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Seuil
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Le Théâtre des métamorphoses
Jean Ricardou
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 13 Janvier 2017
- 9782021266634
Un jeune homme, par téléphone, se livre à diverses cruautés minutieuses. Une demoiselle se met dans tous les états d'un strip-tease circonstancié... Voici donc un ouvrage de fiction. Une étude aiguisée est offerte des antinomies qui opposent la presse et le texte. Une analyse pointue est fournie des « machines à inspiration »... Voici donc un ouvrage de théorie.
Davantage : romancier de la Prise de Constantinople, théoricien des Problèmes du Nouveau Roman, Jean Ricardou élargit en effet sa palette : il implique des strophes et des images ; il multiplie les parallélismes et les rimes. Bref, il croise tout un assortiment de registres, selon une manière de Fiction & Cie.
Davantage : tout se passe comme si, en une belligérance curieuse, chaque registre s'en prenait aux autres. Tantôt par des interruptions sans réplique. Tantôt par des subversions insidieuses. En conséquence, toutes les pièces du jeu se trouvent prises dans un réseau spectaculaire de liens et de transformations. Le théâtre des métamorphoses n'est donc pas un mélange (un simple recueil d'éléments disparates) : il est un mixte (un précis tissage de composants divers).
Dès lors, ce qui paraît mis en cause, avec les croisements de cet art du X, ce sont les somnolentes certitudes de la lecture. Soumise à d'affolantes directives internes, modifiant sans relâche son statut, cette écriture, semble-t-il, prétend exciter chez la lectrice, mais non moins le lecteur, une vigilance de tous les instants, et concourir ainsi à une nouvelle éducation textuelle.
« Jean Ricardou doit avant tout être considéré comme l'exégète, le théoricien et le chef de file du Nouveau Roman » Encyclopædia Universalis. -
La Petite Vertu
Collectif
- FeniXX réédition numérique (Seuil)
- Fiction & Cie
- 8 Janvier 2019
- 9782402653466
Recueillir des textes, plonger dans cette matière qui appartint à une période si précise de notre Histoire (de 1715 à 1723, de la mort de Louis XIV, à l'avènement de Louis XV), c'est, pour Michel Chaillou, écrivain d'aujourd'hui, l'occasion de s'interroger : le temps qui passe ainsi, sous la Régence de Philippe d'Orléans, passe-t-il en entier ? Un siècle s'éclipse-t-il totalement des mots qui le parlèrent ? l'écrivirent ? Mathurin de Lignac, pharmacien à Pont-Sainte-Maxence qui, en ce début du XVIIIe siècle, disserte sur la génération des insectes dans le corps, acquiert-il un style à appartenir à une époque révolue ? Ou est-ce elle qui lui en prête ? Le temps serait-il écrivain ?
L'auteur de cette anthologie a appelé « prose courante » cette dentelle du temps, qui se fabrique ainsi à l'insu du brodeur : voyageurs, cuisiniers, petites gens des villages, marquis éclairés, botanistes, thérapeutes, géographes, auteurs de traités, cultivateurs, accoucheurs, artificiers, rêveurs, tous brodent sans le savoir cette étrange nappe de temps.
Au demeurant, la Petite Vertu était, vers 1715, le nom d'une papeterie très fréquentée, propriétaire un certain Guyot, rue des Assis ou des Arcis, engloutie avec son cortège d'enseignes du côté de l'église Saint-Merri.
Le présent ouvrage est la réédition du livre publié, sous le même titre, par les éditions André Balland, en 1980. -
Fenêtre jaune cadmium
Hubert Damisch
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 30 Novembre 2018
- 9791036917424
Fenêtre jaune cadmium. Plutôt qu'un panorama de la peinture contemporaine, ce livre en propose une traversée, parmi d'autres possibles. Amorcé il y a plus de vingt-cinq ans sous l'invocation de Mondrian, l'itinéraire est balisé par une série de noms dont la succession, elle-même chronologique à une exception près, obéit en fait à une logique qui ne devait se révéler qu'après-coup, et par une vue rétrospective de l'ensemble du parcours. Piet Mondrian, Jackson Pollock, Jean Dubuffet, Paul Klee, Saul Steinberg, Valerio Adami, François Rouan : autant de fils prélevés dans une même tresse, inlassablement renouée, comme le révèlent encore deux coupes transversales pratiquées dans son épaisseur, l'une sous le titre de l'"informel", et l'autre sous celui des "stratégies" qui structuraient la scène artistique des années cinquante, de part et d'autre de l'Atlantique. Un fil en dessus, un fil en dessous : la tresse propose un modèle d'histoire plurielle, où le fil qui fait surface et occupe l'oeil à un moment donné n'a de sens, et de tenue, que par rapport à ce qui vient en dessous, avant que de lever à son tour. L'abstraction et la figuration, le dessin et la couleur, la figure et le fond, l'image et le tableau, le voir et le lire : ces jeux d'oppositions binaires, s'ils en dessinent le champ, ne suffisent pas à rendre compte d'un travail dont on a pu croire qu'il retournait la peinture sens dessus dessous, alors qu'il ne prétendait à rien d'autre qu'à la mettre à plat et tout donner à en voir. Au risque pour le spectateur de ne plus s'y reconnaître et, pour le peintre, de se laisser prendre à une tâche proprement infinie, interminable. Et le désir là-dedans, ou la femme (comme parlait Balzac) là-dessous ? On n'en finira pas de relire le Chef-d'oeuvre inconnu, lequel fait le prétexte de cette traversée, en même temps qu'il lui sert, tout au long, de phare.
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Le chemin de fumée
Rachel Hausfater-Douieb
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fictions jeunesse
- 3 Décembre 2018
- 9791036917844
L'après-guerre. Shaïné, encore adolescente, a survécu aux camps d'extermination. Que faire d'elle-même et de l'enfant qu'elle porte ? L'enfant naît. Elle l'appellera Zeïdé, comme le grand-père tant aimé. Mais comment la jeune fille pourrait-elle l'élever ? On le lui enlève pour le confier à une nourrice et Shaïné, seule, se retrouve dans un monde d'enfants parmi d'autres rescapés... Il va lui falloir accepter l'inacceptable, pour réapprendre à vivre, pour vouloir vivre.
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Béno s'en va-t-en guerre
Jean-Luc Benoziglio
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 7 Octobre 2019
- 9782021445107
Béno s'en va-t-en guerre. Au commencement, il y a Béno et des touristes qui se gobergent sur une petite île du sud du Sude. (Mwouais : pourquoi pas la Grèce ?) Existence repliée pour dépliant touristique. Et les eaux bleues, et les plages de sable d'or, et les criques en fleurs, et les ravissants ports nichés au fond de baies paisibles. Classique. Tout aussi classique, bien que cela fasse un peu gamberger ceux de nos voyageurs encore dotés d'une vague - euh - conscience politique, le fait que le pays se trouve sous la coupe de dirigeants pas précisément libéraux, ou éclairés. Classique encore la guérilla opposant depuis des décennies sur une île voisine (Chypre, si l'on veut) deux communautés qui prétendent avoir des droits sur l'île tout entière. Quelques morts par-ci, par-là. Routine. Accoutumance. Et puis, cet été-là (1974) de fil en aiguille, la petite guerre dégénère en guerre tout court dans laquelle le sud du Sude et l'Ennemi héréditaire (disons : la Turquie), protecteurs respectifs des deux communautés, se retrouvent impliqués. Cette invraisemblable transformation de leur terrain de jeu en une sorte de Kriegspiel n'est pas sans affecter les habitudes et le comportement des étrangers coincés sur place et incapables de savoir ce qui se passe au juste. Nerfs à vif, réactions incohérentes et autres bizarreries affectives. Mais alors que là-bas, en face, sur l'autre île, les balles sifflaient de tous côtés, faisant des milliers de morts et de disparus, le seul crépitement dont retentit notre île (et encore, pour l'entendre, il fallait drôlement prêter l'oreille) fut celui de la machine à écrire de Béno, alias la grande gueule. J.-L.B.
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Kiev 41 : Babi Yar
Muriel Pernin
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fictions jeunesse
- 30 Novembre 2018
- 9791036917509
David Gregorievitch Eisenberg a mis 50 ans avant de revenir à Kiev... 50 ans qui le séparent du massacre de Babi Yar dont il est un des rares rescapés. David raconte. Il a 15 ans. Avec tout les Juifs de la ville, il est convoqué près du cimetière. Il n'a rien à craindre. Il donne ses papiers, il se déshabille... et c'est l'horreur : courir nu vers les mitrailleuses qui fauchent femmes, enfants, vieillards. David tombe dans la fosse, blessé. Deux jours à survivre parmi les morts. Se sauver. Se réfugier chez son ancienne concierge et rester deux années enfermé dans un appartement avant d'être dénoncé. Il a 17 ans et il se retrouve dans la cellule des condamnés à mort... David raconte simplement, tout simplement, par petites touches, avec humour parfois, l'horreur. Un témoignage afin que la mémoire ne soit pas vaine.
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Une maison derrière la dune
Robert Deleuse
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fictions
- 14 Décembre 2018
- 9791036917783
Le romancier Roland Delalande est invité en résidence par une petite ville de la côte Atlantique. Il apprend que le propriétaire de la maison mise à sa disposition s'est suicidé trois ans auparavant... Beau sujet d'enquête pour un écrivain en mal d'inspiration. Suicide ou meurtre ? La question se pose parce qu'un passant, rencontré « par hasard », pousse Delalande sur la piste d'un meurtre maquillé en suicide. A mesure que s'ouvrent des portes qui auraient dû rester closes, l'atmosphère devient plus pesante et le romancier-enquêteur ira de surprises en dangers. Car si la vérité se cache au fond des puits, celle qu'il traque y a été jetée voici plus d'un demi-siècle...
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Dépêches de Somalie
Jean-Pierre Campagne
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction et Cie
- 26 Novembre 2018
- 9791036917875
Dépêches de Somalie. Les premiers Somaliens, je les ai rencontrés dans des camps de réfugiés de l'Ogaden éthiopien, à la chute du Négus rouge Mengistu. En mai 1991, et déjà affamés. Je suis allé ensuite dans le nord de la Somalie, en novembre. J'ai découvert un champ de ruines à la place d'une ville, Hargeisa. Puis j'ai été à Mogadiscio, pendant les combats entre le général Aidid et Ali Madhi. Les obus pleuvaient. Dans le sud, j'ai assisté à la prise de la ville de Kismayo le 15 mai 1992 par les combattants du général Aidid alliés à ceux du colonel Jees. Effet de la guerre civile, la famine ravageait le pays. Après il y a eu Baidoha où les enfants agonisaient au ralenti sous mes yeux. Bardéra, la plus insalubre, avec épidémies et assassinats. Huddur et ses suceurs de peaux de bêtes. Merca, ses tueurs et ses tuberculeux. Les chefs de guerre ont bien fait leur travail. Le pays est détruit. Pendant ces deux années, j'ai envoyé plus d'une centaine de dépêches d'agence : infos brutes, reportages, et quelques analyses. Ces textes sont d'une autre nature. Scènes, personnages, lieux, émotions de la tragédie somalienne, donnés à voir et à ressentir. Parce que la guerre et la famine sont affaire de sens. De coeur et d'estomac. Jean-Pierre Campagne.
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Ralentir : mots-valises !
Alain Finkielkraut
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 7 Octobre 2019
- 9782021445282
Ralentir : mots-valises ! Les mots sont comme les billets de banque : il y a les vrais, et il y a la fausse-monnaie. Pour être faux-monnayeur en langage, et glisser, l'air de rien, un petit fictionnaire dans la vénérable famille Larousse, Robert & Cie, la recette est simple. Il suffit de mélanger deux ou trois termes jusqu'à ce qu'ils entrent en symbiose, et n'en forment plus qu'un : « Orthografle : descente de police effectuée chaque semaine dans le discours des enfants. » On n'en finirait pas d'énumérer tous les avantages de ce procédé de contraction. A l'homme pressé, il permettra de gagner un temps précieux en disant les choses deux fois plus vite ; les timides n'auront plus à rougir de leurs balbutiements ; les indécis qui peuplent nos royaumes pourront être à la fois Monsieur To Be et Monsieur Not To Be, ce qui leur évitera de s'abîmer indéfiniment dans des questions sans réponse ; quant aux écologistes (non, celui-là n'est pas un mot-valise !), ils seront en mesure de sauver les forêts menacées - et pas seulement celles du Loir-et-Cher - en exigeant immédiatement que l'on diminue de moitié l'épaisseur des journaux et des livres. En tout cas, là comme ailleurs, mieux vaudra ne pas se montrer : « Dodogmatique : qui endort ses interlocuteurs, à coup de paroles tranchantes et d'affirmations péremptoires. »
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George Jackson Avenue
Giovanni Marangoni
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 11 Janvier 2018
- 9782021266696
George Jackson Avenue. Il est arrivé à Giovanni Marangoni (le Gio de George Jackson Avenue) ce qui devait nécessairement, inéluctablement, lui arriver, tôt ou tard, les oreilles emplies de sons graves et violents : d'origine vénitienne, d'éducation flamande, de langue française, mais fixé en Belgique, amoureux d'une Zaïroise (Lil', peut-être un peu Lilith, mythe résurgent et langue refoulante de l'amour ?), il s'est retrouvé en plein dans le mille, aux prises avec un peu trop de vent dans le cône éruptif du langage. Gio et Lil' vivent leur amour et leur nausée - leur manque - par un trop-plein de langage : Bruxelles, verres d'ouzo, Londres, joints, partages de femmes, boulot bourgeois, départs, l'ami qui s'appelle Alias (?), Cannes et la Côte, la tentation communautaire dans les îles de la Frise, l'ordure régnante, l'enfant, et à nouveau, entrelardant le tout : le manque, l'amitié, la langue (oui, la langue, bon sang !), la nausée, l'amour. Et quel bruit ! Écoutez plutôt : « ... crâne infini entre parenthèses d'écouteurs - espace musical sans rives, sans même un peu de brume matinale ou d'une fiente d'oiseau sur un fil électrique - mais surgissant d'une courbure invisible, d'un repli du néant, des sons perfides mourant juste avant de naître - point musical droit devant grossissant à vue d'oeil ! - collision inévitable ! irrémédiable ! - wham ! - si je n'avais été idéalement poreux... » « ... et voilà qu'un matin... dans un coin de la nacelle... un cadavre clandestin, vieux de six mois... » Salut à toi, George Jackson !
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À la recherche d'un corps
Serge Grunberg
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Fiction & Cie
- 13 Janvier 2017
- 9782021247978
Serge Grunberg. Né en 1948 à Saint-Quentin. Après des études poussées d'anglais, il obtient un doctorat de lettres en 1976. A écrit «A la recherche d'un corps» à Lusaka (Zambie) où il était assistant de français à l'université. Travaille actuellement à une thèse intitulée : Intuitions préfreudiennes chez Poe, Melville, Hawthorne.
"A la recherche d'un corps". Aux USA, il aura fallu attendre les années cinquante pour assister, en art comme en littérature, à une véritable révolution : la mise en fonctionnement ultra-rapide et précise d'une écriture (enfin débarrassée de toute équivoque «européenne») dont les opérateurs s'appelaient Jackson Pollock, disons, et William S. Burroughs. Ce sera l'arrivée sur la scène brillamment illuminée de l'avant-garde et in extremis du Wyoming et du Missouri...
L'oeuvre de Burroughs part d'un présupposé farouche : que le langage est un constituant comme un autre du corps humain. Les mots sont des micro-organismes, des «poussières vivantes» que seule une «révolution électronique» assemble et ordonne jusqu'à des niveaux plus ou moins différenciés de sens. On comprend alors pourquoi Burroughs a été ressenti avant tout comme un «témoin» : du comportement des drogués (Le Festin nu), de l'homosexualité masculine (La Machine molle, Les Garçons sauvages), etc. C'est que le sexe, comme la drogue, met en scène, exacerbe les conflits organisationnels qui sont ceux auxquels l'écriture ne cesse jamais d'avoir affaire.
Dès lors, la seule tentation qui anime encore l'écrivain ne peut être que celle-ci : ou bien on continue d'enregistrer sur la bande-son, et d'ordonner ces milliers de poussières aimantées, ou bien on enfonce d'un doigt raide la touche marquée «arrêt». En d'autres termes : «La Mort est la séparation finale de la bande-image et de la bande-son» (Le Ticket qui explosa).
Sinon, c'est que le corps est là. Et qu'il faut tenter d'écrire.