Agir en situation d'incertitude est une question de survie dans les mondes paysans. Chaque année climatique diffère d'une autre, et la fluctuation des prix sur les marchés mondialisés se répercute dans la plupart des pays. À plus long terme, l'ampleur et la nature même du changement global demeurent des inconnues, obligeant les acteurs agricoles et ruraux à développer des dynamiques d'adaptation et de sécurisation tenant compte des questionnements techniques, écologiques, économiques, politiques et sociaux à différentes échelles, du local à l'international. Cet ouvrage propose de sortir des analyses en termes de risques et d'assurances et offre de nouvelles approches pour rendre compte de l'incertain, du complexe, du long terme, et des capacités des systèmes à tenir, à se transformer, à apprendre d'un environnement en changement. Les auteurs sont des chercheurs qui pratiquent l'échange interdisciplinaire, mais aussi des acteurs du développement. Le pari du regard croisé des disciplines, biotechniques et sciences sociales, se double de la volonté de confronter des réalités du Nord et du Sud. Que ce soit en Europe, en Afrique, ou en Amérique du Sud, le rapport au changement et les protections mises en place face à l'incertitude, sont des constructions socio-techniques.
Depuis plusieurs décennies, l'espace rural voit se développer de nouvelles activités qui transforment son fonctionnement sur les plans écologique, économique et social. Il est dès lors nécessaire de s'interroger sur l'existence d'un cadre institutionnel capable d'accompagner ces transformations. L'enjeu est de déterminer dans quelle mesure les développements actuels bénéficient-ils de règles institutionnelles permettant d'imposer (ou de concilier) les nouveaux usages du sol avec les usages en place ? Ce livre rend compte d'une partie des résultats d'un projet de recherche intitulé « New Rurality » financé par l'Agence nationale de la recherche. Sur le plan méthodologique, il s'inscrit dans le cadre d'analyse des régimes institutionnels des ressources. Celui-ci permet de prendre en compte non seulement les politiques publiques mises en place mais également les droits d'usages et de propriétés qui fondent et régulent l'accès aux ressources naturelles, en l'occurrence ici, le sol en milieu rural. Ce livre dresse ainsi un panorama des modes de régulation des activités en zones rurales dans trois pays : la France, la Suisse et les Pays-Bas. En définitive, il analyse les conflits et les modes de conciliation, entre les activités traditionnelles (agriculture, sylviculture, chasse, etc.) et les nouvelles activités (loisirs, production d'énergie renouvelable, protection de la nature, etc.).
Les contributions réunies ici s'intéressent aux modalités de prise en compte et aux conditions de manifestation des changements climatiques à l'échelle locale à partir de réflexions complémentaires sur les processus d'institutionnalisation et l'évolution des référentiels d'action, ainsi que sur des études de terrain. Des analyses centrées sur les politiques publiques spécifiquement dédiées à l'enjeu des changements climatiques (étudiées de façon générale en France et plus particulièrement aux niveaux des régions et de deux métropoles - Paris et Lyon) sont croisées avec l'analyse de situations où l'enjeu du climat arrive « par la marge », via la gestion des risques dans les milieux littoraux ou par le biais de mobilisations sociales (mouvement des « Transition Towns »). Cette diversité de points de vue permet de nourrir une discussion sur l'évolution de concepts clés associés à l'action territoriale, tels ceux de vulnérabilité, d'adaptation et de durabilité, potentiellement remis en cause par l'impératif d'agir localement sur les changements climatiques. Ce qui conduit à interroger en quoi la question du climat vient changer - ou au contraire, faire perdurer - les assises de l'action locale et environnementale et les préceptes du développement durable.