Le jeu du rêve et de l'action explore un genre méconnu de l'histoire de la littérature française : le roman d'aventures littéraire de l'entre-deux-guerres. Un genre qui, faisant de pont surprenant entre symbolisme et existentialisme, a exploré la logique érotique de l'aventurier privé du divin et de l'amour.
Cet essai est le tout premier livre entièrement consacré à l'oeuvre poétique de Michel Houellebecq. Les poèmes écrits par l'auteur français le plus lu et médiatisé du moment sont très étonnamment méconnus. Et pourtant, la poésie houellebecquienne, écrite dans une langue simple et d'emblée compréhensible, a tout pour piquer la curiosité des lecteurs d'aujourd'hui : non seulement est-elle attachée à représenter le désarroi d'un sujet lyrique qui apparaît sous les traits d'un homme ordinaire, esseulé et désespérément en quête d'amour, mais, en plus, elle ne recule devant aucun sujet et ose s'immiscer dans tous les lieux, y compris les plus banals, tels que l'hypermarché et le village de vacances. La mise en poème de ces non-lieux, en elle-même très atypique, n'engage pas le poète à développer, comme on s'y attendrait, un discours visant à vouer aux gémonies de tels endroits : elle lui permet surtout de souligner son désir de conformité, son souhait - jamais exaucé - d'arriver à se déplacer normalement dans ces espaces pourtant dûment balisés et organisés en vue de faciliter la circulation de leurs usagers. S'il est un grand thème qui structure pour ainsi dire tous les recueils de Houellebecq, c'est bien celui de l'amour. Chez ce poète, la force de ce sentiment trop rarement vécu est telle qu'elle coupe les amants du monde réel, les projetant dans un espace purifié et clarifié.
Tout le monde converse, constamment. Tout se dit, mais l'on ne dit pas tout. On ne parle pas aujourd'hui des mêmes choses qu'hier, et on n'en parle pas de la même façon dans toutes les sociétés. Il y a des sujets privilégiés et des manières valorisées de les aborder. Les conversations quotidiennes, de l'échange le plus banal à la discussion décisive, sont donc « travaillées » par l'ensemble des manières de faire, de dire, de réagir que l'on tient collectivement pour bonnes, convenables et signifiantes.
Plus largement, ces échanges constituent le grand flot constant de la socialisation, de la reproduction des rapports sociaux, bref, la société même. Celle-ci d'ailleurs, qu'est-elle d'autre, au fond, que ces milliers d'interactions quotidiennes qui reproduisent inlassablement, jour après jour, de manière assez banale, nos rapports à nous-mêmes et aux autres ?
L'objet de cet essai porte sur les témoignages de personnes qui ont vécu l'horreur des camps nazis et qui en sont revenues. Celles et ceux qui en reviennent peinent à se définir comme des survivants : ce sont des spectres, des revenants, hantés par le souvenir des morts qu'ils ont laissés derrière eux.
Le public québécois manifeste aujourd'hui un engouement certain pour le théâtre documentaire. Mais il n'en a pas toujours été ainsi. La rapidité avec laquelle cette esthétique s'est imposée depuis les années 2000 est à la source de cet ouvrage collectif et en explique la forme : non pas celle d'une histoire qui reste à faire, mais celle d'un étoilement que les auteur·e·s de l'ouvrage appréhendent à partir de multiples perspectives. Sont regroupés sous l'appellation de « théâtres documentaires » une variété de créateurs et de démarches que réunit l'idée d'interprétation du réel, à comprendre ici dans sa double acception de jeu avec la réalité et de point de vue sur celle-ci. On cherchera donc à saisir le fonctionnement - tant sur le plan éthique et politique que dans sa dimension véritablement esthétique - des principales manifestations de ce mouvement au Québec et à se demander à quels besoins répond cette prédilection soudaine pour la factualité dans une vie théâtrale qui s'en était très bien passée jusque-là.
Écrire, publier, parler de son oeuvre, tout cela comporte parfois des risques qu'écrivains et intellectuels acceptent d'assumer. Ces risques sont-ils les mêmes pour les femmes et pour les hommes ? Et s'ils sont différents, en quoi le sont-ils ? Pour les femmes qui écrivent, quels thèmes, quelles figures donnent corps à l'idée du risque ?
Ceci est mon corps relate l'éducation sentimentale d'un jeune garçon homosexuel issu d'un milieu socioéconomique défavorisé de l'Est ontarien. Le texte traverse les frontières de genre (littéraire et sexuel), d'orientation sexuelle, de langue, de race et de classe en proposant d'analyser la décomposition d'une famille et la recomposition d'une autre, la chosen family queer qui permettra au personnage de s'épanouir de manière saine et authentique. Maniant les théories queer et le genderfuck, abordant la honte, la dépression, la maladie, la solitude et le sexe compulsif, Michael V. Smith crée, avec Ceci est mon corps, une oeuvre complexe, écrite dans une langue accessible permettant à un vaste lectorat d'entrer en relation avec son histoire, racontée sans fard, afin d'y trouver quelque chose comme une forme queer d'humanité, construite à partir de la vulnérabilité la plus totale.
« Je me suis souvent promis, au fil des ans, de tempérer mon ardeur pour le sexe en public, le sexe anonyme, les petites vites, le sexe ailleurs que dans un lit, mais à mesure que passaient les semaines solitaires, ma détermination finissait par chanceler. J'avais l'impression que tout le monde sauf moi avait percé le code secret gay puisque j'étais incapable de convaincre qui que ce soit de me fréquenter. Le sexe en public me permettait de trouver un réconfort physique et d'oublier les soirées en solitaire. »
Quand on pose les questions « Depuis quand parlons-nous ? » ainsi que « Depuis quand écrivons-nous ? » et qu'on examine plus en profondeur les origines de l'écriture et de la parole, l'évidence de la réponse se perd en conjectures. Certains diront que nous avons commencé à écrire il y a 3 500 ans, au moment de l'invention de l'alphabet hiéroglyphique égyptien et de l'alphabet cananéen/phénicien ougaritique (écriture cunéiforme). Nous aurions alors lié l'apparition de l'écriture au facteur urbain, d'une part, et aux nécessités de la comptabilité, d'autre part. D'autres affirmeront plutôt qu'il ne fait pas de doute que les formes totalement abstraites, qui abondent dans la plupart des ensembles préhistoriques de toutes les périodes et de toutes les régions depuis le Paléolithique moyen (entre 250 000 et 35 000 AP), constituent les premiers véritables symboles graphiques, les premières écritures ou inscriptions si l'on veut user de prudence.
Le présent essai réaffirme l'importance de l'art pour le genre Homo et nous amène sur les traces des premières écritures, avec comme principal outil le chant. L'auteure ouvre cet espace-temps historique en conviant le lecteur à la découverte de la grotte de Niaux, ornée de chefs-d'oeuvre créés par nos ancêtres il y a plus de 14 000 ans.
Pourquoi étudier la philosophie ? À quoi servent les cours de philosophie au cégep ? Voilà des questions auxquelles tout professeur est sommé de répondre à l'occasion. Et même si elles ne sont pas explicitement formulées, on les sent suspendues dans l'air du temps, parfois au-dessus de la tête de certains décideurs qui aimeraient bien édulcorer la formation générale, question de l'alléger ou de la rendre plus attrayante. Pourtant, à divers degrés, toutes et tous philosophent, et ont besoin de le faire. C'est une exigence d'autant plus essentielle que ni la science ni les religions ne peuvent se substituer à la réflexion philosophique. Cet ouvrage se propose donc d'éclairer la signification et la pertinence de la philosophie aujourd'hui. En tâchant de cerner la nature et le rôle de cette dernière, il s'efforce de répondre avec clarté et sans détour à ces questions, livrant du même coup un vibrant plaidoyer pour cette activité proprement humaine qu'est philosopher.
Peut-on encore parler du roman français au singulier aujourd'hui ? Une recherche attentive sur les esthétiques principales ou singulières du roman dit de l'extrême contemporain permet de constater qu'aucune école ou aucun groupe ne domine l'univers romanesque, et qu'aucun mouvement n'impose profondément sa marque sur la scène littéraire. Cela ne signifie pas pour autant qu'il ne reste que des oeuvres disparates et qu'il soit impossible d'organiser une cohérence en arrêtant des corpus.
Dans de tels cas, c'est moins chercher du côté d'un projet romanesque bien circonscrit que du côté de certaines pratiques transversales. Dans cet ouvrage collectif, le point de départ ne consiste pas à se demander si le roman conserve une pertinence en tant que témoin privilégié
de la littérature aujourd'hui - cela semble relever de l'évidence -, mais plutôt à identifier ce qui lui confère cette légitimité.
Cet ouvrage vise aussi à appréhender la notion de contemporanéité à partir de la littérature, du roman. Plus globalement, sans tenter d'offrir un vaste panorama du roman français d'aujourd'hui, son objectif consiste à mieux saisir la pertinence du roman grâce à un ensemble d'études conçues à partir d'axes précis (les idées, le réel, le jeu, le soi) sur les possibles du roman, qu'il adopte une forme fragmentée ou théâtralisée, qu'il préconise un savant collage ou un métadiscours narrativisé, qu'il puise abondamment dans l'autobiographie ou l'essai. Le postulat au fondement de cet ouvrage défend l'idée qu'il existe des romans français importants ou singuliers à notre époque et que nous devons les découvrir et mieux les comprendre.
L'établissement de cet inventaire descriptif vise d'abord à mettre en valeur la bibliothèque de Réjean Ducharme. L'accès à cette extraordinaire collection (plus de 1 800 titres, dont 175 disques) devrait également infléchir les études consacrées à l'oeuvre. C'est du moins dans cet état d'esprit que nous avons élaboré cet outil de recherche qui propose une sorte de portrait de l'atelier de travail de Réjean Ducharme.
La structure de l'inventaire rend compte de son « dispositif intellectuel ». Chaque livre s'est vu attribuer une cote alphanumérique, qui correspond à son emplacement précis dans le bureau de Ducharme, dans la bibliothèque de chevet ou encore dans diverses étagères de sa maison de la rue Quesnel, la dernière qu'il aura habitée. Le premier livre de la bibliothèque porte donc la cote A1.1.
Après les années fastes, de la Révolution tranquille jusqu'à l'échec du second référendum sur la souveraineté, une nouvelle modernité a tenté de s'imposer au Québec. En passant des préoccupations nationales à la focalisation sur l'individualité, la fiction québécoise s'est ouverte à de nouveaux horizons. De nouveaux auteurs sont nés et de jeunes maisons d'édition ont été créées pour les faire connaître.
Il était temps que la critique se penche de façon réfléchie sur ce phénomène de renouveau. C'est dans cette optique que les auteurs de Que devient la littérature québécoise ? se sont réunis pour dresser un portrait complet et systématique de cette nouvelle réalité.
Avec des textes de : Marc Arino, René Audet, David Bélanger, Mathieu Bélisle, Stefania Cubeddu-Proux, Jean-François Chassay, Robert Dion, Lise Gauvin, Louis-Daniel Godin-Ouimet, Marie-Pascale Huglo, Petr Kylousek, Vincent Lambert, Carmen Mata Barreiro, Ursula Mathis-Moser, Andrée Mercier, Élisabeth Nardout-Lafarge, Anne Martine Parent, Céline Philippe et Myriam Suchet.
Le roman est aujourd'hui le seul genre à témoigner d'une certaine présence de la littérature. En général, quand un essai est commenté, c'est en tant que discours idéologique; si on s'intéresse aux cahiers et carnets, c'est pour mieux connaître leur auteur; quand la poésie circule au-delà de son cercle restreint, c'est qu'elle est devenue chanson. La nouvelle ou le récit profitent à l'occasion de leur parenté avec le roman, mais la littérature non narrative n'est jamais à l'avant-plan.
Or, considérer l'arrière-plan permet de voir autrement la littérature - et le roman lui-même quand il est littéraire.
Si la critique littéraire des dernières décennies a réaffirmé avec force la fonction politique de la fiction littéraire et réactivé la notion d'engagement à propos du roman, qu'en est-il des récits non fictionnels qui reposent sur le pacte autobiographique? Cet ouvrage cherche à identifier, à travers l'examen d'une série de textes se situant à la frontière de l'espace privé et de l'espace public, les points de rencontre entre les écritures de soi et des enjeux politiques de la littérature depuis la Seconde Guerre mondiale.
En interrogeant la part politique des pratiques de subjectivation et des technologies de soi à l'oeuvre dans les écritures autobiographiques, les auteurs cherchent à aller au-delà des références explicites au bruit et à la fureur de l'histoire contemporaine. Quel rapport à la vie politique entretiennent les textes qui aspirent à la transparence d'un dire vrai, à ce que Michel Foucault appelait « le courage de la vérité »? En quoi l'écriture autobiographique, par sa fonction testimoniale, rend-elle lisibles les tensions idéologiques constitutives des subjectivités politiques? Comment le récit de soi contribue-t-il à accroître la puissance d'agir du sujet et sa capacité de résistance aux dispositifs oppressifs du pouvoir? Faisant la part belle à la littérature française contemporaine, ce collectif montre la diversité de stratégies d'élucidation de soi par lesquelles le sujet de l'écriture parvient à démêler le réseau de déterminations identitaires et s'efforce d'infléchir le tracé du devenir collectif.
Avec des textes de Mathilde Barraband, Yves Baudelle, Bruno Blanckeman, Simon Brousseau, Anne-Renée Caillé, Nicole Caligaris, Éric Chevrette, Laurence Côté-Fournier, Jean-François Hamel, Barbara Havercroft, Élise Hugueny-Léger, Jean-Louis Jeannelle, Audrey Lasserre, Julien Lefort-Favreau, Pascal Michelucci, Joëlle Papillon, Pascal Riendeau, Anne Roche, Françoise Simonet-Tenant et Julie St-Laurent.
Voix unique dans le paysage théâtral de notre époque, l'écriture de Carole Fréchette s'inscrit dans ce qu'il convient d'appeler un « théâtre de la comparution » par lequel les personnages ont la responsabilité de se mettre à nu devant nous, de nous prendre à témoin, de nous interpeller. À même une parole imprégnée de sensations à fleur de peau et d'incisifs questionnements, la dramaturge québécoise n'a eu de cesse d'explorer la difficulté d'être chez ses contemporains aux prises avec leurs désirs et leurs contradictions dans leur recherche d'une vie à la fois plus lucide et plus juste. Amorcée en 1989, cette oeuvre compte aujourd'hui une quinzaine de pièces, distinguées par des prix prestigieux et une réception critique élogieuse à la suite d'un grand nombre de productions tant au sein de la francophonie qu'ailleurs dans le monde en pas moins de dix-sept langues.
Pourtant, la dramaturgie de Carole Fréchette n'avait encore jamais fait l'objet d'une analyse fouillée sous forme de livre. Le présent ouvrage comble cette lacune en rassemblant des textes de seize chercheurs provenant des deux côtés de l'Atlantique. Ces spécialistes ont répondu à l'invitation de réfléchir sur l'oeuvre qui constitue l'imaginaire original de la dramaturge en tant que « théâtre sur le qui-vive ». À ces études et ces essais s'ajoutent une préface de l'écrivaine Madeleine Monette, un texte introspectif de Carole Fréchette elle-même et une ample bibliothéâtrographie de son oeuvre. Une telle initiative éditoriale permet enfin de (re)découvrir dans toute leur amplitude les spécificités poétiques et civiques d'une dramaturgie au féminin à nulle autre pareille.
Avec des textes de : Hélène Beauchamp, Marion Boudier, Karine Cellard, Denise Cliche, Gilbert David, Francis Ducharme, Louise H. Forsyth, Carole Fréchette, Hervé Guay, Marie-Aude Hemmerlé, Sylvain Lavoie, Barbara Métais-Chastanier, Madeleine Monette, Nicole Nolette, Stéphanie Nutting, Pascal Riendeau, Lucie Robert, Jean-Philippe Roy et Sara Thibault.
Ce livre est un exercice de lecture, presque de style. Le
jeu consiste, à la manière des critiques de la Révolution tranquille, à
inventer (et donc à réinventer) une tradition littéraire.
D'où son titre qui semble emprunté à la critique littéraire des années
1960, alors que le Québec semblait passer d'un âge à un autre, enfin
sorti de la Grande Noirceur pour entrer dans son Âge d'or. Parler
d'irréalité à propos de la littérature des années supposément sombres
de 1860 à 1930 n'a donc rien de neuf ou d'étonnant. Depuis quelques
décennies déjà, on juge cette littérature livresque et idéologique,
grandiloquente et sentimentale, comme si elle exprimait les origines
un peu névrotiques de la condition québécoise.
Mais dans cette mythologie de la contrefaçon, inconsciente et
ténébreuse, quelle place faire à des poètes comme Alfred Garneau,
Eudore Évanturel, Albert Lozeau, Jean-Aubert Loranger ou encore
Alfred DesRochers ? Voilà des écrivains qui n'ont rien d'irréalistes.
Au contraire, ils passaient leur temps penchés sur la vie sensible, à
détailler son intrication infinie, à méditer ses paysages, à s'y
reconnaître et à s'y perdre. L'idée voulant que cette littérature d'un
autre temps soit indifférente à la nature ou même impuissante devant
ses forces inhospitalières ne tient plus la route, dès qu'on découvre
cette écriture ouverte au monde comme il va, dans son intensité
concrète et fuyante, sans l'idéaliser bêtement, sans en faire un support
moral ou patriotique.
Et c'est ici que le titre prend un autre sens : l'âge de l'irréalité, c'est
aussi l'âge où le monde devient fascinant pour lui-même, à cause de
son irréalité justement, de sa présence improbable, qui le donne
comme une chose étrange et belle.
S'il est une notion dans l'air du temps, c'est bien celle de responsabilité. Aujourd'hui, tout doit être responsable, de la conduite automobile au chocolat que nous savourons, en passant par les pratiques des puissantes entreprises ou les économies investies en vue de la retraite. Mais paradoxalement, la responsabilité semble en même temps s'effriter et devenir plus diffuse que jamais, en raison de la complexification de nos sociétés et de la diminution significative de notre déférence envers l'autorité.
Ce paradoxe plaide en faveur d'un réexamen des approches traditionnelles de la responsabilité, à la lumière des pratiques actuelles. Il s'agit donc, ultimement, de répondre à la question qui anime cet ouvrage collectif : quels lendemains pour la responsabilité ? On ne peut y répondre sans un élargissement de la perspective dans laquelle nous envisageons la notion de responsabilité, pour l'inscrire dans des approches résolument multidisciplinaires et ancrées dans la pratique. C'est à un tel exercice prospectif, à la fois exigeant et essentiel, que se sont livré les neuf chercheurs dont les réflexions sont ici réunies.
Destiné aux enseignants et enseignantes du français - en formation ou en exercice -, aux parents d'élèves et à toute personne intéressée par la situation particulière du français au Québec, cet ouvrage vise notamment à répondre aux questions suivantes : Comment tenir compte de l'insécurité linguistique en classe de français ? Comment enseigner le français québécois parlé ? Comment enseigner l'orthographe lexicale ? Comment décoder les dictionnaires ? Où se trouve l'orthographe moderne dans les dictionnaires ? Où se trouve la grammaire (moderne) dans les dictionnaires ? Comment enseigner la variation linguistique grâce au dictionnaire ? Quelles compétences de communication culturelles faut-il développer en classe de français ? Qu'est-ce que la politique linguistique au Québec ?
Les auteurs et auteures de ce collectif sont des spécialistes des différents domaines abordés. Ils présentent leur sujet clairement et simplement de façon à établir un dialogue entre linguistes et responsables de l'enseignement du français au Québec.
Cet ouvrage rend hommage à Hélène Cajolet-Laganière, linguiste, professeure retraitée de l'Université de Sherbrooke et chercheuse, qui, tout au long de sa carrière, a toujours eu à coeur de faire circuler les connaissances et d'outiller les Québécois et les Québécoises pour qu'ils soient en maîtrise de leur langue.
Les différents textes rassemblés dans ce recueil abordent, aussi bien dans une perspective critique, l'incidence des récits narrés à la deuxième personne sur l'extrême contemporain que, dans une perspective pratique (réflexive, philosophique), les mécanismes d'écriture spécifiques à cette forme de narration. Le but est d'amorcer les réflexions sur l'écriture au tu, sur la portée de cette instance narrative sur le temps du récit, les jeux esthétiques, les effets de lecture et la conception du sujet.
Le langage est le miroir de l'homme. Cette affirmation est acceptée par la plupart, sans contestation. Pourtant, elle prête à interprétation selon la définition donnée au mot « langage ». Réduit-on le mot « langage » à un système de communication ? Si oui, le langage n'est pas le miroir de l'homme, mais celui des animaux en général qui, tous, ont développé des modes de communication leur permettant d'entrer en relation tant avec leurs congénères qu'avec leur environnement. Pour que le langage soit l'expression de l'homme en tant qu'homme, il doit devenir un lieu de manifestation et donc, de création. Cette appropriation du langage comme lieu épiphanique exige, elle également, apprentissage et enseignement. Or, l'école actuelle, à com-mencer par l'université, refuse d'accorder de la place à un tel apprentissage. Pourquoi ? Y aurait-il moyen de redresser la situation ? C'est à ces questions que répond le présent essai.
- « Je parle à voix basse, je parle lentement. Je parle sans effort mais je ménage mes efforts, me disant que l'oeuvre de Thomas Bernhard le requiert, car quand on la lit longtemps, on finit par avoir peur de s'essouffler, de mourir asphyxié avant d'avoir pu vider son sac. On ressent, comme l'auteur, l'urgence de dénoncer les travers du monde, les scandales de la vie. L'urgence vindicative de Bernhard avait des spécificités biographiques : il a connu la Seconde Guerre mondiale enfant dans une Autriche qu'il détestait, a aimé la musique avec passion, voyagé beaucoup avant de se cloîtrer dans sa ferme, à Ohlsdorf. Cet homme-là a passé sa vie à chercher à respirer, à retrouver son souffle - au sens propre comme au sens figuré -, d'où son style si particulier qui coule comme une rivière, en un déploiement de phrases qui n'en finissent pas, se séparent en ruisseaux ou s'enroulent sur elles-mêmes tels des serpents de mer. Et cette rivière charrie inlassablement ses déchets : la petitesse des esprits, le système éducatif et politique, les bourgeois, la maladie, la mort... C'est pourquoi lire Bernhard ne peut que se faire avec lenteur ; en parler, que dans un souffle. Le souffle de Bernhard lui-même. »
C'est ainsi que Simon Harel ouvre cet essai intimiste sur Thomas Bernhard. Au lecteur d'y entrer.