Filtrer
Éditeurs
Accessibilité
Gallimard
75 produits trouvés
-
Papillon noir ; longer à pas de loup
Yannick Haenel
- Gallimard
- L'Infini
- 15 Octobre 2020
- 9782072898518
"Une femme dit tout de sa vie : l'amour et les désirs, la douleur, la mort.
J'ai écrit ce texte pour le compositeur Yann Robin, mais il se lit aussi sans musique, comme un petit roman intérieur."
Yannick Haenel -
"Au début, il y a le silence. Celui qui m'est nécessaire. Le calme avant d'agir. Arriver avant les patients, avant les premiers appels. Écouter l'immeuble se réveiller, la ville s'animer. Ranger quelques dossiers, trier quelques papiers, regarder le planning, les rendez-vous, débrancher le répondeur, ouvrir l'ordinateur, scanner ce qui n'a pas été fait la veille, trop fatiguée, c'était l'heure de rentrer. Attendre le premier coup de téléphone, la sonnette qui va retentir. Et puis commencer à répondre, à parler, à conseiller, à organiser. La vie quotidienne du médecin s'éveille au rythme qu'il imprime, à la vitesse que les malades imposent chaque jour. Le cabinet reste son antre."
-
'On peut très bien vivre dans des zones contaminées : c'est ce que nous assurent les partisans du nucléaire. Pas tout à fait comme avant, certes. Mais quand même. La demi-vie. Une certaine fraction des élites dirigeantes - avec la complicité ou l'indifférence des autres - est en train d'imposer, de manière si évidente qu'elle en devient aveuglante, une entreprise de domestication comme on en a rarement vu depuis l'avènement de l'humanité.'
Michaël Ferrier. -
"La mort n'a jamais tenu une grande place dans ma vie consciente. Je n'y pense guère et m'en préoccupe encore moins. Mourir au dernier moment, comme disait Céline, avec le courage et la dignité que j'ai vus aux bêtes, avec leur simplicité, voilà ce que je souhaite.
À l'adolescence, alors que je ne m'en souciais pas davantage, il m'arrivait toutefois de me réveiller en sursaut la nuit avec la pensée qu'il allait falloir mourir un jour. Puis ces réveils disparurent.
Plus tard, je m'intéressai aux philosophies antiques qui tiennent la mort pour rien, auxquelles faisait écho ce vers de Mallarmé : "Un peu profond ruisseau calomnié la mort."
J'ai récemment failli mourir du coronavirus."
C. M. -
"Partout le chaos règne, mais ne vous en souciez pas, continuez d'écrire. Ce sont les paroles de mon éditeur. Je lui réponds que j'essaie, que je viens même de terminer un court texte, un récit plus ou moins tragique, une histoire saisissante, je crois."
-
"Il fut un temps où j'avais le sentiment d'avoir saisi l'être de Lacan de l'intérieur. D'avoir comme une aperception de son rapport au monde, un accès mystérieux au lieu intime d'où émanait sa relation aux êtres et aux choses, à lui-même aussi. C'était comme si je m'étais glissée en lui.
Ce sentiment de le saisir de l'intérieur allait de pair avec l'impression d'être comprise au sens d'être toute entière incluse dans une sienne compréhension, dont l'étendue me dépassait. Son esprit - sa largeur, sa profondeur -, son univers mental englobait le mien comme une sphère en contiendrait une plus petite. J'ai découvert une idée semblable dans la lettre où Madame Teste parle de son mari. Comme elle, je me sentais transparente pour Lacan, convaincue qu'il avait de moi un savoir absolu. N'avoir rien à dissimuler, nul mystère à préserver, me donnait avec lui une totale liberté, mais pas seulement. Une part essentielle de mon être lui était remise, il en avait la garde, j'en étais déchargée. J'ai vécu à ses côtés pendant des années dans cette légèreté."
Catherine Millot. -
Une voix blanche, surgie au milieu de la nuit, annonce à Michaël Ferrier la mort de son ami François et de sa fille Bahia.
Dans la dévastation, la parole reprend et les souvenirs reviennent : comment deux solitudes, jeunes, se rencontrent, s'écoutent et se répondent ; les années d'études, d'internat ; la passion du cinéma, de la radio : la mémoire se déploie et compose peu à peu une chronique de l'amitié, un tombeau à l'ami perdu.
Entre France et Japon, Michaël Ferrier redonne vie aux fantômes, aux absents, aux disparus. Il confère aux choses et aux êtres une sombre beauté, celle de la passion de l'amitié. -
Plaisirs ; messages secrets ; entretiens avec Patricia Boyer de Latour
Dominique Rolin
- Gallimard
- L'Infini
- 25 Avril 2019
- 9782072849084
"Avec Plaisirs, j'entrais dans le monde de Dominique Rolin, éblouie par son rire, son courage, ses obsessions et ses dons. Messages secrets est d'une toute autre nature. Elle m'embarque avec elle dans un voyage d'où l'on ne revient pas. Elle le sait, elle m'entraîne et elle sait ce qu'elle fait. Elle sait que je peux l'entendre. Sans hystérie et sans pathos. J'entre dans son rêve. J'en suis la dépositaire. Je dois en transmettre les messages secrets. Je me fais traductrice d'une métaphysique concrète. Je redessine à l'infini l'espace de sa liberté. Et ensemble, nous nous approchons du miroir, le plus près possible de cet inconnu impensable où elle me précède."
Patricia Boyer de Latour. -
"Son heure semble arrivée. Soudain la mort surgit au loin, elle fond sur lui au galop, elle l'atteindra bientôt. C'est une charge de cavalerie qui remonte toute la rue. Manet a voulu voir les émeutes de trop près. Ne t'approche pas des troubles, lui avait pourtant dit son père, mais il a dix-neuf ans, il est un jeune chien fou, il veut toucher les choses du doigt, sentir la colère populaire contre le coup d'État, les manifestations, les cris, les pillages, les barricades en flammes."
Révélation : Édouard Manet (1832-1883) ne serait pas seulement le peintre inventeur de la modernité, il aurait aussi créé dans ses tableaux des centaines d'hommes et de femmes parfaitement vivants et dépositaires d'un grand secret sur eux-mêmes. -
« L'air frais s'engouffrait dans la pièce glaciale et, m'approchant de la fenêtre, je sentis le vide béant sous mes pieds. Sarajevo plongée dans l'obscurité s'étendait au loin. Comme l'imposait le couvre-feu, on ne distinguait aucune lumière scintillant au coeur de la ville. J'imaginai le cours lent de la rivière et au-delà les cimes des montagnes enneigées. Hormis le souffle timide de la brise, quelques rares tirs de snipers et d'éphémères boules de feu explosant sur la colline, le silence enveloppait la nuit. Je me sentais au coeur des ténèbres l'hôte minuscule d'une planète inhabitée, astre au milieu des astres dont l'unique mouvement était désormais la rotation dans l'infini de l'univers. »
Un écrivain séjourne à l'Holiday Inn, l'hôtel où sont regroupés les journalistes du monde entier durant le siège de Sarajevo. Il y retourne vingt-cinq ans plus tard, hanté par le souvenir d'Anna, une anesthésiste romaine rencontrée dans un hôpital. -
Parti sur les traces de son grand-père, acrobate dans un cirque itinérant de l'océan Indien, Michaël Ferrier découvre et revisite une partie méconnue de l'Histoire de France : sur fond de colonisation, le "Projet Madagascar", par lequel les nazis, "rêvant d'étoiles jaunes sur l'île Rouge", visaient à se débarrasser physiquement des Juifs d'Europe.
Roman d'une plongée dans la mémoire et dans l'oubli, qui passe par Hitchcock et par Montaigne, par Paris et par Mahajanga, par Chateaubriand et par le jazz, Mémoires d'outre-mer ouvre à une réflexion sur l'identité française abordée par ses marges et rongée par ses silences. -
Le déplacement : journal des années 1982-1983
Marcelin Pleynet
- Gallimard
- L'Infini
- 11 Novembre 2021
- 9782072966217
Le journal d'une partie de 1982 et de 1983 met en évidence ce qui occupe Marcelin Pleynet et accompagne notamment ses divers voyages et conférences à l'étranger (Allemagne, Italie, Espagne, Portugal, Canada et États-Unis), comme le passage des Éditions du Seuil aux Éditions Gallimard, la revue Tel Quel devenant à cette occasion L'Infini...
-
Le jour de Noël, au petit matin, le narrateur, qui achève un essai consacré aux métamorphoses chez Franz Kafka et Philip Roth, se réveille dans son lit d'enfant transformé en phallus géant. Sa mère, rendue hystérique par cette découverte, s'effondre ; sa famille, alertée, se rassemble à son chevet et s'interroge sur la marche à suivre. Tous s'accordent à dire que le narrateur a tout fait pour, encore une fois, gâcher la fête de Noël. Le roman devient alors un huis clos agité, une circonvolution axée sur la question du familialisme à l'époque moderne.
-
Partout sur la terre de Fukushima, à deux pas des habitations, parfois cachés par un simple rideau d'arbres, de grands sacs noirs s'entassent, remplis de déchets radioactifs - branches, herbes, fleurs, poussière... -, montrant au voyageur stupéfait une image tangible de ce qu'on pourrait appeler la poubellification du monde, ou l'avenir programmé de notre planète. Plus loin, des milliers de réservoirs bleus, de réservoirs blancs, de réservoirs gris : aujourd'hui, et pour des dizaines d'années encore, on refroidit en permanence la centrale en l'aspergeant d'eau. Au contact des réacteurs, l'eau utilisée devient immédiatement radioactive : des centaines de cuves stockent plus d'un million de tonnes d'eau contaminée. Chaque année, le paysage s'obstrue davantage et l'espace de stockage arrivera à saturation en 2022.
Pour résoudre le problème, ou plutôt l'évacuer, des experts commissionnés par le gouvernement recommandent purement et simplement de les vider dans la mer.
Notre ami l'atome est la transposition de trois films écrits par Michaël Ferrier et réalisés par Kenichi Watanabe : Le Monde après Fukushima, 2013, Terres nucléaires, une histoire du plutonium, 2015, Notre ami l'atome, 2020. -
Ils trouent la mémoire, ils révèlent, se vantent. Disent que par eux la vie vaut d'être vécue, même s'ils sont infimes, insignifiants, ou paraissant tels. On ne peut en réalité les juger à la mesure des autres moments ou aspects d'existence. En tout cas, c'est à eux qu'il faut revenir. C'est pour eux, peut-être, qu'a un sens le il faut. Tout d'abord s'adresser aux premiers, ceux de l'enfance. C'est d'elle qu'arrivent les images suspendues, détachées, lumineuses, celles qui font saisir la logique de la foudre. Il faut et il suffit, peut-être, que l'image soit détachée, séparée par son propre choix des autres images, et du flux qui les portait.
J'ai cinq ans. Je vois une bicyclette avancer dans une rue vide, en bas d'une terrasse blanche. Un arbre, un marronnier, sans doute. Je regarde de toutes mes forces celui qui vient sur la bicyclette. -
"Il regarde la grande roue tourner et donner un sens à l'eau, il a la bizarre sensation qu'il est lui-même devenu à la fois la roue et l'eau, comme le fruit d'une inéluctable union, il est en même temps l'artisan et l'outil. Parce que ses questions sont immenses et que toujours il voudra découvrir le lieu où vont se cacher les morts, ses découvertes elles aussi sont devenues immenses."
-
La sainte réalité ; vie de Jean-Siméon Chardin
Marc Pautrel
- Gallimard
- L'Infini
- 3 Janvier 2017
- 9782072701030
"Chardin sait que la révolution se prépare, à Paris et dans le reste du pays, tout va basculer, c'est inévitable, les encyclopédistes vont triompher, le futur est en marche, la guerre du Vrai contre le Faux ne fait que commencer. Ses piètres collègues nouvellement acclamés, les peintres historiques, exposent partout dans les salons leurs grandes toiles néoclassiques, didactiques et poussives? Soit : il leur oppose ses études de têtes au pastel, le portrait de jeunes enfants, un par un, heureux et très sûrs d'eux, pas du tout inquiets, ou également, maintenant, son propre portrait, l'étude de tête de Monsieur Jean-Siméon Chardin réalisée par lui-même."
-
"Dans la tradition des Tombeaux, en quelque sorte, le dernier hommage que l'on peut rendre à ceux dont l'heure ultime nous sépare durablement."
J.M.G. Le Clézio
Autant de manières de célébrer la vie à travers la mort, autant de manières de vivre que de mourir. Jean-Luc Outers renoue donc avec la tradition du Tombeau, tour à tour épitaphe, oraison, pure élégie ou déploration. Se fondant sur des écrits et des témoignages, il donne pourtant le sentiment de raconter des histoires proches de la fiction, dont les héros auront marqué sa vie. Parmi eux, on reconnaîtra les écrivains Henri Michaux, Dominique Rolin, Simon Leys, Hugo Claus... -
Martin Heidegger ; la vérité sur ses Cahiers noirs
Friedrich Wilhelm Von Hermann, Francesco Alfieri
- Gallimard
- L'Infini
- 22 Mars 2018
- 9782072730092
Cet ouvrage propose la première étude critique et systématique des Cahiers noirs de Martin Heidegger.
Lire sérieusement et rigoureusement ses Cahiers noirs ou "carnets" sans idée préconçue et sans précipitation, loin de toute l'instrumentalisation politique et médiatique dont ils ont été le prétexte sans même avoir été lus ni abordés, tenter de dégager patiemment l'économie de leur propos, en pointant leur critique constante de la "barbarie" du national-socialisme, quitte à devoir rappeler qu'il n'y a pas trace en eux d'antisémitisme (que Heidegger lui-même qualifie d'"insensé et blâmable"), telle est l'ambition de ce travail appelé à faire date dans les études heideggériennes. -
"D'après toi, pourquoi Barcelone est une ville libertaire? " me demande Edgar. Cette ville a une énergie folle, dis-je, un feu anime ses rues baignées de soleil. Elle a l'expérience des rébellions. Les femmes sont à l'aise. Le climat est favorable. La jeunesse s'y réjouit... Barcelone, grande enchanteresse!
Port ouvert sur la Méditerranée, elle a brûlé plusieurs fois au cours de ses deux mille ans, elle brûlera encore... -
La couleur et la parole ; les chemins de Paul Cézanne et de Martin Heidegger
Hadrien France-lanord
- Gallimard
- L'Infini
- 26 Avril 2018
- 9782072787010
"En 1958, Martin Heidegger déclare à Aix-en-Provence : "J'ai trouvé ici le chemin de Paul Cézanne auquel, de son début jusqu'à sa fin, mon propre chemin de pensée correspond d'une certaine manière." Quel est le sens d'une telle déclaration où se rencontrent la philosophie et la peinture, mises sur le même plan ? Tel est le point de départ de ce livre, qui est aussi une réflexion sur la correspondance entre deux révolutions de pensée presque contemporaines : celle de l'art moderne puis celle de la phénoménologie. Mais dans la perspective de cette correspondance, il ne s'agit pas moins de mettre la peinture en dialogue avec la pensée philosophique que de nourrir la philosophie à partir d'une expérience incarnée de la pensée et du regard cézanniens. Dans l'un et l'autre sens sont en jeu, à travers la couleur et la parole, l'aventure humaine d'exister et la signification, inhérente à l'existence, de la responsabilité envers le monde - notre monde - aujourd'hui."
Hadrien France-Lanord. -
Pour des générations de lecteurs, Montaigne a laissé l'image d'un homme qui prend ses distances avec les soucis, les conflits, les maladies, dont la 'douce sagesse' se plaît dans 'la retraite au sein des Muses', dans sa fameuse tour-bibliothèque.
Cette image académique d'un sage à la mode antique et d'une oeuvre, les Essais, compilant les maximes morales et qui pourrait servir de manuel de 'savoir-vivre en une société bien élevée', est ici vigoureusement battue en brèche. C'est un Montaigne aux aguets, traversé d'interrogations, que l'on découvre ici, un homme en perpétuel état d'attention éveillée. Montaigne refuse de prendre son parti des horreurs du temps, sans pour autant s'illusionner sur les résultats de la quête d'idées claires et distinctes que l'on pourrait tenir pour acquises : 'c'est l'incertitude qu'on trouvera au bout du chemin de pensée'.
L'époque de Montaigne se montrait tout aussi extravagante que la nôtre, ses réflexions sont aussi d'une brûlante actualité et demeurent des réflexions pour notre temps. -
Cela commence devant la statue de Balzac, au carrefour Vavin. Une étrange expérience ébranle le narrateur, Simon Malve. Une force le saisit, réduisant en miettes tous les cadres. De là une initiation à la liberté la plus absolue, qui comporte à un moment une visite au pays des ombres. Séjour chez les spectres, dans les profondeurs de Paris. La visée de ce voyage : traverser sa propre mort pour rejoindre ce qu'il y a de plus vif en soi. Cette expérience dantesque, chacun peut la faire. "Il faut que tu saches que cela se déroule maintenant. Rien ne te sépare de ce qui arrive", dit le texte. Pourquoi lire, en effet, sinon pour se confronter simultanément à une capture et à une délivrance?
-
Je marche tous les jours, par tous les temps, même les nuits pluvieuses. Les villes d'Asie ne dorment jamais à poings fermés. Moi non plus, depuis le jour-sans-nom. Pékin me convient. Mes insomnies trouvent là un terrain idéal. Je ne m'endors qu'au petit matin, quand le ciel blanchit. Liu Dan lui aussi travaille la nuit, dans son grand atelier dans l'Est, en haut d'un gratte-ciel. Il lit beaucoup, se laisse imprégner par certaines pensées, se dégage du temps, de la ville, des inconvénients. Il ne craint pas d'être seul. La solitude lui permet d'avancer dans la direction qui lui sied. Il avance, et peint ce qui est, déjà, la Renaissance de la Chine, après une longue période d'ombre. Ce qui ne va pas sans changement majeur. L'art n'est pas un domaine refermé sur lui-même, et Liu Dan, qui n'a que faire de politique, prépare évidemment la révolution des profondeurs : la révolution des pierres, triomphante car sans but, sans dessein, et patiente. Liu Dan est le peintre des pierres intérieures. Celles qu'on ne peut ni saisir ni briser.