Michel Piccoli, acteur mythique du cinéma français, figure charismatique et mystérieuse, est au coeur de films inoubliables comme Le Mépris de Jean-Luc Godard, La Grande Bouffe de Marco Ferreri, ou encore Max et les ferrailleurs de Claude Sautet, pour n'en citer que trois parmi plus de 200. Véritable lieu de mémoire du cinéma, il se retourne aujourd'hui sur ses propres souvenirs et considère avec une profonde lucidité ce qui l'a construit, le temps qui passe et ce qui reste d'un parcours exceptionnel. Habité, personnel, intense, ce récit évoque l'enfance, l'apprentissage du théâtre, des souvenirs de cinéastes et de ses plus grands films, ses réflexions sur le métier de l'acteur, la mélancolie... S'adressant à son grand ami et complice Gilles Jacob, Michel Piccoli se livre pour la première fois en toute liberté, sans complaisance et avec franchise.
« Parvenir à étonner les gens par mon travail sans prétention, avec simplicité, aura été mon idéal. Je suis un éternel enfant, heureux de raconter une histoire. Donner à vivre un texte provoque en moi un plaisir inouï, et j'ai toujours été émerveillé de vivre ce métier extravagant. Faire l'acteur est tellement étrange ! D'abord il faut beaucoup travailler, ensuite il faut se mettre à jouer et que cela ne soit plus vécu comme un travail. »
Cet essai biographique est né le jour où Olivier Barrot a découvert une photographie sur laquelle on voyait son propre père, un technicien de cinéma, sur un tournage aux côtés de Gérard Philipe, alors au sommet de sa gloire... Ce visage, à côté de celui de son père, lui a inspiré aussitôt une sorte de « fraternité » insaisissable - qui est devenue le fil conducteur de ce livre... C'est à un véritable « exercice d'admiration » que se livre l'auteur. Et à une enquête sur l'époque, ainsi que sur les milieux du théâtre et du cinéma... Car Gérard Philipe n'était pas seulement un comédien, mais aussi, dans une France meurtrie par la guerre, le symbole d'une renaissance juvénile et humaine. Olivier Barrot entreprend de suivre son ami posthume, de film en film, du Festival d'Avignon au théâtre de Chaillot, du « Cid » au « Prince de Hambourg ». Au passage, il se glisse dans toutes les coulisses, y compris celles de la politique et de l'Histoire (puisque Gérard Philipe était également le porte-drapeau d'un certain communisme porteur d'avenir radieux). Les années 1950-60 sont ainsi ressuscitées avec tendresse et lucidité. On s'y plonge comme dans un monde d'autrefois, rempli d'espérances et d'illusions...
Lucien Fabas est envoyé en reportage en 1952 sur le tournage de Mogambo, au Kenya, où il côtoie John Ford, Clark Gable, Ava Gardner et Grace Kelly.
C'est là qu'il rencontre pour la première fois la soeur d'Ava, Béatrice, dite « Bappie » : naissance d'une passion qui, en marge de la vie officielle de chacun, durera jusqu'à leur dernier souffle.
C'est par les yeux de Lucien, nommé secrétaire général du Festival de Cannes en 1954, que le lecteur va vivre de l'intérieur l'épopée de la Croisette, de la séduction d' Hollywood pour lever le boycott des Américains jusqu'au Londres des années 70, en passant par la révolte des jeunes cinéastes menée en 1968 par Truffaut et Godard. On croise Louis Malle, Lelouch, Polanski, Welles, Fritz Lang, Fellini... On chasse dans le monde entier les films et les stars pour nourrir cette immense fabrique à rêves condamnés à se consumer en cendres.
Quand un amour éternel croise la mythologie du festival de Cannes pour composer le grand roman de la nostalgie...