Le charme singulier de Maurice Genevoix joue ici, plus puissamment encore que dans aucun de ses livres. D'une enfance sur les bords de la Loire au secrétariat perpétuel de l'Académie française, en passant - surtout - par l'effrayante déchirure de la Grande Guerre, ces pages retracent neuf décennies de fidélité à soi-même. Qu'il évoque une marche au brame dans les forêts de Sologne, le regard des compagnons massacrés dans la boue des Éparges ou les premières terreurs d'un enfant découvrant la mort, Maurice Genevoix témoigne de la même douceur obstinée, de la même 'justesse' au sens fort qui nous font complice fraternel de sa mémoire. Il y a dans ces Trente mille jours paisiblement restitués l'illustration - et l'explication - du "mystère Genevoix".
Recréer le flux d'une existence singulière, y compris dans ses énigmes et ses absences, tel est le propos de cette biographie. Michel Erman explore le cheminement intellectuel et sensible de l'auteur de la Recherche. Il s'attache à inscrire pleinement l'homme et son oeuvre dans le contexte historique de l'époque (la IIIe République, l'affaire Dreyfus, la Première Guerre mondiale), ainsi que dans l'effervescence artistique et littéraire qui la caractérise. Son Marcel Proust retrace une vie marquée par le sentiment du tragique et montre comment l'oeuvre s'est élaborée dans une course contre la mort.
Dans la nuit du 2 au 3 janvier 1864, le Grafton sombre au large de la Nouvelle-Zélande. Les cinq hommes qui composent l'équipage, tous de nationalités différentes, trouvent refuge sur une île inhabitée. Pendant les vingt mois qu'ils y passent, François Édouard Raynal, le second du capitaine, apparaît tour à tour comme 'le consolateur, le conseiller, le guide, l'ouvrier par excellence de l'infortunée colonie'. De retour dans sa patrie après vingt ans d'errance, il publie, en 1870, Les Naufragés des Auckland, qui rencontre un très vif succès en France puis à l'étranger. Comme le souligne Simon Leys dans son éclairante préface à la présente édition [collection La petite vermillon n° 350], tout porte à croire que la lecture de Raynal a inspiré à Jules Verne son roman le plus célèbre, L'Île mystérieuse.
Les génies rencontrent-ils leur art par hasard? Probablement pas. Mais les légendes exigent une accroche forte et celle de Muhammad Ali débute avec le vol de son vélo. Un beau vélo bariolé et chromé à 60 dollars, un Schwin, venu illuminer le Noël 1954 du jeune Cassius, alors âgé de douze ans. Furieux et affolé, il sillonne les rues de Louisville jusqu'à ce qu'un type l'oriente vers le Columbia Gym, où l'officier de police blanc Joe Martin occupe son temps libre à la formation de jeunes boxeurs. Cassius est fasciné par l'ambiance, l'odeur de la salle. Le génie vient de découvrir son art. Voilà pour la légende. Mais si fureur il y eut, il s'agissait sûrement d'une colère noire, agrémentée d'une frousse bleue de la réaction de son père, le peintre des enseignes publicitaires de Louisville, tant la vie de Clay-Ali est une histoire de couleurs, à dominante noire... Une biographie livrée tel un long corps à corps.