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robert lalonde
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Laurel Dumoulin s'enfuit le jour de l'enterrement de sa femme, à travers champs, répétant, aux dires du seul témoin, deux prénoms amplifiés par l'écho de la montagne : celui de Marie-Ange, la défunte, et celui de Florent dont Mathilde, cousine de Marie-Ange, découvrira par hasard le journal intime. Vingt ans plus tard, Mathilde enquête sur le passé de celui qui fut toujours considéré comme l'étranger, le boiteux, le métis, le diable en personne. Derrière les cavales successives, les noms d'emprunt, les secrets, elle découvrira un homme dont le seul tort aura été de se montrer rebelle, libre, sans peur donc sans violence.
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Il était une foisGrand Remous. Le château, la colline, la pinède et le barrage, la petite baie, l'eau de la crique. Une famille très unie. Quatre enfants, trois grands et le petit.
Mais voilà qu'une nuit, la nuit du barrage, une femme un peu folle convainc son mari très épris d'abandonner leur progéniture afin d'aller courir le monde au volant d'une chevrolet bleue.
Il fut une fois Grand Remous. Des années passèrent... Et puis des voix s'élèvent, celles de Charles, d'Aline et de Serge. Et surtout celle de Julien, l'innocent, l'enchanté, le somnambule.
Toutes disent l'histoire. Jamais la même.
Un ogre. Il faut donc qu'il y ait un petit poucet. C'est Julien. Entrez dans la forêt, suivez-le. Il a, bien sûr, dispersé des petits cailloux dans l'eau de la crique, le souffle des collines, la pinède embrassée par les vieux soleils.
Un roman-quête dense et foisonnant. Un texte serré et lyrique d'une étrangeté vraie. Un roman " policier " bercé par la présence à la fois confortante et terrorisante de la nature.
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Que vais-je devenir jusqu'à ce que je meure ?
Robert Lalonde
- Seuil
- Cadre rouge
- 1 Octobre 2009
- 9782021006643
"J'avais treize ans,ce que je voulais, ce que désespérément je voulais, était impossible." Robert Lalonde s'empare ici à bras-le-corps d'un sujet universel, un desgrands classiques de la littérature: l'adoslescence malheureuse.
Pensionnaire dans un collège religieux - le catholicisme tel qu'il existait il n'y a pas si longtemps au Canada: obtus, obscur, archaïque -, expédié là par un père auquel le lie un secret innommable, le narrateur se pose très tôt les premières vraies questions. Comment s'arracher à un monde "où tout est fini avant d'avoir commencé" ? Quelle direction donner à la colère avant qu'elle ne vous détruise ? Bien sûr, il y a le ciel infini, les érables rougeoyants, le lac où l'on va pêcher. Mais cela suffit-il à s'évader de la folie qui vous ronge ? Il faut écouter jusqu'au bout cette extraordinaire confidence, écrite avec une fureur que l'on partage et dont on s'imprègne.
Robert Lalonde est l'un des principaux écrivains québécois actuels. Il est aussi comédien, dramaturge, homme de scène. Que vais-je devenir jusqu'à ce que je meure ? constitue sans doute la clé de son œuvre.
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Vallier est venu au monde au pays des anges sans ailes, des superstitions émoustillantes et des songes palpables comme les pommes accrochées au pommier. Est-ce sa faute s'il a le nez trop bien débouché, les oreilles trop grandes ouvertes, les yeux tout autour de la tête et la main fouineuse ? Dès lors, il ne faudra pas s'étonner de ce que son nez trouve, de ce que sa main cherche, de ce que ses singuliers talents suscitent.
Dix épisodes d'une même enfance, à la fois attachés ensemble et séparés les uns des autres, comme des brins d'herbe dans un champ très venteux. Dix journées de grâce, d'effroi, de traque, d'embuscades, de frauduleuses découvertes. Vallier, l'innocent, sait bien qu'il n'a pas été planté dans la vie, tel un personnage aplati dans un décor, mais éparpillé comme une poignée de morceaux d'étoiles, sur la terre comme au ciel. Et qu'il doit bien y avoir un ange, là-bas, plus loin, qui attend qu'on se remette entre ses bras...
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" J'étais devenu fou, je le savais et j'aimais ma folie. Le l'aimais d'un amour noir, féroce et accroché solide, d'une soif de loup qui boit son sang et le goûte avec délice, à la fois pour survivre et pour contenter un orgueil malade, triomphant, éperdu. Je l'aimais comme Alma, Fatima et Claire chérissaient sombrement les herbes amères bouillonnant dans leurs chaudrons, comme Vianney qui me valait et me battait pour trouver ma tendresse, comme Rémi sa musique... Je l'aimais d'une passion qui me déchirait et m'effaçait à la fois, qui prenait ma place, parlait pour moi. Et je me nourrissais de son savoureux poison, comme un ogre d'une chair d'enfant au goût de lait et d'innocence. "
Dans un pays hanté par l'oubli, Aubert, mangé par le même mal, raconte sa vie de chassé paradis. Poète tour à tour égaré chez les bêtes et les hommes, il traverse ce siècle, le cœur dans la bouche et du sang sur les mains, convaincu qu'un accomplissement est possible " au milieu des arbres brûlés " et, s'il caresse la folie de la main qui ne tient pas le crayon, c'est qu'il n'a de cesse d'allumer les âmes de ses pareils si lointains, " ces oublieurs remplis de grelots et d'espérance ".
Un roman empreint d'une grandeur naïve, légendaire et souvent faunesque. Un mélange fascinant où l'on retrouve le lyrisme d'un Giono, les facettes obscures d'un Genet, la truculence d'un Ferron.
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" Il démarra le moteur et alors la voix de l'Indien résonna dans sa tête, comme le bruit d'une branche de bois vert qui siffle dans le feu : " Mon frère, prends courage, tu approches comme on brûle ! "
Kanak, l'Indien de ses treize ans, qui lui fixait un mystérieux rendez-vous, sept lacs plus au Nord, dans la grande forêt où il s'était réfugié après la drôle de guerre dans la pinède d'Oka.
Singulier équipage que cette mère à demi sorcière – cramponnée à sa mystérieuse petite valise, à ses histoires éloigneuses de mort – et son sang-mêlé de fils qui a " le feu au corps ". c'est elle qui mène en se laissant mener, aussi tranquille sur la redoutable route des lacs que " la reine d'Angleterre qui s'en va-t-à la pêche ". Pourtant le chien de la mort est à leurs trousses et aussi le fantôme du père, l'homme qui, pour avoir trop d'amour enfoui en lui, ne savait comment venir au monde.
Une errance sauvage, une quête, une réconciliation peut-être, mais surtout le chant d'amour enfoui en lui, ne savait comment venir au monde.
Une errance sauvage, une quête, une réconciliation peut-être, mais surtout le chant d'amour d'un fils rebelle pour sa mère, la passeuse, la marmonneuse, la blanche Iroquoise....
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" Imagine un souffle qui cherche une bouche, une étincelle qui court dans le champ, un tout petit espoir très féroce : c'est moi ! "
Tout est en place. Les êtres et les bêtes et les choses et la lumière parfaite d'un premier jour d'été. Prédestiné, impatient, déjà vivant au fond de mes limbes, je vois tout. Trente-sept ans plus tard, je vois tout et je te raconte. A toi qui feras l'enfant, notre enfant. Je te parle du village, de la réserve indienne, de mon père et de ma mère extravagants d'amour et qui fuient un autre village, je te parle de leur drôle de voyage de noces. Je te dis combien je suis présent déjà entre eux, presque né. Sortis de ma mémoire imaginante je te dis les sortilèges, les drames et les radieux mystères qui ont présidé à ma venue au monde. Et au bout de mon récit, quand je t'ai tout dit, mais surtout le plus beau et le pire (écoute mon amour, ils montent dans la chaloupe), notre enfant à nous est commencé.
Cette fois encore, Robert Lalonde invente et impose un territoire à la fois universel et privé où se mêlent obsessionnellement l'enfance métisse et le jour le jour amoureux. Dans cette Belle Journée d'avance magiquement rivée à l'enfance, l'auteur se joue du temps qu'il s'approprie en grand romancier. L'Amérique n'est pas loin, l'Europe est encore proche.