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Les Belles Lettres éditions
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Maïmonide : la foi dans la raison
Alberto Manguel
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût de l'Histoire
- 13 Septembre 2024
- 9782251920252
Maïmonide a marqué de sa présence emblématique les trois cultures, arabes, juives et chrétiennes, qui ont cohabité en al-Andalus il y a près d'un millénaire. Tout au long d'une vie d'exil forcé, il a étendu l'influence de son intellect dans les domaines du droit, de la philosophie et de la médecine. Son recours à la pensée aristotélicienne pour structurer de nouveaux systèmes d'exploration intellectuelle a changé la manière dont la philosophie judéo-chrétienne était considérée. Thomas d'Aquin, Albertus Magnus, Vincent de Beauvais, Duns Scot, Pic de la Mirandole, tous ont reconnu Maïmonide comme l'un de leurs maîtres essentiels. La foi profonde de Maïmonide dans la capacité de l'esprit humain à saisir ce qui semble insaisissable, et sa tentative d'enrichir le langage de la théologie avec ceux de la science, du droit et de la logique, peuvent peut-être nous aider à restaurer aujourd'hui le prestige perdu de l'acte intellectuel.
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Rome et les Barbares
Peter Heather
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût de l'Histoire
- 6 Septembre 2024
- 9782251920221
De l'Écosse jusqu'à la Mésopotamie, de l'embouchure du Rhin jusqu'aux contreforts de l'Atlas, Rome a dominé durant près de cinq siècles un immense territoire. Le démembrement rapide de sa partie occidentale a d'autant plus frappé les esprits que l'Empire a remporté jusqu'au bout des succès décisifs, notamment contre Attila en 451. Pour faire comprendre ce paradoxe, Peter Heather rouvre le dossier en déplaçant le point de vue. Brassant une superbe documentation avec un art consommé du récit, il s'intéresse autant à la vie culturelle, économique et politique de l'Empire qu'à celle des « barbares ». Ceux-ci, en effet, ne viennent pas de nulle part. Qu'il s'agisse des peuples germaniques ou, plus encore, des Huns, Peter Heather fait revivre de l'intérieur la logique des adversaires de Rome. Une logique qui, tout autant que celle des héritiers d'Auguste, façonnera le Moyen Âge européen. On découvre ici l'histoire de la fin de l'Empire d'Occident autant que celle des débuts de l'Europe, comme celle des personnages hauts en couleur qui l'émaillent : diplomates de Rome et de Byzance toujours sur les routes, généraux, chefs barbares, impératrices ambitieuses, poètes, philosophes, théologiens... Considérée comme un classique, cette décapante « histoire nouvelle » a marqué un tournant dans les analyses de la chute de l'Empire romain.
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L'armee d'Hitler : la Wehrmacht, les nazis et la guerre
Omer Bartov
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût de l'Histoire
- 5 Avril 2024
- 9782251919683
L'armée du IIIe Reich se contenta-t-elle d'exécuter, avec une remarquable compétence, des ordres reçus ou fut-elle très politisée ? Échappa-t-elle à l'emprise du régime ou s'en fit-elle la propagandiste zélée ? Bref, la Wehrmacht fut-elle l'armée d'Hitler ? En étudiant la guerre sur le front principal de l'Est, Omer Bartov, professeur d'histoire contemporaine à Brown University (USA), apporte des réponses précises à ces questions. Son livre contribue de manière importante à la compréhension du nazisme. Confrontée à des conditions de guerre épouvantables, l'armée allemande a connu la déroute dès la fin 1941. Elle a alors été contrainte d'enrôler sans cesse de nouvelles recrues ; elle est devenue une armée de masse. La nation entière fut mobilisée. Au moins un membre de chaque famille connut le front de l'Est. Une nouvelle image de l'héroïsme s'imposa, dans laquelle la puissance matérielle était remplacée par une conception brutale, fanatique du combat. Les pires actes de barbarie furent autorisés par le pouvoir militaire, et les officiers et les troupes se rallièrent à la vision nazie de la guerre, faisant de l'Allemagne le rempart contre le bolchevisme. La Wehrmacht, armée de conscrits, devint alors l'armée d'Hitler. L'idéologie avait conquis la nation.
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Illustre reporter, Ernie Pyle devient correspondant militaire quand la Seconde Guerre mondiale éclate et part aux côtés de l'armée américaine (Compagnie du 18e Régiment d'infanterie). La suivant dans ses conquêtes comme dans ses défaites, il couvre d'abord les événements en Afrique du Nord et va jusqu'au coeur de l'Italie à la bataille de Monte Cassino, il va ensuite en Angleterre, puis débarque en France (bataille de Normandie, libération de Paris), il partira ensuite pour le front du Pacifique, où il meurt des tirs de balles japonaises sur l'île d'Okinawa le 18 avril 1945.
Écrit sur le vif des combats, ce livre est un document sans équivalent. Centrant l'attention sur les hommes derrière les soldats, les reportages de Pyle sont devenus immensément populaires, ils étaient suivis dans quelque 300 journaux. À sa parution en 1944, l'ouvrage qui les réunissait a été tiré à des centaines de milliers d'exemplaires puis il a fait l'objet d'une adaptation sous forme de bande dessinée et a été porté à l'écran par William Wellman dès 1945 avec notamment Burt Lancaster et Burgess Meredith. -
Dien Bien Phu : Un coin d'enfer
Bernard Fall
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût de l'Histoire
- 15 Mars 2024
- 9782251919676
Le samedi 8 mai 1954, l'avion de commandement capte le tout dernier message expédié par les Français de Dien Bien Phu : « Sortie manquée stop ne puis plus communiquer avec vous stop et fin. » La sortie d'« Isabelle » vient d'échouer et c'est bien la fin. La fin de la guerre d'Indochine et de la puissance coloniale française. Pour la première fois dans l'histoire, une guérilla a défait l'un des grands sur un champ de bataille. La perte de Dien Bien Phu en 1954, dont le siège aura duré 167 jours, aura des conséquences comparables à celles qui suivirent Waterloo, la Marne et Stalingrad. Comment en est-on arrivé à cette situation désespérée à la veille de la conférence de Genève ? Minutieusement, Bernard Fall, après avoir recueilli les témoignages des survivants des deux camps, interrogé les acteurs essentiels de ce drame comme Hô Chi Minh et Giap à Hanoï, et obtenu du ministre français des armées l'autorisation de consulter des documents de première importance encore tenus secrets, reconstitue la bataille. Il décrit l'assaut puis l'asphyxie de Dien Bien Phu par une guerre de tranchée qui rappelle Verdun, et nous conduit dans l'enfer du camp retranché où les blessés sont terrés avec la vermine dans d'obscurs boyaux. Il montre comment les 13 000 hommes de la garnison française, composée à 70 % de légionnaires, de Nord-Africains et de Vietnamiens, s'opposèrent aux 50 000 combattants Vietminh et aux 55 000 requis sans armes - hommes, femmes, vieillards. Bernard Fall, dans ce magistral panorama que lui seul pouvait écrire avec une aussi grande compétence, dévoile la vérité sur les aspects cachés de cette tragédie : quels furent réellement les rôles et les rapports des généraux Navarre, Cogny et de Castries ? Pourquoi les États-Unis ne sont pas intervenus ? A-t-on envisagé un bombardement atomique ? Et, surtout, l'histoire du Vietnam aurait-elle pris sa tournure actuelle si l'on avait évité une défaite décisive en 1954 ?
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La tragédie de Cronstadt : 1921
Paul Avrich
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût de l'Histoire
- 1 Mars 2024
- 9782251919614
« Tout le pouvoir aux soviets ! » Le slogan dont les bolcheviks avaient fait usage en 1917, voici que les matelots de Cronstadt - leurs anciens frères d'armes - le retournent contre le gouvernement soviétique en 1921. C'est sur les ruines de Cronstadt, dernier sursaut d'un socialisme libertaire et décentralisé, que s'édifie le socialisme autoritaire et bureaucratique d'URSS. La révolte de Cronstadt est réprimée dans le sang à la veille du cinquantième anniversaire de la Commune de Paris. Le régime de Staline pointe à l'horizon.
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Makhno : la révolte anarchiste 1917-1921
Yves Ternon
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût de l'Histoire
- 12 Janvier 2024
- 9782251919485
De 1917 à 1921, en Ukraine méridionale, un jeune militant anarchiste, Nestor Makhno, lève une insurrection et conduit une guerre de partisans. C'est un soulèvement de paysans pauvres, inspiré par la tradition cosaque, mais libre de tout préjugé nationaliste, religieux ou raciste. Le mouvement s'est fixé pour but l'instauration d'un communisme libertaire, utopie généreuse devenue concevable dans le chaos politique que connait alors l'Ukraine, déchirée par des forces contraires et où nul pouvoir ne parvient à s'installer. L'illusion apparait avec les Thèses d'avril de Lénine, mais l'espoir d'un terrain de conciliation entre anarchistes et bolchéviks sur le principe des Soviets et des assemblées populaires est rapidement dissipé par les événements. L'un des premiers, Makhno, dénonce l'imposture d'un parti totalitaire qui feint de s'appuyer sur une base populaire pour mieux imposer sa dictature. Il devient, dès lors, l'homme à abattre. Les bolchéviks s'y emploient, rompant à deux reprises une alliance avec les makhnovistes, les écrasant impitoyablement et poursuivant Makhno au-delà de sa mort pour en réduire l'importance historique et le présenter sous les traits d'un bandit anarchiste, fanatique et cruel. Il importait de sortir Makhno de la pénombre qui l'enveloppe, de le restituer à son environnement historique, infiniment complexe dans ses méandres, et de l'éclairer tel qu'il fût : un grand stratège et un compagnon fraternel, fils de la terre d'Ukraine, avatar des légendaires Cosaques Zaporogues et, en même temps, simple ouvrier agricole tentant de faire pousser l'anarchisme, en le greffant sur la steppe en ces jours de printemps des peuples où soufflait le vent de l'épopée.
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Staline et Hitler : un couple maléfique
Thierry Wolton
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût de l'Histoire
- 12 Janvier 2024
- 9782251919515
Le pacte germano-soviétique, signé à Moscou le 23 août 1939, a stupéfait le monde avant de le précipiter dans le Second conflit mondial du XXe siècle. Contre-nature d'apparence, cette alliance entre deux régimes totalitaires a été scellée en opposition à leur ennemi commun, les démocraties occidentales, et pour servir des intérêts complémentaires : partage de l'Europe centrale (Pologne, pays Baltes entre autres), fournitures de matières premières russes (pétrole, caoutchouc, notamment) pour soutenir l'effort de guerre allemand. Hitler et Staline ont fait fructifier leur entente au-delà d'une complicité de circonstance car ils étaient faits pour s'entendre. L'affrontement sanglant qui a opposé ensuite l'Allemagne nazie et l'Union soviétique, à partir de juin 1941, a fini par faire oublier la gémellité des systèmes rouge et brun à l'origine d'une guerre qui a meurtri la planète. Revenir de nos jours sur les convergences idéologiques, les connivences politiques, les affinités psychologiques entre le communisme et le nazisme est une démarche essentielle alors que le pouvoir russe actuel instrumentalise ce passé pour justifier sa volonté de conquête au prétexte de poursuivre le combat mené contre le fascisme d'antan, tout en escamotant cette page honteuse de l'histoire.
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Le communisme au village : la vie quotidienne des paysans russes de la Révolution à la Collectivisation
Nicolas Werth
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût de l'Histoire
- 3 Novembre 2023
- 9782251919355
Dès 1917, spontanément, les paysans russes se soulèvent contre le tsarisme. Ils vont ainsi contribuer à la victoire des bolcheviks. Mais si les paysans espéraient ainsi jouir enfin librement des terres confisquées aux grands propriétaires, les bolcheviks, eux, rêvaient de les collectiviser, de contrôler les campagnes dont dépendaient le ravitaillement des villes et le salut de la révolution. Ce « malentendu » historique s'accompagne d'une incompréhension mutuelle. Dans un monde rural réfractaire au changement, déshérité, isolé, s'est développée une civilisation paysanne originale et autonome. Elle va de l'art de construire une isba à une conception du droit de propriété et à une pratique du christianisme tout à fait particulières. Pour les bolcheviks, cette civilisation n'est que barbarie et crétinisme. Ils lancent contre elle des « croisades culturelles », des missionnaires athées, de jeunes communistes qui « liquideront » l'analphabétisme et célèbreront dans les villages le 1er mai, la « Trinité prolétarienne ». Pour briser les résistances, le régime finira par procéder à la collectivisation forcée des campagnes. Ce grand tournant dans la vie paysanne allait être fatal à la civilisation rurale traditionnelle. Pendant deux décennies - 1920-1940 - l'Ancien et le Nouveau s'affrontent et coexistent. La fin de la Russie paysanne et les débuts de la Russie communiste, telle est la trame de ce Communisme au village. Vie quotidienne des paysans russes de la Révolution à la Collectivisation.
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Les Juifs, la mémoire et le présent
Pierre Vidal-Naquet
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût de l'Histoire
- 5 Mai 2023
- 9782251918846
Sous ce titre sont regroupés des textes très divers : articles scientifiques sur les crises et les affrontements qui ont ébranlé le judaïsme, du IIe siècle avant notre ère aux négateurs du grand massacre du XXe siècle. Sont également repris des préfaces à des ouvrages de passion et de raison, des reportages en Israël, des prises de position dans la presse quotidienne ou hebdomadaire. Il se trouve que Pierre Vidal-Naquet, qui avait choisi le monde antique gréco-romain comme objet d'études historiques, était aussi un Juif. En tant que tel, il s'efforçait de penser dans l'histoire, la mémoire, le présent, le destin des siens : journaliste ou historien de métier, c'est un même homme qui a écrit tous ces textes au nom d'un même engagement existentiel.
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Les procès de Moscou
Nicolas Werth
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût de l'Histoire
- 3 Mars 2023
- 9782251918693
Au soir du 1er décembre 1934 - jour de l'assassinat du chef du Parti de Leningrad, Sergueï Kirov -, Staline ordonne d'élargir et d'accélérer la répression de tous les suspects de la « préparation d'actes terroristes ». Le signal de la plus gigantesque répression policière du XXe siècle est donné. Pendant quatre ans, des milliers de responsables du régime soviétique vont être arrêtés, emprisonnés et souvent exécutés. La liquidation de tous les anciens opposants à Staline va s'étendre, par cercles concentriques, à la majeure partie des cadres dirigeants. Les accusés, soumis à des procès publics, avoueront unanimement les crimes les plus abominables et les plus invraisemblables. Une fraction notable de l'opinion internationale quant à elle se cantonnera dans une expectative prudente, voire s'aveuglera sur ces mascarades judiciaires. Nicolas Werth retrace ici, parallèlement au récit mouvementé des « grands procès », la genèse et la dynamique de ce moment paroxystique de la logique totalitaire. Il le fait en tenant compte des données nouvelles et des discussions historiques récentes. Au-delà des banalités sur le culte de Staline ou des généralités sur le totalitarisme, l'auteur apporte des clefs d'interprétation qui permettent de mieux cerner cette période tragique.
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Voici par Golda Meir (1898-1978) l'émouvant récit de sa vie. Pour la première fois, nous comprenons comment il se fait que cette femme extraordinaire, née en Russie et élevée aux États-Unis, est devenue Premier ministre d'Israël et l'un des géants politiques de son temps, sans jamais perdre rien de la chaleur ni de la simplicité qu'on se plaît à lui reconnaître. Dans cette autobiographie, elle évoque les terreurs qui ont assombri son enfance, son adolescence tumultueuse, son mariage et son émigration vers la Palestine dans les années 1920, et la façon dont, sioniste et socialiste convaincue, elle s'est lancée dans la fantastique aventure qui devait aboutir à la création de l'État d'Israël. Elle décrit comment elle a mené sa carrière politique comme ministre du Travail (1949-1956), ministre des Affaires étrangères (1956-1966) et enfin Premier ministre d'Israël (1969-1974), tout en continuant à tenir son rôle d'épouse et de mère. Cette autobiographie reflète aussi, bien sûr, l'histoire d'Israël même - et de sa lutte pour survivre - tout cela aboutissant à ce qui fut, pour Golda Meir, la période la plus désespérée : les jours terribles de la guerre du Kippour de 1973. Golda Meir apporte d'innombrables révélations, non seulement sur ceux de ses compatriotes avec qui elle a étroitement collaboré, comme Ben Gourion, Moshe Dayan, mais aussi sur les grands chefs d'État qu'elle a connus : Kennedy, Nixon, Kissinger, de Gaulle et Willy Brandt. Proclamant le droit d'Israël à l'existence, elle n'esquive aucun problème : elle évoque aussi bien l'histoire du mandat britannique que les relations avec les pays arabes ou la question palestinienne. Elle parle droit et clair avec l'autorité de quelqu'un qui a assumé les responsabilités majeures. Les mémoires de Golda Meir sont aussi vibrants de sensibilité, de franchise et de chaleur humaine que l'a été toute son existence.
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Chroniques du temps de la guerre (1941-1943)
George Orwell
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût de l'Histoire
- 9 Avril 2021
- 9782251915340
De 1941 à 1943, Orwell fut engagé par le service indien de la BBC destiné à porter une bonne parole culturelle et politique aux sujets du bon roi George VI du sous-continent asiatique. Esprit libre entre tous, Orwell se passionna rapidement pour sa tâche. Du côté culturel, il s'attacha à faire mieux connaître des auteurs comme Jack London, Jonathan Swift, Bernard Shaw, Shakespeare ou Oscar Wilde. Il improvisa des dialogues autour d'oeuvres d'Anatole France et H.G. Wells. Du côté politique, il tint une chronique hebdomadaire commentant la situation militaire sur le front de l'Est. Cette expérience lui fit prendre conscience de l'importance de la propagande dans le monde contemporain. Elle est directement à l'origine des deux chefs-d'oeuvre qu'il écrivit ensuite : La ferme des animaux et 1984. À travers ces écrits de circonstance, on retrouve le génie d'Orwell à l'état originel.
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Il est cinq heures, le cours est terminé : Bergson, itinéraire
Michel Laval
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût de l'Histoire
- 13 Janvier 2023
- 9782251918501
« Il est cinq heures, le cours est terminé » sont les dernières paroles prêtées à Henri Bergson sur son lit de mort début janvier 1941 à Paris.
Avec Bergson disparaissait « le dernier grand nom de l'intelligence européenne » (Paul Valéry). Né au milieu du siècle précédent, Bergson avait suivi un itinéraire à nul autre pareil qui le conduisit des salles obscures d'une pension israélite à Paris où ses parents l'avaient abandonné enfant, aux cimes éblouissantes de l'École normale supérieure, de l'agrégation de philosophie, du Collège de France, de l'Académie française et du Prix Nobel de ittérature, en laissant derrière lui une oeuvre magistrale nimbée, comme d'une poussière d'étoiles, d'honneurs, de distinctions, de récompenses et de titres.
Ascension vertigineuse, qui porta Bergson à l'apogée de la gloire et même de cette « rallonge bizarre de la gloire qu'est la légende » (Thibaudet), mais qui s'acheva dans la désolation d'une nuit d'hiver où la France qu'il chérissait tant, s'enfonçait dans la honte de la collaboration et de la persécution des Juifs dont il ne voulut pas se désolidariser en renonçant à une conversion catholique annoncée.
Plus de quatre-vingts ans après sa disparition, la figure de Bergson s'est estompée comme sur ces vieilles photographies qui avec le temps ne laissent voir que des silhouettes fantomatiques.
Il est cinq heures, le cours est terminé veut replacer dans la lumière celui que Raymond Aron sacrait « le plus français des philosophes ». -
Les assassins ; terrorisme et politique dans l'Islam médiéval
Bernard Lewis
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût de l'Histoire
- 18 Octobre 2019
- 9782251912103
Au Moyen Âge, durant deux siècles, une secte islamique organisée en véritable internationale terroriste pratique l'assassinat politique sous toutes ses formes, se forgeant ainsi une réputation mondiale. Aujourd'hui encore, l'histoire des Assassins nous concerne, car elle est une première et fascinante représentation des péripéties tragiques qui, dans des contextes différents, se sont reproduites jusqu'à nos jours. Les idéologies sont autres, mais les lois du jeu politique étant constantes, le modèle reste le même. Au nom de la cause, la fin, déjà, justifiait les moyens.
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Staline et les juifs : l'antisemitisme russe, une continuité du tsarisme au communisme
Arkadi Vaksberg
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût de l'Histoire
- 16 Septembre 2022
- 9782251918174
S`il est vrai qu'à ses débuts la Révolution russe de 1917 a pu se parer des apparences d'une émancipation du peuple juif, il n'en demeure pas moins que, sous Staline, le vieil antisémitisme a toujours été complaisamment alimenté, couvé, tel une lame de fond prête à refaire surface à la moindre occasion.
Vaksberg retrace les différentes étapes de la discrimination des Juifs et de leur persécution : l'établissement par la Grande Catherine de l'« aire de sédentarisation » (les juifs ne pouvaient résider que dans certaines provinces de l'Empire), la politique d'exclusion des différents tsars au cours du XIXe siècle, jusqu'à l'organisation des pogromes massifs par Nicolas Ier et Nicolas II, puis la vague d'espoir suscitée par la chute de la monarchie.
Dès la prise du pouvoir effective par Staline, l'attitude envers les juifs sera marquée d'une grande ambiguïté qui virera progressivement à une politique ouverte de persécution, menée sous le prétexte d'un combat « antinationaliste ». L'apogée de ce mouvement de balancier sera atteint après la guerre, avec l'ass assinat du grand acteur Mikhoels, puis le tristement célèbre complot des « blouses blanches » : des médecins du Kremlin, pour la plupart d'origine juive, censés avoir comploté pour assassiner Staline, dont le procès - on le sait aujourd'hui - devait servir de prélude à une grande vague de persécutions antisémites. -
Weimar : une histoire culturelle de l'Allemagne des années 20
Walter Laqueur
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût de l'Histoire
- 22 Octobre 2021
- 9782251917085
La plupart des Français l'ignorent : c'est en Allemagne, pendant les années 1920, que s'est développée la première culture authentiquement moderne. L'expressionnisme, Einstein, Bertolt Brecht, Gropius, Thomas Mann, Fritz Lang, Max Reinhardt, le Bauhaus, Heidegger, Paul Klee... Autant de noms qui témoignent de l'exceptionnel jaillissement créateur de cette époque dont le livre de Walter Laqueur présente le premier panorama complet - et contrasté : car, la musique atonale ne doit pas faire oublier le brillant renouveau de l'opérette ni le néo-marxisme de l'École de Francfort, le succès de Marlène Dietrich, dans une société « permissive » avant la lettre. Mais, cette époque, aussi contradictoire que riche, connut aussi, peu après la Russie, l'assaut le plus radical et le plus violent contre la modernité, qui devait entraîner l'Allemagne et l'Europe avec elle au bord de l'apocalypse. L'héritage de Weimar n'a pas fini de nous imprégner, ni de nous hanter.
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L'éminence grise : études de religion et de politique
Aldous Huxley
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût de l'Histoire
- 21 Octobre 2022
- 9782251918273
La vie du Père Joseph (1577-1638), surnommé par ses détracteurs « l'éminence grise du cardinal de Richelieu » dont il était ministre, est un saisissant paradoxe.
Le jour, ce chef de redoutables services spéciaux dirige les opérations sur le champ de bataille. Son exercice impitoyable du pouvoir réussit à prolonger les horreurs de la guerre de Trente Ans.
La nuit, ce fondateur d'un ordre de religieuses contemplatives prie ou compose des poèmes.
Pourquoi Aldous Huxley, le romancier de Contrepoint et du Meilleur des Mondes, s'est-il fait le biographe de ce prodigieux méconnu, mélange de Talleyrand et de saint Jean de la Croix ?
Parce que, dit-il, « la création d'un tel homme dépasserait le génie de n'importe quel artiste littéraire ». Certainement aussi parce que le Père Joseph, politicien mystique, s'est vu, le jour comme la nuit, en bâtisseur d'un monde meilleur... -
Les voisins ; 10 juillet 1941, un massacre de juifs en Pologne
Jan t. Gross
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût de l'Histoire
- 8 Mars 2019
- 9782251910840
Le massacre collectif des Juifs de Jedwabne dans le courant de l'été 1941 rouvre le dossier de l'historiographie des relations entre Polonais et Juifs au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il faut mettre de côté les sédatifs administrés depuis plus de cinquante ans par les historiens et les journalistes. Il est tout simplement inexact que les Juifs massacrés en Pologne au cours de la guerre l'aient été uniquement par les Allemands, à l'occasion assistés dans l'exécution de leur besogne macabre par des formations d'auxiliaires de police essentiellement composées de Lettons, d'Ukrainiens et autres « Kalmouks », pour ne dire mot des légendaires « boucs émissaires » que chacun fustigeait parce qu'il n'était pas facile d'assumer la responsabilité de ce qu'il avait fait - les szmalcowniks, les extorqueurs qui se firent une spécialité de faire chanter les Juifs essayant de vivre dans la clandestinité. En les désignant comme coupables, les historiens et autres ont trouvé commode de clore ce chapitre et d'expliquer que toute société a sa « lie », qu'il ne s'agissait que d'une poignée de « marginaux » et que, de toute manière, des cours clandestines s'occupèrent d'eux. [...] En vérité, il nous faut repenser l'histoire polonaise de la guerre et de l'après-guerre, mais aussi réévaluer certains thèmes interprétatifs largement acceptés comme explications des faits, attitudes et institutions de ces années-là.
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La revolution brune ; la société allemande sous le IIIe Reich
David Schoenbaum
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût de l'Histoire
- 14 Janvier 2021
- 9782251914893
Avec La Révolution brune, de David Schoenbaum, l'étude du nazisme est passée au stade scientifique, à la froide objectivité de données sociologiques et quantitatives. 1933, date de l'accession de Hitler au pouvoir, plus que 1918, date de la déposition de Guillaume II, marque le début réel d'un processus de « modernisation » de l'Allemagne traditionnelle. Arrivé au pouvoir avec une idéologie prônant le retour à la terre et à la petite entreprise, plus généralement à une image mythique de l'Allemagne médiévale, féodale ou barbare, le régime nazi accéléra dans la pratique le processus de transformation du pays en une société industrielle moderne, n'empêchant finalement ni l'exode rural, ni la liquidation de la petite entreprise, ni le travail féminin, « démocratisant », mieux que ne l'avait fait la République, l'armée et les administrations, en noyant les élites aristocratiques et bureaucratiques traditionnelles sous un flot d'arrivisme petit-bourgeois. En 1945, terme du processus, année zéro d'une nouvelle Allemagne, la vieille Prusse a cessé d'exister. Paradoxalement, le nazisme a créé les conditions d'exercice du régime démocratique stable qu'est la République fédérale.
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Rue sans joie ; Indochine (1946-1962)
Bernard Fall
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût de l'Histoire
- 18 Octobre 2018
- 9782251912080
Cette « Rue sans joie », étroite bande de terre entre mer et montagnes de l'Annam, théâtre de combats meurtriers, fut l'un des hauts lieux de cette guerre d'Indochine qui a dominé la politique française de 1946 à 1954 et dont le souvenir a pesé lourdement sur le drame algérien. Renaissant de ses cendres en 1957, elle n'a cessé ensuite de poser un problème insoluble aux États-Unis. Incapables de résoudre leurs propres contradictions, le Laos et les deux Viêt-Nam n'en sont pas moins venus à bout des meilleures armées du monde. Pourquoi et comment ? Bernard Fall qui a fait de ce lieu un symbole du désastre indochinois répond à ces deux questions avec l'autorité d'un spécialiste du Sud-Est asiatique et de la guerre subversive. Il est le seul écrivain à avoir eu accès aux archives officielles du Corps Expéditionnaire d'Indochine. Mais sa réponse est également celle du témoin direct. Ni militaire, ni journaliste, il a participé sur le terrain aux opérations, parfois sur les arrières ennemis, et recueilli de la bouche même des rescapés le récit des atroces embuscades qui marquèrent cette guerre. Témoin capital de l'agonie française en Indochine, il en a écrit le maître-livre.
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Les mutins du Bounty
John Barrow
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût de l'Histoire
- 19 Mars 2021
- 9782251914985
Le trois-mâts Bounty fait route vers l'Angleterre après avoir embarqué à Tahiti des plants d'arbres à pain quand, un matin d'avril 1789, le jeune officier Fletcher Christian - entraînant avec lui une partie de l'équipage - s'empare du commandement et abandonne dans une chaloupe au large des îles de la Société son capitaine William Bligh et dix-huit matelots avec cinq jours de vivres. Bligh navigue quarante-trois jours avant d'aborder dans l'île de Timor, se révélant un remarquable meneur d'hommes et un excellent navigateur. La justice entre alors en action, mais ne saisit à Tahiti qu'un certain nombre des mutins. Christian et neuf autres ont disparu avec le Bounty. L'énigme de leur sort ne se résout que par la découverte en 1808 de la communauté de l'île de Pitcairn. Les raisons de la rébellion, l'odyssée de Bligh (qui finira amiral et mourra en 1817 à soixante-trois ans), la tragique ou l'étonnante destinée des mutins, c'est ce que relate Sir John Barrow d'après les archives du procès et ses propres recherches dans ce récit publié en 1831, à la fois authentique et passionnant, d'une des plus célèbres mutineries de la marine anglaise.
Le nom de Sir John Barrow a été donné à une pointe, un cap et un détroit en hommage à ce grand voyageur et géographe anglais, né en 1764 près d'Ulverston dans le Lancashire. Comme secrétaire de Lord George MacArtney, il l'a accompagné dans des missions en Chine et en Afrique du Sud. Devenu en 1804 sous-secrétaire d'État à la Marine, poste qu'il conservera quarante ans, il organise des expéditions scientifiques et crée la Société royale de géographie en 1830. Il a laissé entre autres les relations de ses voyages en Chine (1804), en Afrique du Sud (1801-1804), d'expéditions dans les régions arctiques (1846), une autobiographie (1847), une Vie de Lord Macartney (1807) et de Lord Howe (1838), ainsi que le précieux documentaire sur Les Mutins du Bounty (1831). Sir John Barrow est mort à Londres en 1848. -
Le conte de ma vie
Hans Christian Andersen
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût de l'Histoire
- 10 Mai 2019
- 9782251911274
Le plus extraordinaire des récits de Hans Christian Andersen est sans doute celui qu'il a intitulé Le Conte de ma vie : son autobiographie. Né à Odense, au Danemark, dans une famille d'une grande pauvreté, il part à Copenhague où il va vivre dans le quartier des prostituées. Il s'essaie au chant, à la danse, à l'art dramatique, mais c'est dans la littérature qu'il va trouver son salut. Romans, poèmes, pièces de théâtre se succèdent avant qu'il ne révèle son génie dans les merveilleux contes qui vont faire sa réputation. Il devient célèbre, il est fêté dans toute l'Europe, on le traduit dans le monde entier ! C'est avec une certaine forme d'ingénuité qu'il fera en 1847, après de nombreux voyages, le récit de sa vie : une sorte d'épopée où l'on croise notamment Dickens, Balzac, Lamartine ou encore
Alexandre Dumas qui tous l'ont admiré. -
Un siècle de trahisons ; la diplomatie francaise et les juifs, 1894-2007
David Pryce-jones
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût de l'Histoire
- 10 Janvier 2020
- 9782251912516
Durant tout le XXe siècle, le Quai d'Orsay a mis en oeuvre une « politique arabe » destinée à assurer l'« influence française » au Moyen-Orient. Quitte pour cela à trahir non seulement les valeurs fondamentales dont la France aime à se prévaloir, mais également ses citoyens juifs perçus, au mieux, comme partagés entre deux allégeances, au pire, comme traîtres en puissance. Dans ce livre David Pryce-Jones met en lumière quelques constantes de l'action du Quai d'Orsay : préservation des intérêts matériels de la France, fascination pour la realpolitik, anglophobie qui deviendra de l'antiaméricanisme. Pour l'auteur, les positions politiques de la diplomatie française masquent souvent un antisémitisme replacé ici dans un contexte culturel, historique et religieux plus large, avec notamment l'évocation de grandes figures d'intellectuels (Paul Morand, Paul Claudel, Jean Giraudoux et Louis Massignon). Logiquement, cet antisémitisme se doublera d'un antisionisme à partir du moment où les Juifs entreprendront de déterminer eux-mêmes leur destin. De l'affaire Dreyfus à la présidence de Jacques Chirac, le Quai d'Orsay apparaît comme suranné et pétri d'illusions, incapable d'accepter les événements et a fortiori de les analyser, qu'il s'agisse de la persécution des Juifs par l'Allemagne nazie, du soutien apporté au grand mufti de Jérusalem, de la création et de la préservation de l'État d'Israël ou des compromissions du gouvernement français avec certains régimes arabes. David Pryce-Jones dresse un portrait implacable et parfois inquiétant de la diplomatie française que d'aucuns analyseront comme un réquisitoire. Le lecteur en jugera.