En comparant la France et la Grande-Bretagne, obligées de redéfinir les rapports qu'elles entretiennent avec les étrangers, les immigrés et les minorités, cet ouvrage montre l'épuisement des modèles d'intégration traditionnels. Il nous faut combiner la diversité et l'unité, les minorités et l'individu.
Une première enquête montre que la crise de la masculinité est fondée sur la difficulté à définir ce que doit être un homme à partir d'une profusion de normes souvent contradictoires et variables selon le milieu social. Une seconde enquête relie ces représentations collectives et les applications dans les pratiques privées des jeunes.
Les attentes et les incertitudes identitaires d'un groupe social en expansion qui ne se reconnaît ni dans la classe ouvrière, même s'il en est issu, ni dans le groupe des cadres, dont il se sent exclu, et interpelle aussi bien les organisations syndicales que le patronat.
Pour appréhender la formation de normes nouvelles dans les campagnes chinoises, les auteurs analysent les principes d'action et les fondements du lien social existant avant l'arrivée au pouvoir du Parti communiste. Cette étude est centrée sur l'évolution
L'examen comparé des passions et de leur genèse dans des civilisations différentes.
La maladie n'est pas seulement un événement biologique qui affecte l'individu et mobilise le savoir médical. Elle est aussi une réalité sociale qui met en jeu des rapports de pouvoir. Incorporation de l'inégalité, pouvoir de guérir et gouvernement de la vie constituent les trois dimensions de ce que l'on se propose de nommer l'espace politique de la santé.
S'il n'est pas de notre faculté d'explorer cette terra incognita qu'est la mort, il est néanmoins possible de resituer celle-ci dans la logique du social, grâce à un double questionnement sur le sens et la durée. Puisque la mort est un moment fondateur, on en vient à entrevoir l'existence d'une liaison, de type homothétique, entre la façon de penser le temps et celle de penser la mort : mythes et modèles, conceptions du temps-destin et du temps-outil, croyances en la mort-renaissance et en la mort-finitude sont là pour l'attester. À l'occasion de l'événement-mort, chaque culture déploie, sur la base d'un principe de perte, une économie sacrée, radicalement différente de l'économie profane d'accumulation. Et, finalement, ce fait social total qu'est la fête dévoile sa nature mortifère : à la déchirure vitale que constitue la mort au plan du biologique, correspond la déchirure sociale qu'est la fête au plan du collectif organisé. On l'aura compris : c'est la mort qui se joue dans la fête et c'est la fête qui déjoue la mort.
La révolution informationnelle propose une autre donne économique. Est-ce à dire que celle considérée par l'économie est fausse ? L'expression fausse donne peut en effet se comprendre de deux manières. Dans un cas, la fausse donne laisse penser qu'une erreur, non intentionnelle, a été commise et qu'il faut redistribuer les cartes pour la changer. Dans l'autre, la fausse donne serait le moment d'une tromperie intentionnelle, autrement dit le moment où l'on laisserait croire que les choses seraient comme cela et qu'il ne servirait à rien de changer l'ordre du monde. Que la donne soit vraie ou fausse, bonne ou mauvaise, ne résoudra d'ailleurs jamais la question de sa nature réelle ! Existe-t-il une seule manière de distribuer les cartes de la réalité socio-économique, et la lecture que l'économie propose de cette distribution est-elle unique ou plurielle ? L'auteur propose, à travers une lecture anthropologique de la dette et du don, une réflexion critique sur la valeur de l'information et la manière dont l'économie se révèle impuissante à rendre compte de la complexité des processus informationnels.
Dans les médias, comme dans l'opinion publique, le terme de mondialisation est devenu d'usage courant. C'est dire qu'il fonctionne à la fois comme une évidence indiscutable, et comme une matière inépuisable de débats et de controverses. Mais son sens en est circonscrit, le plus souvent, à la sphère économique entendue stricto sensu (le marché capitaliste mondial). Dans cet ouvrage, l'accent est mis sur la dimension culturelle du phénomène. La mondialisation n'est-elle pas aussi - et peut-être surtout - une mise en contact rapproché de sociétés aux valeurs différentes, hétérogènes, éventuellement conflictuelles ? Faut-il, dans la rencontre désormais intime de l'Orient et de l'Occident, de l'islam et du Christianisme, de l'Amérique et de la Chine, du Japon et de l'Europe, voir l'aube d'une ère nouvelle ? Et, si oui, cette ère sera-t-elle porteuse d'un choc des civilisations meurtrier ? Ou bien, la confrontation pacifique marquera-t-elle les débuts d'une humanité enfin pleinement consciente d'elle-même, la vraie naissance du genre humain, que les philosophes ont défini autrefois comme une espèce animale douée de rationalité et de sociabilité ?
Traite de l'odorat sur le plan anthropologique. Après un rappel cursif de la psychologie de l'odorat et de la perception olfactive, l'ouvrage s'intéresse, à partir des données ethnographiques, aux modalités de la mémorisation des odeurs et de leur catégorisation. Enfin, il traite de la question centrale en anthropologie culturelle : celle de la réalité du partage.
L'objectif de cette étude est de dépasser les formulations explicites du populisme, celles de Hugo, de Michelet, de Delacroix, de Blanqui, etc., pour atteindre le mythe du peuple comme fait collectif et comprendre la façon dont il fonctionne dans la socié
Redécouvrir la puissance fondatrice et parfois destructrice de la multitude, tel est l'enjeu de ce livre.
Bouleversements du monde contemporain et faillite des idéologies sollicitent les sciences sociales. Maîtriser le social devient affaire de savoir et d'expertise.
Du XVIe au XXe siècle, un processus de pacification des moeurs intervient dans la vie civile occidentale. Au regard du recul historique des violences interpersonnelles dans les rapports civils ordinaires, l'augmentation des agressions et des crimes d'appropriation des 3 dernières décennies est remarquable. A quelle aune apprécier les vicissitudes de la paix civile ? telle est la question posée ici
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Les différences de niveau d'instruction ne sont évidemment pas sans rapport avec l'allocation des emplois. Cependant, cette relation est trop élastique pour que la démocratisation des études puisse avoir tous les effets espérés sur l'inégalité des chances face à la profession. Des travaux récents de divers auteurs, où interviennent des modèles mathématiques, jettent une lumière nouvelle sur ce point. L'ouvrage commence par un bilan de ces recherches, en un langage aisément accessible. Il constitue par là une introduction à la lecture des résultats d'opérations de plus en plus courantes dans les sciences sociales. Mais les travaux examinés laissent en suspens beaucoup de questions. Les chapitres suivants en traitent quelques-unes à partir d'enquêtes originales : sexe et inégalité des chances ; incidence comparée de la stratification professionnelle et culturelle et des différences de classe sur cette inégalité ; les fluctuations des revenus et leurs rapports, très complexes, avec les changements de statut socioprofessionnel, auxquels s'en est trop tenue jusqu'ici l'analyse de la mobilité sociale.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Les travaux de prévision se multiplient en France depuis une quinzaine d'années. Les uns, largement diffusés dans le grand public, sont fortement inspirés de spéculations futurologiques (du genre de celles du « Hudson Institute » ou du « Club de Rome »). Les autres, de diffusion plus limitée, ont pour destinataires privilégiés de petits groupes dirigeants. Ce sont les usages sociaux de ces travaux (« A quoi ça sert ? », « Comment ça marche ? ») qui sont analysés dans l'essai que voici : il cherche, en particulier, à démêler les rapports ambigus entre des chercheurs anxieux de productions intellectuelles « utiles » et des responsables avides de justifications « scientifiques » de choix souvent faits a priori. Les conclusions de l'auteur sont souvent désabusées, mais point trop décourageantes, et, de ce dernier point de vue, Sociologie de la Prévision peut être considéré comme un ouvrage « optimiste » : ce n'est rien moins en effet que le bon usage des sciences sociales qui est ici, à travers un de ses cas-limites, constitué en objet d'étude.
Le regard est au coeur de toutes nos activités. Il s'inscrit dans toute relation avec le monde, filtre et organise une grande part des informations qui nous sont nécessaires et constitue ainsi un fait social majeur, en même temps qu'un principe actif de changement. Socialement produit, le regard l'est en effet en ce qu'il est conditionné par le jeu des formes qui nous entourent et qui contribuent à édifier des codes visuels générateurs d'habitus perceptif, cognitif et symbolique. Mais il est aussi producteur du social puisqu'en retour le voir est générateur de savoir, l'élaboration des concepts commençant avec la perception des formes. A l'intérieur d'une histoire des formes culturelles - art et science -, l'enjeu est donc de saisir la dynamique selon laquelle un ordre visuel participe à la « construction sociale de la réalité » et contribue au renouvellement des rationalités.
Cet ouvrage pénètre un fief relativement clos, celui d'une société militaire française dont le quotidien vécu, les langages, les repères symboliques, les ritualisations ont été, jusqu'à ce jour, peu étudiés. Des historiens, des linguistes, des ethnologues explorent certaines de ces expressions culturelles, et mettent à jour leurs logiques de production et d'usage. Des symboliques et des ritualités solennelles, joyeuses, frondeuses, des expressions chantées, des formes et des contenus de la pensée sociale, politique ou doctrinale de militaires sont analysés, cependant qu'apparaissent des mythes mobilisateurs. Ces produits d'une culture racontent le corps militaire. Leur création, dans des circonstances historiques données, leurs transformations et leurs manipulations, renvoient à ses conditions d'existence hors du commun, au débat incessant entre son unité et ses différences, à ses jeux de pouvoir, aux tensions internes à l'institution militaire, comme aux rapports avec le pouvoir politique ou la société civile, à ce qui en est perçu dans les communautés militaires... Au cours de ces textes se manifestent les mouvements d'une société militaire en voie de rétraction depuis quelques décennies, de plus en plus inquiète des regards extérieurs, travaillée par une dialectique du présent et du passé, dont l'ordre, les forces et les fidélités tiennent moins aux conformités et aux règles imposées, qu'à la vitalité de cultures solidaires et différenciées.
Les métiers sont souvent vus comme des communautés rétrogrades, freinant le changement de modèle productif, ou dénigrés à cause de leur récupération idéologique par le pouvoir de Vichy. Paradoxalement, une autre vision, aujourd'hui répandue dans les entreprises à la faveur des « redéploiements », consiste à faire passer les emplois pour des métiers, afin de redonner une certaine noblesse à ces emplois. L'auteur, à partir de cette ambivalence, observe que, dans et hors les entreprises, le métier perdure comme une valeur et une pratique : c'est ce qui apparaît en analysant les métiers de médecin, de cartographe, de secrétaire, et bien d'autres encore. Un métier n'est pas réductible à un emploi, à un travail, à un statut économique et juridique - même si ceux-ci font partie du métier -, parce qu'il s'enracine dans l'exercice d'un art. L'invention technique (l'oeuvre) est le fil directeur des métiers, elle s'inscrit dans l'histoire des arts, des sciences et des techniques. Grâce à cela, le monde des métiers se perpétue, bien qu'il soit altéré lorsque la technique est fétichisée, ou que l'économie prend le dessus. Altération à combattre, mais pourtant inhérente à l'exercice du métier, car il est aussi l'expression d'un rapport des groupes humains au monde, d'une recherche de contact et d'une volonté d'imprimer sa marque. Ce marquage social des métiers est un puissant stimulant de leur évolution.
Ce livre a d'abord été écrit pour les jeunes : pour inciter à les écouter, pour les aider à se comprendre et à se donner du sens dans un contexte culturel qui les stigmatise, pour ne pas les mettre tous dans le même lot, pour lire positivement leurs manières de rester sujets dans le monde où ils vivent. Mais, pour atteindre ce but immédiat, les auteurs en ont poursuivi deux autres, situés dans le cadre d'une sociologie du changement culturel. D'une part, il s'agissait de comprendre comment des nouvelles références culturelles se diffusent, comment les gens en viennent à les adopter, et donc à abandonner les anciennes, dans une période de crise, génératrice de compétition, d'incertitude existentielle et d'instabilité normative ? Une théorie du sujet a été élaborée pour répondre à ces questions. D'autre part, il fallait aussi donner un sens au changement culturel en cours : où en sommes-nous et où allons-nous ? Une théorie de la mutation des modèles culturels est proposée ici pour répondre à ces questions.
A l'heure où notre société s'interroge sur son mode d'urbanisation comme sur ses structures étatiques, l'auteur nous propose une remise en cause fondamentale des analyses traditionnelles de la politique urbaine française. Loin d'être le produit des « tares bureaucratiques » inhérentes à « l'esprit français », la ségrégation sociale de l'espace, la crise des centres urbains que tous les responsables politiques s'accordent aujourd'hui à dénoncer ne peuvent s'expliquer scientifiquement que par la mise en évidence des liens unissant l'État capitaliste français et les grands groupes industriels et financiers qui ont modelé notre espace territorial en fonction de leurs intérêts de classe. Au-delà d'une analyse concrète de la politique urbaine française de ces vingt dernières années, c'est donc une nouvelle analyse de l'État que nous propose l'auteur, analyse qui se veut avant tout « matérialiste » et, par là même, opposée à toute problématique fonctionnaliste ou structuraliste qui isole la sphère politique et la sphère économique et « oublie » que la politique c'est aussi le lieu de la lutte des classes.
Philippe-Joseph Salazar, ancien élève de l'École Normale Supérieure, est professeur de langue et littérature françaises à l'Université de l'Afrique du Sud (Pretoria).