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L'Arbre vengeur
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Ne jamais sortir de chez soi en pantoufles avec ses clefs à l'intérieur ! Ou alors être prêt à l'aventure urbaine et sociale. Le héros de cette épopée urbaine va éprouver le pouvoir de ses charentaises et de quelle manière sa vie, pourtant si banale, peut en être changée. Face à ses collègues de travail, sa famille, ses amis, les forces de l'ordre, voire la confrérie des farfelus, il se lance pendant plusieurs jours dans un combat inattendu pour imposer sa si tranquille façon de marcher et de regarder les gens, à hauteur de chaussettes. Ce numéro de funambule s'achèvera devant un spectacle de Guignol, joliment.
Luc-Michel Fouassier est né en mai 68, non loin des pavés, en région parisienne. Ses premiers livres ont paru en Belgique. Au contact de nos amis wallons, il a acquis la conviction que l'humour bien troussé et bien chaussé reste le moyen de lutter le plus efficace contre les fâcheux de tous poils. Il a publié chez Quadrature et Luce Wilquin, notamment Le Zilien, préfacé par Jean-Philippe Toussaint. -
Victor Bâton vit dans l'obsession de se faire des amis. Trentenaire qui tire le diable par la queue mais se refuse à travailler, il subsiste de sa pension et parcourt la ville dans des vêtements usés qui ne le rendent guère séduisant. Pourtant il s'accroche à chaque rencontre, se fait un espoir de chaque regard et n'en finit pas de s'inventer un avenir qu'une magnifique amitié illuminerait. Dans un Paris sans lumières, il nous raconte sa quête sans jamais cesser d'interroger ses mobiles, ses soupçons, ses craintes et ses dépits.
Avec ce premier roman, Emmanuel Bove bouleversa la littérature française : son écriture, qui allie densité du style et simplicité formelle, ironie mordante et compassion, a traversé le temps.
Mes amis est un chef-d'oeuvre, de ceux qui touchent chaque lecteur.
Emmanuel Bove (1898-1945) ne connut qu'une gloire éphémère, après avoir été remarqué par Colette, dès la parution de son premier roman Mes amis en 1924. Ne consacrant sa vie qu'à la littérature, il publia ensuite à un rythme soutenu et luttant toujours contre des conditions de vie précaires, romans, nouvelles et reportages. Oublié sitôt après sa mort, il fut redécouvert dans les années 70 grâce à Raymond Cousse. Notre réédition de Mes amis a été un beau succès critique et commercial. -
« Je pensais souvent à ce cinéaste japonais, Ozu, qui avait fait graver ces simples mots sur sa tombe : « Néant ». Moi aussi je me promenais avec une telle épitaphe, mais de mon vivant. »
Adolphe Marlaud habite un appartement avec vue sur le cimetière qui domine la rue Froidevaux, une de ces rues où « on meurt lentement, à petit feu, à petits pas, de chagrin et d'ennui. » N'ayant réussi à n'être ni fantôme, ni homme invisible, en exil, cet étrange voyageur d'hiver s'est fixé une ligne de conduite : « vivre le moins possible pour souffrir le moins possible. »
C'est sans compter sur Madame C., sa concierge, qui guette amoureusement son passage du haut de ses deux mètres pour le contraindre à des actes que la pudeur réprouve.
Né en 1944 à Libourne où il revint mourir en 1993, Jean-Pierre Martinet a publié peu de livres. D'abord assistant-réalisateur à l'ORTF, il renonce au cinéma. Il se consacre à la critique et c'est sans doute à lui que l'on doit la redécouverte d'Henri Calet. Il est l'auteur de La Somnolence (1975), de Jérôme (1978), son chef-d'oeuvre, « un sommet dans l'épouvante » (A. Eibel), tous deux réédités chez Finitude avec succès, et de L'Ombre des forêts(1987) et de nouvelles publiées en revues. -
Anatomie de l'amant de ma femme
Raphael Rupert
- L'Arbre vengeur
- L'ARBRE VENGEUR
- 20 Décembre 2018
- 9782379410222
Architecte en fuite, le héros de ce premier roman est un bavard qui cause beaucoup de lui-même et de son grand projet : écrire un roman. Et tant pis pour sa femme elle-même auteure un peu en vue. Lui ne sait pas trop comment engager l'affaire mais il a une idée ou plutôt un personnage, plutôt vague : un officier SS pétomane... Tournant, virant, théorisant, il rame sacrément. Jusqu'au jour où, par dépit, il ouvre le journal intime de sa femme et y découvre qu'elle a sans doute un amant, un certain Léon, particulièrement bien monté. Le ton est donné, il ne va avoir de cesse de retrouver l'impétrant pour comprendre l'attrait irrésistible qu'il exerce sur sa compagne.
Désolant d'incertitude mais plein de théories (pas si fumeuses que ça) sur la littérature, le narrateur cause et nous réjouit.
Raphaël Rupert débute dans le métier d'écrivain avec ce premier livre qui témoigne tant d'une belle culture que d'une insolence amusante et culottée, maniant les théories en les faisant fumer allègrement. Provocateur alerte, il impose son doigté en appelant un chat un chat, sans hésiter à nous conter dans le détail la terrible histoire de la bite à Léon.
Il est urbaniste de profession. C'est un être urbain et pondéré. -
Quand nous découvrons Geoffroy, le héros navrant de ce roman, il est coincé dans un ascenseur, triste métaphore d'une existence placée sous le signe de l'échec malgré des tentatives pour sortir du cadre. Doté d'un jumeau expansif à qui tout a réussi, il végète dans une entreprise de commerce aberrante dont il va claquer la porte pour trier des pommes. Abandonné par la femme aimée, repéré par une metteuse en scène d'avant-garde dont il va subir les (hilarantes) idées modernes, il subit les autres sans cesser de se questionner, tant sur son absurde parcours que sur sa capacité à tout supporter. Il faudra un ficus compatissant, celui de son psy, pour qu'il ose enfin envoyer chier ceux qui le méritent.
Très drôle, cette "tragédie intime et bouffonne" séduit par son incongruité ironique.
Catherine Logean est native du Valais en Suisse. Elle a grandi dans un petit village en pente du val d'Hérens qui a fait d'elle une montagnarde, avant des études de Lettres à Genève où elle enseigne désormais dans un lycée. Ses penchants littéraires la poussent vers l'humour et l'invention verbale. Elle aime à citer parmi les écrivains qui lui sont chers Salman Rushdie, Eric Chevillard et surtout Nicolas Bouvier : L'Usage du monde a été pour elle une révélation. -
Un tueur en série qui massacre les femmes avec un fer à cheval, un commissaire qui roupille tout le temps, un apprenti détective désoeuvré qui résout l'énigme tout en cherchant son père biologique, une petite ville où boire est le seul remède à la mélancolie, tels sont quelques ingrédients de ce faux polar style Série noire, mais vrai numéro de voltige à la Bartelt qui se lance dans un roman comme un jockey dans un tiercé, avec comme cravache des phrases parfaites et absurdes, des aphorismes hilarants et des décors gris comme une orange. C'est irrésistible quand attend d'un auteur qu'il vous emporte où il veut, et si possible loin de vos pompes, of course... Dans ce petit roman, c'est la quintessence d'un auteur au galop unique, au trot entêtant, au pas cadencé. Un bonheur.
Franz Bartelt est un écrivain français prétendument né dans les années 40. Il commence à écrire tôt mais publie plutôt tard, après avoir connu la vraie vie et notamment l'usine (de papier, of course). Avant la quarantaine il se fait écrivain, enchaînant les livres, notamment chez Gallimard où il connaît le succès. Il fait rire son monde, passant de la dramatique au polar (avec deux Série Noire mémorables), et de la nouvelle au roman.
Il est Ardennais, ce n'est pas la moindre de ses qualités. -
L'homme qu'on appelait Jeudi ; un cauchemar
Gilbert Keith Chesterton
- L'Arbre vengeur
- L'ARBRE VENGEUR
- 20 Novembre 2020
- 9782379411540
L'homme qu'on appelait jeudi ; un cauchemar (The Man Who Was Thursday : A Nightmare paru en 1908 est le plus célèbre "thriller métaphysique" de Chesterton. Sa traduction (de 1911...) méritait sérieusement un rajeunissement, d'autant qu'il manquait des passages...Ce roman est considéré comme une oeuvre charnière du XXe siècle, entre Lewis Carroll et Kafka ou Borges qui d'ailleurs le vénérait.
Plus qu'un roman policier, il s'agit aussi d'un roman d'aventure, d'une sorte de vaudeville, d'apologue, de variation philosophique et humoristique qui en fait un objet littéraire inclassable et qu'on peut lire à plusieurs niveaux. Autour d'un mystérieux complot anarchiste, GKC tresse un entrelacs de rebondissements qui surprennent et ravissent.
Gilbert Keith Chesterton (1874-1936), essayiste, poète et romancier né à Londres est considéré (depuis Kafka et Borges) comme l'un des plus grands écrivains anglais du XX° siècle. Infatigable, il est l'auteur de centaines d'articles, de poèmes, de contes et de quelques romans. On lui doit pas moins d'une centaine d'ouvrages. Son Père Brown lui vaudra une reconnaissance qui ne se dément plus. Il est l'auteur, entre autres, du Napoléon de Notting Hill et du Club des métiers bizarres. -
Sous le verre transparent d'un vaste pyramide, sous les hauts plafonds d'un palais transformé en musée, s'agite, parfois lentement, tout un peuple de déclassés qui font tourner la mécanique huilée du tourisme de masse, dans un silence qui n'est pas toujours résigné. Le héros qui raconte son aventure fait l'expérience de la manière dont l'ennui absolu peut être transmuté en révolte, de la façon dont, en s'accrochant aux livres et parfois aux autres, on peut survivre au vide qui engloutit tant et tant de costauds qui n'en finissent pas de s'effriter à longueur de mornes journées.
Journal qui ne dit pas son nom, La méfiance du gibier fragmente une expérience pour en exprimer autant l'horreur que la beauté, celle qui naît des moments de désespoir.
Stéphane Guyon est né de passage à Niort, en 1979. Après des études de littérature qu'il mène à Paris tout en exerçant une multitude de métiers, il publie deux romans aux éditions de la Différence (La Fausse, 2004 et Ici meurent les loups, 2015). Il enseigne désormais courageusement, pas très loin d'un beau massif montagneux. Quand on lui demande de citer des noms qu'il admire lui viennent ceux de Nathalie Quintane, Hélène Bessette, Laura Vazquez ou Valérie Mréjen. -
Voici un livre qui paraît modeste et qui est pourtant un des plus beaux que nous ait offert la littérature anglaise. Un roman d'amour qui raconte la passion impossible qu'une femme et un homme (emprisonné injustement et à vie) se vouent et qui vont devoir se réfugier dans le monde du rêve (le "rêver-vrai") pour vivre leur bonheur. Du Maurier ne se savait pas romancier, il confia son idée de sujet à son ami Henry James qui l'invita à se lancer et à ne pas abandonner une si belle idée. C'est donc en "amateur" et avec une belle naïveté que l'auteur s'est lancé dans cette aventure littéraire qui fascina les surréalistes et tous ceux que l'onirisme fascine. On sort de ce livre, paru en 1892 mais tellement "neuf" dans son regard sur l'amour, comme lustré de beauté et de joie.
Né d'une famille française émigrée en Angleterre sous la Révolution, George Du Maurier (1834-1896) grandit dans une maison des Champs-Élysées, puis à Boulogne, des lieux qui le hanteront. De retour à Londres, en 1860, il passe de la chimie à l'art, travaillant à Punch et au Harper's Magazine fustigeant en mots et en images la classe dominante et la petite bourgeoisie. On lui doit Peter Ibbetson, Trilby, sur sa vie de bohème, et un posthume The Martian. Ses nouvelles ont été éditées en 1947. -
Au coeur de l'Amazonie, deux pirogues remontent le fleuve. deux personnages au-delà de Manaos vivent ensemble des épreuves sans cesse renaissantes dans un monde animal et végétal aux proportions gignatesques : confrontation entre l'homme et la forêt vierge, divinité dont le règne est intemporel et redoutable.
La souveraineté de la nature à travers des rites fantastiques, où passé et présent irréel se conjuguent, s'impose aux héros à leur arrivée chez les Indiens.
Et sur la nature toute-puissante, la connaissance donnée à l'homme lui assure-t-elle la victoire ?
Michel Bernanos (1923-1964) connut vraiment un destin tragique d'écrivain, supportant le patronyme de son père, géant intimidant de la littérature du XX° siècle. Il n'aura jamais pu mesurer la portée de son travail, ses oeuvres principales paraissant après son suicide. On lui doit surtout le cycle fantastique et initiatique centré autour du roman La Montagne morte de la vie (1967) auxquels s'adjoignent Ils ont déchiré son image et L'envers de l'éperon. -
Un combat de boxe c'est quinze rounds de violence, de calcul, d'espoirs, de renoncements, d'erreurs tactiques, de beaux gestes fulgurants, c'est un jeu de massacre dont il faut sortir à temps, c'est une course contre soi-même et contre l'autre, l'adversaire qu'on croit battre et qui se relève sans fin jusqu'au moment où c'est lui qui vous abat. Quinze rounds c'est le récit halluciné d'un homme devenu fou qui revit sans fin, devant qui veut l'entendre, le calvaire de son dernier combat, celui de trop, celui dont on ne se remet pas. Raconté minute par minute, il nous tient entre les quatre cordes de ce récit syncopé, virtuose, frénétique, exténuant, toujours à la lisière de l'épuisement. Rarement boxe et littérature auront aussi bien dansé ensemble.
Henri (ou Henry) Decoin a connu plusieurs vies qui font de lui une figure pour le moins originale du XX° siècle : sportif de haut niveau par hasard, journaliste par vocation, héros de guerre par nécessité, écrivain par circonstance, patron de salles de boxe ou de journaux et surtout cinéaste de renom pendant plusieurs décennies, il illustre cette capacité de certains à tout essayer, pour le meilleur. On lui doit quelques films restés fameux, dont Les amoureux sont seuls au monde. -
L'homme que les arbres aimaient
Algernon Blackwood
- L'Arbre vengeur
- L'ARBRE VENGEUR
- 23 Avril 2020
- 9782379410482
Considéré par Lovecraft comme son égal, célébré pendant des décennies comme l'un des maîtres du fantastique, Algernon Blackwood n'a pas en France le public qu'il mérite. La richesse de son oeuvre, la puissance de son inspiration, qui va chercher jusqu'au fond des forêts les mystères qui hantent l'humanité, et sa maîtrise narrative lui vaudraient pourtant de nombreux lecteurs. C'est que Blackwood n'est pas de ces bricoleurs d'épouvante qui se ressemblent tous. Avec lui c'est toute la Création et la Nature, à la fois attirantes et inquiétantes, qui sont convoquées face à des hommes effarés de découvrir ce que leurs âmes recèlent.
La formidable puissance de suggestion de ce génie de l'étrange, de cet homme que les mots aimaient, se retrouvera dans les cinq longues nouvelles choisies ici.
L'Écossais Algernon Blackwood (1869-1951) émigre au Canada puis à New York où il commence à écrire. Son premier livre John Silence, enquêteur de l'occulte, rencontre le succès : il devient l'un des plus prolifiques conteurs d'histoires de fantômes et de mystères, maître de la littérature d'épouvante. On lui doit quinze romans dont trois pour enfants, une centaine d'essais, plus de deux cents nouvelles compilées dans de nombreux recueils. Quatre recueils sont parus en France dans les 60's. -
Maîtres du vertige : six récits de l'âge d'or
Serge Lehman
- L'Arbre vengeur
- L'ARBRE VENGEUR
- 1 Octobre 2021
- 9782379412745
La SF française, même si le terme n'existe pas encore ici, connaît son premier âge d'or de 1918 à 1935.
Le genre est identifié dès la fin du XIXe grâce aux succès de Verne et Wells. Les Anglais l'appellent « scientific romance », les Français « roman scientifique » ou « merveilleux-scientifique » selon Maurice Renard. Porté par un élan fondateur jusqu'au déclenchement de la Grande Guerre, le genre se relance après et entre alors dans une période faste où les thèmes classiques sont déployés et raffinés à l'extrême : entités mystérieuses, savants fous, fins du monde, quatrième dimension... 2500 oeuvres négligées pour la plupart
Six de ces oeuvres sont rassemblées ici, précédées d'une longue introduction de Serge Lehman qui revient en détail sur la naissance de cette SF française des origines.
Serge Lehman est né en 1964 dans la banlieue sud de Paris. Romancier et nouvelliste (la trilogie F.A.U.S.T.), scénariste pour le cinéma (Immortel d'Enki Bilal) et la bande-dessinée (La Brigade chimérique, L'homme gribouillé), il est aussi l'auteur de plusieurs études et anthologies consacrées au « merveilleux-scientifique », cette science-fiction française des origines dont le souvenir s'est perdu après la seconde guerre mondiale et qu'il est temps de redécouvrir. -
Ibycus ou les aventures de Nezvorov
Alexei N. Tolstoi
- L'Arbre vengeur
- L'ARBUSTE VEHEMENT
- 23 Avril 2020
- 9782379410604
Côté cour, Sémion Ivanovitch Nevzorov partage son existence entre de vagues rêveries de midinette et quelques polissonneries avec sa maîtresse Knopka. Côté rue, la monotonie des semaines de bureau n'est guère rompue qu'à l'occasion des heures passées au cabaret du Pôle Nord. Ses camarades de beuverie n'accordent donc guère crédit aux propos d'une voyante qui prédit à notre homme un destin rempli d'aventures variées. C'est alors que la guerre puis la révolution russe se chargent de réaliser les prophéties en propulsant Nevzorov dans un tourbillon. Tolstoï utilise son talent fabuleux au service du plus échevelé des romans-feuilletons, et la vie du héros se confond bientôt avec une suite déchaînée de péripéties qui le mènent de Saint-Pétersbourg à Istanbul en passant par Odessa.
Alexeï Nikolaïevitch Tolstoï (1883-1945) né sur les bords de la Volga, passe son enfance entre la nature et les livres. Après des études d'ingénieur il décide de se consacrer à la littérature pour devenir rapidement un écrivain reconnu. Émigré en France, il rentre après la Révolution et se faire élire député, acceptant une position d'écrivain officiel qui lui permet d'écrire librement et beaucoup, du roman fantastique au texte pour la jeunesse, dont La Petite clef d'or devenu un classique. -
Saint-Just & des poussières
Arnaud Maïsetti
- L'Arbre vengeur
- L'ARBRE VENGEUR
- 19 Août 2021
- 9782379412622
Il y a un réel défi à oser aborder la figure du révolutionnaire Saint-Just avec le prisme de la littérature sans renoncer à en éclairer la dimension politique. Arnaud Maïsetti s'est approché de cet astre qui n'en finit pas de brûler pour nous raconter, pas à pas, le parcours d'un jeune homme à la beauté ambiguë qui usa d'une langue emportée pour dénoncer, dénoncer sans fin et jusqu'à la lie l'injustice faite à l'homme. Longeant l'Histoire avec les libertés de l'écrivain, l'auteur nous conte au plus près, au plus fort, les soubresauts de celui qui conquit le pouvoir avec son alter ego Roberspierre pour venger le sort de ceux qui ne l'eurent jamais. Un livre de poussière et de lumière, un livre fort, fait de tremblements et d'exaltation pour nous exposer une figure qui nous hante sans fin.
Arnaud Maïsetti est né à la fin du siècle dernier. Il vit et écrit à Marseille. Il est l'auteur de deux livres : Où que je sois encore au Seuil, et un essai biographique Bernard-Marie Koltès aux éditions de Minuit. -
Augustus Carp par lui-même
Henry Howarth Bashford
- L'Arbre vengeur
- EXHUMERANTE
- 23 Avril 2020
- 9782379410529
Ce n'est pas la moindre qualité des Anglais que de savoir se moquer d'eux-mêmes. Cette disposition à l'humour qui les caractérise engendre parfois l'apparition d'un objet insolite dont la démesure comique sidère. Avec Augustus Carp, écrit sous couvert d'anonymat par un digne médecin de la cour, on tient une de ces exceptions qui provoquent l'hilarité universelle. Le héros et narrateur de ce livre, outre son profil de goinfre, possède les plus remarquables qualités qu'on espère d'un hypocrite complet : ignorance colossale, avarice, puritanisme, paranoïa procédurière, délation instinctive et on en passe. Parodiant avec génie le genre autobiographique, ce roman peint le portrait d'une famille où l'imbécillité est un étendard dans lequel on ne cesse de se prendre les pieds.
Sir Henry Howarth Bashford (1880-1961) était d'abord le médecin de la couronne britannique, anobli par George VI. On lui doit quelques livres spécialisés et des recueils de poésie. Ce n'est qu'après sa mort que sa fille reconnut qu'il était l'auteur d'un livre parfaitement excentrique paru en 1924 : Augustus Carp, Esq., by Himself: Being the Autobiography of a Really Good Man. Il a fallu attendre quatre-vingts ans pour le lire en français grâce à son traducteur Éric Wessberge. -
Raconté par un homme vieillissant que la vérole a défiguré mais qui reste précieux car il sait inséminer les fleurs du vanillier, Les Tortues nous plonge dans un épisode dramatique de la vie de ce survivant : une épidémie qui ravagea l'équipage d'un bâteau de trafiquants transportant des tortues géantes. Au son des carapaces s'entrechoquant, dans l'angoisse d'un navire noir qui les poursuit, les hommes ont vécu dans l'espoir d'un trésor sans cesse plus éloigné. Incapables de se libérer de leur prison sur les eaux, ils ont dû affronter leur propre terreur, la variole et enfin la mort tapi dans l'ombre.Inspiré par Melville, envahi par les vapeurs alcoolisées qui rappellent Lowry, dans une ambiance à la B.Traven, ce roman symbolique est un des diamants noirs de la littérature du XX° siècle.
Loys Masson (1915-1968) est originaire de l'Ile Maurice. Débarqué à Paris au tout début de la guerre, il entre dans la Résistance dont il deviendra un des plus grands poètes. Chrétien et communiste, Secrétaire du Comité National de la Résistance puis rédacteur en chef des Lettres Françaises, il se consacrera ensuite exclusivement à l'écriture: poésie, roman, théâtre, pièces radiophoniques. On lui doit notamment Les Tortues (1956), chef-d'oeuvre méconnu et Le Notaire des Noirs (1962). -
Ce roman commence par l'aveu d'un triple meurtre commis soixante ans plus tôt au coeur de l'Australie la plus fruste : sur son lit de mort, un vieillard s'accuse de la mort de trois des dix enfants Murphy, et c'est comme s'il voulait emporter avec lui outre-tombe la gloire de ce forfait monstrueux. Mais l'un des derniers survivants de la fratrie refuse à ce drame qui a détruit sa famille un épilogue aussi banal. Seul de cette lignée de paysans rudes et taiseux à avoir étudié, voyagé et connu le monde, il possède les mots, la mémoire et surtout l'orgueil nécessaires pour comprendre et reconstituer enfin comment, un soir de Noël 1898, la barbarie la plus archaïque a pu bouleverser l'ordre d'un monde figé par la peur. La vérité, avec ses failles et ses troubles, va se faire jour au fur et à mesure qu'il réincarne les protagonistes, se tenant à côté des derniers survivants que ces crimes anciens semblent maintenir en vie : car tous savent que l'un d'entre eux a du sang sur les mains. Composé en trois semaines par un auteur en transe, Secrets barbares est de ces romans puissants et sauvages qui captivent et ébranlent leurs lecteurs tant ils semblent fouiller dans ce que l'humain a de plus caché.
Rodney Hall (1935-...) est considéré comme un des plus grands écrivains australiens vivants. Il migre en Australie après la Seconde Guerre mondiale. Étudiant à l'Université du Queensland, il devient critique littéraire et décroche de petits rôles au cinéma. Poète, il s'intéresse au roman dès 1972. De 1991-1994, il est membre du Australia Council for the Arts.
Il reçoit le prix Miles Franklin en 1982 et 1994 et a été reçu membre de l'Ordre d'Australie. -
Vache tachetée et concombre fugitif
Octave Mirbeau
- L'Arbre vengeur
- EXHUMERANTE
- 12 Mai 2020
- 9782379410963
Publiés dans la presse à un rythme soutenu, les contes de Mirbeau ont souvent été négligés par leur auteur qui les prétendait alimentaires... Ressortis après sa mort par sa veuve, on a découvert à quel point ils étaient subversifs et drôles. Composés pour une presse bourgeoise, ils s'en prennent à la bonne conscience, au confort moral et intellectuel de lecteurs qu'il espère bousculer. Les hommes vivent dans un troupeau voué à l'abattoir sinon aux urnes... Les thèmes en sont tragiques ou grinçants, les ressorts en sont comiques, élaborés dans le cadre d'une véritable volonté de démystification : du cynisme, du cléricalisme, de l'hypocrisie... Polémiques, radicaux, ils témoignent de la vigueur de l'un des auteurs les plus saisissants et les plus inspirés de la supposée "Belle Époque"...
Octave Mirbeau (1848-1917) toujours très lu, est considéré comme une des grandes plumes fin-de-siècle. Journaliste, pamphlétaire, critique d'art, romancier et auteur dramatique il a imposé avec Le Jardin des Supplices, Le journal d'une femme de chambre, Les Vingt-et-un jours d'un neurasthénique, son théâtre (Les Affaires sont les Affaires), sa voix d'écrivain engagé, libertaire et individualiste. Curieux inlassable, il a découvert nombre de peintres et d'écrivains devenus incontournables. -
1745. Agent de Charles Stuart qui entreprend la reconquête du trône anglais, le jeune Alastair Maclean croise les destinées de Midwinter, curieux seigneur des marges anglaises ; de la belle Claudia Norreys et de son traître et veule époux ; de Nicholas Kyd, bon vivant ambigu ; et de l'absurde et sagace Samuel Johnson, qui deviendra son fidèle ami. Dans une sauvage Angleterre magnifiée par l'hiver, Alastair achèvera, dans la douleur, une éducation sentimentale et guerrière des plus mélancoliques. Ce roman historique haut en couleurs et en rebondissements, inédit en France, rappelle le génie narratif de ce grand auteur britannique qu'est John Buchan. Il est mené tambour battant, à bride abattue et enthousiasmera ceux qui aiment que l'Histoire soit magnifiée par une belle écriture.
John Buchan (1875-1940) Écossais, homme d'état, Gouverneur général du Canada, fut d'abord responsable de l'Intelligence Service puis Ministre de l'information. Avant tout c'est un écrivain prolifique et célébré de romans d'aventures, historiques, fantastiques et d'espionnage et éditeur chez Nelson. On lui doit des livres majeurs régulièrement redécouverts qui ont enchanté la jeunesse de plusieurs générations : Salut aux coureurs d'aventures, Les 39 marches, La Centrale d'énergie, Le manteau vert -
Sous la patronage du Zeno de Svevo obsédé par sa tabagie, Raphaël Rupert nous raconte la vie d'Hector Schmidt au prisme de la migraine (classée 20° maladie au monde par l'OMS...) qui le poursuit et l'accompagne depuis l'enfance. Maladie par excellence des écrivains ? s'interroge le narrateur qui n'est jamais en mal de référence. Hugo, Balzac, Maupassant, Sand, Stendhal, Flaubert, Gide ont tous contribué à l'anthologie des grands migraineux de talent. On en parle, on l'étudie mais on ne la vainc jamais. Alors une fois que l'on a tout dit, c'est peut-être la littérature qui peut essayer d'éclairer cette part d'ombre. Dans ses pages, le héros à la tête hachée, après avoir tenté la psychiatrie, interroge, subit, raconte, tente des expériences qui vont le mener dans des lieux inattendus.
Raphaël Rupert a débuté avec Anatomie de l'amant de ma femme, premier roman qui a rencontré un vif succès, aidé en cela par l'attribution du prix de Flore en 2018, puis sa parution en folio. Provocateur à l'air angélique, il se permet des propos culottés qui ont tendance à défriser les pudibonds, qui en font (des bonds).
Cet être urbain et pondéré est urbaniste de profession, il vit à Paris, loin de Saint-Germain des Prés, ce qui n'est pas bien grave. -
Les hypothèses de l'échec ; O.Henry, nous voilà ! d'Antoine Blondin
O.henry, Antoine Blondin
- L'Arbre vengeur
- EXHUMERANTE
- 18 Mars 2021
- 9782379411861
Huit nouvelles sur l'imposture qui mettent en scène des New Yorkais pathétiques ou malins. Une manière en huit variations de découvrir l'étonnante palette comique de cet humoriste qui fit la jonction entre Twain et les comiques du New Yorker, doué d'un sens du récit qui en fait un modèle pour une ribambelle d'écrivains américains. Son univers amusant l'a malheureusement coupé d'une partie d'un lectorat, surtout en France, qui n'a vu en lui qu'un humoriste là où il y avait bien du Tchékhov (en moins slave).
C'est un des plus célèbre prisonnier de la littérature.. O.Henry (1862-1910), de son vrai nom William Sydney Porter, a effectivement fait trois ans de prison au motif qu'il aurait détourné de l'argent lorsqu'il travaillait dans une banque. Il avait commencé dès 1884 à écrire des chroniques humoristiques. Libéré, il se consacre à plein temps à la rédaction de nouvelles (400..) qui lui vaudront la gloire, posthume notamment. New Yorkais, il a fait de sa ville le décor de ses hilarantes histoires. -
Dans chaque récit qui nourrit ce roman choral, s'entrechoquent, avec humour et dérision, des petites destinées et des grandes déconvenues : lignes de vies qui s'entrecroisent d'un chapitre à l'autre, engendrent des rencontres improbables, des occurrences impromptues et des destins incertains, suscitent des envies de sexe et de meurtre. Et attirent des convoitises d'argent rapide.. Des mensonges anodins et des grandioses impostures. Des accès de cupidité et des personnalités doubles. Des vies ratées et des espérances déçues. Pendant qu'autour d'eux se vide le canal Saint-Martin pour son nettoyage décennal. Il découvre les débris, les rebuts et les objets obsolètes enfouis dans la fange et la boue. Et met au grand jour tout ce qu'on aurait tant souhaité dissimuler...
Gilles Verdet est né à Paris dans le quartier Ménilmontant en 1952. Il a fait des Études classiques chez les Bons Pères Oratoriens, c'est dire s'il revient de loin. Il a travaillé tôt et toute son existence, de disquaire à photographe en passant par marchand de bière (et non de cercueils) et dialoguiste pour la télévision. Il écrit surtout, pas loin du périphérique, "ce cerceau noir de la poésie urbaine". Il est enfin romancier, notamment d'un excellent Série Noire, Une Arrière Saison en Enfer. -
Surgissant au Nord de la France, la maladie bleue s'attaque aux métaux qu'elle détruit impitoyablement et se répand dans l'Europe avant de gagner le monde entier. Engendrant un chaos sans nom qui révèle les pires penchants de l'espèce humaine, cette apocalypse inattendue va réveiller une humanité endormie, la pire qui se déchaîne, et la meilleure qui va trouver une occasion de rédemption. Politique, satirique, saisisant dans sa peinture des moeurs et des comportements, La mort du fer impressionne par sa capacité à nous emporter dans une fable réaliste et sa volonté de nous édifier sans cesser d'être littéraire. Un petit chef-d'oeuvre inconnu du roman d'anticipation.
Serge Simon Held (S.S.Held) est un illustre inconnu qui ne s'est pas remis de l'échec de son premier roman La mort du fer, paru chez Fayard en 1931. Appartenant au petit monde des ingénieurs, il se fera tout de même remarquer par des critiques et sélectioner par le jury du prix Goncourt, ce qui n'est pas banal pour un esprit a priori peu enclin aux songeries. Son livre fut traduit en anglais puis disparut des mémoires, connu des seuls spécialistes pointus du roman d'anticipation.