Filtrer
Le Quartanier
-
Nous sommes en 127, Temps d'après les Oléoducs. Quatre-vingts ans plus tôt, les Muantes, une race de femmes clonées se reproduisant par parthénogenèse, se sont échappées de l'usine où leurs créateurs les maintenaient en esclavage. Elles ont trouvé la paix loin de la décrépitude de Saltwater City, aujourd'hui ravagée par une épidémie de grippe du tigre ayant tué presque tous les hommes.
La jeune Kirilov Volubilis, initiée à la médecine, se dévoue à la protection de sa bien-aimée Péristrophe Halliana, dernière astérie de la Muée, dotée du pouvoir de régénérer ses organes pour en faire don à ses soeurs. La vie de Kirilov bascule quand, juste avant les fêtes de la mi-automne, une étrangère fait irruption dans le village et infecte avec le virus de la grippe la vulnérable Péristrophe, qui en meurt peu après. Kirilov, ravalant son chagrin, entreprend un voyage vers la ville, à la recherche de la nouvelle astérie qui sauvera sa communauté de l'extinction.
Là-bas, elle rencontre Kora Ko, quinze ans, une humaine qui vient d'intégrer l'école de danse Cordova, un pensionnat où les filles apprennent à survivre. Kora possède tout ce dont a besoin Kirilov, mais elle refuse d'abandonner les siens. Or a-t-elle le choix? Les habitants de Saltwater City fuient la famine, et la ville se vide malgré des contrôles frontaliers de plus en plus violents. Et les industriels qui ont créé les Muantes n'en ont pas fini avec elles.
Sous l'ombre menaçante de satellites devenus fous comme les puissants qui les contrôlent, Kora et Kirilov se lanceront sur les chemins d'une métamorphose aussi sombre et profonde que les secrets de leurs familles.
Héritière d'Ursula K. Le Guin et d'Octavia Butler, Larissa Lai dépeint, dans ce thriller biopunk doublé d'un roman initiatique lesbien, une société post-pétrolifère inique et fracturée, où deux jeunes héroïnes doivent accepter l'horreur de leurs origines communes et surmonter la haine opposant leurs peuples pour offrir un avenir meilleur à celles qui viendront après elles.
-
L'édition originale anglaise des Soeurs de la Muée a remporté le Lambda Literary Awards 2018, dans la catégorie fiction lesbienne. -
La version qui n'interesse personne
Emmanuelle Pierrot
- Le Quartanier
- Série QR
- 12 Septembre 2023
- 9782896986347
Elle croyait qu'ici, à l'autre bout du monde, au confluent de la rivière Klondike et du fleuve Yukon, elle aurait le droit de vivre libre. De coucher avec qui elle veut, d'aimer qui elle veut, à visage découvert et sans honte. Mais la femme sans honte se déshonore - et contre la femme sans honneur, tous les coups sont permis.
À dix-huit ans, Sacha et son meilleur ami Tom quittent Montréal sur le pouce et aboutissent à Dawson City, au Yukon, où ils trouvent enfin la communauté de punks, d'anars et de vagabonds dont ils rêvaient. Ils adoptent une chienne-louve, Luna, et s'installent sur la Sixième Avenue, dans une cabane sans électricité ni eau courante. De jobs d'été en hivers chômés, de nuits blanches en road trips, d'amantes en amants, des années joyeuses passent dans un monde immense. Mais quand Sacha tombe amoureuse d'un autre, Tom se sent trahi : Sacha n'est qu'une pute, une profiteuse qui mérite d'être punie. Il répand son fiel ; le village choisit son camp. Puis la pandémie frappe. En quarantaine dans une cabane isolée, seule avec un coloc dont elle doit repousser les avances pressantes, Sacha compte les jours, tandis que les Dawsonites confinés font son procès.
La version qui n'intéresse personne, c'est l'histoire inouïe et cruelle d'une victime imparfaite qui, comme si c'était tout naturel, deviendra l'accusée. C'est le cri d'impuissance et de rage qu'elle adresse à celles et ceux qu'elle voyait comme son unique famille, afin que son humanité lui soit rendue. C'est son ultime tentative d'être comprise, crue, aimée. Avec ce premier roman déchirant et subversif, Emmanuelle Pierrot porte un regard radicalement lucide sur les forces qui poussent les groupes d'humains à commettre des actes terribles en restant convaincus d'exercer la justice. -
À Vienne, à l'automne 1996, Iga fait sa rentrée dans un lycée privé catholique. Surdouée en maths mais incapable de se plier aux règles de la vie scolaire, elle préfère se promener en skate, seule ou avec Sasa, son unique ami, un peu plus âgé qu'elle. C'est pourtant dans ce lycée qu'elle rencontrera Raspoutine, fils d'immigrés russes hypersensible et renfermé, et la fougueuse Jess, qui a vécu cet été une grande histoire d'amour avec une Française. Nourris de poésie et d'idéaux, révoltés contre une société qu'ils jugent conformiste et hypocrite, ils seront ensemble les Cormorans, du nom de ces oiseaux qui chassent jusque dans les eaux arctiques. Et un jour, après avoir été té
-
Il avait démissionné, une jeune Mi'gmaq se trouvait sous sa protection, deux hommes étaient morts et une partie du Québec voulait qu'on en finisse une fois pour toutes avec les Indiens.
Cette histoire commence en Gaspésie, le 11 juin 1981. Cette histoire commence il y a des millénaires, avant les Vikings, avant les Basques, avant Cartier. Cette histoire commence avec les Mi'gmaq. Pour eux, c'est la fin des terres, Gespeg. Pour d'autres, c'est le début d'un nouveau monde.
Alors que trois cents policiers de la Sûreté du Québec débarquent sur la réserve de Restigouche pour saisir les filets des pêcheurs mi'gmaq, un agent de la faune change de camp, une adolescente affronte ceux qui ont humilié son père, un vieil ermite sort du bois, une jeune enseignante s'apprête à retourner dans son pays - pendant que le saumon devenu taqawan, au retour de son long périple en mer, remonte la rivière jusqu'au lieu de sa naissance.
Taqawan est une histoire de pêche et d'affrontements. Une histoire de crimes et d'accointances, d'injustice et de droits bafoués. Taqawan est une histoire de rencontres et de recommencements, de survie et de résistance. -
Un même destin nous lie tous, et il est vertical.
Christa McAuliffe a rêvé de l'espace toute sa vie et, le 28 janvier 1986, elle s'embarque comme astronaute civile dans la navette Challenger. Le peintre Nicolas de Staël dévoile la face sombre de ses amours. La parapentiste Ewa Wi´snierska est aspirée par un gigantesque cumulonimbus, et l'ex-éleveur de bétail dans la pampa Jean S. Barès, rentré en France millionnaire, entreprend de réformer l'orthographe et pourquoi pas le monde. Le pilote d'essai Adolphe Pégoud trompe la mort par des pirouettes à la veille de la Grande Guerre. Elizabeth Holmes, valeur montante de la biotech, promet de révolutionner l'analyse sanguine.
Un grimpeur trébuche, une trapéziste s'élance, des oligarques russes tombent de leur balcon...
Livre-averse, roman-montage, Qui tombe des étoiles agence, comme dans une vertigineuse partie de Tetris, les histoires de femmes et d'hommes qui ont cherché à s'affranchir des lois de l'attraction. -
Mathilde est travailleuse sociale. Elle voit toute la journée défiler des personnes en difficulté et fait de son mieux pour les aider. Mais quand elle apprend pourquoi ses voisins Mohammed et Nadia sont menacés d'expulsion, elle comprend que les dispositifs légaux seront inutiles et qu'il va falloir se salir les mains.
Quarante-six ans, ancienne judoka de haut niveau, massive et mutique, Mathilde puise dans son passé ténébreux la volonté d'en découdre, et pourquoi pas de refermer enfin, douze ans plus tard, de douloureuses blessures.
La place carrée, c'est un quartier populaire dans une ville moyenne de province.
Mathilde ne dit rien est le premier volet d'une série qui s'intéressera à ses habitants, à leurs parcours, leurs magouilles, leurs espoirs, leurs fantômes. -
«Les pauvres doivent tuer les riches, un par un, chaque fois que l'occasion se présente. Un homme en tue un autre et le message est clair : votre richesse est cruelle et révoltante.»
C'est l'histoire d'un homme qui décide d'assassiner un milliardaire pour des raisons politiques. Il a renoncé à son art - il se destinait à une carrière de pianiste classique - et gagne sa vie comme plongeur, obsédé par sa future victime, qu'il tient responsable de sa situation et de bien d'autres maux. Et c'est l'histoire d'un self-made man, PDG d'une multinationale. Il a trahi son confident et meilleur ami, celui qui se chargeait de ses basses oeuvres, et il se sent de plus en plus isolé, gagné par la paranoïa.
Riches et pauvres est un roman sur notre impuissance à changer le monde, et sur la possibilité, quand on essaie quand même, de découvrir comment y arriver. Une fable où se mêlent ambition, impunité, idéalisme et violence révolutionnaire - la parabole amusée d'une lutte des classes livrée à l'entropie, joyeuse et sombre mais remplie d'espoir. -
Laura est infirmière.
Tonio est petit dealer.
Laura est amoureuse.
Tonio saisit une belle opportunité.
Laura aimerait tout quitter, mais Marion est en couple.
Tonio en a marre de jouer les seconds rôles.
Et il y a tous les autres, qui s'impatientent, qui s'entraident, qui magouillent, qui cherchent une issue. Thierry n'a plus rien pour payer les couches de la petite. Zacharie est prêt à livrer n'importe quoi à n'importe qui. Idriss se demande quand l'école va rouvrir. Bolleg cogne sur tout ce qui bouge. Le Manouche replonge dans son passé, et son chien ignore pourquoi il porte un nom serbe.
Un an après les événements de Mathilde ne dit rien, les habitants de la place carrée sont frappés par la pandémie et voient leur vie chavirée par le confinement. Entre pression croissante à l'hôpital de Monzelle et règlements de comptes chez les dealers, leurs destins vont s'entremêler dans le tourbillon d'une histoire addictive et impitoyable. -
Lounès et Léa se marient alors que des émeutes secouent le pays au lendemain de la mort de Nahel Merzouk, abattu par un policier à Nanterre.
Durant ces trois jours de fête respectant la tradition musulmane, la famille se réunit au coeur de la place carrée, dans la maison de quartier transformée en salle de réception somptueuse; dehors, la fumée des barricades monte et le son des youyous se mêle à celui des mortiers d'artifice.
Journaliste pour le quotidien local, Léa a déterré une affaire brûlante, tandis que Lounès doit défendre son territoire de dealer. Les mariés vont s'unir pendant ce week-end explosif, caniculaire, et de plus en plus étouffant.
Trois jours, trois actes d'une tragédie au terme de laquelle le destin n'épargnera personne.
Puisant aux codes du pur roman noir, Les sept robes est une oeuvre bouleversante et implacable, au suspense cruel, plantée dans une France qui sent la poudre et l'innocence perdue. -
Donaublau, 1963. Berta, depuis longtemps internée, reçoit la visite de son ex-mari, Wilhelm. Chauffeur et homme à tout faire, « représentant souriant de sa nation », il s'est entre-temps lié à Wilhelmine, amie de Berta.
Pendant leur mariage, Berta, farouche et pensive, a tenté de se résigner à la vie domestique et de sauver ses enfants ainsi qu'elle-même du poids des choses. Avant que le drame ne la prive de parole, elle avait pour habitude de dire : « Un homme te fait une promesse et tu es perdue. » Le premier fut Rudolf, fiancé qui l'a mise enceinte puis est mort sur le front de l'Est sous les yeux de son frère d'armes, Wilhelm.
Ce roman satirique, diamant noir primé à l'humour féroce, est le premier de Marianne Fritz, autrice d'une oeuvre culte en Autriche, admirée par Jelinek et Sebald. À la rigidité petite-bourgeoise de l'après-guerre elle oppose dans ce livre une écriture de rêves, de désirs et de souvenirs, et par là esquisse pour son héroïne une échappatoire à sa condition. -
Quand son père, atteint d'un cancer en phase terminale, lui demande de le conduire de Hanovre jusqu'en Suisse, dans une clinique d'aide au suicide, Martha appelle en renfort Betty, son amie depuis vingt ans. Commence alors une odyssée burlesque, qui se prolongera en Italie, où Betty tentera de retrouver la tombe de son beau-père tromboniste et menteur, dans l'espoir de se libérer d'un pan douloureux de son histoire personnelle: le roman de la route devient polar.
De Berlin aux Cyclades, au fil des rebondissements et des rencontres, Betty et Martha cherchent un père, des pères, et se déprennent du regret des occasions manquées. Dans une langue innervée d'un humour acide et d'une gouaille mélancolique, Lucy Fricke mène ses héroïnes, deux femmes de quarante ans soudées par les confidences et l'alcool, vers une vie délestée. -
Voyage à la villa du jardin secret
Jean-Philippe Chabot
- Le Quartanier
- Série QR
- 13 Décembre 2024
- 9782896984770
Audrey-Ann vit avec l'ataxie de Friedreich, une maladie neuromusculaire dégénérative qui altère sa proprioception, cause des douleurs et l'a mise au fauteuil roulant. Elle veut incarner une joie pure, mais il n'y a plus de rêves sur sa liste. Elle a trente ans et elle pense à mourir. Je lui propose un dernier voyage, pour éviter l'hiver. L'histoire commence à la Secret Garden Villa, entre les bananiers, alors qu'on lit une partie de ce livre au sujet de notre rencontre. Mais le voyage tourne mal et un retour précipité impose des questions cruelles, qui réorientent la vie et ce récit.
Voyage à la villa du jardin secret esquisse le portrait d'une amitié en s'interrogeant sur le handicap, le soin, l'enseignement et le sens de la littérature. -
Lorsque j'ai reçu le formulaire de déclaration de la victime, j'étais seule à la maison. Je suis montée m'asseoir à la fenêtre de ma chambre d'enfant. C'était l'été, le quartier était silencieux. J'ai déchiré l'enveloppe en petits morceaux pour que mes parents ne la trouvent pas. La dernière section s'intitulait « Dessin, poème ou lettre ». J'ai lu la consigne : Vous pouvez utiliser cet espace si cela peut vous aider à dépeindre les répercussions que l'infraction ou la conduite de l'accusé a eues sur vous. J'ai très vite dépassé le nombre de lignes. Il n'y avait pas assez de place pour parler de la Chine, de mon français étrange, de l'histoire d'amour qui a précédé la plainte. Quatre ans plus tard, je suis arrivée à cette version. J'ai essayé de ne pas faire de fautes. La vérité, elle, m'échappe encore.
-
Nous sommes à Montréal au début de l'hiver 2002. Le narrateur n'a pas vingt ans. Il aime Lovecraft, le métal, les comic books et la science-fiction. Étudiant en graphisme, il dessine depuis toujours et veut devenir bédéiste et illustrateur. Mais depuis des mois, il évite ses amis, ment, s'endette, aspiré dans une spirale qui menace d'engouffrer sa vie entière : c'est un joueur. Il joue aux loteries vidéo et tout son argent y passe. Il se retrouve à bout de ressources, isolé, sans appartement.
C'est à ce moment qu'il devient plongeur au restaurant La Trattoria, où il se liera d'amitié avec Bébert, un cuisinier expérimenté, ogre infatigable au bagou de rappeur, encore jeune mais déjà usé par l'alcool et le speed. Pendant un mois et demi, ils enchaîneront ensemble les shifts de soir et les doubles, et Bébert tiendra auprès du plongeur le rôle de mentor malgré lui et de flamboyant Virgile de la nuit.
On découvre ainsi le train survolté d'un restaurant à l'approche des fêtes et sa galerie mouvante de personnages : propriétaire, chef, sous-chefs, cuisiniers, serveurs, barmaids et busboys. Si certains d'entre eux semblent plus grands que nature, tous sont dépeints au plus près des usages du métier, avec une rare justesse. C'est en leur compagnie que le plongeur tente de juguler son obsession pour les machines de vidéopoker, traversant les cercles d'une saison chaotique rythmée par les rushs, les luttes de pouvoir et les décisions néfastes.
OEuvre de nuit qui brille des ors illusoires du jeu, Le plongeur raconte un monde où chacun dépend des autres pour le meilleur et pour le pire. Roman d'apprentissage et roman noir, poème sur l'addiction et chronique saisissante d'une cuisine vue de l'intérieur, Le plongeur est un magnifique coup d'envoi, à l'hyperréalisme documentaire, héritier du Joueur de Dostoïevski, de L'homme au bras d'or de Nelson Algren et du premier récit d'Orwell, celui d'un plongeur dans le Paris des années vingt. -
Rivés à leurs écrans, les agents veillent à la bonne marche d'un monde qui tourne sans eux. Dans des box blindés, dans de hautes tours de verre d'un autre siècle, ils travaillent et luttent pour conserver leur poste, buvant du thé, s'achetant des armes. Tous les moyens sont bons. Ruse, stratégie, violence - guerre totale. Parce qu'il y a pire que la mort, pire que la Colonne Rouge. Il y a la rue, où règnent les chats, le chaos, l'inconnu.
Roman dystopique aux accents kafkaïens, dans la lignée du J. G. Ballard de la trilogie de béton et des oeuvres obsessionnelles de Philip K. Dick, Les agents raconte un monde où l'aliénation du travail est devenue la loi généralisée et machinique en vertu de laquelle tous s'affrontent pour survivre - où la solidarité est une arme à double tranchant. -
Le quotidien de Sabrina, c'est deux enfants, une mère, deux ex-maris et les quinze élèves de la classe de maternelle, petite section, où elle travaille comme ATSEM. Alors quand une réfugiée ukrainienne fait irruption dans sa vie, elle n'imagine pas à quel point son petit monde va être bouleversé. Car la jeune femme n'arrive pas seule; deux hommes inquiétants, à l'accent de l'Est, sont apparus dans le quartier et posent des questions aux habitants.
À quelques jours d'une élection présidentielle marquée par le désintérêt et la haine, alors que le pays se demande quelles seront les conséquences économiques de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'étau se resserre sur la place carrée.
Épaulée par ses amies Zineb et Mathilde, Sabrina devra affronter tous ses démons, et surtout ceux des autres. -
C'est l'histoire d'un voyage scolaire dans la forêt. C'est une classe d'enfants entre six et sept ans qui s'y retrouvent seuls. C'est l'âge où l'on n'est pas certain que les monstres n'existent pas, où l'imagination transforme le grincement des arbres en rugissements de bêtes sauvages. C'est une histoire qui a été mille fois racontée, mais qui ne l'a jamais été vraiment, jamais jusqu'au bout. C'est ce qui se passe après la fin des contes, quand les enfants sont perdus et qu'il est admis qu'ils n'en réchapperont pas. Que se passe-t-il dans ces instants-là? Qu'advient-il quand les règles et les lois humaines sont oubliées ou pas encore apprises? Qui aidera son prochain? Qui réglera ses comptes? À quelle distance un enfant de six ans se tient-il de la barbarie?
Dans les forêts du Morvan, il n'est aujourd'hui presque plus possible de se perdre, et pourtant des événements inconcevables se produisent chaque jour. C'est l'histoire d'un événement inconcevable. C'est l'histoire d'une excursion qui vire à l'atrocité, comme si tous gagnaient le même jour à une funeste loterie.
Les bernaches nonnettes pondent leurs oeufs sur des falaises abruptes. Quand ils naissent, les oisillons doivent se jeter dans le vide, avant même de savoir voler, afin de rejoindre leurs parents plusieurs dizaines de mètres plus bas. C'est la violence d'un rite initiatique naturel. Certains se fracassent mortellement contre les rochers, d'autres survivent.
Tous apprennent, dans la douleur, les lois du ciel. -
Il y a quelques années, les laboratoires de Renault-PSA dévoilaient la BlackJag, une voiture révolutionnaire, entièrement organique et vivante, résultat d'années de recherches croisant plusieurs disciplines scientifiques. Aujourd'hui, le professeur Fransen, l'ingénieur généticien à la tête du projet, voit revenir l'un des tout premiers modèles, le prototype, envoyé par la police pour interrogation. Pendant dix ans, c'est ce modèle qui a servi aux démonstrations devant public partout dans le monde, avant d'être mis en vente. Or son propriétaire, Antoine Donnat, vient de disparaître, et la BlackJag est la dernière à l'avoir vu. Sous la supervision de l'huissier Klein, Fransen va interroger la mémoire synthétique de la voiture pour essayer de reconstituer les événements des derniers mois. C'est la BlackJag qui parle, témoin direct du quotidien de la famille Donnat, c'est elle qui au fil des enregistrements raconte son histoire.
-
Puberté met en scène les tribulations de deux amies d'enfance, Annie et la Ménine, qui traversent leur puberté comme un champ de force. L'une se dépense dans une exultation physique où se relancent jeux et dangers, l'autre souffre d'une maladie orpheline, qu'elle cherche à transcender grâce à la puissance de l'imaginaire. Toutes deux éprouvent de plein fouet ce temps des métamorphoses et connaissent la solitude, la cruauté, la révolte, la jouissance et la peur. Éperdu de sensations et d'images, Puberté donne à entendre la fureur d'une langue qui libère la vie et fait de la ville un royaume.
Ce sixième livre d'Annie Lafleur clôt un cycle d'écriture entamé avec Rosebud et poursuivi avec Bec-de-lièvre et Ciguë. -
Alain épouse Virginie en la crypte de l'oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal. En apparence, ce sera le plus beau jour de sa vie - de leur vie. Tout le monde est là, les parents de la mariée, la grande amie, les parents du narrateur - Libanais d'Égypte immigrés au Québec il y a trente ans, divorcés depuis vingt, qui ne se parlent plus depuis dix. Mais, à l'approche de la célébration, Alain va plus mal que jamais. Les insomnies sont de retour, l'angoisse et la maladie aussi. Et aujourd'hui, son cousin Édouard, son garçon d'honneur, son frère, perd pied, emporté par la mécanique folle d'un déni aux proportions bibliques.
Alain prie pour que le sort les épargne, pour que ce grand jour en soit un de fête et de guérison. Or un nom resurgit au détour d'une phrase, un nom maudit remonté du fond de sa mémoire, là où gisent la honte et la douleur des années sombres, un nom que rejoignent bientôt une voix, un corps, une histoire. Un fantôme se fait chair, qui a plusieurs visages. Et tout ce qu'on a voulu oublier, tout ce qu'on a refusé de voir, tout ce qu'on a détesté vient réclamer son dû.
Comme on fait son lit on se couche. Car la vie, ya Alain, est un piège qui sommeille dans la prison du temps. Oui, la vie, ya ebni, souviens-t'en, ne dure pas: quelques joies, de grandes peines, mille secrets, mille dangers. -
Si Friederike Andermann n'avait pas cru en son travail, elle n'aurait pas gravi un à un les échelons de la carrière diplomatique ni supporté l'ennui de la bureaucratie ministérielle, l'angoisse de la zone verte à Bagdad et le désarroi de se voir démise de ses fonctions d'ambassadrice d'Allemagne en Uruguay après le meurtre d'une ressortissante, fille d'une baronne de la presse.
Devenue consule à Istanbul, Fred s'efforce d'obtenir la libération de Meral, intellectuelle dissidente à la santé qui décline, et d'aider son fils, interdit de sortie du territoire pour avoir participé à une manifestation pro-kurde à Berlin. Quand elle découvre que les autorités turques tiennent cette information de la police fédérale allemande elle-même, et que son ami journaliste se retrouve à son tour dans le collimateur du régime, Fred décide de prendre les choses en main.
Avec cette satire politique pince-sans-rire, Lucy Fricke signe un roman brûlant d'actualité, sur la fragilité des relations internationales, les dérives autocratiques et la diplomatie de crise. Elle dresse le portrait d'une femme d'action qui a dû apprendre la patience, d'une diplomate jusqu'ici exemplaire qui, tiraillée entre sa mission et ses idéaux, refusera de rester impuissante. -
Cloîtré dans son appartement, Loïc scrute la place carrée par la lunette de sa carabine .22 Long Rifle.
Quand la France s'est déconfinée, en mai 2020, Loïc a eu peur - du virus, du vaccin, des autres. Un an plus tard, il n'est toujours pas sorti. Épiant la vie du quartier, il rumine sa détresse et maudit ses anciens camarades de théâtre. Heureusement, l'écriture de sa pièce, Les aventures de Clic et Cloque, l'aide à canaliser ses angoisses. Jusqu'à quand ?
Huis clos solitaire halluciné, Jour encore, nuit à nouveau est un thriller psychogique au suspens insidieux, où se dessine une certaine France contemporaine: paranoïaque, délaissée, désinformée, excédée, sans plus aucun repère.
Ce troisième volet des Chroniques de la place carrée, qui évoque à la fois Taxi Driver et une version maniaque de Fenêtre sur cour, poursuit l'entreprise noire de Tristan Saule, à mi-chemin entre The Wire et les Rougon-Macquart. -
La déesse des mouches à feu, c'est Catherine, quatorze ans, l'adolescence allée chez le diable. C'est l'année noire de toutes les premières fois. C'est 1996 à Chicoutimi-Nord, le punk rock, le fantôme de Kurt Cobain et les cheveux de Mia Wallace. Des petites crisses qui trippent sur Christiane F. et des gars beaux comme dans les films en noir et blanc. Le flânage au terminus et les batailles de skateux contre pouilleux en arrière du centre d'achats. L'hiver au campe dans le fin fond du bois, les plombs aux couteaux, le PCP vert et les baises floues au milieu des sacs de couchage. C'est aussi les parents à bout de souffle et les amants qui se font la guerre. Un jeep qui s'écrase dans un chêne centenaire, les eaux du déluge qui emportent la moitié d'une ville et des oiseaux perdus qu'on essaie de tuer en criant.
-
La fractale Baudelaire
Jeannot Clair, Lisa Robertson
- Le Quartanier
- Série QR
- 7 Avril 2023
- 9782896986453
Dans une chambre d'hôtel, Hazel Brown découvre au réveil qu'elle a écrit l'oeuvre entier de Baudelaire. Sous le choc de cette révélation, elle replonge dans sa mémoire de fille et raconte l'époque où, poète sans le sou, elle vivait en dandy dans le Paris des années 1980 : les chambres miteuses et les garçons maigres, les gages de domestique et les fripes griffées. Si elle est sûre de sa vocation, la jeune Hazel se débat avec ses désirs. Comment incarner une autre féminité que celle, réifiée, que lui renvoient ses amants et ses employeurs, comme la littérature elle-même ?
La fractale Baudelaire est un roman d'apprentissage et un art poétique, autant qu'un voyage dans les méandres du souvenir et une somptueuse méditation sur les vête-ments, la ville, la peinture et la figure de la jeune fille.