux -
Certains écrivains, au gré de leurs publications, nous donnent volontiers de leurs nouvelles à travers chacun de leur livre ; ils n'hésitent pas à raconter, à montrer le monde, l'époque, pour tenter de mieux les comprendre, mais avant tout de se comprendre eux-mêmes. Depuis son premier livre, Les Jours en couleurs, paru voilà quarante ans, Yves Simon n'aura cessé de poursuivre sa propre trace, il nous a dit sa jeunesse, ses illusions perdues, ses chagrins, ses amours, mais jamais n'avait-il consacré jusqu'à ce jour un roman tout entier empreint, comme son titre l'indique, de la compagnie des femmes. S'il se présente autant comme une autobiographie déguisée qu'un carnet de route, le nouveau roman d'Yves Simon vaut surtout pour l'histoire d'amour très singulière qui l'anime, le porte et le transcende. "Léonie était jeune et moi qui vieillissais", écrit le narrateur avant de reprendre le chemin de quelques-unes des femmes qui le hantent, aussi bien sa mère que les rencontres les plus éphémères. Mais la beauté de cet amour décisif éprouvé pour Léonie emporte dans le même élan lecteur et narrateur. On se prend alors à rêver d'être le passager clandestin de ce voyage, un road novel, dont seul l'écrivain connaît la destination finale.
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Il célébrera son 65ème anniversaire le 11 avril prochain. Il n'a pas d'héritier connu. Pourtant, il a cent quarante-trois enfants.
Le professeur Aloys Vonplatz est un célèbre savant franco-suisse né à Lisbonne en 1933. Il est le pionnier de l'insémination artificielle, de la fécondation in vitro et de manipulations bien plus aléatoires. Parce-qu'il a usurpé la place des maris donneurs, il est accusé d'être le père d'une multitude d'enfants... -
Le Testament d'un esclave
Yves Salgues
- Stock (réédition numérique FeniXX)
- 24 Août 2015
- 9782234107878
Journaliste-écrivain unique en son genre, Jean Montaldo est un spécialiste reconnu des dossiers les plus chauds : J'ai pour vocation, dit-il, de révéler ce que les autres refusent même de voir. Je me réserve les sujets tabous, qu'ils concernent la gauche ou la droite. Après plusieurs ouvrages qui ont connu des succès retentissants, en France et à l'étranger, Jean Montaldo nous livre cette nouvelle grande enquête sur la mafia des syndicats. Commencée il y a plusieurs années, elle met en relief les méthodes étranges, voire illégales, souvent pratiquées par des syndicats dévoyés, véritables féodalités employant les pires procédés des groupes de pression capitalistes : intimidation, manipulation des hommes et des fonds, truquage des bilans et du nombre des adhérents, pratiques électorales douteuses, alliances contre nature, existence de véritables mafias sectorielles, règlements de comptes, violences, actes de sabotage... Les passages concernant la C.G.T. sont particulièrement explosifs : Montaldo fait état de procédés directement assimilables au chantage et au racket. Sait-on aussi combien de syndicalistes vivent aux frais de la société capitaliste... qu'ils contrôlent ? Dans ce livre, Jean Montaldo démontre la faiblesse grandissante de l'État, depuis les années 60, face à certains abus qui font quelquefois craindre un véritable cancer syndical. Il prouve qu'il existe, dans de nombreux secteurs de notre économie et de notre administration, une véritable dictature des syndicats.
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Le génie adolescent
Jacques Brosse, Yves Fauvel
- Stock (réédition numérique FeniXX)
- 3 Mai 2019
- 9782706297274
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Le nouveau luxe ; expériences, arrogance, authenticité
Yves Michaud
- Stock
- Essais - Documents
- 11 Septembre 2013
- 9782234072749
Entre 1995 et 2012, le marché mondial du luxe, qui inclut traditionnellement mode, accessoires, produits de beauté, horlogerie, joaillerie, alcools, vins, parfums, est passé d'un chiffre d'affaires de 77 milliards à celui de 212 milliards d'euros.
Dans le même temps, un nouveau luxe s'est développé, le luxe d'expérience, où l'on consomme palaces, festivals, instituts de remise en forme et spas, haute gastronomie, croisières, safaris et packages touristiques d'exception, automobiles de plus de 100 000 euros, réceptions mondaines, cocktails sélects, îles et yachts privés, escorts de charme et voyages spatiaux. Le chiffre d'affaires annuel de ce nouveau luxe n'est plus de 200 milliards mais de 1 000 milliards d'euros...
Dans cette débauche de dépense, il s'agit d'abord de jouir. Il faut aussi se différencier avec le plus d'arrogance possible. Il faut surtout se trouver une identité, même creuse et vide, à travers une quête obsessionnelle de l'authenticité - plus authentique et plus fabriquée que jamais.
Dans la ligne de son enquête sur Ibiza et l'industrialisation du plaisir, le philosophe Yves Michaud poursuit son analyse de l'esprit de notre temps où le plaisir s'accorde à merveille avec l'argent, l'excès, l'ostentation et le cynisme. -
Voici pourquoi son ! livre James Dean ou le mal de vivre est considéré comme un livre-culte. Une vie-éclair de tragédien de cinéma, une mort-éclair de pilote de course, puis une postérité qui le statufie - à vingt-quatre ans - dans tout l'éclat de sa jeunesse brisée ont fait de Dean le héros d'une fable moderne : l'enfant prodige et tragique du siècle. Cette fable du Nouveau Monde, Yves Salgues nous la fait aujourd'hui revivre dans une version refondue et enrichie de son ouvrage. Pour cela, de Hemingway à Elizabeth Taylor (qui appelait Jimmy « le géant nain »), il donne la parole aux plus grandes voix de notre temps. Plus que jamais, un livre-culte.
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Veilleur dans un centre commercial, il traquait les clients derrière son écran de surveillance. Licencié pour avoir agressé une jeune fille prise en flagrant délit de vol, il part pour Belize, paradis du crime et de la prostitution. À son retour, il épouse, par l'intermédiaire d'une agence matrimoniale, une réfugiée sud-vietnamienne qu'il tue sauvagement quelques semaines plus tard, après une dispute sur la couleur d'un galon de rideau. Aujourd'hui interné dans un asile, le narrateur s'adresse à son compagnon de chambre. Mais c'est en réalité à tous ceux qui l'ont jugé qu'il profère ses obsessions enragées. Il se croit victime d'un complot féminin, investi d'une mission purificatrice de vengeance politique et sociale, et la haine qui l'anime se déverse dans un long discours paranoïaque. Voix tourmentée, équivoque, qui dérange tant elle reflète le tragique et la confusion du monde.
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L ART A L'ETAT GAZEUX : Essai sur le triomphe de l'esthétique
Yves Michaud
- Stock
- Essais - Documents
- 19 Février 2003
- 9782234072428
Le livre d'Yves Michaud est construit autour d'un paradoxe.
Nous vivons dans le monde du triomphe de l'esthétique. Tout est supposé être beau : les produits packagés, les corps du body-building, l'environnement protégé et préservé, la nourriture dans les assiettes ; même les cadavres sont emballés dans des housses plastique clean.
Nous vivons dans un monde cosmétique.
Mais ce triomphe de l'esthétique s'acomplit dans un monde vide d'oeuvres d'art, au sens de ces objets rares, hyper valorisés, qu'on accrochait dans les musées et qu'on venait contempler religieusement. Les tableaux accueillent des fragments de papier peint ou de linoléum, des collages, des éléments de récupération, jusqu'au moment où il n'y aura plus du tout de tableau, au sens d'une surface colorée. Ce qui remplace l'oeuvre ? Des happenings, des « installations », des « performances ».
Ce n'est pas la fin de l'art et il n'y a pas lieu de crier au scandale. Mais c'est la fin du régime traditionnel de l'art, celui où il produisait des objets. -
Butin est le récit d'une passion, d'un éblouissement et d'une déchirure. Maud, l'ardente libertine, est partie, et le narrateur tient sa promesse d'écrire sur elle en cas de disparition. C'est à son cousin Bernard qu'il confie son désespoir. Bernard, le collectionneur de femmes qui ignore le désir et la jalousie. Deux voix se confrontent, deux philosophies du sexe et de l'amour : le discours extrême de Bernard, incorrect et dérangeant, et le vertige de l'amour fou. Bernard l'obscur, Maud la lumineuse, ces deux personnages incarnent tour à tour le conflit qui s'empare du narrateur.
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Un jeune Black, livreur d'une importante société de vente de fleurs par Internet, meurt dans une explosion dans une cité de la banlieue parisienne.
Un commando de tueurs colombiens débarque à Paris à la recherche de plusieurs centaines de kilos de cocaïne. Des terroristes islamistes, cachés dans un grand hôtel parisien, attendent en vain un message de leur contact.
Un ingénieur colombien vient d'inventer un moyen pour faire passer la drogue incognito.
Une jeune femme se fait enlever...
Pourquoi le destin de ces personnages, pas toujours très recommandables, se croiseraient-ils ? Le commissaire Martucci et un agent américain de la DEA vont devoir unir leurs forces pour mener à bien cette enquête. -
L'ouverture d'un chantier de construction devant ses fenêtres incite le narrateur de En chantier à se remettre à son travail de romancier. L'écriture redevient possible et progresse alors au même rythme que le chantier. Jour après jour, avec une régularité obstinée, et une fascination bientôt obsessionnelle.
D'un côté un homme qui vit seul, reçoit son fils adolescent une fin de semaine sur deux, et parfois une amante fugitive ; de l'autre, des ouvriers qui travaillent ensemble, exposés aux quatre vents, avec des machines, des camions, et une énergie physique et virile. Au fil du temps, l'écrivain entretient un dialogue imaginaire avec les hommes du chantier, qui deviennent son unique horizon, en installant sur son balcon un grand tableau sur lequel il note toutes sortes d'informations, jusqu'aux résultats du tour de France dont il les informe étape par étape... Et c'est cette relation impossible entre ces êtres qui, chacun dans leur domaine, construisent une oeuvre, qui donne à ce roman très original toute sa densité. Quand le romancier est contraint d'abandonner son poste d'observation pour partir en vacances avec son fils et pêcher dans les lacs de Haute-Loire, l'écrivain devient alors pleinement un père. Se joue ici une autre relation, celle d'un père avec son garçon, qui s'invente dans une nature et une façon de vivre au plus dépouillé, mais aussi au plus profond.
D'une écriture précise, directe et très fluide, En chantier est un roman qui interroge ce qui sépare ou unit les hommes, questionne la place du masculin et dit l'impossibilité de communiquer entre différents mondes, dans une société contemporaine rongée par l'enfermement.
En plus d'un humour discret, un vrai suspense s'installe au fil des pages habilement construites, puisque la fin du chantier approche et qu'on se demande comment le narrateur-écrivain va supporter l'idée de réintégrer une vie de solitude. -
Mortimer n'a jamais su déchiffrer l'expression du visage de sa mère, ni d'aucun être humain. Il souffre du syndrome d'Asperger et a 36 ans.
Il partage une vie ritualisée entre Paris et la Normandie. Chaque week-end, il rejoint un hameau près d'un méandre de la Seine et y retrouve deux couples de voisins qui élèvent poules et oies. Il nage tous les jours, va voir passer le même train, à heure fixe, écoute Khatchatourian et lit Pascal. La vie se décline paisiblement. En tout cas en apparence. Cette existence un peu mécanique, sans affect, n'a pas encore basculé.
Jusqu'à ce qu'il rencontre un ancien copain de lycée qui entraîne une équipe de badminton. Mortimer va se découvrir une véritable fascination pour le volant aux trajectoires singulières qui le ramènent à la philosophie de la géométrie de Pascal. Cette fascination va bientôt obséder Mortimer et le pousser à changer de vie. Avant de sombrer dans une folie aussi discrète qu'effrayante et de commettre l'irréparable. -
La montée du fondamentalisme religieux, tout spécialement, mais pas seulement, islamique ; la montée des populismes, de droite comme de gauche, accompagnée d'un discrédit grandissant de la classe politique et du rejet de la construction européenne, fait que nous avons affaire à une situation entièrement nouvelle, qui rend caducs les schémas anciens, à savoir :
- l'idée que la démocratie est hautement désirable pour tous, et qu'elle peut indéfiniment tolérer toutes les différences qui veulent s'y exprimer ;
- l'idée que les populismes sont des programmes infâmes qui ne méritent pas une seconde de discussion et que leurs adeptes doivent être traités par le mépris ;
- l'idée qu'en politique internationale, il faut être bienveillant et aider les déshérités.
Oui ! Il y a des croyances insupportables et intolérables. Non ! Le populisme n'est pas une illusion qui se dissipera d'elle-même. Non ! La politique internationale n'obéit pas aux chartes du droit international.
Enfin, il faut s'attaquer à la tyrannie des bons sentiments, à la politique de l'émotion et de la compassion, à la tyrannie de la bienveillance. Non que la bienveillance soit un sentiment indigne, bien entendu, mais il faut cesser de croire qu'on peut bâtir sur elle une communauté politique.
Ce livre rappelle que l'appartenance à une communauté politique se construit sur le renoncement réfléchi à certaines particularités pour asseoir la souveraineté collective, que les droits ne sont pas des dus mais le corrélat de devoirs assumés, que la Res publica, le bien commun, présupposent ces renoncements qui ne peuvent pas être considérés comme « allant d'eux-mêmes ». -
L'Original, c'est Bernard, dit La Bernouille, intérimaire chronique, fou de liberté, drogué sexuel. « Quatre épouses, mille prostituées », l'Original est un collectionneur qui ne connaît pas la jalousie, la fidélité étant une trahison de soi. Dans une langue baroque et imagée, il raconte ses fougues d'adolescent révolté, son travail d'infirmier assistant et son goût pour la photographie. Il évoque de la même façon enjouée ses randonnées en solitaire dans la montagne et ses vagabondages sexuels dans les pays du tiers-monde. Yves Laplace écrit ici le roman de son cousin, réel ou imaginaire. Un cousin inconvenant et dérangeant qu'il ne juge ni ne condamne. Il prolonge ainsi ses cahiers d'enfance dans lesquels il consignait les événements familiaux ou sportifs et faisait le portrait des membres de la tribu. On comprend, à travers ces pages, l'importance de cet Original dans la jeunesse de l'auteur. Avec ce personnage qui se veut affranchi et libéré, mais s'avoue bloqué devant la Femme, Yves Laplace explore les zones sombres de l'humain qui font choc avec la morale. Mais le rôle de l'écrivain n'est-il pas aussi d'indisposer l'univers ?
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Trois récits (Le Garrot, Lahore et Iris) sont rassemblés sous ce titre des Hautes oeuvres. Le troisième est inédit, les deux premiers publiés chez Lattès en 1977 et 1978 ont été remaniés et épurés par l'auteur.
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En pleine forêt du Risoud jurassien, la plus sombre de France, un mur de pierres libres et sèches marque la frontière avec la Suisse. Il s'étend sur cent cinquante kilomètres. Les soldats défaits par les Prussiens le franchirent par milliers en 1871, les villageois menacés par le front lorgnaient vers lui en 1914... Mais personne ou presque n'en connaît aujourd'hui l'existence.
Durant la Seconde Guerre mondiale, trois jeunes égarés parmi les résistants, les traîtres, les Allemands, les passeurs, les espions, les réfractaires et les fugitifs s'y brisent les os - tandis que douaniers et contrebandiers poursuivent leur immuable partie de cache-cache. René se joue de tout et de tous entre son village natal et Dachau. Gloria passe les Juifs en vénérant le général de Gaulle et le maréchal Pétain. Soldat vaudois, champion de lutte et agent de renseignements, Greg les aide dans leur entreprise comme ils l'aident dans la sienne.
A l'aube du XXIe siècle, un visiteur suisse rencontre les rescapés. Il recueille les dits, les songes, les écrits, il rassemble les voix. Il remonte le cours du temps.
A travers le récit des trois jeunes gens, Yves Laplace explore une époque qui devient la « sienne » et reste la nôtre depuis la découverte des fonds juifs en déshérence dans les banques helvétiques. -
De nombreux ouvrages ont été consacrés à Chirac, mais tous sont du genre biographique, et se fondent sur des entretiens ou des confidences. Aucun n'est consacré à l'analyse de ses discours et autres textes politiques. Si plusieurs de ces textes sont seulement circonstanciels et sont écrits en pure langue de bois, beaucoup d'autres témoignent de sa part d'une constance que l'on n'aurait pas attendue : sur les questions de l'impôt, du chômage, de la politique internationale, du régime présidentiel, de la famille, de la réforme de l'État, par exemple, Chirac n'a pas varié. En revanche, ce qui frappe à la lecture de ces textes, ce sont leurs contradictions entre eux : notre président veut - avec constance - plus de lois mais moins d'État, plus de protection sociale mais moins d'impôts, plus d'armée mais moins de dépenses publiques, et aussi leur contradiction avec l'époque : leur décalage avec la réalité se manifeste de manière criante, tant au plan national qu'au plan international.