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Éditions du Noroît
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Troisième recueil d'un triptyque sur les possibilités du poétique face à l'horreur et à la détresse (Plus haut que les flammes, 2010; La main hantée, 2016), Exercices de joie prend le risque de la tendresse en choisissant la douceur comme arme de combat. Dans une écriture fluide qui alterne entre prose et vers, les poèmes explorent la notion de joie, non seulement comme quête d'apaisement, mais comme responsabilité à l'égard des autres : le souci de leur apporter espérance. Or, cette joie impose une gymnastique mentale, elle repose sur des exercices qui témoignent du désir de s'élever au-delà de la douleur sans pourtant la nier, afin de demeurer à l'écoute du monde. Sans craindre la vulnérabilité d'une parole simple, la poète navigue en glissant constamment de l'âge adulte à l'enfance jusqu'au seuil de sa propre disparition. La joie comme faible clarté résiste à l'essoufflement : « écrire maigre / écrire pauvre » permet au poème de glaner autour de lui des parcelles de beauté et de voir surgir la lumière camouflée sous le noir.
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À l'intérieur d'une petite boîte, trois avortons, trois disparues fantasmées, surnommées crevettes, vivotent. Non-mère de cette non-vie, la narratrice choisit le vide du ventre afin d'échapper au destin tragique de celles qui l'ont précédée. Car au bal des absentes, la mort rôde inlassablement. Recueil de deuil, de colère et de compassion, Adieu les crevettes est une reprise de pouvoir sur les rouages filiaux qui enchaînent, une ode à l'amour maternel et à la liberté de choix.
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À l'origine de Disparaître, il y a la rencontre entre Denise Desautels et le travail et l'artiste Sylvie Cotton, dont l'oeuvre homonyme a bouleversé la poète et lui a donné l'élan et la ferveur pour assumer jusqu'au bout sa folie. L'auteure choisit ce face à face avec un miroir, sa cendre - et toutes les mémoires qu'elle porte en elle -, et son écriture y trouve sa voie/voix.
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Habiter son corps est une forme de résistance. On écrit avec son corps. On écrit aux autres corps. On proteste avec le corps. Parfois nu. Car il n'y a parfois rien d'autre pour se défendre que sa propre fragilité. Le poème descend dans la rue avec sa peau, la colère et la joie s'y mélangent. La manifestation se poursuit dans les territoires de l'intime. Elle s'y installe. Elle bat avec le coeur. Le corps avec sa peau manifeste. Le corps porte son langage, sa rage, la voix de ce qui résiste et répare. Chaque ligne de ce livre est un tracé sur la peau qui laisse des marques de dents, de tendresse.
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Livre d'artiste sur la disparition et l'amour, Le reste grandit plonge au coeur des épanchements liés au deuil d'une relation amoureuse. Tantôt frêle, tantôt brûlante, la voix cicatrise à travers un quotidien peuplé de soleils rouges, de larmes échappées et de voyages en pouce le long du fleuve Saint-Laurent.
Dans ce journal à la fois poétique et visuel, Nana Quinn trace les contours d'une solitude nouvelle avec les restes friables des souvenirs. Les territoires extérieurs et intérieurs se lient et s'installent dans les lieux désertés par l'autre. Une rencontre intime se dessine. La vie reprend. Une vie frémissante, pleine comme un fruit mûr sur le point d'exploser. -
Est-ce que le futur peut encore se rêver ? Ou est-ce que l'obscurité peu à peu nous avale ? Gravitant dans la mémoire de la conquête spatiale, Scaphandre s'enfonce dans les profondeurs océaniques jusqu'aux limites de l'espace à la recherche de nouvelles formes de survie. Car quelque chose altère le souffle, nous avançons en terrain hostile : anxiété, peur, épuisement - réussir réussir réussir même si le coeur s'effrite à chaque geste.
Devant la désillusion des grandes ambitions de son époque, une femme sonde la noirceur qui l'habite dans une poésie vertigineuse et hantée. Les chapitres se télescopent, de la première mise en orbite de Laïka à une soirée brumeuse sur la Plaza Saint-Hubert, à travers une écriture sédimentaire où chaque vers émerge de l'érosion des matières vivantes. Une brèche s'ouvre, la voix se déleste de son armure : des futurs possibles discutent dans le noir. -
Ce livre est un cri provoqué par des questions existentielles : comment faire face à la méchanceté ambiante, comment voir sa propre méchanceté sans sombrer dans le désespoir, comme tant d'écrivains qui n'ont pas résisté ? Par l'écriture, par l'ouverture à l'autre, par la compassion, il lui semble possible d'affronter la vie en croyant que, si elle reconnaît la présence du mal aussi bien en elle que dans le monde, elle pourra y répondre en se tenant debout parmi les vivants.
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Tu choisiras les montagnes
Andréane Frenette-Vallières
- Éditions du Noroît
- Chemins de traverse
- 25 Octobre 2022
- 9782897663797
Dans une maison bleue auprès de la mer, une voix se construit hors du monde. Après avoir été contrainte au silence par un système conçu pour faire taire, cette voix choisit délibérément sa disparition. Cet essai poétique crée un dialogue entre les études féministes et les poétiques de la nature, pour explorer le retrait comme moyen de survie, comme tentative de soigner la blessure afin d'habiter à nouveau le corps et l'écriture.
À l'instar des recueils de poésie Juillet, le Nord et Sestrales, Tu choisiras les montagnes s'ancre dans la Minganie (Côte-Nord du Québec) et investit les lieux de la solitude pour y déceler ce qui agite cette présence à soi amplifiée. Au fil d'une pensée qui s'articule autour de l'identité de genre, de l'amour et des violences qui hantent l'intime, un personnage apparaît : Mona, incontournable phrase qui permet de lier au ressenti un propos vaste sur les possibilités du poème et les splendeurs du fragile. -
Des formes utiles est un recueil de vaillance et de veille. Il est le côté face du vide et des manques, du froid et de l'oubli. Ce à quoi le coeur résiste ou cède. Et il est tout autant, depuis l'entaille profonde, à coup de questions, d'étonnements et de rêves, ce que, de l'être et du comment, les mots donnent à voir ou à taire. Peut-être ce à quoi les vents nous préparent.
Accompagné de cercles réalisés au crayon par la poète, le recueil donne à voir son avant-poème, sorte de lexique monoculaire où
se font et se défont les formes à venir. Hypnotique, l'écriture de Martine Audet poursuit son travail d'orfèvrerie dans les sinuosités de la langue et de notre rapport au monde. -
Dans ce recueil, la poésie devient une pratique de l'incertitude. Une expérience concrète, un relevé des matières. L'incertitude ouvre, laisse venir. À cette recherche se greffe l'ombre, l'ébranlement, la présence. La voix de Louise Warren traverse les ravins, les mutations,
le deuil. Une poésie lucide, dépouillée, un travail de la justesse qui trouve son origine dans l'écoute du monde et pose des questions au texte, le met en doute pour
mieux l'affirmer. -
Attendez de m'enterrer pour chanter
Mimi Haddam
- Éditions du Noroît
- Adelphe
- 29 Août 2023
- 9782897664244
Un père meurt en Algérie. De l'autre côté de l'océan, une petite fille fantôme reçoit une boîte remplie de ses lettres. Par la forme d'une correspondance posthume, elle interroge les fragments de son identité multiple. Combien de personnes parlent dans son ventre ? Qui est-elle en train de digérer ? La narratrice se dédouble. Le temps se disloque. Deux soeurs inconnues, «nébuleuses, femmes de l'entre-deux, formes composites », se rencontrent dans l'imaginaire de l'écriture
pour apprendre enfin à déjouer l'héritage.
Attendez de m'enterrer pour chanter est un récit poétique où s'entremêlent les voix d'une filiation engouffrée dans les silences et les violences accumulées au fil des générations. Ce livre hybride accueille également des oeuvres de l'autrice qui superposent aux photographies de l'Algérie des sculptures, gardiennes du soin et de la possible métamorphose du réel. -
Paru initialement en langue féroïenne en 2020, puis en danois en 2021, J'écris sur du papier mouillé s'évertue à capturer la vérité dans les eaux mouvantes de la mémoire, là où le passé se brouille et se déforme, où la maison est sans cesse secouée par les vents. La poésie de Lív Maria Róadóttir Jæger, ancrée dans le territoire sublime des Îles Féroé, pose des questions fondamentales sur l'historicité des êtres et la part immuable de l'identité ; celle qui persiste à travers le temps. Ici, la figure de la grand-mère apparaît comme un phare lumineux, dé
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Devant la maladie et les horreurs du vivant, la peur grandit. Comment ne pas la laisser tout envahir, mais plutôt la soigner, avec compassion pour soi ? Dans une fresque familiale où domine un syncrétisme de croyances - rites catholiques, superstitions populaires et traditions latino-américaines -, Peur pietà explore une pluralité de rituels qui, à défaut de conjurer la peur, offrent une connaissance créative et sensible du monde. Dans ce dialogue intime entre le sacré et les forces vives du langage, Nicholas Dawson rend hommage aux femmes de sa famille, ces voyantes - la grand-mère, la mère, la soeur - qui lui ont légué des formes d'intuition pour appréhender notre inévitable fin et le cruel dérèglement du cosmos.
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Je laisse les enfants disparaître
Marise Belletête
- Éditions du Noroît
- Initiale
- 29 Août 2023
- 9782897664381
Sans enfant qui court devant soi, où s'enfuient les traditions ? À l'image d'une courtepointe, les poèmes de Marise Belletête reprennent le fil perdu de l'héritage et remettent au métier à
tisser l'ouvrage du temps. Telle une Pénélope, la poète tisse et détisse les souvenirs d'une enfance qui déguerpit, devenant à la fois fille d'une lignée improbable et mèrefantôme.
Peu à peu, la perte laisse place à un silence
habité, celui d'une filiation féminine liée par les recettes de grand-mère et par la beauté variqueuse des cicatrices. Je laisse les enfants disparaître est un recueil d'ourlets décousus et de traumas reprisés en dentelle. -
Dans Tous les oiseaux sont ici, Cynthia G. Renard se promène dans la forêt tatouée de son enfance avec un corps femelle en constante métamorphose. C'est la nuit, le monde est incertain et chaotique, elle s'envole dans un univers de rêve où des personnes animales de plumes, de fourrure et d'écailles l'accueillent, où les arbres lui parlent et la réconfortent. Les frontières n'existent plus entre elle et le monde, elle est le papillon, le scintillement de l'étoile et les quenouilles.
Ses mots sont des oiseaux qui chantent tels les huards à la tombée de la nuit. -
Les cendres du père ont été mises en terre. Son nom, gravé sur le tombeau familial. La promesse oratoire des chants démodés se fracasse contre le seuil d'une chambre aux soins palliatifs et d'une maison vidée.
Titubant entre les boulevards de la Capitale du développement et les rues montréalaises, une poète désaffectée écume les nuits restantes, articule une reconstitution séquestrée. Dépossédée d'entre-deux siècles, expulsée hors des lieux de l'enfance, elle vocalise la mémoire érodée d'une figure disparue, grugée par l'alcoolisme héréditaire et le jusqu'au-boutisme de l'abus.
Descendus d'une lignée d'habitants, issus d'une délocalisation documentée, les poèmes de Domaine du Repos se décomposent lentement, à l'aune des compulsions du productivisme bienfaisant et de l'aseptisation de l'ère numérique. L'archivage est peut-être un échec fertile. -
Reines-compost
Rosy l. Daneault, Camille St-Jacques Couture
- Éditions du Noroît
- 29 Août 2023
- 9782897664305
Recueil à quatre mains, Reines-compost offre un refuge épistolaire où s'entremêlent détritus, peluches, corps hétérogènes, écosystèmes cassés, tentatives désespérées de réparation et fléchissements résignés. Dans la forme du dialogue, les poèmes jouent avec les possibilités d'invention, de fabrication et de réaménagement de la pensée par la force radicale de l'amitié. La mise en relation et le soin de l'autre ouvrent la page à une pluralité de voix qui s'allient pour trouver leur place dans le bruit, formant
parmi les débris du monde, un choeur végétal, chantant. -
La fatigue nous sculpte et nous façonne. Il y a par exemple ces désirs qui nous agitent et nous exténuent. Ou au contraire cette ambivalence qui nous lasse à n'entreprendre rien. Il y a ces faiblesses du corps qui nous freinent jusqu'à parfois garder le lit. Il y a encore nos ravissements, nos élans sans retour qui nous laissent désemplis. Quelques fois, il y a cet effondrement où nous tombons en morceaux, à la fois rompus et dégagés... En neuf suites, ce livre nous invite à prendre la mesure de nos fatigues. Dans un siècle fatigué, il questionne ces expériences qui nous transforment, changent nos paysages, à la manière des grandes marées.
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En hommage à Louise Dupré, le recueil «Moi tombée. Moi levée» esquisse l'itinéraire de corps qui tombent et se relèvent, suivant le proverbe créole qui veut que toute femme a sept sauts dans l'existence, sept stations d'un long calvaire. D'où l'exigence et la transparence qui travaillent ce recueil. Danse des mots et des visages pour que fleurisse la vie dans ce «voyage abracadabrant», si fragile mais combien humain. Le pari ici demeure cette lumière qui éclaire toute chose, les mots et les êtres qui chutent dans le vertige du verbe tomber.
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158 fragments d'un Francis Bacon explosé
Larry Tremblay
- Éditions du Noroît
- 26 Octobre 2012
- 9782890187740
Larry Tremblay cultive depuis longtemps une fascination pour l'oeuvre de Francis Bacon - pour sa théâtralité des corps, sa physique de l'âme et sa métaphysique de la chair. Pour écrire ce livre autour de l'oeuvre du peintre, il fait exploser l'un de ses tableaux. Pas un vrai, bien sûr. Ni un faux d'ailleurs. Et, pour dire vrai, pas totalement l'un des siens non plus. Mais le tableau qui, au fil des ans, s'est peint au sein de l'imaginaire du poète, à partir des interrogations que l'oeuvre soulève. On assiste ainsi à un dialogue entre la manière de Bacon, d'une douleur toujours reconduite, et le poème de Tremblay, corps dévalisé dans son attention même qu'il porte au déroulement du tableau.
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«Poèmes 1938-1984» se compose de quatre parties et rassemble plusieurs décennies d'un travail poétique acharné qui témoigne de l'infatigable vigueur d'une femme dévouée à sa muse. Ayant lutté sa vie entière pour réconcilier les exigences de la maternité et celles de sa vocation d'écrivaine, Elizabeth Smart évoque ce combat dans nombreux de ses poèmes, traçant ainsi le portrait d'une époque où les femmes ont du mal à se tailler une place dans les cercles d'écrivains, aux prises avec les barrières qu'on leur impose et les dilemmes quotidiens. Tout au long du recueil, elle fait cohabiter le trivial et l'universel et se livre à des moments de pure exaltation, s'émerveillant par exemple devant la furie de vivre des plantes, ou de désolation extrême, notamment en face des ravages de la guerre - événement qui l'a intimement et profondément marquée. Sans se soumettre à des formes rigides, les vers de ce recueil célèbrent également les maîtres qui les ont inspirés, s'adressant à eux, avec insolence parfois, afin de permettre à leur auteure d'exister en poésie.
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Le titre «Le plus petit espace» définit exactement l'expérience proposée par Louise Warren, qui conduit son esthétique du peu à ses conséquences radicales : courts poèmes, vers brefs, images précises et concentrées. Sur le blanc de la page, le poème crée furtivement son espace. La reprise de ces apparitions et de ces effacements, de ces montées et de ces descentes, produit une sensation d'infini. Comme si un long poème se déroulait dans le blanc et que seuls ses accents les plus intenses transparaissaient. La composition minutieuse de ces instants inclut les nombreuses formes de cette réduction : le point, le trait, l'éclair, la lettre, le mot, la rature, le pas, le nid, la main, etc.
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Tout ce que Louise Warren touche devient écriture. Ici, l'essayiste déplace son atelier et se donne de nouveaux objets. À partir d'une résidence d'écriture à l'Abbaye Val-Notre-Dame, dans Lanaudière, elle entrelace les expériences du paysage, de l'architecture, de la vie intérieure et de la création. La forme fragmentaire répond parfaitement aux nombreux trajets proposés à la lecture, incluant des notations quotidiennes, des éléments autobiographiques, une interrogation de l'espace vécu, l'accompagnement d'oeuvres d'art, l'écriture de la poésie et une contribution personnelle au Nature Writing. Installée dans la «chambre de solitude», l'auteure interroge le monde des symboles et développe sa conception de l'«enveloppe invisible», qui prolonge ses réflexions récentes sur le processus créateur. À en allant toujours à l'essentiel.
Quatre dessins de l'architecte Pierre Thibault ponctuent le livre. -
Le projet Ellipses est né d'une collaboration entre les deux artistes, Philippe Chagnon et Louise Gros. Nouvellement parent, Philippe envoyait des photos de son quotidien à Louise. Elle les retravaillait, les recadrait, les imprimait à l'aide de la technique de la lithophotocopie et présentait ensuite les résultats au poète. C'est à partir de ces oeuvres que les textes étaient alors composés. Chaque jeudi, un duo poème/image se
voyait publié sur les réseaux sociaux, à la manière d'un journal de bord. Ellipses a duré presque une année entière, le temps d'une révolution complète de la Terre. Le livre reprend cette correspondance en créant une
nouvelle orbite.