La lettre écarlate, c'est la marque au fer rouge qui désigne la femme adultère dans l'Amérique au puritanisme obsessionnel de l'époque coloniale. Trois personnages : Hester qui vit avec une dignité admirable sa faute et sa solitude. Arthur Dimmesdale, le jeune pasteur dont les élans mystiques soulèvent à Boston l'enthousiasme des fidèles mais qui, ensorcelé par Hester, ne parvient ni à dominer ni à vivre sa sensualité. Chillingworth, le mari, qui pendant des années tourmentera en silence le pasteur jusqu'à la folie et à la mort. Le premier des grands romans américains, ce livre est la clef d'une sensibilité nationale toujours partagée entre la tentation du scandale et le démon de la culpabilité. Henry James considérait La Lettre écarlate comme le plus beau roman de la littérature américaine.
Nathaniel Hawthorne (1804-1864) est célèbre pour ses récits décrivant la société américaine à ses débuts. Publié en 1850, le livre fut un best-seller dès sa sortie. Héritier du romantisme noir, mettant en scène des personnages et des situations complexes et symboliques à la fois, Hawthorne est l'un des grands écrivains de son temps et toujours populaire aujourd'hui.
« Est-ce que, moi, la petite fille de l'epicerie de la rue
du Clos-des-Parts a Yvetot, immergee enfant et adolescente dans une langue parlee populaire, un monde populaire,je vais ecrire, prendre mes modeles, dans la langue litteraire acquise, apprise, la langue que j'enseigne puisque je suis devenue professeur de lettres ? Est-ce que, sans me poser de questions, je vais ecrire dans la langue litteraire
ou je suis entree par effraction, la langue de l'ennemi comme disait Jean Genet, entendez l'ennemi de ma classe sociale ? Comment puis-je ecrire, moi, en quelque sorte immigree de l'interieur ? Depuis le debut, j'ai ete prise dans une tension, un dechirement meme, entre la langue litteraire, celle que j'ai etudiee, aimee, et la langue d'origine, la langue de la maison, de mes parents, la langue
des domines, celle dont j'aurai honte plus tard, mais
qui restera toujours en moi-meme. Tout au fond,
la question est : comment, en ecrivant, ne pas trahir
le monde dont je suis issue ? »
Annie Ernaux
Pour cette nouvelle edition augmentee de Retour a Yvetot, Annie Ernaux a souhaite ecrire une preface et completer le cahier hors- texte avec plusieurs documents inedits de sa vie a Yvetot : redaction ecrite en classe de sixieme, livret scolaire, photos de jeunesse, lettres a son amie Marie-Claude, extraits de son Journal lors de l'ecriture et de l'envoi de son premier roman aux editions du Seuil, en 1963.
« En ma qualité d'Autrichien, de Juif, d'écrivain, d'humaniste et de pacifiste, je me suis toujours trouvé présent là où les secousses sismiques se produisent avec le plus de violences (...) Né en 1881 dans un grand et puissant empire (...), il m'a fallu le quitter comme un criminel. Mon OEuvre littéraire, dans sa langue originale, a été réduite en cendres. Étranger partout, l'Europe est perdue pour moi... J'ai été le témoin de la plus effroyable défaite de la raison (...). Cette pestilence des pestilences, le nationalisme, a empoisonné la fleur de notre culture européenne.»
Lorsque, en 1941, réfugié au Brésil, Stefan Zweig rédige Le monde d'hier, il a déjà décidé de mettre fin à ses jours. « Parlez, ô vous, mes souvenirs et rendez au moins un reflet de ma vie avant qu'elle ne sombre dans les ténèbres.»
Chroniqueur de l'«Âge d'or» de l'Europe, il évoque avec bonheur sa vie de bourgeois privilégié, celle de ceux qui furent ses amis: Arthur Schnitzler, Hugo von Hofmannsthal, Rainer Maria Rilke, Romain Rolland, Paul Valéry... Mais, analyste de l'échec d'une civilisation, il s'accuse d'avoir, peu soucieux des réalités sociales et économiques, assisté, aveugle, à la montée des périls.
Le monde d'hier: le chef-d'oeuvre de Stefan Zweig et l'un des plus grands livres-témoignages de notre époque.
Ami de Freud, d'Arthur Schnitzler et Richard Strauss Stefan Zweig (Vienne 1881- Petropolis 1942) fit partie de la fine fleur de l'intelligentsia juive de la capitale autrichienne avant de quitter son pays natal en 1934 sous la pression fasciste. Réfugié à Londres il y poursuit une OEuvre de biographe (Fouché, Marie Antoinette, Marie Stuart) et surtout d'auteur de romans et nouvelles qui ont conservé leur attrait près d'un siècle plus tard (Amok, La pitié dangereuse, La confusion des sentiments). C'est au Brésil qu'il se suicide en 1942, au lendemain du jour où il avai expédié le manuscrit du Monde d'hier à son éditeur.
Rome et le monde romain comme on ne vous les a pas racontés, et comme les manuels ne peuvent pas les raconter. Depuis Romulus jusqu'à la chute de l'empire, ce livre secoue nos certitudes et tend parfois un miroir à nos préoccupations contemporaines, parlant de fake news et de politique-spectacle, d'accès à la citoyenneté entre asile généralisé et fermeture, d'images paradoxales de l'Urbs, de génocides étalés avec complaisance à côté de quelques discours humanitaires, d'une hostilité prétendue au progrès scientifique, de représentations du limes construites en fait au XIXe siècle, d'une extraordinaire et bien réelle capacité à gérer de terribles défaites (parlera-t-on de résilience ?), de l'escamotage des langues de l'empire autres que le latin et le grec, du moins jusqu'aux prêcheurs chrétiens, de l'importance des prodiges et de la multiplicité des cultes locaux, ou encore des « invasions barbares » et du foisonnement des hypothèses sur la chute de l'empire... L'érudition et la familiarité s'associent en un récit passionnant et décapant.
Pendant quelque trois mille ans, le bassin méditerranéen a été un foyer de civilisation de premier ordre. Il a exercé une influence majeure sur les affaires du monde.
David Abulafia retrace ici l'histoire d'une mer à hauteur d'homme, de la guerre de Troie à la piraterie, des batailles navales entre Carthage et Rome à la diaspora juive des mondes hellénistiques, de la montée de l'Islam aux Grands Tours du XIXe siècle jusqu'au tourisme de masse du XXe siècle.
Plutôt que d'imposer une unité artificielle à l'activité foisonnante qui se déroule à la surface de la « Grande Mer », David Abulafia insiste sur sa diversité, qu'elle soit ethnique, linguistique, religieuse ou politique.
Au coeur de sa thèse se trouve l'idée que la prospérité de cités maritimes telles qu'Alexandrie, Trieste, Salonique, Venise et beaucoup d'autres, a reposé pour une large part sur leur capacité à accueillir peuples, religions et identités et à leur permettre de coexister : la Méditerranée a incarné pendant des millénaires ce lieu exceptionnel où religions, économies et systèmes politiques se sont rencontrés, affrontés, influencés et finalement assimilés.
David Abulafia combine la recherche historique la plus exigeante avec le style enlevé du conteur. Son histoire de très longue durée a été unanimement saluée comme une splendide réussite.
« Il n'est jamais ni trop tôt ni trop tard pour prendre soin de son âme. » Lettre à Ménécée
Magistralement illustrée, cette traduction nouvelle, tranchante, étrangère à toute tentation de compromis, rassemble les écrits les plus fondamentaux d'Épicure, mais dans la présentation qui convient à une sagesse : accessibles à tous, proches et utiles, permettant d'avoir toujours auprès de soi le précieux ouvrage comme un nécessaire de philosophie.
Au lecteur de vérifier, en lisant et relisant, que la sagesse épicurienne - toujours intelligente - consiste à ne jamais séparer, à aucun prix, plaisir et liberté.
Des lettres de condoléances ? Ce qui change tout et permet d'en faire un livre, c'est qu'un grand poète les a écrites et a trouvé les mots pour nous aider à assumer un deuil - peut-être qu'on ne s'y attendait pas de sa part. Et même s'il écrit qu'il trouve le mot consolation un peu léger, on osera dire que ses lettres font du bien et sont tout simplement consolantes. D'autant plus que nous avons parfois l'impression qu'il nous connaît et s'adresse à nous.
Le Guardian a fait l'éloge de ce livre à sa sortie en Angleterre, disant que c'était un trésor. Le mot est juste. Cette écriture chargée d'une humanité généreuse et réconfortante, nous prouve que l'on n'est plus dominé par les idées les plus noires dès lors qu'on les décrit, les consigne, les analyse, les enrichit philosophiquement - l'écrivain, dans ses pages, et nous, dans notre cerveau, une fois qu'on les a décodées grâce à lui.
Chante, déesse, la colère d'Achille, le fils de Pélée ; détestable colère, qui aux Achéens valut des souffrances sans nombre et jeta en pâture à Hadès tant d'âmes fières de héros. (I, 1-4)
Au début de l'année 1920, Friderike von Winternitz, une jeune et talentueuse romancière, devient l'épouse de Stefan Zweig, qu'elle connaît depuis 1912. C'est en femme résolue, aimante et « forte », comme elle le dit dans une des lettres qui précèdent leur mariage, qu'elle décide de l'assister dans sa vocation littéraire, mettant de côté sa propre carrière.
Jusqu'au début de l'année 1934, le couple et leurs filles vivent à Salzbourg puis leurs chemins se séparent : Stefan part vivre à Londres, où il tombe amoureux de sa secrétaire Lotte Altmann, tandis que Friderike reste en Allemagne. Après l'Anschluss, en 1938, le romancier divorce de Friderike, et au début de la guerre, se marie avec Lotte. Il n'en poursuit pas moins, jusqu'à son suicide à Rio en 1942, sa correspondance avec Friderike, lui confiant ses derniers tourments.
Au fil de cette abondante correspondance, la passion se mue en estime affectueuse. On y suit l'écrivain, de l'univers en décomposition du Monde d'hier, lieu de ses succès de jeunesse (cette Mitteleuropa dont il gardera toujours la nostalgie), aux années d'errance à travers une Europe ravagée par la barbarie nazie. La dernière lettre de Zweig à Friderike est écrite quelques heures avant son suicide : « Je suis certain que tu verras des temps meilleurs et tu me donneras raison de n'avoir pas pu attendre plus longtemps avec ma bile noire. »
Je juge qu'il peut être vrai que la fortune soit l'arbitre de la moitié de nos actions, mais aussi qu'elle nous en laisse, à nous, gouverner l'autre moitié ou à peu près.
Notre foyer était triste, et c'est pourquoi tout petit déjà je préférais vivre dans la rue plutôt que chez moi. Cette tristesse, c'était d'abord la Torah qui en était responsable : elle remplissait le moindre recoin de la maison et pesait lourdement sur l'humeur de tous. C'était plus une maison d'étude qu'un chez-soi : une maison de Dieu, plus qu'une maison d'hommes.
D'un monde qui n'est plus évoque avec tendresse et précision les souvenirs d'enfance d'Israël Joshua Singer. Ces Mémoires nous emportent dans l'atmosphère pittoresque du shtetl de Lentshin, non loin de Varsovie, où s'est réfugiée - sous la houlette du père d'Israël Joshua Singer, le rabbin Pinhas Mendel - une communauté de Juifs paysans expulsés de leurs villages par la police russe. À travers le regard de l'enfant, on plonge dans un quotidien pétri de croyances et de rituels où le mauvais oeil attend au coin de la rue. On découvre les secrets de chacun, l'austérité de la vie au shtetl, mais aussi les déchirements identitaires et les discriminations qui bouleversent les communautés juives polonaises en ce début de XXe siècle.
D'un monde qui n'est plus, écrit par l'un des grands maîtres de la littérature yiddish, demeure, au delà de sa valeur historique, un témoignage unique.
Quand les livres ont-ils été inventés ? Comment ont-ils traversé les siècles pour se frayer une place dans nos librairies, nos bibliothèques, sur nos étagères ? Irene Vallejo nous convie à un long voyage, des champs de bataille d'Alexandre le Grand à la Villa des Papyrus après l'éruption du Vésuve, des palais de la sulfureuse Cléopâtre au supplice de la philosophe Hypatie, des camps de concentration à la bibliothèque de Sarajevo en pleine guerre des Balkans, mais aussi dans les somptueuses collections de manuscrits enluminés d'Oxford et dans le trésor des mots où les poètes de toutes les nations se trouvent réunis. Grâce à son formidable talent de conteuse, Irene Vallejo nous fait découvrir cette route parsemée d'inventions révolutionnaires et de tragédies dont les livres sont toujours ressortis plus forts et plus pérennes. L'Infini dans un roseau est une ode à cet immense pouvoir des livres et à tous ceux qui, depuis des générations, en sont conscients et permettent la transmission du savoir et des récits. Conteurs, scribes, enlumineurs, traducteurs, vendeurs ambulants, moines, espions, rebelles, aventuriers, lecteurs ! Autant de personnes dont l'histoire a rarement gardé la trace mais qui sont les véritables sauveurs de livres, les vrais héros de cette aventure millénaire.
En 1880, Anton Tchekhov n'a que vingt ans ; ses études de médecine ne suffisant pas à le nourrir, il s'engage dans l'écriture de nouvelles qui seront aussitôt publiées par d'importantes revues humoristiques. Au fil de leur lecture, on assiste à la naissance d'un écrivain dont la précocité a quelque chose de stupéfiant : autant dans les dialogues que les paysages leur servant de rapide arrière-fond, c'est le génie d'un maître de la nouvelle qui éclate.
Dans ces mêmes années de jeunesse, Tchekhov écrit le roman L'Offense. Tous les thèmes qui seront les siens sont contenus ici en puissance. Ilka, son héroïne est une héroïne classique : elle est brûlée par une seule exigence (venger son père) qui ordonnera son destin jusqu'à l'issue fatale.
Qu'ils soient farceurs ou tragiques, et bien souvent les deux à la fois, ces premiers écrits frappent surtout par une exceptionnelle modernité littéraire dont Tchekhov paraît avoir pressenti toutes les facettes.
Gentleman doublé d'un érudit et d'un esthète, Robert Byron disparut en mer en 1941 quand son bateau fut torpillé au nord de l'Écosse par la marine nazie. Il avait 36 ans.
Pour Bruce Chatwyn - expert s'il en fut -, Byron fut le prince des écrivains voyageurs. On s'en convaincra aisément en lisant ce récit drôle, vivant et lyrique à la fois d'un long périple entrepris au début des années 1930. On y voit notre auteur explorer avec curiosité Moscou, Leningrad et se passionner pour les églises de Novgorod. Puis, après un voyage plein de péripéties, rejoindre le Tibet qui le charme tant par la magie de ses paysages que par l'hospitalité de ses habitants. Trente ans avant Le Léopard des neiges, le « toit du monde » avait déjà inspiré le chef d'oeuvre que voici.
Maurice Garçon (1889-1967) fut l'un des plus grands avocats de son temps. De 1912 à sa mort, il a consigné les événements, petits et grands, dont il était le témoin ou l'acteur.
Il vient de prêter serment quand il commence ce journal, loin d'imaginer qu'il va devenir monumental. Il s'agit, dit-il, de « simples notes » au fil de la plume, jamais retouchées. Petites scènes, portraits, encore un peu scolaires. Et bien vite, il trouve son style, celui d'un exceptionnel observateur.
Les premiers temps sont rudes, bouleversés par la Grande Guerre. Réformé, il souffre d'être considéré comme un planqué mais, devant les conseils de guerre, il apprend le métier.
Et quand il ne travaille pas, il décrit l'atmosphère qui s'alourdit. Jusqu'à l'armistice qu'il « couvre » comme un reporter. Il en a l'oeil et se débrouille pour être partout où il se passe quelque chose, comme plus tard, au Bourget, à l'arrivée de Charles Lindbergh.
Familier des estaminets du Quartier latin, il rencontre des artistes, des auteurs qu'il se fera une spécialité de défendre. Et les clients affluent, l'obligeant parfois à négliger son journal.
Entre plaidoiries de routine et intérêts de Coco Chanel, il parvient à courir les premières et, plus inattendu, à satisfaire sa curiosité pour le paranormal.
Les scandales des années 1930 lui donnent matière à réflexion, penché sur un dossier proche de l'affaire Stavisky. Son mépris de la corruption des confrères députés, présidents du Conseil passés et futurs, s'épanche, sans parler de ses colères à l'encontre des magistrats.
Maurice Garçon mord mais n'est pas lui-même à l'abri des préjugés racistes et antisémites. Il ouvre les yeux à Berlin, peu après la Nuit de Cristal, alors qu'il va représenter la famille du diplomate assassiné par Herschel Grynszpan. La guerre, à nouveau, sera bientôt là.
Que trouve-t-on dans ces pages ? Un mélange varié et coloré, un bric-à-brac, un pêle-mêle. Toutes sortes d'informations, de faits historiques et de choses étonnantes, fascinantes ou amusantes sur le monde du livre. On voyage à travers le vaste continent de l'imprimé, en toute liberté et sans autre but que de glaner quelques bribes de savoir et d'émerveillement. On flâne sans s'appesantir au coeur de ces miscellanées, et l'on découvre des bibliothèques perdues ou légendaires, sur le Titanic ou dans la Rome ancienne, les bibliothèques personnelles du général de Gaulle, de Jean-Luc Godard ou Karl Lagerfeld, les sulfureux « Enfers » des livres interdits, les boîtes vertes des bouquinistes de Paris, le « quartier latin » de Tokyo ; on apprend ce qu'est le format in-octavo, la norme ISO 216 ou l'indice Dewey ; on voit le plus petit livre du monde et le plus grand, le portrait du Bibliothécaire d'Arcimboldo et les livres jaunes de Van Gogh ; on entend parler d'autodafés, de censures, de grimoires, de coquilles et de manuscrits mystérieux. Ludique, désordonné, parfois futile, ce condensé de culture livresque n'en est pas moins foisonnant et instructif ; il surprendra les lecteurs les plus érudits et trouvera naturellement sa place dans toutes les bonnes bibliothèques.
Célèbres écrivains ukrainiens russophones, Oleg Ladyjenski et Dmitri Gromov sont les co-auteurs de nombreux romans publiés sous le pseudonyme de Henry Lion Oldie.
S'ils oeuvrent ordinairement dans le domaine de la fantasy et de l'imaginaire, c'est la réalité de l'agression russe en Ukraine et sa brutalité qu'ils décrivent dans ce journal d'invasion.
Les romanciers vivent à Kharkiv, importante cité située à l'est du pays, ex-capitale de la République socialiste soviétique de l'Ukraine. Ils habitent dans le même immeuble, à des étages différents avec leurs familles quand, le 24 février 2022 à cinq heures du matin, les premiers bombardements russes frappent la cité.
Leurs deux récits s'entremêlent et racontent leur stupéfaction, celle-ci faisant rapidement place aux contingences de la survie : faute de matériel, une partie de ce journal a été écrite à l'aide de leurs smartphones. Il décrit leur vie quotidienne, les bombes qui frappent, de plus en plus proches, les allers et retours aux abris, jusqu'au départ vers Lviv, à l'ouest du pays et à l'apprentissage de la vie de réfugié.
Les deux écrivains, soutenus par leurs lecteurs, restent déterminés et livrent aussitôt leur combat dans le domaine de l'humanitaire et de l'aide aux réfugiés. Ils sont les témoins de la solidarité qui soude la population ukrainienne face à la barbarie du voisin russe. « Nous vivons ainsi : les uns pour les autres », écrit Oleg Ladyjenski. « Un malheur commun a uni les Ukrainiens comme jamais », lui répond son ami Dmitri Gromov.
Contrairement à ce que l'on croit parfois, on voyage beaucoup dans l'Antiquité, à pied, à cheval, en voiture, surtout en bateau, le moyen le plus commode - bien que peu confortable et quelquefois dangereux - pour aller vite et loin. Et loin, ça peut vraiment l'être, la Méditerranée en tous sens bien sûr, mais aussi l'Inde, les côtes de l'Afrique tropicale, le coeur du Sahara, chez les barbares ou même sur la Lune ! Accompagnés de cartes, les textes de cette Bibliothèque idéale expliquent les raisons du départ, évoquent les destinations, les surprises et les déceptions. C'est aussi de nous qu'ils parlent, miroirs tendus aux enthousiasmes et aux peurs de tous les ailleurs étranges. On y trouve ceux qui avec courage se lancent dans l'inconnu, ceux qui cheminent douillettement, ceux qui ne voudraient pas partir mais qui le doivent, ceux qui restent et qui sont tristes, ceux qui se plaignent et ceux qui s'émerveillent, toute une palette humaine du sublime au médiocre, toutes les émotions aussi, Homère qui nous enchante, Aristophane qui nous fait rire, Simonide qui nous fait pleurer...
L'Évolution de la connaissance raconte en seize chapitres la fascinante histoire des connaissances de l'humanité.
Retraçant les épisodes clés de l'évolution des sciences et des techniques, de l'invention de l'écriture à l'industrialisation et à la numérisation en passant par la révolution scientifique du début de l'ère moderne, Jürgen Renn analyse comment le savoir se crée et se transforme, comment il se diffuse globalement depuis des millénaires et de quelle manière les économies de la connaissance et les sociétés dans lesquelles elles s'inscrivent s'influencent mutuellement.
Extrêmement riche en matériel et abondamment illustrée, cette somme mobilise une multitude de méthodes et de disciplines, et développe un cadre entièrement nouveau pour la compréhension de l'histoire des sciences comme élément de l'évolution culturelle. Le large regard rétrospectif qu'ose L'Évolution de la connaissance permet ainsi d'aiguiser notre vision des défis complexes auxquels nous sommes confrontés dans l'Anthropocène.
La question de savoir si la société humaine globale parviendra à relever les défis de l'Anthropocène dépendra en grande partie du développement futur de son économie de la connaissance.
Le bonheur tient à peu de choses. Il se cueille au jour le jour dans les parterres fleuris du beau jardin, millénaire, de la sagesse épicurienne. Le philosophe grec Épicure (340-270 avant J.-C.), mais aussi les grands poètes qu'il a influencés, Horace, Lucrèce, Virgile, bien d'autres encore, jusqu'à la Renaissance et au-delà, promettent le bonheur pourvu que nous sachions nous contenter de sobres plaisirs.
Charles Senard, au fil des chapitres, les égrène : conversations amicales, amour et poésie, campagne charmante, bons vins, trésors des souvenirs. La philosophie épicurienne est l'un d'eux, d'autant plus précieux qu'il est fragile : beaucoup de ses grands textes ont disparu, plusieurs ont été sauvés in extremis, déchiffrés dans les rouleaux carbonisés, patiemment dépliés, d'une bibliothèque d'Herculanum.
Dans ces pages légères et profondes, l'auteur propose une initiation poétique à une philosophie source d'inspiration quotidienne.
« Celui qui sait voir l'inaction dans l'action et l'action dans l'inaction, celui-là est sage entre les hommes. »
Probablement la plus célèbre des oeuvres sanskrites classiques, la Bhagavad-Gita n'est pas seulement un texte fondamental de la pensée indienne : depuis ses premières traductions européennes au XVIIIe siècle et sa lecture par les plus grands penseurs, elle a aussi eu une influence considérable sur la pensée moderne occidentale.
Incluse dans l'immense épopée du Mahabharata, elle se présente sous la forme d'un dialogue entre le dieu Krishna et le guerrier Arjuna alors que celui-ci doit sonner le début d'une immense lutte fratricide qui, il le sait, ravira la vie à d'innombrables membres de sa famille, alliés ou rivaux. Par son discours, Krishna montre à Arjuna la voix à suivre, celle du renoncement, du yoga et du détachement dans l'action rendu possible uniquement par la maîtrise des sens.
« Je n'étais rien qu'un homme qui, parmi des millions d'autres hommes, combattait très loin de chez lui dans la guerre la plus horrible que les étoiles aient vue depuis qu'elles existent. Je sentais seulement ma grande responsabilité envers les camarades que le destin m'avait amené à conduire ; je sentais que mon corps était solide, qu'en Italie j'étais aimé et attendu. "Sergent-majou, on l'reverra-t-y, not' chez nous ?" Je devais les garder unis et faire tout mon possible pour les ramener chez eux. »
Dans cet ultime livre, Mario Rigoni Stern raconte son expérience de jeune homme pendant la Seconde Guerre mondiale, de son enrôlement dans les troupes alpines à seulement dix-sept ans aux campagnes en Grèce, en Albanie et en Russie. À chaque page, l'autobiographie se confond avec l'histoire collective, pour se disperser ensuite dans le ruisseau d'histoires individuelles - ces épisodes apparemment marginaux qui recèlent un autre sens de l'histoire. C'est ainsi que, par à-coups et par fragments, l'histoire d'un homme et d'une époque nous parvient.
Voici un livre « mince en pages mais dense en vie », une distillation précieuse dans laquelle Rigoni Stern concentre un demi-siècle de son écriture d'une manière totalement nouvelle.
Comme le dit un judicieux personnage de Mark Twain, M. Tête de Pudding, un chou-fleur c'est simplement un chou qui a été au collège. Sa monstruosité s'explique par un excès d'éducation, mais c'est bien d'avoir une explication si poussée soit-elle, car nous avons ainsi l'heureuse satisfaction d'expliquer comment le chou-fleur en est venu à ce point. Or les champignons n'ont aucune éducation. Leurs formes affirment une méconnaissance totale de tout usage. Ils ne sont même pas monstrueux. Ambigus et radieux, ils tournent en dérision les plus élémentaires principes. S'ils se pourvoient de ce que l'on appelle un pied et un chapeau, chaque espèce, sur ce thème d'une pauvreté remarquable, s'ingénie à des variations dont la gratuité confine à l'insolence.
« Comment savez-vous que c'est un missile de moyenne portée ? » Telle est la première question du président américain John F. Kennedy.
Ce mardi 16 octobre 1962, la crise de Cuba débute. Elle sera la confrontation la plus dangereuse de la guerre froide et le moment le plus périlleux à ce jour de l'histoire américaine. Ce que ses interlocuteurs ignorent, c'est que le président vient d'actionner le système d'enregistrement du Bureau ovale, consignant toutes les réunions secrètes du Comité Exécutif du Conseil de Sécurité Nationale durant les douze jours de la crise. Il sait qu'il a rendez-vous avec l'Histoire.
Patiemment retranscrits et analysés par Sheldon M. Stern, ces enregistrements secrets nous plongent au coeur de discussions dignes d'un thriller haletant. Stern documente le fait que JFK et son administration portaient une part substantielle de responsabilité dans la crise. Les opérations secrètes menées à Cuba, notamment les efforts visant à éliminer Fidel Castro, avaient convaincu Nikita Khrouchtchev que seul le déploiement d'armes nucléaires pouvait protéger Cuba d'une attaque imminente. Cependant, Kennedy se méfiait profondément des solutions militaires aux problèmes politiques.
Effrayé par la perspective d'une guerre nucléaire, il n'a cessé de dissuader les décideurs politiques d'un conflit apocalyptique, mesurant chaque mouvement et contre-mouvement : à tout prix, éviter ce qu'il appelait, avec une brutale éloquence, « l'échec final ».
Quant à Sheldon M. Stern, il a réalisé le rêve de tout historien : « Être la petite souris cachée dans la pièce où tout se joue, lors de l'un des moments les plus dangereux de l'Histoire de l'humanité. Avoir le privilège de savoir ce qui s'est réellement passé » écrit-il. Comme nous aujourd'hui en le lisant.