Géant aux visages multiples et puissance mondiale en devenir, l'Inde connaît un essor indéniable depuis deux décennies, en dépit du ralentissement économique des dernières années. Le développement d'un capitalisme indien sur fond d'inégalités profondes entraîne son lot de transformations et de résistances dans lesquelles les mouvements sociaux jouent un rôle majeur, notamment dans le domaine de l'agriculture paysanne. Entre modernisation à l'occidentale, traditions millénaires et gestion d'un pluralisme politique, juridique, culturel et religieux vertigineux, la « plus grande démocratie au monde », qui sort tout juste d'une élection législative, négocie et invente sa modernité. Ce dossier se penche sur l'originalité et le dynamisme social de ce pays-continent.
Alors que l'idéologie de la croissance et du progrès technique s'impose comme seul repère valable pour penser la vie collective, résister à cet aplatissement du monde exige qu'on y oppose du sens. Dans une société où la religion est de plus en plus évacuée, l'humanisme peut être un point de rencontre entre croyants et non-croyants de toutes traditions dans la quête pour la justice, la liberté et l'égalité. Mais tandis que le développement technologique effréné nourrit le fantasme du dépassement des limites de l'espèce humaine, comment renouer avec une conception entière de l'humain, réconciliant corps et esprit, nature et culture, individu et société? Avec les textes de Jean-Claude Ravet, Yvon Rivard, Vivian Labrie, Nicolas Le Dévédec et Marc Chabot, entre autres.
Grâce à l'affaire Snowden, l'ampleur qu'a prise la surveillance dans nos sociétés a été révélée au grand jour. Les dispositifs qui la permettent et le contrôle social qu'ils induisent ne sont cependant pas apparus du jour au lendemain. C'est souvent même avec bienveillance que nous avons accueilli des changements technologiques rapides qui renforcent pourtant le potentiel totalitaire du cybercapitalisme. Comment comprendre cette nouvelle forme de servitude volontaire? L'obsession sécuritaire suffit-elle à l'expliquer? Ce dossier se penche sur ces questions dérangeantes et sur les façons de résister à la logique de contrôle qui anime les dérives actuelles, souvent commises au nom de notre liberté.
Dans le contexte de la crise écologique et climatique mondiale, le verdissement du capitalisme, désigné sous l'euphémisme d'«économie verte», s'impose de plus en plus comme la solution miracle. L'idée séduit, mais masque une inquiétante étape de marchandisation de la nature, vue comme un capital au service de la croissance. Comment cela se traduit-il au Québec et ailleurs, notamment en Afrique? Comment prétendre aller vers une transition écologique sans sortir du régime de la propriété privée et du libre-échange? Au nombre des voies alternatives possibles, plus soucieuses d'égalité, de respect des droits et du bien commun, que propose l'écosocialisme municipal?
À lire également dans ce numéro: un débat sur le populisme, un regard sur la trace des femmes dans l'histoire du Maroc, et une analyse de la situation en République centrafricaine.
Dans les Amériques, la francophonie est un archipel de peuples aux histoires contrastées, entretenant des rapports complexes et souvent troubles avec la langue française. Si au Québec, en Acadie et au Canada, cette langue a un caractère identitaire fondamental, pour les Haïtiens, les Antillais et les Autochtones, elle est d'abord la langue du colonisateur. Ce faisant, peut-on envisager, à l'échelle des Amériques, une francophonie qui soit autre chose que le prolongement du schème colonial et impérialiste? Une francophonie d'en bas, fondée sur les échanges et métissages entre les peuples est-elle possible? Le dossier de ce numéro explore ces questions. Ailleurs dans la revue, un débat autour de l'engouement pour la bouffe, un article sur le renouveau du leadership autochtone ainsi qu'un texte sur les 40 ans de la Charte des droits et libertés, entre autres.
Notre rapport au temps est rempli de paradoxes. Dans nos sociétés qui valorisent à outrance la jouissance éphémère d'une consommation sans lendemain, la finitude de nos existences - tout aussi éphémères - tend à être évacuée au profit d'un idéal de jeunesse éternelle ; la révolte est passagère, mais elle sème des germes de changement dans le temps long de l'histoire ; l'expérience de la beauté et de l'infini ne peut se vivre que dans un instant très court ; les oeuvres d'art éphémères laissent des traces plus pérennes qu'on ne l'imagine... Derrière toutes ces apories se dessine la nécessité d'être à l'écoute de la fragilité au coeur de la vie. Ce dossier nous y convie.
Alors qu'un capitalisme toujours plus débridé bouscule les sociétés du monde et précipite la crise écologique et sociale, la notion de progrès qu'il charrie a de quoi laisser perplexe. Ne se limitant plus à l'aspiration - toute humaine - à l'amélioration des conditions de vie, cette notion est plutôt devenue un symptôme du fantasme de la toute-puissance technique et de la maîtrise du vivant. Dans ce contexte, vouloir préserver le monde contre la démesure et la destruction environnementale, faire l'éloge des limites, relève-t-il d'un conservatisme? D'ailleurs, que signifie ce mot dans une perspective de gauche? Dans quelle mesure est-il nécessaire à un réenchantement du monde?
Les attentats de Paris et celui commis au Parlement d'Ottawa l'an dernier ont lancé un nouvel épisode d'une « guerre au terrorisme » sans fin. Plus que jamais la crainte d'un ennemi de l'intérieur et l'idée d'une incompatibilité civilisationnelle entre l'islam et l'Occident s'en trouvent exacerbées. Dans ce contexte, djihadistes et intégristes du marché ne se reflètent-ils pas l'un l'autre, comme les deux faces d'une même logique destructrice? Le terreau civilisationnel des sociétés - notamment celui de l'islam - n'est-il pas riche de ressources indiquant des voies de sorties de cette impasse? Imprimé avant les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, ce dossier offre des clés pour penser ces événements tragiques et les questions de fond qu'ils soulèvent. Ailleurs dans la revue, le carnet de Bernard Émond, la chronique poétique de Natasha Kanapé-Fontaine et, en marge de la COP21, un débat sur l'utilité des grandes conférences climatiques.
En 2016, Relations célèbre son 75e anniversaire ! Pour l'occasion, la revue propose une trilogie avec les trois premiers numéros de l'année, débutant avec le thème « l'amour du monde ». Le combat pour la justice prend appui sur un amour du monde qui embrasse l'amour de la Terre, de la vie, du beau, du juste, mais aussi de ce qui relie entre eux les êtres humains, à travers le désir, l'action collective, l'expression de la liberté, la construction d'un monde commun. Il s'agit du socle fondamental de toute résistance et la créativité y plonge ses racines. Confrontés aux systèmes d'oppression qui détruisent des vies humaines et la cohésion sociale dans de nombreuses régions du monde, les femmes et les plus déshérités ne sont-ils pas au coeur de l'expérience la plus courageuse et la plus mystérieuse de cet amour? Et réussirons-nous à en faire le moteur, à l'échelle planétaire, de la transformation radicale que la crise écologique et climatique nous impose?
La revue Relations poursuit la trilogie qui marque son 75e anniversaire avec le dossier « La résistance, impératif de notre temps ». La résistance est un aspect essentiel de l'existence. Exister, c'est résister à la domination, à la fatalité, à l'impuissance, au mal, à l'injustice. À l'ère du péril climatique, plus que jamais, la résistance est un impératif et le moteur d'un changement radical dans nos sociétés. Elle s'impose aussi contre la déshumanisation qui accompagne la globalisation financière et technoscientifique, et contre les guerres qui touchent des millions de personnes. Chez nous, alors que l'austérité libérale saccage les institutions du commun et nos leviers d'action collective, comment les luttes sociales, écologiques et pour l'indépendance s'organisent-elles pour opposer une résistance globale au projet néolibéral? Avec des textes de Joséphine Bacon et Laure Morali, Dominique Boisvert, Paul Chamberland, André Myre, Jean-Claude Ravet; une entrevue avec la journaliste, essayiste et documentariste Naomi Klein ainsi qu'une table ronde avec Claire Bolduc, Lorraine Guay et Gabriel Nadeau-Dubois.
Pour le dernier numéro de sa trilogie 75e anniversaire, Relations a choisit le thème de « La puissance de la création ». L'acte de créer, d'innover, d'initier de nouveaux commencements est au coeur de l'existence humaine et au coeur du combat pour une société juste. Souhaiter un monde meilleur passe inévitablement par l'acte d'imaginer un monde différent et de lui donner corps. De l'art à la religion en passant par le politique, l'économique et le social, la création est un mouvement d'expressivité et une quête de liberté qui se déploie dans tous les domaines de l'activité humaine. Elle s'ancre dans un héritage qu'elle tente de renouveler, dans une tension qui accouche sans cesse du monde. Aussi dans ce numéro, un débat sur l'avenir du Bloc québécois avec Claudette Carbonneau et Marc Chevrier, un article de Denise Couture sur la Fédération des femmes du Québec, un article d'Eve B. Araoz sur les paradoxes du gouvernement d'Evo Morales en Bolivie, sans oublier le Carnet de Bernard Émond et la chronique poétique de Natasha Kanapé Fontaine.
Dans un contexte mondial caractérisé par une ruée vers les ressources naturelles depuis une dizaine d'années, la vagues d'acquisitions massives de terres à laquelle on assiste relève d'un véritable phénomène d'accaparement. Des millions d'hectares de terres sont appropriés pour l'agriculture industrielle - incluant la production d'agrocarburants -, pour les industries extractives, ou tout simplement pour la spéculation, menaçant la sécurité et la souveraineté alimentaires des peuples au Sud, mais aussi au Nord. Quelles solutions les populations trouvent-elles pour faire face au problème? Quelles alternatives existe-t-il au modèle d'appropriation capitaliste de la terre? Les textes de ce dossier tentent de répondre à cette question « À qui la terre? et analysent l'accélération de l'accaparement et de la dépossession des terres, mais aussi les résistances qui s'organisent pour les défendre. Hors dossier, un débat sur ce que la popularité de Donald Trump révèle de la société américaine, le texte d'Hugo Bonin, lauréat du concours Jeunes voix engagées 2016, et le portrait d'Afra Jalab, pionnière et source d'inspiration féministe en islam.
Le Québec est une des sociétés les plus sécularisées dans le monde. Malgré le peu d'espace que la religion y occupe aujourd'hui dans la sphère publique, on constate néanmoins un regain de l'athéisme militant, notamment dans le cadre du débat sur la laïcité de l'État, jetant le discrédit sur le phénomène religieux. Ce dossier tente d'explorer les visages d'un athéisme ouvert à un dialogue essentiel entre athées et croyants, au-delà de l'affrontement stérile. Salutaire aux uns comme aux autres, ce dialogue permettra d'approfondir non seulement le sens de l'existence, mais aussi celui de la laïcité et de la démocratie, dans une époque où l'argent s'érige à bien des égards comme un nouveau Dieu et son culte comme une nouvelle religion. À lire aussi dans ce numéro: un débat sur le retour du Canada au sein des missions de paix de l'ONU; un texte sur la guerre oubliée au Yémen; et une analyse sur le revenu minimum garanti, mesure qui pourrait bientôt être adoptée au Québec.
Les initiatives et les mobilisations citoyennes autour des questions écologiques sont au coeur de ce numéro d'automne. À mesure que l'urgence climatique s'accentue, ces luttes et revendications prennent une ampleur inédite et inégalée, et ce, partout dans le monde. Comment penser des modes de vie et des rapports au territoire humains et respectueux alors que des grands projets industriels, entre autres, écrasent, envahissent et détruisent? Et quelles initiatives et projets politiques émergent au Québec pour relever les défis de la transition? La rentrée d'automne est également l'occasion d'accueillir deux nouveaux collaborateurs dans les pages de la revue pour l'année 2016-2017: Catherine Mavrikakis et Rodney Saint-Éloi, qui signeront respectivement le Carnet et la Chronique poétique. Également dans ce numéro, un débat sur le financement public des médias d'information ainsi que le second texte lauréat du concours d'écriture Jeunes voix engagées, «Les Égarés» de Marie-Laurence Rancourt.