A mi-chemin entre le journal et l'essai, des réflexions sur le monde et l'histoire, nourries de littérature et de philosophie. Une oeuvre de l'isolement qui a conduit l'auteur à se suicider.
État d'urgence ! Cri 1 000 fois étouffé ! Jean-Paul Trichet, arachnéen, tisse les filaments d'une brûlure en « rêvant du château d'If, plein coeur de ses cités anonymes ». Leitmotiv lancinant d'un prisonnier au labyrinthe de sa fascination, en pleine nausée de solitude. À l'apogée du désespoir, la jugulaire d'un passé agonise le présent telle une mort qui engouffre un peu plus. Seule l'écriture témoigne des fiévreuses nuits de veille dont les lueurs littéraires - pour l'auteur, Bataille, Borgès, ou encore le cinéaste Godard - se font l'écho des bruits de son silence. Dominique Lamargot
Ces petits textes ont tous été écrits sur commande. Destinés à accompagner, au titre du catalogue, des expositions personnelles (Alain Fleischer, François Morellet, Christian Boltanski) ou collectives (Dispositif fiction, Simplon Express, L'Exotisme au quotidien), cette approche sur le mode de la fiction permit aussi de biaiser la commande.
Vrai-faux cadavres, indices loufoques, intrigue foisonnante de références, se présente comme un pastiche du genre policier aux accents oulipiens.
Emmanuel est jeune et sans illusions. Tout désir de vie l'a quitté et la seule issue envisageable à ses yeux est le suicide. L'absence, le vide et la souffrance semblent s'unir dans un même chant sobre et profond.
Fièvre des polders, écrit en 1939, est le troisième roman d'Henri Calet. Dans la lignée de ses deux premières oeuvres, La Belle Lurette et Le Mérinos, l'auteur nous livre d'une verve très audacieuse une chronique familiale incisive et amusée, confinée au périmètre d'un polder gagné sur l'eau d'un fleuve. Ses protagonistes y vivent ou y survivent, s'y lient ou s'y déchirent, fous ou malades de vivre dans cet étrange lieu d'eau, dépeints avec une férocité presque noire... Ici, comme Calet se plaisait à le dire, il dévoile « à ras d'homme » les tensions intérieures de ses personnages, dans un style vert et cynique, en des leitmotivs souvent apparentés à ceux de Céline. Parabole à mi-chemin entre la fiction et le récit d'expériences, Fièvre des polders est un roman habité, comme un trait d'union entre l'auteur et ceux qui y échouent. C'est le livre de son enfance, peut-être celui auquel il était le plus charnellement attaché.