Yvon Rivard propose ici une vision de l'éducation qui va à contre-courant de la pédagogie contemporaine et de l'idéologie utilitariste du savoir : défense de l'école comme lieu privilégié à l'abri de la rumeur publique, reconnaissance de l'autonomie du professeur, apologie de la lenteur et de la gratuité, éloge de la pensée en mouvement entre les mots et les choses, la parole et le silence. Le chemin de l'école souligne la finalité éthique de l'éducation qui brise la solitude des êtres en les éveillant à la beauté du monde considéré comme une oeuvre à laquelle tous les vivants participent. Cet essai peut aussi être lu comme une introduction à la lecture et à l'écriture d'oeuvres littéraires.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Dans cette rubrique, nous brossons le portrait d'une personne qui oeuvre à bâtir le Québec nouveau.
Après trente-cinq ans d'enseignement de la littérature, Yvon Rivard réfléchit sur ce métier, qui est idéalement un métier de partage et d'éveil du désir. Si l'enseignement est une histoire d'amour, c'est que la connaissance et l'amour obéissent au même désir inconscient d'échapper à la mort en laissant le mystère du monde, la beauté et l'étrangeté des êtres et des choses, élargir le regard et la pensée : « Plus le professeur éveille ce désir, plus il s'expose à être pris et à se prendre pour Dieu. » L'auteur aborde ici la question risquée de l'éros pédagogique en s'appuyant sur des oeuvres qui, toutes, se posent, au fond, la question du bien et du mal.
« Depuis des années, j'entends qu'il faut se méfier des idées simples, du rêve, du bonheur, car le réel est complexe (aucune idée ne peut y être un chemin sûr), opaque (aucun rêve ne peut l'éclairer ou l'élargir) et fatal (aucun bonheur ne peut résister à la mort). Il est difficile de s'opposer à cette prudence lorsqu'on sait à quelles aberrations religieuses, sociales et politiques s'expose quiconque entreprend de changer la vie et le monde sans accepter ses limites. Si on oublie que nous ne savons rien et que nous sommes mortels, la vie et la culture qui s'en fait l'écho ne manquent jamais de nous le rappeler : je sais que je ne sais pas, le mieux est l'ennemi du bien, l'homme est un loup pour l'homme, etc. Si en écrivant ce livre j'ai été amené à prendre le contre-pied de cette sagesse, c'est que j'ai essayé d'obéir à cette idée simple, énoncée par Hermann Broch, que le premier devoir de l'intellectuel, dans l'exercice de son métier, est de porter assistance à autrui. » Y. R.
Deuxième roman d'Yvon Rivard, paru originalement en 1979, L'Ombre et le Double est l'invitation à un fascinant voyage intérieur, où le lecteur sera invité à réfléchir sur la question des origines.
Grand Prix du livre de Montréal 1996. Un homme, deux femmes. Lui, le narrateur, écrivain embourbé dans le désordre de sa vie et les incertitudes de son coeur ; elles, Françoise et Clara, à la fois transparentes et impénétrables, objets l'une et l'autre d'un amour qui trébuche sans cesse, qui se relève, et qui sans cesse exalte et détruit. Chronique d'un homme qui se cherche tantôt au plus haut, tantôt au plus bas de lui-même, Le Milieu du jour suit pas à pas, de Montréal à Miami, du Maine à Turin, dans le quotidien des gestes et
des émotions, cette quête, cette passion qui est en même temps une découverte et une perte infinie. Un roman d'une rare intelligence et d'une rare lucidité. Jean-François Chassay, Spirale
Depuis la rencontre de Marguerite, après des années d'errance entre Françoise et Clara, la vie d'Alexandre est devenue un long fleuve presque tranquille. Maintenant dans la soixantaine, il vient d'acheter dans le Bas-Saint-Laurent un petit chalet juché sur les rochers, où il réfléchit à ce qu'il devrait faire du reste de sa vie. Inquiet des êtres chers dont il s'est éloigné, Alexandre n'est plus sûr que sa dernière tâche soit de se retirer ainsi du monde. La réponse lui sera donnée - peut-être trop tard - alors qu'il s'apprête à fermer le chalet à la fin de l'automne.
En 1974, Yvon Rivard est un jeune professeur qui n'a pas encore publié, alors quePierre Vadeboncoeur est un essayiste consacré sur le point de prendre sa retraite. Les deux hommes entreprennent à ce moment-là une correspondance qui ne se concluera qu'avec la mort de Vadeboncoeur, en 2010.
On ne se console pas de la disparition d'un écrivain, penseur et humaniste comme Pierre Vadeboncoeur, dont la brusque absence est une présence redoublée. Se joignent ici les voix de Pierre Ouellet, Marie-Andrée Lamontagne, Yvon Rivard et Roland Bourneuf, pour lui rendre hommage. Les écrits honorent également la mémoire d'un autre grand absent, Michel van Schendel, dont on peut lire un bref récit poétique, La nuit humaine. Les pages de ce numéro font aussi place à des textes inédits de grands écrivains de réputation internationale : Marcel Moreau, Richard Millet et Yves di Manno. Enfin, cette édition est traversée par les oeuvres de l'artiste canadien d'origine roumaine Peter Krausz.
Si nous portons notre regard sur les installations pétrolifères de Syncrude à Fort McMurray en Alberta, sur les forêts abitibiennes scarifiées par les coupes à blanc ou le site minier Manitou-Goldex, abandonné, à Val-d'Or, on se demande assez vite si nous savons encore habiter le monde. Le sol, la boue, l'humus, l'air, les quenouilles, les maringouins semblent aujourd'hui être pour nous plus abstraits et, du coup, moins sensés, moins signifiants, que les retombées économiques, le taux de chômage ou le bourdonnement de la bourse de Tokyo.
Comme l'avançait le sociologue Jean-Philippe Warren en 2005 dans nos pages - plus précisément celles du no 268, intitulé Intellectuel sans domicile fixe -, la nature s'est, pour nous tous, transmutée en environnement. Elle n'est plus un cosmos, un espace avec lequel dialoguer, une part du récit nous englobant en tant que communauté, mais un pur objet extérieur à nous et, de là, une simple ressource. Or, la ressource, comme chacun sait, ne s'habite pas. Elle s'exploite.
S'il nous est bien sûr impossible, à tout le moins peu souhaitable, de revenir au cadre des cosmogonies grecques ou romaines, il nous faut pourtant trouver le moyen d'investir de nouveau la Terre comme un lieu, c'est-à-dire apprendre à la percevoir et à la lire autrement afin de développer avec elle un nouveau commerce - à entendre ici au sens de relation et de façon de se comporter à l'égard d'autrui. Chacun à sa manière, les textes du présent dossier nous invitent à cette tâche.
Ayant comme point de départ la question « Écrivons-nous pour changer le monde ? », posée par Valérie Lefebvre-Faucher dans son plus récent livre, Promenade sur Marx, le numéro d'hiver de la revue Lettres québécoises propose un dossier consacré à l'essai québécois. Dirigé par sa nouvelle rédactrice en chef, Mélikah Abdelmoumen, il comprend une série de micro-essais signés par onze auteur·rices qui donnent au genre une vitalité indéniable : Étienne Beaulieu, Mathieu Bélisle, Frédérique Bernier, Dalie Giroux, Nicolas Lévesque, Marco Micone, Pascale Navarro, Rosa Pires, Yvon Rivard, Maïka Sondarjee et France Théoret. Le numéro propose aussi de nouvelles chroniques, dont Le labo sise dans le cahier Création, une nouvelle bande-dessinée Pofasyl par Dimani Mathieu Cassendo et un cahier Critique toujours aussi touffu et riche en suggestions de lecture.
Cet hiver, la revue Relations propose un dossier sur les personnes migrantes vivant sans statut au Québec. Souvent invisibilisée, leur situation découle de politiques migratoires néolibérales et utilitaristes qui les privent d'une vie digne et d'une citoyenneté pleine et entière, comme c'est le cas de tant d'autres personnes ayant un statut migratoire précaire. Comment cela s'explique-t-il et qui en profite ? Ce dossier se penche sur ces problèmes et sur certaines des voies pour y remédier. Aussi, lisez un grand entretien avec Guillaume Pitron, spécialiste de la géopolitique des métaux de la transition énergétique, un article sur le sens du travail, un débat sur l'aliénation parentale entre Suzanne Zaccour et Marie-Hélène Gagné, ainsi que la rubrique Aux frontières signée par Maya Ombasic, Le Carnet d'Yvon Rivard et la chronique poétique de Gabrielle Filteau-Chiba.
Les GAFAM - Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft - font partie de notre quotidien. L'emprise de ces géants du numérique sur nos sociétés s'accroît plus que jamais. Leur valeur boursière bat des records. Comment brider ce pouvoir démesuré qui façonne le monde selon ses intérêts, faisant peu de cas de la démocratie, des droits des travailleurs et travailleuses, et de son empreinte écologique plus grande qu'il n'y paraît ? Relations pose la question dans le dossier de ce numéro qui met en valeur l'artiste Johann Baron Lanteigne. À découvrir aussi : la nouvelle chronique poétique de Gabrielle Filteau-Chiba, figure montante de la littérature québécoise; le nouveau Carnet de l'écrivain Yvon Rivard; Maya Ombasic à la barre de la rubrique Aux frontières; un grand entretien avec l'essayiste Olivier Ducharme, et un article sur le fisc, les riches et la justice, signé Julia Posca, dans une nouvelle série sur l'économie politique.
Comment en sommes-nous venus à célébrer le progrès tout en craignant la fin du monde? Nous n'en finissons plus de nous extasier devant nos avancées technologiques, devant l'expansion de notre ouverture d'esprit et, d'un même mouvement, nous ne cessons de faire le décompte des catastrophes écologiques, économiques et humanitaires qui nous accablent. Le présent dossier explore ces questions.