Un homme sur dix vit sa vie à l'envers. Un homme sur dix a une existence un peu plus compliquée que les autres. Un homme sur dix sait pourtant qu'il n'a pas le choix, puisque les choses ont toujours été ainsi. Alors un homme sur dix se résigne à subir sa condition de gaucher dans un monde de droitiers. Éloge du gaucher n'est pas un manifeste. Seulement la remise en ordre d'idées reçues, la réhabilitation d'un peuple épars, d'une caste discrète. Éloge du gaucher, c'est l'histoire éternelle d'êtres différents, qui ont été marqués par ce onzième commandement : « Écris avec ta jolie main », et qui ont dû s'adapter à un monde créé par et pour les droitiers, où l'on obéit à la priorité à droite, où il est inconvenant de saluer de la main gauche et suspect de se lever du pied gauche. Éloge du gaucher, c'est enfin un gaucher (contrarié) qui vous dit : « Si l'on pouvait vivre à mi-chemin entre ses deux mains, sans jamais avoir à choisir, vieillir serait un jeu d'enfant. » Un homme sur dix devrait lire ce livre.
Les étoiles de la bande dessinée au service de la publicité. C'est souvent dans ces créations prétendues éphémères qu'ils se montrent au sommet de leur forme et de leur art.
1987. À la cour d'assises de Lyon, André Frossard témoigne. Sa déposition est un des temps forts du procès Barbie. Il dit ce qu'il se passait à la baraque des juifs du fort Montluc où, résistant, il fut lui-même détenu en 1944 et dut son salut en obtenant que son ascendance juive fût réduite des trois quarts. Il raconte, notamment, le martyre du professeur Gompel : « Juif, savant, résistant et humaniste, il cumulait tous les handicaps. » De ce bouleversant témoignage est né ce petit livre dans lequel l'essentiel est résumé dans cette définition incontestable : « Il y a crime contre l'humanité lorsqu'on tue quelqu'un sous prétexte qu'il est né. » Il montre aussi que ce crime ne peut être confondu avec aucun autre car « traquer un résistant et un enfant d'Izieu qui n'est encore qu'espérance et promesse de vie, ce n'est pas la même violence ». Dix ans après, au moment ou s'ouvre à Bordeaux le procès de Maurice Papon, accusé de complicité de crime contre l'humanité, ce beau livre sobre, émouvant et convaincant est plus actuel que jamais.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Jean-Pierre Aumont : quand on veut parler d'un acteur qui évoque la jeunesse, l'humour, la désinvolture élégante, on pense à Jean-Pierre Aumont, qui joua dans trente pièces, tourna dans cinquante films et fut aussi auteur à succès. On retrouve dans ce livre sa vie pétillante qui, de La machine infernale de Jean Cocteau à La nuit américaine de Truffaut, a fait de lui le partenaire des grandes stars de Hollywood. Mais la vie de Jean-Pierre Aumont n'est pas qu'une route au soleil qui va de succès en succès, de Paris à Hollywood. Il y a des ombres : la guerre que Jean-Pierre Aumont fait glorieusement dans les Forces Françaises Libres ; il en reviendra avec la Légion d'honneur. Il y a surtout la mort tragique de Maria Montez. Mais le travail, l'amitié de Arthur Rubinstein, de Grace Kelly, des Kennedy, permettent à Jean-Pierre Aumont de franchir la passe. Il connaît à nouveau l'éclat joyeux de la vie. Il triomphe à Broadway aux côtés de Vivien Leigh dans Tovarich. Il est cet éternel jeune premier qui raconte ici, dans un récit vif, intelligent, personnel, fourmillant d'anecdotes, une vie de succès, vécue avec humour et simplicité.
« Le 21 février 1996, la cour d'assises de l'Hérault m'a condamnée à cinq années de prison avec sursis pour avoir donné la mort à ma fille Sophie, ma Sophie. Elle avait vingt-trois ans. Elle était autiste. Sa souffrance fut extrême, de plus en plus inhumaine. Rien, aucune médication, ne put l'adoucir. Lors de ses crises, chaque fois plus longues et terrifiantes, aucun établissement, qu'il soit public ou privé, ne fut capable de lui apporter le moindre soulagement, ni même susceptible de lui offrir un accueil digne et humain. Pour moi, la Justice est passée, clémente. Cependant, jusqu'à la fin de mes jours je porterai le poids et la responsabilité de mon geste. Si Sophie ne souffre plus, son sourire manquera cruellement à tous ceux qui l'ont aimée. Rien ne s'efface et rien ne s'oublie. Il y a aujourd'hui en France au moins 40 000 autistes atteints à des degrés divers. Je voudrais au moins que ce livre, témoin fidèle de cette épreuve sans nom, permette d'ouvrir une réflexion qui conduise enfin vers une solution à la prise en charge des autistes adultes au quotidien et, surtout, en temps de crise. »
Les temps sont durs, les idées sont molles. La guerre des looks remplace l'affrontement des projets de société. Droite et gauche se divisent sur les moyens de réaliser les mérites valeurs. Alors fin des révoltes, des utopies et des systèmes ? Fin des idéologies ? Ou, au contraire, triomphe de la soft-idéologie ? La soft-idéologie, c'est le business et les droits de l'homme, le reaganisme et la génération morale, le socialisme libéral et le libéralisme social, la Bourse et la tolérance, l'individualisme et la charité-rock, Tapie et Coluche, le minitel et le contrat social... Bricolée avec les restes intellectuels des décennies précédentes, la soft-idéologie mêle gestion conservatrice et rêves soixante-huitards, idées confuses et moralisme vague, odes à la modernité et retour aux idéaux du XVIIIe siècle. Elle assure un consensus apathique sur l'essentiel. Elle prône la résignation à la force des choses et exalte les petits bonheurs. C'est la pensée sénile d'une époque fatiguée du vacarme de l'histoire. C'est l'entracte... Pour combien de temps ?
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Tel est bien ce roman flamboyant, d'une invention et, en même temps, d'une vérité si riches que, l'ayant ouvert, on ne peut le quitter. Rarement - depuis Alexandre Dumas -, le plaisir d'accompagner des héros dans leurs aventures, et la joie de lire, ont été si heureusement mêlés.
Riou de la Villerouhault, jeune chevalier breton, part pour la Croisade, pour y gagner le salut de son âme et, peut-être, la fortune. Il laisse derrière lui trois amours ; il en retrouvera trois autres en Terre Sainte - celui, surtout, de la sublime Sofana, fille du seigneur musulman dont il est d'abord le captif, puis le vassal dévoué.
Car, voici le chevalier chrétien passé du côté des Infidèles - situation plus commune qu'on ne le croit, dans ces temps troublés, où les Templiers eux-mêmes pactisaient avec le Vieux de la Montagne, le maître de la redoutable secte des Assassins. Pris au combat par les Arabes, condamné aux galères, puis au bagne, délivré par un jeune Musulman, Riou en vient à se battre aux côtés de ses nouveaux amis contre ses anciens frères d'armes. Par reconnaissance, par fidélité - et par amour.
L'amour et l'aventure. Des exploits, des épreuves et des fêtes inouïs, les splendeurs de l'Orient révélées aux pauvres chevaliers d'Occident. Tout un monde. Et, pour la première fois, la fresque véridique de ce temps fabuleux des Croisades, où Musulmans et Chrétiens s'affrontaient, se déchiraient, mais aussi fraternisaient et s'aimaient... comme aujourd'hui.
Jean-Pierre Hutin nous livre le fruit de sa propre expérience, augmentée de celle des milliers de correspondants, que ses émissions, ses journaux et ses livres lui ont valus.
Ce « traité d'éducation et de savoir-vivre à l'intention des chiens et de leurs maîtres » constitue la somme de cette richesse hors du commun :
- comment choisir un chiot ; opter pour un mâle ou une femelle ; préparer l'arrivée d'un bébé ; faire face à l'agressivité ; apprendre la ville ; comprendre certaines attitudes...
La simple lecture de la table des matières, vous éclairera sur les innombrables questions auxquelles Jean-Pierre Hutin répond avec précision.
Ce livre comporte également 25 portraits des races les plus représentatives de l'univers canin - avec la liste complète des clubs de races existant en France - car il faut savoir choisir son chien en fonction de son caractère et assumer, en connaissance de cause, ses responsabilités à son égard, comme à l'égard des citoyens qui ne partagent pas notre attachement pour les animaux.
Ce livre est un portrait inhabituel de l'homme le plus adulé et le plus détesté de la politique française depuis deux décennies. On découvre dans cet ouvrage, indiscret mais jamais scandaleux, le rôle essentiel qu'ont joué les femmes, dans la vie personnelle comme dans la carrière, de François Mitterrand. Protégé par sa mère, soutenu par son épouse Danielle, avec laquelle il entretient des relations à la fois complices et tourmentées, entouré d'amies et de confidentes qui l'ont accompagné tout au long de sa patiente conquête du pouvoir, il doit beaucoup aux femmes. Pourtant, ce séducteur au comportement plutôt macho ne prendra que tardivement conscience que les femmes votent aussi. De ce jour, son attitude politique à leur égard va changer radicalement. Depuis 1981, ce sont des femmes en qui il a toute confiance qu'il nomme à des postes délicats dans la magistrature, dans l'audiovisuel, au gouvernement ou à l'Élysée. Ce livre, qu'il faut parfois savoir lire entre les lignes, devrait passionner tous ceux - et celles - qui, bien au-delà de la politique, s'intéressent aux hommes exceptionnels qui font l'histoire d'un pays.
4 septembre (Fontaine-la-Verte), un an. Un an déjà que je tiens ce journal... Le temps n'a pas d'épaisseur. Il est transparent comme l'aile de l'abeille. Les reflets des nuages ou les irisations de l'eau font, quelquefois, croire qu'il a du corps. Il présente des nervures. Il émet des bourdonnements. Ce sont des simulacres. Temps qui passe, graminée jaunie, l'odeur du soleil dans l'herbe. J'ai vu des spectacles de nature prodigieux sur la Calypso de Cousteau. J'en ai contemplé de sublimes dans la vieille Europe. J'ai voulu chanter la splendeur discrète ou triomphante des herbes et des insectes, des lézards, des oiseaux et des arbres. Ils recèlent des secrets plus subtils que des miracles. Trois cent soixante-cinq jours de suite, fidèlement, avec scrupule et ravissement, j'ai noté ce que j'ai observé au hasard de mes lieux de vie, de la Côte d'Azur à la Normandie, de Paris à la Flandre, des montagnes de la Savoie aux collines du Lazio italien. J'ai tenté de transcrire les couleurs, les mouvements, les parfums et les sons. J'ai mêlé la science à la littérature, la poésie à la botanique, la zoologie à la philosophie. J'ai cherché à retrouver l'esprit des Rêveries de Jean-Jacques Rousseau, du Journal de Thoreau et des Journaux de Basho. Avec des méditations sur le sens des choses et des haikus pour le plaisir. Questions de science et traits d'ironie. Hors de tout genre. Avec des photographies que j'ai prises comme des croquis sur le terrain...
Les rois et les princes d'Europe ont souvent disparu, balayés par les tempêtes de deux guerres mondiales : partis les Romanov, les Hohenzollern et les Habsbourg mais aussi, en 1945, les roitelets de Bulgarie, de Yougoslavie, de Roumanie, les rois fascistes et les rois dictateurs. Pierre Miquel évoque ces rois maudits des temps présents, en s'attardant sur les élevages de princesses qu'étaient les charmantes cours de Hanovre, de Bavière, de Parme et de Saxe-Cobourg-et-Gotha. Les rois ont disparu, mais parfois survécu à Bruxelles ou à Londres, à Copenhague ou à Stockholm. L'attachement des populations à leurs souverains a résisté aux épreuves de la guerre, pourtant diversement surmontées : pour un roi des Belges qui reste, une reine de Hollande qui part à Londres en 1940 ! Pour un roi de Suède neutre, un roi de Norvège qui chausse ses skis pour continuer à se battre. La guerre contre Hitler a été l'épopée ou le tombeau des derniers rois. Les rois s'en vont, vive le roi d'Espagne, qui effectue un retour impressionnant, évitant à la fin de Franco une nouvelle guerre civile dans son pays. L'Europe n'est plus ce qu'elle était : six républiques pour six royaumes et quatre rois protestants contre deux catholiques. Il n'importe ! La fin des rois ne donne pas de remords à l'Histoire, mais seulement le souvenir des heures brillantes du passé. Les rois sont morts ! Vivent les rois... de coeur !
Il y a un an, en octobre 1996, paraissait un petit livre intitulé L'École de Brive, son histoire, ses acteurs, où se faisait entendre la voix de huit écrivains qui constituent cette équipe désormais fameuse : Michel Peyramaure, Claude Michelet, Denis Tillinac, Gilbert Bordes, Yves Viollier, Jean-Guy Soumy, Colette Laussac, Martine Marie Muller. Ils disaient leurs origines et leurs sources, leur attachement à un passé toujours vivant qui ne cesse d'irriguer un présent incertain. Ils disaient le bonheur d'écrire et de publier au sein d'un groupe qu'animent seules la confiance et l'amitié. Cette année, pour que se manifeste une nouvelle fois cet esprit, pour les voir de nouveau réunis, nous leur avons demandé de raconter leurs rentrées des classes. En toute liberté. Et cela fait des histoires étonnantes, réelles ou plus ou moins imaginaires, où chacun se dévoile. Les cancres et les bons élèves, les fortes têtes, les fantaisistes et ceux qui, devenus professeurs, portent un regard stupéfait sur les enfants qu'ils furent. Ils sont tous là, tous les huit, six garçons et deux filles. La traditionnelle photographie de classe sous le préau s'anime. Ils ont l'air malin, ces gamins. Si les petits cochons ne les mangent pas..., on en fera peut-être quelque chose... Des écrivains et, pour nous tous, des amis.
Isabelle, comtesse de Paris, serait la reine de France, si la monarchie était rétablie. Rien de plus simple, pourtant, rien de plus familier, que le récit de cette vie de princesse, de château en palais, de France en Bohème, du Brésil au Maroc et en Espagne. Vie jalonnée de voyages et de fêtes, de soucis et de drames, aussi. Vie de femme, vie de mère : onze enfants, trente-six petits enfants. L'émotion, la drôlerie, la tendresse et une étonnante fraîcheur, font de ces souvenirs sans apprêt un récit qui va droit au coeur. Et quand parle la petite fille de Saint Louis et d'Henri IV, c'est un chapitre de l'Histoire de France qui s'écrit devant nous.
Le raid papou est l'extraordinaire traversée du dernier territoire préhistorique de la planète. Au centre de la Nouvelle-Guinée indonésienne, sur un territoire presque grand comme la France, au coeur de jungles épaisses et mystérieuses, sur les flancs de montagnes culminant à plus de cinq mille mètres, subsistent les ultimes survivants de l'âge de pierre. Là, des centaines de tribus papoues - certaines cannibales, d'autres juste pacifiées par des missionnaires - vivent, cernées par une faune et une flore millénaires, selon les mêmes rites immémoriaux. Dans cet univers surgi de la préhistoire, Patrice Franceschi a vécu l'une de ses plus dures et exaltantes aventures sans aucun moyen sophistiqué, sans radio ni balise, avec ses seules ressources humaines. Cinq cents kilomètres à pied, deux cents kilomètres à bord d'un canot de survie, une lutte incessante contre la jungle et ses insectes, des descentes de rivières primitives, des rencontres qui à tout instant peuvent tourner au drame, c'est cette aventure extrême à travers le dernier des mondes que Patrice Franceschi nous fait vivre avec la plus vive intensité.
Ce qu'il nous apprend touche à tous les domaines : la chirurgie, l'anesthésie, la gynécologie, l'obstétrique, la dermatologie, l'ophtalmologie, les maladies artérielles, le système digestif, le système nerveux, les désordres psychiques, la pédiatrie, etc. Et encore aux instruments médicaux, à la pharmacie, à l'hygiène, à la médecine vétérinaire. Enfin à la mort et à l'embaumement... Il fait vivre devant nous le corps médical et recherche les influences que la médecine égyptienne ancienne a exercées sur les médecines hippocratique, arabe et indienne. Riche en informations et en révélations, ce livre d'un grand spécialiste jette sur toute une civilisation une lumière neuve. Les médecins, en particulier, le liront avec passion.
On ne résume pas Bob Maloubier, on le lit. C'est James Bond sous les traits d'un major Thompson. Il raconte ici ses aventures dans les services secrets.
Elle est apparue des milliers de fois, partout dans le monde. À des enfants, des paysans, des ménestrels, des ouvriers, et tout aussi bien à des catholiques qu'à des protestants, des juifs ou des musulmans. Les uns l'ont vue pleurer, d'autres sourire, mais tous ont prié avec elle. Et, depuis toujours, la Vierge Marie délivre le même message, celui de la foi qui seule peut sauver et qui seule peut éloigner le malheur. Fatima, Lourdes, ou récemment Medjugorje en Yougoslavie, ses apparitions sont célèbres. Mais il y en a tant d'autres, et tant de questions : quelles furent ses rencontres secrètes avec Thérèse de Lisieux ou le curé d'Ars ? Quels secrets a-t-elle délivrés aux enfants de Fatima ? Que sont devenus ceux qui l'ont vue, les voyants ! Certains sont entrés en religion, d'autres ont continué une vie paisible. D'autres ont connu une mort étrange. Sur les pas de Marie, Daniel Costelle et Georges Vayre se sont livrés à une véritable enquête policière, mais aussi à une quête spirituelle sur les étranges chemins du surnaturel. Un surnaturel proche de nous, comme caché par un mur invisible qui mystérieusement s'entrouvre, parfois, lorsque Marie paraît.
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« René, mon père, appartenait à la génération sacrifiée. S'il avait regardé, en 1918, n'importe laquelle des photos de collège, où il figurait parmi ses camarades, il aurait pu tracer une croix sur la majorité des visages. La plupart des survivants étaient aussi estropiés que décorés. Mon père, lui, n'était pas décoré. Réformé, et désespéré de l'être, il n'avait pas eu la chance de devenir un héros. C'est sans doute à cette malchance que je dois le plaisir d'exister. »
Avec une curiosité amusée, Paul Savatier imagine la jeunesse de René, qui n'a pas choisi un bon moment pour avoir vingt ans. Il nous raconte la Grande Guerre, telle qu'a pu la ressentir cet étudiant contraint de remplacer au village un père sexagénaire qui, de son côté, se faisait un devoir de remplacer au Front ce fils réformé. Il nous fait partager le profond malaise de René, mais aussi son amour fou pour l'impétueuse Cécile, une jeune infirmière, qui ne craint pas plus de monter en avion que de s'exposer aux bombardements. Il nous fait pénétrer dans l'intimité d'une famille pléthorique, d'une de ces familles de la vieille bourgeoisie, pour qui la guerre aura vraiment été la fin de la Belle Époque.
Le recul permet à l'auteur de nous laisser entrevoir l'avenir de ses personnages, de porter - sur sa propre famille - un regard empreint d'une douce ironie. Ainsi, ce roman fourmillant d'anecdotes, navigue-t-il entre la gravité, la tendresse et impertinence.
Jean Huguet est vendéen. Vendéen des Sables-d'Olonne, la seule ville qui, dans la Vendée insurgée, demeura républicaine - on disait alors patriote - au milieu de la tourmente politique et militaire de 1793 et de 1794. De cette position particulière, il a appris à considérer ces années tragiques d'un oeil plus serein que la plupart de ses compatriotes : son essai, Un coeur d'étoffe rouge, publié en 1985, est la première tentative de réconciliation des frères ennemis - et l'on voit, jour après jour, son rayonnement modifier les esprits dans tout l'Ouest français. En 1986, Jean Huguet a publié Les tambours de la Bourguignonne, roman-chronique de L'An I de la Vendée, dont Émilia est la suite naturelle. Émilia, roman-chronique... Roman, parce que certains des personnages, dont Émilia et le jeune officier bleu, Caïus Rambert, sont imaginés. Chronique, parce que les principaux acteurs, ou témoins du drame, sont historiques : François Servanteau, André Collinet, le député Gaudin, le général Boulard, le général Turreau (l'homme des colonnes infernales), vingt autres. Chronique, encore, car, vécu par ces hommes et ces femmes, jour après jour, ce récit est la relation fidèle des événements qui, du printemps 1793 au printemps 1794, font de la Vendée le théâtre de la plus grande guerre civile de l'histoire de France (en quatorze mois, près d'un demi-million de morts, Blancs et Bleus)... Émilia et Caïus Rambert vivent leur roman ; d'autres écrivent l'histoire avec le sang des victimes ; Servanteau et Collinet en tiennent la chronique, et tentent de comprendre l'horreur qui se déchaîne sous leurs yeux... Roman-chronique : tel est ce livre à nul autre pareil qui, tour à tour, décrit le quotidien et prend de la hauteur. Il est, en quelque sorte, l'illustration vivante d'Un coeur d'étoffe rouge. Du roman, il a la puissance et l'émotion ; de la chronique, l'intelligence des faits et le poids de la réflexion.
Dans la nuit du 15 au 16 mars 1916, le paquebot hollandais Tubantia est torpillé et coulé au large d'Ostende par un sous-marin allemand. Banale serait l'histoire de ce « neutre » en route pour l'Amérique du Sud, si ses cales n'avaient contenu des meules de fromage recelant un immense trésor : des lingots d'or allemand d'une valeur de deux millions de livres sterling et, sans doute, une partie du trésor du Kaiser. Pourquoi cette expédition montée en pleine guerre par les services secrets allemands ? Quels sont les ordres, les raisons qui obligèrent le lieutenant de vaisseau Metz, commandant l'Ub 13, à envoyer par le fond ce paquebot et son trésor, un trésor allemand ? Ce trésor, en tout cas, un homme en connaissait l'existence : l'Irlandais O'Donnaigain, agent des services allemands. La paix revenue, il rêva de se l'approprier ; il s'ouvrit de son projet au major Sippé, ancien as de l'aviation anglaise, de passage à Hambourg, et celui-ci, à son tour, au capitaine au long cours Paul Truck, un Dunkerquois. Homme d'action et d'aventures, disposant des moyens nécessaires au renflouement de l'épave, Paul Truck, directeur à la Société maritime nationale, mit tout en oeuvre pour réussir dans son entreprise. Mais d'autres, des Anglais, guignaient aussi le trésor... Cette ténébreuse affaire, Léonce Peillard l'a lui-même vécue ; il a connu les principaux protagonistes ; depuis, il a longuement enquêté en France, en Allemagne, en Hollande, en Angleterre. Aujourd'hui, sans prétendre avoir levé tous les voiles, il nous en donne un récit passionnant, qui ressemble à un roman, plein d'étonnants personnages et où revit toute une époque. Tous ceux qui aiment le mystère, comme tous ceux qui aiment la mer, voudront lire le nouveau livre de l'auteur de « L'affaire du Laconia », de « Coulez le Tirpitz ! » et de « La bataille de l'Atlantique », l'un de nos grands écrivains maritimes.
Roger Holeindre est grand reporter (naguère à Paris Match, aujourd'hui au Figaro Magazine) : c'est un homme qui sait voir, écouter, sentir et qui sait dire, avec clarté, vigueur et honnêteté, tout ce qu'il a vu, entendu, senti. Ce que les grands reporters de cette espèce-là nous rapportent de leurs voyages est plus vivant et plus significatif que toutes les images de toutes les télévisions du monde quand le journaliste se révèle un véritable écrivain - ce qui est bien le cas ici - et quand la passion de la vérité anime son regard et sa plume. Japon, Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong, Singapour... Partant du Japon, dont il nous fait comprendre - par l'histoire, la tradition, la morale - la puissance actuelle, Roger Holeindre montre comment ces trois pays et ces deux villes se complètent et s'entraident pour la conquête économique du monde : la Corée du Sud et Taïwan prenant le relais du Japon dès que celui-ci passe à un stade supérieur dans la technologie avancée, devenant des petits Japons, en retard sur leur grand frère, mais en avance sur l'Europe, Hong Kong et Singapour occupant à leur tour les places abandonnées par la Corée et Taïwan... À ce phénomène qui fait trembler le Vieux monde, inutile de chercher des raisons mystérieuses. Il n'y a pas de miracle. Comme le souligne Bruno Gollnisch-Flourens dans sa préface, les Asiatiques ne sont pas des surhommes, ils ne sont pas non plus des esclaves ; seulement, ils ont su traduire dans l'ère industrielle et post-industrielle les valeurs traditionnelles de leurs propres civilisations, dont celle-ci : que la hiérarchie des devoirs précède la hiérarchie des droits. Cette grande leçon-là, les Européens - les Français - veulent-ils encore l'entendre ? En tout cas, tous les éléments d'une réflexion sont ici, dans ce livre : fondés, vivants, passionnants. L'Asie en marche est un de ces ouvrages, très rares, qui éclairent d'une lumière neuve le temps et le monde que nous vivons.