Début 2016, pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, Mein Kampf ressort en Allemagne dans une édition scientifique. Dans le même temps, l'éditeur historique de la traduction française annonce son intention de republier l'ouvrage dûment accompagné d'un appareil critique.
Début 2016, pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, Mein Kampf ressort en Allemagne dans une édition scientifique. Dans le même temps, l'éditeur historique de la traduction française annonce son intention de republier l'ouvrage dûment accompagné d'un appareil critique. Comment expliquer la postérité de ce pensum dont les divagations racistes et complotistes apparaissaient déjà comme telles à l'époque ? La réponse à la question ne serait-elle pas à chercher dans la forme plutôt que dans le fond de cet ouvrage ? En plus d'être le manifeste du national-socialisme, Mein Kampf ne serait-il pas en effet l'archétype d'un genre littéraire bien particulier, celui adopté par des leaders amenés à devenir autocrates, et mêlant propagande, manipulation et autobiographie ?
En s'immergeant dans le livre, Albrecht Koschorke fait ressortir les procédés visant à rendre irréfutables les propos avancés, attire l'attention sur la construction de l'ouvrage, les transitions des expériences personnelles aux stigmatisations globalisantes, les changements de registres d'écriture, désintrique les niveaux de lecture et éclaire les divers publics visés.
Une approche originale qui, dans la perspective de la prise du pouvoir, s'intéresse moins à la " doctrine " postulée de Mein Kampf qu'à sa " poétique " conjuguant autoritarisme et inconsistance intellectuelle.
Albrecht Koschorke est professeur de littérature à l'université de Constance.
Ses travaux entre littérature, narratologie et anthropologie ont été couronnés
de nombreux prix dont le prix Leibniz en 2003. Son dernier ouvrage, Vérité
et fiction (2012), propose un ambitieux essai de narratologie générale.
Traduit de l'allemand et présenté par Christophe Lucchese
Au cours du XIXe siècle, le " voyage en Orient " était pratiquement devenu chez les intellectuels européens un rite de passage qui donna lieu à un grand nombre de récits. Le voyage de Blyden, publié à Manchester en 1873, est le premier dû à un observateur afro-américain. Edward Wilmot Blyden (1832-1912) est né dans les Antilles britanniques et réside au Liberia d'où il partira en 1866 pour se rendre à Londres, puis à Malte et de là à Alexandrie, au Caire, au Liban et en Palestine.
Cultivé, imprégné des voyages antérieurs, de la Bible, attiré par la religion musulmane, il se montre sagace, attentif et particulièrement sociable auprès de protagonistes les plus divers. Sa position d'Afro-Américain le rend plus sensible à certaines situations. Il mentionne à plusieurs reprises les Africains qu'il a croisés, les fidèles d'une mosquée à Jérusalem, les pèlerins bambaras au Caire mais aussi des communautés généralement ignorées des auteurs occidentaux de l'époque, comme les coptes. Les antiquités égyptiennes, fruit à ses yeux d'une civilisation africaine, sont l'objet d'une véritable passion qui l'expose à des savoureuses aventures semi-comiques.
Ce voyage d'Afrique en Palestine est le récit singulier d'un auteur entre plusieurs cultures.
Traduit et édité par Xavier Luffin, membre de l'Académie Royale de Belgique.
" Nous avons affaire ici, au-delà du titre même de ce livre, à une véritable histoire du développement politique et institutionnel de la Serbie avant 1914, dans le contexte de ses rapports avec la France.Le grand livre de Dušan T. Batakovic', dont les conclusions sont toujours actuelles, montre admirablement l'évolution progressive et la modernisation d'un pays qui doit résoudre à la fois son problème politique interne et son problème national, cas fréquent à cette époque. Mais la Serbie disposait d'une base de départ, la démocratie agraire, qui n'existait pas ailleurs dans cette partie de l'Europe. Elle recevait d'autre part des influences multiples, françaises mais aussi britanniques, et pas seulement russes et austro-hongroises. Ce qui contribue à expliquer la situation très particulière de la Serbie dans cette partie du monde. Plus que d'autres pays de la région, la Serbie s'est montrée très tôt ouverte aux influences de l'Europe occidentale, et on comprend que l'alliance privilégiée franco-serbe reposait sur des réalités profondes, et pas seulement sur des considérations tactiques transitoires. "
Voici enfi n traduite en français la grande biographie de Tito par Joze Pirjevec, saluée mondialement comme l'ouvrage le plus abouti sur l'ancien maître de la Yougoslavie. Fondée sur une quantité impressionnante d'archives inédites.
Voici enfin traduite en français la grande biographie de Tito par Joze Pirjevec, saluée mondialement comme l'ouvrage le plus abouti sur l'ancien maître de la Yougoslavie. Fondée sur une quantité impressionnante d'archives inédites – découvertes à Belgrade mais aussi aux États-Unis, en Russie, en Grande-Bretagne, en Allemagne –, l'étude de Pirjevec explore les zones d'ombre, fait revivre les paradoxes et les ambiguïtés d'un Tito que rien ne semblait destiné à se hisser au rang des chefs d'État les plus influents du XXe siècle.
Comment ce fils d'apprenti, ancien ouvrier d'usine, est-il parvenu à s'emparer du Parti communiste yougoslave ? Quelle fut la nature de son engagement dans les Brigades internationales du temps de la guerre d'Espagne_? Comment comprendre son rôle de partisan, passé maître dans l'art de la guérilla, durant l'occupation de son pays par les nazis ? Quelle fut sa responsabilité dans le massacre des Croates oustachis en 1945 ? Staline a-t-il vraiment cherché à l'empoisonner ? Comment, dans l'après-guerre, Tito s'est-il imposé comme l'une des principales figures des non-alignés ?
Pirjevec n'élude aucune de ces questions, poussant son enquête dans les replis les plus intimes de ce grand amateur de femmes et de luxe, fasciné par le pouvoir qu'il exerça d'une main de fer malgré quelques timides concessions à la démocratie.
Préface de Jean-Arnault Dérens
Traduit du slovène par Florence Gacoin-Marks