John Dewey (1859-1952) est un des piliers du pragmatisme. Au centre de cette tradition, il y a l'enquête, c'est-à-dire la conviction qu'aucune question n'est a priori étrangère à la discussion et à la justification rationnelle.
Dewey a porté cette notion d'enquête le plus loin : à ses yeux, il n'y a pas de différence essentielle entre les questions que posent les choix éthiques, moraux ou esthétiques et celles qui ont une signification et une portée plus directement cognitives. Aussi aborde-t-il les questions morales et esthétiques dans un esprit d'expérimentation - ce qui tranche considérablement avec la manière dont la philosophie les aborde d'ordinaire, privilégiant soit la subjectivité et la vie morale, soit les conditions sociales et institutionnelles.
Dans L'art comme expérience, la préoccupation de Dewey est l'éducation de l'homme ordinaire. Il développe une vision de l'art en société démocratique, qui libère quiconque des mythes intimidants qui font obstacles à l'expérience artistique.
Le boson? C'est l'ultime particule élémentaire prédite par la théorie de l'infiniment petit, qui manquait encore et dont la découverte, grâce au grand collisionneur de hadrons du CERN, a été annoncée au monde entier le 4 juillet 2012. Postulée en 1964 par Robert Brout, François Englert et Peter Higgs, elle explique que le photon - particule qui transmet la force électromagnétique - n'a pas de masse, à l'encontre de celles véhiculant la force faible. Une telle dissymétrie était a priori incompatible avec la symétrie fondamentale, dite 'de jauge', sur laquelle est fondé le modèle standard de la physique des particules.
Le chapeau mexicain? C'est le mécanisme grâce auquel le boson rend compte, en préservant les acquis du modèle standard, de l'origine des masses des particules élémentaires.
Le boson et le chapeau mexicain se placent à la croisée - retracée par les deux auteurs en dialogue avec François Englert - des chemins de l'évolution des théories de l'astrophysique contemporaine et, sur près de trente années, d'une véritable aventure scientifique, technologique et humaine menée par le CERN, dont Michel Spiro fut le président du Conseil.
Mais la particule observée a-t-elle les propriétés définies par le modèle standard, ou en possède-t-elle d'autres, prédites par des théories concurrentes des composants élémentaires de la matière? Faudra-t-il bientôt écrire encore un nouveau grand récit de l'univers?
Jamais notre quotidien n'a été à ce point saturé d'histoires : qui raconte sa vie sur un trottoir, qui, sur un plateau de télévision, qui, dans le journal, qui, dans un livre, qui, sur un blog, qui, sur un site internet. Jamais notre monde ne s'est rendu autant disponible à l'écoute des histoires de chacun, leur assurant par la technologie une diffusion peut être immédiatement planétaire. Or ces histoires-là, courtes, longues, fragmentaires, sont vraies, puisqu'elles sont immédiatement identifiées à la réalité d'un locuteur, d'un sujet' L'adéquation du vécu au narré constitue l'identité de l'auteur en même temps qu'elle le constitue et l'identifie comme sujet.
Pourquoi faut-il, dès lors, marginaliser et faire taire la littérature en la parquant dans l'espace exclu et réservé de la 'fiction', alors qu'elle est précisément l'invention la plus haute et la plus exigeante d'une forme écrite de l'action et du temps humain ? Probablement parce que la littérature s'attache, au travers des histoires imaginées, inventées, extraites ou non de la réalité, à penser les questions fondamentales dont les histoires vraies font l'économie. Le sujet de la littérature, c'est un sujet problématique dans un être en libre devenir. La littérature est une force imprévisible de propositions inattendues quant à la question du sujet, et il est toujours plus urgent de la cerner dans cet espace livresque de la fiction, que l'on parcourt en ses heures perdues de loisir et de distraction, où l'on s'accorde précisément à perdre son temps avec ce qui n'est que... littérature.