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Littérature
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Dépêches de Somalie
Jean-Pierre Campagne
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction et Cie
- 26 Novembre 2018
- 9791036917875
Dépêches de Somalie. Les premiers Somaliens, je les ai rencontrés dans des camps de réfugiés de l'Ogaden éthiopien, à la chute du Négus rouge Mengistu. En mai 1991, et déjà affamés. Je suis allé ensuite dans le nord de la Somalie, en novembre. J'ai découvert un champ de ruines à la place d'une ville, Hargeisa. Puis j'ai été à Mogadiscio, pendant les combats entre le général Aidid et Ali Madhi. Les obus pleuvaient. Dans le sud, j'ai assisté à la prise de la ville de Kismayo le 15 mai 1992 par les combattants du général Aidid alliés à ceux du colonel Jees. Effet de la guerre civile, la famine ravageait le pays. Après il y a eu Baidoha où les enfants agonisaient au ralenti sous mes yeux. Bardéra, la plus insalubre, avec épidémies et assassinats. Huddur et ses suceurs de peaux de bêtes. Merca, ses tueurs et ses tuberculeux. Les chefs de guerre ont bien fait leur travail. Le pays est détruit. Pendant ces deux années, j'ai envoyé plus d'une centaine de dépêches d'agence : infos brutes, reportages, et quelques analyses. Ces textes sont d'une autre nature. Scènes, personnages, lieux, émotions de la tragédie somalienne, donnés à voir et à ressentir. Parce que la guerre et la famine sont affaire de sens. De coeur et d'estomac. Jean-Pierre Campagne.
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George Jackson Avenue
Marangoni Giovanni
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 11 Janvier 2018
- 9782021266696
George Jackson Avenue. Il est arrivé à Giovanni Marangoni (le Gio de George Jackson Avenue) ce qui devait nécessairement, inéluctablement, lui arriver, tôt ou tard, les oreilles emplies de sons graves et violents : d'origine vénitienne, d'éducation flamande, de langue française, mais fixé en Belgique, amoureux d'une Zaïroise (Lil', peut-être un peu Lilith, mythe résurgent et langue refoulante de l'amour ?), il s'est retrouvé en plein dans le mille, aux prises avec un peu trop de vent dans le cône éruptif du langage. Gio et Lil' vivent leur amour et leur nausée - leur manque - par un trop-plein de langage : Bruxelles, verres d'ouzo, Londres, joints, partages de femmes, boulot bourgeois, départs, l'ami qui s'appelle Alias (?), Cannes et la Côte, la tentation communautaire dans les îles de la Frise, l'ordure régnante, l'enfant, et à nouveau, entrelardant le tout : le manque, l'amitié, la langue (oui, la langue, bon sang !), la nausée, l'amour. Et quel bruit ! Écoutez plutôt : « ... crâne infini entre parenthèses d'écouteurs - espace musical sans rives, sans même un peu de brume matinale ou d'une fiente d'oiseau sur un fil électrique - mais surgissant d'une courbure invisible, d'un repli du néant, des sons perfides mourant juste avant de naître - point musical droit devant grossissant à vue d'oeil ! - collision inévitable ! irrémédiable ! - wham ! - si je n'avais été idéalement poreux... » « ... et voilà qu'un matin... dans un coin de la nacelle... un cadavre clandestin, vieux de six mois... » Salut à toi, George Jackson !
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Béno s'en va-t-en guerre
Jean-Luc Benoziglio
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 7 Octobre 2019
- 9782021445107
Béno s'en va-t-en guerre. Au commencement, il y a Béno et des touristes qui se gobergent sur une petite île du sud du Sude. (Mwouais : pourquoi pas la Grèce ?) Existence repliée pour dépliant touristique. Et les eaux bleues, et les plages de sable d'or, et les criques en fleurs, et les ravissants ports nichés au fond de baies paisibles. Classique. Tout aussi classique, bien que cela fasse un peu gamberger ceux de nos voyageurs encore dotés d'une vague - euh - conscience politique, le fait que le pays se trouve sous la coupe de dirigeants pas précisément libéraux, ou éclairés. Classique encore la guérilla opposant depuis des décennies sur une île voisine (Chypre, si l'on veut) deux communautés qui prétendent avoir des droits sur l'île tout entière. Quelques morts par-ci, par-là. Routine. Accoutumance. Et puis, cet été-là (1974) de fil en aiguille, la petite guerre dégénère en guerre tout court dans laquelle le sud du Sude et l'Ennemi héréditaire (disons : la Turquie), protecteurs respectifs des deux communautés, se retrouvent impliqués. Cette invraisemblable transformation de leur terrain de jeu en une sorte de Kriegspiel n'est pas sans affecter les habitudes et le comportement des étrangers coincés sur place et incapables de savoir ce qui se passe au juste. Nerfs à vif, réactions incohérentes et autres bizarreries affectives. Mais alors que là-bas, en face, sur l'autre île, les balles sifflaient de tous côtés, faisant des milliers de morts et de disparus, le seul crépitement dont retentit notre île (et encore, pour l'entendre, il fallait drôlement prêter l'oreille) fut celui de la machine à écrire de Béno, alias la grande gueule. J.-L.B.