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Seuil|Seuil (réédition numérique FeniXX)
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Peinture avec pistolet
Jean-Luc Benoziglio
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 9 Octobre 2015
- 9782021247275
Un helvétique arrière-plan sur lequel, voilà qui est étrange, pleuvent bombes et boulets rouges ; un personnage idéaliste et râleur, plus français que nature, qui tire sur tout ce qui bouge ; un zeste de cet humour qu'on dit juif, faisant hélas plutôt long feu que mouche ; la poudre et les balles chères à l'enfant grec du poème. Les familiers de l'auteur auront reconnu là quelques-uns des thèmes et fantasmes propres à celui-ci. Somme toute, si l'on mélange ce qui précède, Peinture avec pistolet est un roman de formation et d'imagination dont les péripéties, passablement contrefaites, sont peut-être bien autobiographiques ; un roman de guerre aussi, et historique (1944-1991), d'où le narrateur ressort à peine égratigné et l'Histoire amputée de sa majuscule, une sorte de nature morte enfin, qui éprouve comme un léger frisson à l'idée qu'elle est en train de redevenir un paysage d'avenir.
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Le Théâtre des métamorphoses
Jean Ricardou
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 13 Janvier 2017
- 9782021266634
Un jeune homme, par téléphone, se livre à diverses cruautés minutieuses. Une demoiselle se met dans tous les états d'un strip-tease circonstancié... Voici donc un ouvrage de fiction. Une étude aiguisée est offerte des antinomies qui opposent la presse et le texte. Une analyse pointue est fournie des « machines à inspiration »... Voici donc un ouvrage de théorie.
Davantage : romancier de la Prise de Constantinople, théoricien des Problèmes du Nouveau Roman, Jean Ricardou élargit en effet sa palette : il implique des strophes et des images ; il multiplie les parallélismes et les rimes. Bref, il croise tout un assortiment de registres, selon une manière de Fiction & Cie.
Davantage : tout se passe comme si, en une belligérance curieuse, chaque registre s'en prenait aux autres. Tantôt par des interruptions sans réplique. Tantôt par des subversions insidieuses. En conséquence, toutes les pièces du jeu se trouvent prises dans un réseau spectaculaire de liens et de transformations. Le théâtre des métamorphoses n'est donc pas un mélange (un simple recueil d'éléments disparates) : il est un mixte (un précis tissage de composants divers).
Dès lors, ce qui paraît mis en cause, avec les croisements de cet art du X, ce sont les somnolentes certitudes de la lecture. Soumise à d'affolantes directives internes, modifiant sans relâche son statut, cette écriture, semble-t-il, prétend exciter chez la lectrice, mais non moins le lecteur, une vigilance de tous les instants, et concourir ainsi à une nouvelle éducation textuelle.
« Jean Ricardou doit avant tout être considéré comme l'exégète, le théoricien et le chef de file du Nouveau Roman » Encyclopædia Universalis. -
Fenêtre jaune cadmium
Hubert Damisch
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 30 Novembre 2018
- 9791036907425
Fenêtre jaune cadmium. Plutôt qu'un panorama de la peinture contemporaine, ce livre en propose une traversée, parmi d'autres possibles. Amorcé il y a plus de vingt-cinq ans sous l'invocation de Mondrian, l'itinéraire est balisé par une série de noms dont la succession, elle-même chronologique à une exception près, obéit en fait à une logique qui ne devait se révéler qu'après-coup, et par une vue rétrospective de l'ensemble du parcours. Piet Mondrian, Jackson Pollock, Jean Dubuffet, Paul Klee, Saul Steinberg, Valerio Adami, François Rouan : autant de fils prélevés dans une même tresse, inlassablement renouée, comme le révèlent encore deux coupes transversales pratiquées dans son épaisseur, l'une sous le titre de l'"informel", et l'autre sous celui des "stratégies" qui structuraient la scène artistique des années cinquante, de part et d'autre de l'Atlantique. Un fil en dessus, un fil en dessous : la tresse propose un modèle d'histoire plurielle, où le fil qui fait surface et occupe l'oeil à un moment donné n'a de sens, et de tenue, que par rapport à ce qui vient en dessous, avant que de lever à son tour. L'abstraction et la figuration, le dessin et la couleur, la figure et le fond, l'image et le tableau, le voir et le lire : ces jeux d'oppositions binaires, s'ils en dessinent le champ, ne suffisent pas à rendre compte d'un travail dont on a pu croire qu'il retournait la peinture sens dessus dessous, alors qu'il ne prétendait à rien d'autre qu'à la mettre à plat et tout donner à en voir. Au risque pour le spectateur de ne plus s'y reconnaître et, pour le peintre, de se laisser prendre à une tâche proprement infinie, interminable. Et le désir là-dedans, ou la femme (comme parlait Balzac) là-dessous ? On n'en finira pas de relire le Chef-d'oeuvre inconnu, lequel fait le prétexte de cette traversée, en même temps qu'il lui sert, tout au long, de phare.
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Le chemin de fumée
Rachel Hausfater-Douieb
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fictions jeunesse
- 3 Décembre 2018
- 9791036907845
L'après-guerre. Shaïné, encore adolescente, a survécu aux camps d'extermination. Que faire d'elle-même et de l'enfant qu'elle porte ? L'enfant naît. Elle l'appellera Zeïdé, comme le grand-père tant aimé. Mais comment la jeune fille pourrait-elle l'élever ? On le lui enlève pour le confier à une nourrice et Shaïné, seule, se retrouve dans un monde d'enfants parmi d'autres rescapés... Il va lui falloir accepter l'inacceptable, pour réapprendre à vivre, pour vouloir vivre.
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Béno s'en va-t-en guerre
Jean-Luc Benoziglio
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 8 Octobre 2019
- 9782021445084
Béno s'en va-t-en guerre. Au commencement, il y a Béno et des touristes qui se gobergent sur une petite île du sud du Sude. (Mwouais : pourquoi pas la Grèce ?) Existence repliée pour dépliant touristique. Et les eaux bleues, et les plages de sable d'or, et les criques en fleurs, et les ravissants ports nichés au fond de baies paisibles. Classique. Tout aussi classique, bien que cela fasse un peu gamberger ceux de nos voyageurs encore dotés d'une vague - euh - conscience politique, le fait que le pays se trouve sous la coupe de dirigeants pas précisément libéraux, ou éclairés. Classique encore la guérilla opposant depuis des décennies sur une île voisine (Chypre, si l'on veut) deux communautés qui prétendent avoir des droits sur l'île tout entière. Quelques morts par-ci, par-là. Routine. Accoutumance. Et puis, cet été-là (1974) de fil en aiguille, la petite guerre dégénère en guerre tout court dans laquelle le sud du Sude et l'Ennemi héréditaire (disons : la Turquie), protecteurs respectifs des deux communautés, se retrouvent impliqués. Cette invraisemblable transformation de leur terrain de jeu en une sorte de Kriegspiel n'est pas sans affecter les habitudes et le comportement des étrangers coincés sur place et incapables de savoir ce qui se passe au juste. Nerfs à vif, réactions incohérentes et autres bizarreries affectives. Mais alors que là-bas, en face, sur l'autre île, les balles sifflaient de tous côtés, faisant des milliers de morts et de disparus, le seul crépitement dont retentit notre île (et encore, pour l'entendre, il fallait drôlement prêter l'oreille) fut celui de la machine à écrire de Béno, alias la grande gueule. J.-L.B.
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Kiev 41 : Babi Yar
Muriel Pernin
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fictions jeunesse
- 30 Novembre 2018
- 9791036907500
David Gregorievitch Eisenberg a mis 50 ans avant de revenir à Kiev... 50 ans qui le séparent du massacre de Babi Yar dont il est un des rares rescapés. David raconte. Il a 15 ans. Avec tout les Juifs de la ville, il est convoqué près du cimetière. Il n'a rien à craindre. Il donne ses papiers, il se déshabille... et c'est l'horreur : courir nu vers les mitrailleuses qui fauchent femmes, enfants, vieillards. David tombe dans la fosse, blessé. Deux jours à survivre parmi les morts. Se sauver. Se réfugier chez son ancienne concierge et rester deux années enfermé dans un appartement avant d'être dénoncé. Il a 17 ans et il se retrouve dans la cellule des condamnés à mort... David raconte simplement, tout simplement, par petites touches, avec humour parfois, l'horreur. Un témoignage afin que la mémoire ne soit pas vaine.
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Une maison derrière la dune
Robert Deleuse
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fictions
- 14 Décembre 2018
- 9791036907784
Le romancier Roland Delalande est invité en résidence par une petite ville de la côte Atlantique. Il apprend que le propriétaire de la maison mise à sa disposition s'est suicidé trois ans auparavant... Beau sujet d'enquête pour un écrivain en mal d'inspiration. Suicide ou meurtre ? La question se pose parce qu'un passant, rencontré « par hasard », pousse Delalande sur la piste d'un meurtre maquillé en suicide. A mesure que s'ouvrent des portes qui auraient dû rester closes, l'atmosphère devient plus pesante et le romancier-enquêteur ira de surprises en dangers. Car si la vérité se cache au fond des puits, celle qu'il traque y a été jetée voici plus d'un demi-siècle...
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Jacques Lacan, 5 rue de Lille
Godin Jean-Guy
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 17 Décembre 2015
- 9782021246940
J'ai appris par une indiscrétion qu'on écrivait un livre sur vous ! - Plusieurs même ! fit Lacan ; il avait pris un peu d'altitude ; son ton hautain, légèrement agacé, s'entendit dans les battements dont il orna l'accent circonflexe. Ai-je jamais pensé écrire un livre sur lui ? Jamais ; ni à cet instant ni même des années plus tard, devant ces notes, ces encres qui, par leurs différentes couleurs, témoignaient de ces moments où l'écriture avait fixé ce qui n'était pas encore des souvenirs. Il serait sujet, objet de livres ; on en écrirait plusieurs, beaucoup. Il le savait. Ce récit se veut une esquisse de sa présence, singulière, impossible ; le portrait imparfait d'un style. Quelques lignes, quelques phrases de ce poème que Lacan disait être et qu'il traçait devant ces témoins plus ou moins rétifs, indiscrets, que par force nous devenions ; ce poème qui s'écrivait dans ce bureau où il passait le plus clair de ses jours et sans doute une partie de ses nuits.
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A noir : poésie et littéralité
Jean-Marie Gleize
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 26 Avril 2018
- 9782021247121
Où l'on retrouve Stendhal, Anne-Marie Albiach, Lamartine, Michel Deguy, Verlaine, Bernard Noël, Rimbaud, Ponge. « Copyright Electre »
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Dépêches de Somalie
Jean-Pierre Campagne
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction et Cie
- 26 Novembre 2018
- 9791036907876
Dépêches de Somalie. Les premiers Somaliens, je les ai rencontrés dans des camps de réfugiés de l'Ogaden éthiopien, à la chute du Négus rouge Mengistu. En mai 1991, et déjà affamés. Je suis allé ensuite dans le nord de la Somalie, en novembre. J'ai découvert un champ de ruines à la place d'une ville, Hargeisa. Puis j'ai été à Mogadiscio, pendant les combats entre le général Aidid et Ali Madhi. Les obus pleuvaient. Dans le sud, j'ai assisté à la prise de la ville de Kismayo le 15 mai 1992 par les combattants du général Aidid alliés à ceux du colonel Jees. Effet de la guerre civile, la famine ravageait le pays. Après il y a eu Baidoha où les enfants agonisaient au ralenti sous mes yeux. Bardéra, la plus insalubre, avec épidémies et assassinats. Huddur et ses suceurs de peaux de bêtes. Merca, ses tueurs et ses tuberculeux. Les chefs de guerre ont bien fait leur travail. Le pays est détruit. Pendant ces deux années, j'ai envoyé plus d'une centaine de dépêches d'agence : infos brutes, reportages, et quelques analyses. Ces textes sont d'une autre nature. Scènes, personnages, lieux, émotions de la tragédie somalienne, donnés à voir et à ressentir. Parce que la guerre et la famine sont affaire de sens. De coeur et d'estomac. Jean-Pierre Campagne.
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Ralentir : mots-valises !
Alain Finkielkraut
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 8 Octobre 2019
- 9782021445268
Ralentir : mots-valises ! Les mots sont comme les billets de banque : il y a les vrais, et il y a la fausse-monnaie. Pour être faux-monnayeur en langage, et glisser, l'air de rien, un petit fictionnaire dans la vénérable famille Larousse, Robert & Cie, la recette est simple. Il suffit de mélanger deux ou trois termes jusqu'à ce qu'ils entrent en symbiose, et n'en forment plus qu'un : « Orthografle : descente de police effectuée chaque semaine dans le discours des enfants. » On n'en finirait pas d'énumérer tous les avantages de ce procédé de contraction. A l'homme pressé, il permettra de gagner un temps précieux en disant les choses deux fois plus vite ; les timides n'auront plus à rougir de leurs balbutiements ; les indécis qui peuplent nos royaumes pourront être à la fois Monsieur To Be et Monsieur Not To Be, ce qui leur évitera de s'abîmer indéfiniment dans des questions sans réponse ; quant aux écologistes (non, celui-là n'est pas un mot-valise !), ils seront en mesure de sauver les forêts menacées - et pas seulement celles du Loir-et-Cher - en exigeant immédiatement que l'on diminue de moitié l'épaisseur des journaux et des livres. En tout cas, là comme ailleurs, mieux vaudra ne pas se montrer : « Dodogmatique : qui endort ses interlocuteurs, à coup de paroles tranchantes et d'affirmations péremptoires. »
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Cours, Holderlin !
Jacques Teboul
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 18 Décembre 2015
- 9782021246643
Fou, coupé du monde, enfermé durant 37 années, voici Friedrich Hlderlin, sujet de ce livre. Écrivant tous les jours et pour rien, l'Histoire n'ayant que faire du bon usage artistique de la folie ; dialoguant à voix haute avec lui-même, quand il ne martèle pas furieusement son piano des heures entières devant sa fenêtre, au grand dam de ses hôtes, la famille du menuisier Zimmer ; invectivant contre les dieux et les hommes, lançant ses invocations au paysage et au fleuve, notant de brefs écrits, d'obscures parcelles par milliers ; faisant sienne, autant que ses forces le lui permettaient, l'imbécillité qu'on prête aux fous qui durent ; couvrant aussi le terrain alentour, à travers les champs plats et gris qui bordent le Neckar, de sa course de sauvage. Ce livre traite de cette seule période de sa vie. Il a donc fallu lire et relire Hlderlin, fouiller dans sa correspondance et dans les documents d'époque, reprendre les témoignages de ses rares visiteurs et, bien sûr, confronter les théories. Mais surtout : aller voir à Tübingen et laisser agir associations et fantasmes. Hlderlin, piétinant et forçant dans toute cette ouverture, est certes une figure exemplaire. Mais ce n'est pas un héros de plus, que la folie et la mort sanctifieraient. Il est là, planté debout, aberrant et solitaire, dans le temps comme dans l'espace. Et il dit NON !
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Une fille instantanée
Claude Nori
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 25 Septembre 2015
- 9782021246704
Claude, photographe, rencontre Laura, photographe. Il est français, elle est américaine, ils ont de la vie et de l'amour une idée, une passion, un oeil : celui qui voit vite et qui rend tout rapide, qui fait tout embrasser comme si cela devait être perdu à l'instant ; un oeil qui braque et qui cadre en une fraction de seconde et qui prend tout. Cette idée (de la vie), cette passion (de tout ce qui passe), cet embrassement (leurs cris d'amour quand ils s'aiment), voilà précisément le sujet de ce livre unique. Car, il est unique qu'un homme de photo - Claude Nori est l'un des plus perspicaces photographes de sa génération - qui est aussi un homme à femmes qui vit ses amours en homme pressé, mitraillant, clichant, cadrant, tirant sans cesse, courant de labo en expo, du Colorado à Rome, décide un jour d'écrire un roman d'amour, alors qu'il est photographe, et de parler de Laura, alors qu'il ne la verra plus, parce qu'elle est rentrée chez elle et que leur liaison n'a été qu'un feu merveilleux. Et il est unique aussi que, d'emblée - un mouvement d'appareil comme un autre - un homme et une femme photographes, c'est-à-dire affairés de réel, se soient ainsi retrouvés, comme si de rien n'était, dans une affaire de fiction. Ce livre est l'image aussi d'un bonheur qui dit tout, parce que c'est le récit d'une histoire d'amour vraie, racontée comme elle a été vécue, dans le temps et la couleur de sa durée, dans le tourbillon joyeux de la lumière et des corps. Une photo en somme. Un ex-voto d'amour adressé par un fou de Français à une adorable jeune femme, à La Junta, Colorado.
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Tabou
François Rivière
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 9 Octobre 2015
- 9782021246766
Un matin de juillet 1931, Janet O'Connor, infirmière au Memorial Hospital de Pasadena (Californie), est envoyée au chevet d'un jeune comédien accidenté, dans la villa d'Ernst Thal, célèbre metteur en scène d'Hollywood. Jusqu'à ce jour, Janet n'avait jamais entendu parler du monde mystérieux du cinéma, pas plus que du réalisateur allemand. Teddy Ransom, pour lequel ont été requis les soins de Janet, se met à évoquer devant elle la vie et la carrière de ce maître du cinéma expressionniste dont il est l'acteur fétiche et le protégé. Et elle découvre à travers lui l'univers du garçon bleu, le grand rêve esthétique d'Ernst Thal. Cependant, les jours passent sans que jamais se montre Mr. Thal, retenu aux studios - aux dires de Gino, le jeune groom de la villa devenu le confident de Janet - par la préparation de son prochain film. Mais un curieux malaise pèse sur la villa et ses habitants. Le rôle joué par Mrs.Von Lutsch, une amie de Berlin du metteur en scène, fait germer en Janet l'idée d'un complot. Une idée qui fait son chemin tandis que Thea Von Lutsch entraîne Janet à travers Hollywood, tout en lui brossant un tout autre portrait d'Ernst Thal, la face d'ombre du génie tant adulé. Janet O'Connor sent le vertige l'envahir. Mais voici qu'elle rencontre, au cours d'une soirée à Beverly Hills, le jeune scénariste Egon Lammler, ami intime de Thal, à qui elle fait part de ses soupçons. Alors, parvenue en sa compagnie au coeur du labyrinthe, elle se trouve, n'est-ce pas, devant ce qu'il faut bien appeler son destin.
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Le jour où naquit Kary Karinaky
Jean-Luc Benoziglio
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 4 Décembre 2015
- 9782021249774
Dans Le Midship déjà, deuxième livre de l'auteur, une petite fille sans nom montrait le bout de son nez. Le temps de quelques mots, l'espace de quelques lignes, elle refit surface, toujours anonyme, dans presque tous les romans qui suivirent. Une telle persévérance méritait bien qu'on la nommât, enfin, comme ces médailles qu'en fin de carrière on remet aux vieux serviteurs méritants. À quoi ça tient, la création... Kary Karinaky, donc, 1948-1975. De la première guerre israélo-arabe à la mort de Staline, de l'Algérie à Budapest, du Congo au mur de Berlin, du Viêt Nam à l'agonie de Franco, elle traversa son époque comme un brave petit soldat, avec la louable intention d'essayer d'y comprendre quelque chose. Y serait-elle parvenue, que le monde des lettres aurait sans doute fait l'économie d'un titre supplémentaire. À quoi ça tient, la littérature... Une grand-mère de carte postale et un père à peine... fantasque firent ce qu'ils purent, de leur mieux, pour l'accompagner sur les chemins de la vie. Y seraient-ils parvenus, que Kary se trouverait peut-être encore parmi nous, quelques cheveux blancs en plus, à souffler les bougies de son gâteau d'anniversaire. À quoi ça tient, l'existence...
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L'Europe aux anciens parapets
Pierre-Yves Pétillon
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 16 Mars 2017
- 9782021246827
Chaque fois qu'un monde meurt et qu'un autre tarde à naître, l'on voit surgir, sporadiquement, l'espace d'un entretemps, des signes que seuls certains écrivains semblent avoir enregistrés, eux qui ont vu, avec l'éclipse du monde ancien, se disloquer leur propre monde. À travers leur propre histoire, c'est aussi le récit des origines de leur nation qu'ils veulent retracer, mais la mutation des temps, lentement et brusquement, effondre le sol sous eux. Se tenant sur la précaire ligne de fracture, ils tentent en vain de restaurer le monde qu'ils ont perdu, projetant dans le passé un enclos stable, calfeutré et sans failles, jeu d'illusion et de bascule entre la conservation d'une mémoire et l'attente convulsive des derniers jours. C'est ainsi que les émigrants puritains, laissant derrière eux les clochers de Cambridge, sont partis outre-Atlantique établir la plantation du Seigneur (on verra ce qu'Henry Adams en fera) ; qu'à Chicago, dans le Middle-West amorphe, des échos vont répondre à la geste impériale déployée, autrefois, depuis léna (Bellow, pas très loin de Rilke). Ainsi certains auront-ils largué leurs amarres, alors qu'en d'autres temps, d'autres lieux, l'écroulement, le dépaysement se sera fait sur place : à Vienne (Hofmannsthal), ou en Irlande (Yeats et Synge), bastion monolithique à l'ancre dans une très vieille mémoire.
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Plaisir extrême
Pierre Schneider
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 9 Octobre 2015
- 9782021265279
Plaisir extrême. Comment peut-on être romancier ? C'est pour répondre à cette question (qu'il ne se serait peut-être jamais posée si un romancier n'avait épousé sa fille) que l'auteur, qui nourrissait envers les ouvrages de fiction quelques préjugés, a entrepris son livre. Étude ? Confession ? Comédie ? Récit ? Mélodrame ? Il y a un peu de tout cela dans un texte, indéfinissable, qui passe de Schéhérazade à Jeanne d'Arc, de Boccace à Beckett, court de Los Angeles à Haliguen, du Nouveau-Mexique au mont Sinaï, traite de trains et de fontaines, médite sur la voix de Dieu, les cafés parisiens, l'activité portuaire d'une ville hanséatique et la verrerie mérovingienne. Point de digressions gratuites, pourtant, mais un voyage à travers les territoires divers, imprévisibles, que traverse le fil de la narration, héroïne de ce livre. Avec l'espoir qu'il garde le reflet du plaisir extrême que La Fontaine affirmait prendre à la lecture des contes.
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La Poésie n'est pas seule
Michel Deguy
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 9 Octobre 2015
- 9782021246858
La poésie n'est pas seule. Quelqu'un dit (c'est Herman Broch en traduction) : Les étoiles sont arrivées ! Attention, figure ! dit alors l'expert en rhétorique avec une moue de soupçon. Mais quel verbe, selon vous, convient proprement aux étoiles dans une phrase et une phase de nos jours ? La poésie entre dans un milieu qu'elle ouvre, où le partage des noms et des choses n'est pas aussi tranché que ça ! Elle est entre. Elle est vie dans les plis (Michaux) de ce Pli. Chose il y a, donc, éprouvée et vue moins en extension parmi les autres à côté, que dans le rapport, qu'on dit symbolique, au tout qui permet les rapprochements, la proximité entre, la pensée approximative. Comment faire (poiésis) dans la mise en oeuvre pour passer par un rapport au tout qui multiplie les échanges en être-comme, en valoir-pour ? Analogie et mimésis ont du travail. Où en est le ciel ? Est-il astrophysique, l'inimaginable puits où Thalès ne cesse de tomber, plus longuement que le Satan de Victor Hugo, où le temps est lumière et l'espace s'étend plus vite que ne court le computer ? Est-il astrologique ? La hantise de son influenza, vicariat du sacré, nostalgie des dieux, tenace déchet, fait encore alibi... On cherche ici par où il est poème, c'est-à-dire oeuvre : plafond en l'occurrence, plafond de Masson, de Chagall, de Guardi. Le ciel est bleu comme un Poussin. La poésie n'est pas seule (à s'en soucier) ; elle est la partie comme-une. Michel Deguy
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La Passion du politique
Jean-Philippe Domecq
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 11 Décembre 2015
- 9782021246889
Le mot d'intellectuel a fait son temps, comme avant lui le philosophe des Lumières. Un autre mot viendra, avec l'éthique de responsabilité et le supplément de lucidité qui, à l'origine, caractérisaient les intellectuels. En attendant, la position d'autorité n'étant plus tenable que par les bateleurs, mieux vaut la position de perplexité. Ainsi, mimer cette sous-conversation publique que chacun mène avec soi-même en écho aux informations. Durant ces années 80 par exemple, en quoi le monde sous nos yeux aura-t-il changé notre vision de l'histoire et nos comportements, si l'on considère les trois spectacles qui ont monopolisé l'attention : le show politique - l'écran des taux de change - la liturgie sportive ? La politique ? Elle ne veut plus invoquer le sens de l'histoire, depuis que cette croyance, à l'Est, se retourna contre elle-même. Mais comment orienter le débat public, comment orienter le citoyen hors de nos ego, vers l'avenir, vers autrui, sans faire le pari de l'histoire ? C'est cela qui fut interdit, l'interdit formel des ultra-libérales années 80. Rien au-delà de mon intérêt et de ma durée de vie, il n'y a de libertés et de profits qu'individuels. Et la politique a un dernier droit : faire tourner l'économie-monde, pour qu'elle tourne. Comme sur un circuit automobile : la concurrence pour la concurrence, dans les règles. Au coeur de celles-ci, la valeur d'estime : l'argent, nécessité première et passion primaire, est aujourd'hui fin dernière. Ainsi, la démocratie tend-elle à se confondre avec le marché et l'individualisme démocratique avec la consommation narcissique.
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La Forêt interrompue
Goldschmidt G-A.
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 11 Septembre 2015
- 9782021246971
Tout au bout de la rue du Garde-Chasse, aux Lilas, le regard s'étend à l'infini et parcourt d'un coup toute la distance qui s'étend jusqu'à l'Allemagne du Nord où fut vécue la première enfance du narrateur, dans le village natal, près de Hambourg. L'horizon évoque la découverte des couleurs et des sens, mais aussi des origines (juives) et de la culpabilité du corps autour de laquelle se disposeront tous les épisodes ultérieurs. Puis le regard descend jusqu'aux Alpes françaises où il fut accueilli, à l'âge de onze ans, dans une maison d'enfants, et caché dans une ferme (à Megève) en 1943 pour échapper aux Allemands. Plus tard, dans cette même Savoie, aura lieu la découverte de la volupté masochiste et de la jouissance de la punition liées à l'angoisse de la survie. En 1949, un voyage en Allemagne le mettra en présence de sa faute, de son innocence perverse et, revenu à Paris, il reverra comme en un film les images de ses fuites, le coeur battant, au temps de l'Occupation. Le colporteur qu'on tue ou le petit trafiquant qui meurt, c'est toujours la même mort. Tout paysage ainsi fait alterner la joie de voir et l'angoisse de se souvenir.
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L'Horloge universelle
Patrick Roegiers
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 4 Décembre 2015
- 9782021247152
L'horloge universelle relate les diverses étapes de la vie d'un chanteur d'opéra. L'usage de la langue, la pensée du regard, la fascination des étoiles, la rotation des astres et la vie interne du corps, l'amour des nombres et de la musique, l'obsédante présence du passé, la mesure du possible, joints à la contemplation des formes essentielles et au détachement de tout, qui mène vers l'illumination de la blancheur, brossent, de l'apprentissage à la maturité, l'implacable portrait d'un héros pour qui l'intérieur est la galaxie de l'individu, sa loge dans le théâtre du monde. Ce drame à une voix, qui dit la couleur et la pression de chaque mot, est construit en six parties, comme six jours pour inventer le monde, ou sept, en comptant l'épilogue, selon la division traditionnelle de l'univers chez les géographes anciens. Forme imaginative, lyrique et poétique, l'écriture crée une sorte d'opéra visuel, constellation du verbe et de la pensée, qu'amplifient la largeur du style et l'intensité des tons, où le pouvoir de surprendre et celui d'enchanter se mêlent en une étrange et magnifique harmonie.
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George Jackson Avenue
Giovanni Marangoni
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 11 Janvier 2018
- 9782021266702
George Jackson Avenue. Il est arrivé à Giovanni Marangoni (le Gio de George Jackson Avenue) ce qui devait nécessairement, inéluctablement, lui arriver, tôt ou tard, les oreilles emplies de sons graves et violents : d'origine vénitienne, d'éducation flamande, de langue française, mais fixé en Belgique, amoureux d'une Zaïroise (Lil', peut-être un peu Lilith, mythe résurgent et langue refoulante de l'amour ?), il s'est retrouvé en plein dans le mille, aux prises avec un peu trop de vent dans le cône éruptif du langage. Gio et Lil' vivent leur amour et leur nausée - leur manque - par un trop-plein de langage : Bruxelles, verres d'ouzo, Londres, joints, partages de femmes, boulot bourgeois, départs, l'ami qui s'appelle Alias (?), Cannes et la Côte, la tentation communautaire dans les îles de la Frise, l'ordure régnante, l'enfant, et à nouveau, entrelardant le tout : le manque, l'amitié, la langue (oui, la langue, bon sang !), la nausée, l'amour. Et quel bruit ! Écoutez plutôt : « ... crâne infini entre parenthèses d'écouteurs - espace musical sans rives, sans même un peu de brume matinale ou d'une fiente d'oiseau sur un fil électrique - mais surgissant d'une courbure invisible, d'un repli du néant, des sons perfides mourant juste avant de naître - point musical droit devant grossissant à vue d'oeil ! - collision inévitable ! irrémédiable ! - wham ! - si je n'avais été idéalement poreux... » « ... et voilà qu'un matin... dans un coin de la nacelle... un cadavre clandestin, vieux de six mois... » Salut à toi, George Jackson !
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La Maison de l'écriture
Rafael Pividal
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 23 Octobre 2015
- 9782021253702
Mettre l'écrivain en situation de créer à la chaîne. Lever à six heures, huit heures d'écriture par jour plus une séance de gymnastique, bouffe à la cafétéria, distractions à l'avenant. Rationaliser et rentabiliser la production écrite, calculer les besoins du lecteur, fabriquer des livres qui répondent à ce besoin. Écrivains encadrés par des techniciens de la chose écrite. La maison de l'écriture est un château Napoléon III (? !) entouré d'un parc, situé en banlieue, non loin de la Seine, on pourra même prévoir de rajouter dans le parc des bâtiments préfabriqués. L'écrivain a droit au dortoir, les bureaux sont dans une aile du château, on passe son temps à entrer et à sortir du château. Chacun a sa lettre, celui-ci est spécialiste du A et celui-là du Z, on va de A jusqu'à Z, on dispose de tout l'éventail, avec dans le corps des contradictions qui s'écrivent ABC, on marche de long en large, de A à B, de B en C et ainsi de suite. Mille écrivains à Paris, un Français sur deux achète un livre, faut rentabiliser la production, un livre par an, un mot par jour, une virgule par minute. Question de prix. Pas de débouchés pour l'écrivain, recyclez-vous : un métier, une situation stable. Il y a un concours d'entrée pour La maison de l'écriture, la sélection se fait par les mathématiques, on prendra 30 % de A et 10 % de G. Tu seras un génie mon fils, etc.
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À la recherche d'un corps
Serge Grunberg
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 13 Janvier 2017
- 9782021247978
Serge Grunberg. Né en 1948 à Saint-Quentin. Après des études poussées d'anglais, il obtient un doctorat de lettres en 1976. A écrit «A la recherche d'un corps» à Lusaka (Zambie) où il était assistant de français à l'université. Travaille actuellement à une thèse intitulée : Intuitions préfreudiennes chez Poe, Melville, Hawthorne.
"A la recherche d'un corps". Aux USA, il aura fallu attendre les années cinquante pour assister, en art comme en littérature, à une véritable révolution : la mise en fonctionnement ultra-rapide et précise d'une écriture (enfin débarrassée de toute équivoque «européenne») dont les opérateurs s'appelaient Jackson Pollock, disons, et William S. Burroughs. Ce sera l'arrivée sur la scène brillamment illuminée de l'avant-garde et in extremis du Wyoming et du Missouri...
L'oeuvre de Burroughs part d'un présupposé farouche : que le langage est un constituant comme un autre du corps humain. Les mots sont des micro-organismes, des «poussières vivantes» que seule une «révolution électronique» assemble et ordonne jusqu'à des niveaux plus ou moins différenciés de sens. On comprend alors pourquoi Burroughs a été ressenti avant tout comme un «témoin» : du comportement des drogués (Le Festin nu), de l'homosexualité masculine (La Machine molle, Les Garçons sauvages), etc. C'est que le sexe, comme la drogue, met en scène, exacerbe les conflits organisationnels qui sont ceux auxquels l'écriture ne cesse jamais d'avoir affaire.
Dès lors, la seule tentation qui anime encore l'écrivain ne peut être que celle-ci : ou bien on continue d'enregistrer sur la bande-son, et d'ordonner ces milliers de poussières aimantées, ou bien on enfonce d'un doigt raide la touche marquée «arrêt». En d'autres termes : «La Mort est la séparation finale de la bande-image et de la bande-son» (Le Ticket qui explosa).
Sinon, c'est que le corps est là. Et qu'il faut tenter d'écrire.