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Arts et spectacles
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Depuis longtemps, Jean-Christophe Bailly s'intéresse à la ville. Il s'y promène, y rêve, l'observe et l'analyse. Il en a le souci, et le désir.
Les textes ici réunis vont de l'approche théorique (la ville comme langage et comme mémoire, la tension utopique de l'espace) à des considérations plus concrètes, notamment sur la politique de la ville et la question des banlieues. Sans que jamais ne soit abandonnée une approche plus sensible, qui fait la part belle à la promenade comme méthode : cela même à quoi les lecteurs du Dépaysement ont été familiarisés.
Défini comme un devenir illimité, aux bords de plus en plus imprécis, le phénomène urbain est abordé comme un énorme puzzle dont toutes les pièces ne coïncident pas toujours forcément entre elles, ne serait-ce qu'à cause de l'écart entre les " pièces montées " de l'architecture et le bricolage de la ville en train de s'inventer et se réécrire sans fin.
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Le cinéma est intrinsèquement lié au partage dans la communauté éphémère et aléatoire des salles obscures. Serge Toubiana le sait mieux que quiconque, pour avoir dirigé Les Cahiers du Cinéma et plus tard la Cinémathèque française. Dans cette vie consacrée entièrement au 7e art, il revient sur quelques rencontres particulièrement importantes, dans des portraits de cinéastes ou d'actrices ou acteurs qui sont autant de coups de cœur. Du coup, le lecteur voit ses propres souvenirs se réveiller ou sa curiosité s'animer, pris d'un irrésistible désir de voir ou revoir les nombreux films évoqués ici avec enthousiasme et érudition. Ces exercices d'admiration, fondés sur la générosité, suscitent un appétit d'images. C'est le temps de voir.
Journaliste et critique de cinéma français, Serge Toubiana a été rédacteur en chef des Cahiers du cinéma et directeur de la Cinémathèque française.
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Aux heures d'affluence ; poèmes et proses
Michel Deguy
- Seuil
- Fiction & Cie
- 29 Août 2019
- 9782021437119
Plusieurs des locutions dont j'ai intitulé certaines séquences de ce livre pourraient valoir pour l'ensemble comme ses parties intégrantes. Et non seulement " Recueil", bien sûr, qui vient sous-titrer la dernière, parce que le livre rassemble des poèmes et des proses qui tinrent d'abord compagnie à des peintres dans de "beaux livres" ("travaux pour un rectangle ", en effet), ou à des amis écrivains (tel ce "mardi de l'Hexaméron" écrit en collaboration); mais aussi bien "Axiomatique rosace ", où l'art poétique, toujours fragmentaire et anxieux de jouer le va-tout d'une pensée éprise de la somme à chaque opération, se dispose en mosaïque réfringente; ou "Aux heures d'affluence", qui se dévoue aux épiphanies, aux encombrements, aux riches et pauvres heures où le monde afflue par échappées...
Parfois encore je me relis, par reprises ici de strophes anciennes ou récentes, un "poléoscope" à la main : mémoire des villes d'où les cartes postées reviennent au moins à leur destinateur. Enfin, les rubriques rimées en "multitude, lassitude, servitude, latitude" segmentent la composition finale dans une humeur de tourne des millénaires. Ce qui n'est pas sans lien avec "Au sujet de Shoah" qui fait repasser le film de Claude Lanzmann, maintenant et à l'heure de notre mort, cherchant, à sa suite et grâce àlui, comment rendre ineffaçable ce qui ne fut pas impossible mais incroyable à jamais.
M. D.
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Le voyeur absolu. Evgen Bavcar est né en 1946 en Slovénie. A l'âge de 11 ans, à la suite de deux accidents consécutifs, il perd totalement la vue.
Au début des années soixante, à l'Institut des jeunes aveugles de Ljubljana, puis au lycée, il prend ses premières photos.
Installé à Paris, où il a poursuivi des études en philosophie et en esthétique, il est naturalise français en 1981, et travaille pour le CNRS.
En avril 1987, la première exposition des photos d'Evgen Bavcar a lieu à Pans. Depuis, expositions, catalogues et publications se succèdent dans différents pays d'Europe (en Allemagne, France, Espagne, Suisse, etc.).
Cette expérience, stupéfiante à bien des égards, ne cesse de poser des questions. Comment un aveugle réussit-il à substituer à une vision qui n'existe plus depuis trente-cinq ans un ensemble sensible qui lui permet d'appréhender une réalité dans tous ses détails ?
Cette expérience exceptionnelle, sans équivalent dans l'histoire de l'art, conduit évidemment à se poser cette question essentielle : la photographie ne serait-elle pas, avant toute chose, une image mentale du monde, et seulement cela ? Un effet de sensualité, dont le tirage sur papier ne constituerait qu'un phénomène secondaire ?