« À bientôt quatre-vingts ans, je découvre que dès l'âge de trois ou quatre ans, je me formais, sans le savoir, à devenir ce comparatiste qu'officiellement je ne serai qu'en 1956 : j'avais alors accompagné René Caillié à Tombouctou, les explorateurs aux deux pôles, ne retenant guère de mes lectures que les phrases d'arabe ou de russe. C'est pourquoi je refusai de me présenter à une agrégation qui s'intitulait orgueilleusement de "philosophie", bien qu'elle ignorât cette philosophie chinoise que m'avait révélée Marcel Granet, l'arabe aussi, et toutes les autres. Alors que le comparatisme à la française, qu'enseignent le plus souvent des agrégés de langue vivante, se borne à exploiter un comparatisme bilingue, mes voyages, mes errances, ma curiosité disons pathologique, et la connaissance passive d'une quinzaine de langues m'ont permis de déceler, sous les diversités de mainte et mainte culture, de nombreux invariants, qui me prouvaient, contre tous les racismes, l'unité de notre fragile espèce. » Étiemble
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Les sons et les parfums ne tournent pas dans l'air du matin, mais se pressent dans une odeur de fumée et de piscine vide, drus et parallèles, repus d'eau, prêts pour l'avenir de la journée. Le canard cancane et l'oie cacarde, le chameau blatère et l'aigle glatit ; un cygne nasille dans le caniveau, et bleu sur le vert de la pente murmure le perroquet. Sa langue est dans sa cosse. De temps à autre une cisaille de cuivre déchire ce fin grillage d'occupations ménagères.
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« Les grandes pyramides » : un entassement hétéroclite de souvenirs d'amours, de guerre et de bohème ; l'histoire narquoise et angoissante à la fois de trois frères confrontés soudain à la société post-industrielle ; de la Libération à la guerre d'Algérie, de la guitare électrique à l'après-gaullisme, la chronique insolite de ces trente dernières années.
Partageant la vie d'une jeune fille, un écrivain, le narrateur, a l'esprit occupé tout entier par la douceur des instants privilégiés qu'il a pu vivre. Est-il entre eux encore question de sentiments ? Il ne le semble pas, en tout cas pour Lorraine. Qu'importe ! Aujourd'hui glisse à chaque instant vers un passé plein de rumeurs, les amis de jeunesse sont devenus des hommes, mais les jeunes filles ne cessent pas de donner tendrement le jour aux générations à venir. Ecrit avec délicatesse et sensibilité, ce roman du plaisir sera pour le lecteur une sorte de récompense.
« Jean-Marie Guillaume est un écrivain. Il y a très peu d'écrivains (bien qu'il y ait beaucoup de gens qui écrivent - bien - et qu'on publie). Il est très rare d'assister à la naissance d'un écrivain, c'est le privilège de ceux qui liront ce livre. Ils assistent à une aurore boréale. Je ne crois pas me tromper. » Jacques Laurent
La confusion, sous un ciel d'encre, du rêve et de la parenthèse, le justaucorps d'une pensée constamment saisie de défaillances, tout ce que ces textes font entendre, quoi que je fasse, de ratés, est ce qui, aujourd'hui, dans un après-coup dont je ne sais très exactement que penser, m'attachent encore à eux. De même que, peut-être, plus que l'ensemble incongru et somme toute dérisoire, qu'offrent à l'oeil effaré du chercheur les décharges municipales, me touchent désormais, d'une atteinte singulière et proprement incontrôlable, les signes discrets qui ponctuent leur approche : haillons votifs pendus à de vagues buissons, fragments d'objets indéchiffrables enkystés dans une terre ingrate, tombés sans doute des camions avant la fosse, ou bien sauvés, par quelque vent, du charnier général. Ainsi, sans issue et sans fin, de ce qui rôde dans ce livre.
« Ce qui fait l'importance de toutes les crises, c'est qu'elles manifestent ce qui jusque-là était latent, rejettent ce qui est conventionnel, superficiel, secondaire, secouent la poussière de la politique, mettent à nu les ressorts véritables de la lutte des classes, telle qu'elle se déroule réellement. » (Lénine.) Paris, mai 68, ce n'est pas la révolution mais, au coeur de l'Occident, sa formule réinventée. Barricades, violence politique, grèves sont éléments classiques des situations révolutionnaires analysées par Marx et Lénine. Les forces de contestation nouvelles - face au blocage du double ordre européen de l'Ouest et de l'Est - découpent la constellation qui fait de la France le centre de gravité du continent, une des clés du monde.
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Foutu. Malik, aux yeux de gazelle, frissonna en refermant son cahier. Jamais il ne tournerait la vingt-cinquième page. Ils étaient pourtant bien partis pour se rencontrer. Lui, Selky, Anna et d'autres. C'était même précisément mon boulot d'arranger ça. Et on aurait évité au moins deux ou trois décès au pied de la blanche intercalaire. Et j'aurai revu Rosemonde. Mais voilà : ils ne dépassent jamais la fin de section. Vous voyez le genre...
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Déflagration d'images. Les mots se désarticulent. Sous mon plafond de pierre, je reçois le rouge de l'aube à travers un trou qui a le visage d'un poisson-lune. Comme un point-nombril, comme un oeil-centre qui me projette en tentacules dans le théâtre de vivre. La vie est ce voyage en charpie contre toutes les phrases poncées des grammaires totalitaires.
"La richesse, la diversité surprenante des dons de Claude Cariguel éclatent au long de ce livre. L'auteur est encore loin d'avoir la place qui lui est due." Roger Martin du Gard. "Des créatures picaresques que Cariguel nous décrit avec une verve féroce. Ce qui fait la séduction de ce livre, ce sont les thèmes alternés de la pureté, du suicide et de l'amour : les trois maîtres-mots de tous les enfants terribles." Jacques Frémontier (Franc-Tireur). "On lira les Danseurs, comme on lisait en 1930 les Indifférents d'Alberto Moravia." Jacques de Ricaumont (Nouvelles Littéraires).
"Arrabal hérite de la lucidité d'un Kafka et de l'humour d'un Jarry ; il s'apparente, dans sa violence, à Sade ou à Artaud. Mais il est sans doute le seul à avoir poussé la dérision aussi loin. Sous la chaux vive de son cynisme guignolesque, le monde familier s'effrite comme un décor de carton-pâte. Le rire devient alors un rituel d'évasion, une catharsis capable de déjouer la peur qui hanta l'enfance du dramaturge. Il y a là une énergie cannibale, un hédonisme de la confusion qu'Arrabal appelle volontiers le "panique" : tout à la fois un happening et un opera mundi, une tragédie et une farce, un mélange de répugnant et de sublime, de mauvais goût et de raffinement, de vulgarité et de poésie... C'est ce sens du paradoxe qui fait l'originalité d'Arrabal : le réel ici est toujours magique..." Dictionnaire des littératures de langue française (Bordas).
"Stanco" : fatigué, "stracco" surfatigué. Comme si, dit Orazi, le peuple avait renforcé le mot avec ce "r" qui fait "tomber les bras". Même si le mot a une autre origine. Stracco : il n'en peut plus. Et il marche, le personnage qui porte ce nom, avec son chien. Va sur les chemins, toujours à la recherche d'un endroit où poser sa fatigue. Mais toutes les rencontres qu'il fait rendront Stracco encore plus fatigué du monde. Même et surtout les bonnes rencontres : celle par exemple de l'infatigable amoureuse unijambiste, qui le tue d'amour. Car cette histoire, si amèrement ironique, si cruellement poétique, d'un petit Juif errant en proie à des appétits de protection qui engloutissent ses libertés, irradie d'une fatigue surnaturelle. L'esprit caustique-tragique et chaleureux-désespéré du pâtre Orazio Orazi se déploie là tout entier.
"Hollywood" m'a puissamment intéressé. Livre envoûtant, ensorcelant. On est pris d'emblée dans un tourbillon diabolique. Roger Martin du Gard. Un livre fantastique. Toute la fureur érotique de l'adolescence. Jacques Brenner. Avec ce livre riche, chargé de substance, enlevé dans un rythme haletant, Claude Cariguel s'affirme un écrivain de qualité authentique. Robert Margerit.
Il ne prenait plus aucun plaisir au massacre des miettes. L'humanité n'existait plus - il n'existait plus. Assis sur les restes de sa terrasse, il regardait la nuit tomber sur le gris du jour... Aphorismes, faux romans policiers, "débuts de romans", sujets de tableaux, notes, réponses à des enquêtes : le pessimisme intégral de Monory est un breuvage ironique et glacé qui se déguste lentement et sûrement. Ce livre regroupe l'ensemble de ses écrits, à l'exception de Diamondback, paru précédemment aux éditions Christian Bourgois.
"Humbles paradis s'ouvre comme un écrin où scintillent de petits joyaux d'humour et de fraîcheur, une série de poèmes consacrés aux insectes, minuscules jouets que la Nature donne aux enfants et que l'adulte n'a pas oubliés. Matière à la fois humble et prodigieuse, travaillée en orfèvre par un poète qui se souvient du Siècle d'Or espagnol. Cette Première anthologie poétique offre également au lecteur des extraits de La Pierre de la Folie, l'oeuvre qu'André Breton avait tant prisée, et divers poèmes inédits qui nous dévoilent l'aspect le moins connu du talent d'Arrabal, celui pourtant auquel il tient le plus et qui se révèle fascinant." J.-F. Forneret (1985).
"Espace, écoutille, chanson bleue, rendez-vous toujours manqué, ivresse. Éclatement de crânes-myriades. Le grand frisson boit autre chose que de l'eau. Les cailloux se jettent à la mer - falaises négrifiées, étoiles et missiles, comme nous, soumis aux valeurs inférieures - les vents d'Ouest pour se défendre décapitent les sables, et les muscles à base d'os coupent le linge de peau." KALI YUG EXPRESS est un recueil de 42 nouvelles de Claude Pélieu, préfacé par William Burroughs en 1968.