Le témoignage que nous livre, ici, Alfred Testard de Marans date de 1889, peu après son séjour entre 1887 et 1888 en qualité de vice-résident. Il est capital pour ceux qu´intéressent les îles Marquises, qu´ils y résident, y aient séjourné ou souhaitent tout simplement les connaître. C´est le récit d´un homme de qualité tel qu´on l´entendait dans la deuxième partie du xixe siècle. Il est curieux et intéressé par ce qu´il découvre. Il sert dans la Marine nationale et, à ce titre, a déjà connu des pays lointains et considérés comme exotiques, c´est-à-dire caractérisés par l´archaïsme du mode de vie. C´est en érudit et en homme instruit qu´il observe cette population marquisienne. Il livre à notre curiosité une époque postérieure à la deuxième conquête qui eut lieu en 1880, époque qui n´apparaît pas vieillie au regard des écrits rapportés un siècle plus tôt par Cook.
Marau Taaroa naquit le 20 avril 1860. Elle était la troisième fille de la Princesse Ariioehau, la princesse de la Paix, et d´Alexandre Salmon dont le mariage n´avait pu avoir lieu que grâce à l´appui de la Reine Pomare IV, cousine et soeur d´adoption de ma mère. Pomare suspendit à cet effet pendant trois jours une loi édictée par les missionnaires en 1835, loi qui interdisait toute union entre étrangers et indigènes dans le but d´empêcher quiconque de prendre influence dans le pays au détriment des missionnaires. Suivant la coutume, ils reçurent pour nom de mariage celui d´Ariitaimai, prince venu de la mer, Alexandre Salmon, anglais, étant venu par la mer.