« Les commencements de la Révolution sont ceux d'une extraordinaire accélération de l'histoire. Les événements s'y bousculent dans un luxe d'acteurs, d'envolées, de confusion et de coups de théâtre. Ce qui s'est passé à ce moment-là n'est intelligible que si l'on restitue les faits dans une séquence fondatrice.
« Trois événements, liés entre eux et par lesquels tout advient, n'avaient jamais été racontés en tant que tels. Le mercredi 17 juin, les députés du tiers état s'érigent en "Assemblée nationale". Le samedi 20, ils jurent de ne jamais se séparer avant d'avoir donné une constitution à la France. Le mardi 23 juin, ils envoient promener le roi, sa Cour et ses soldats. "Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous n'en sortirons que par la force des baïonnettes." Et le roi cède.
« La Révolution s'est jouée et accomplie en sept jours et cinq décrets. Son destin, ses héritages y sont comme scellés. Jusqu'à la guerre civile. Jusqu'à la Terreur. »
Le dernier opus d'Emmanuel de Waresquiel, enrichi d'abondantes sources inédites, change radicalement notre lecture de la Révolution. L'auteur raconte « ses » sept jours tambour battant en un récit alerte qui se lit comme un roman à suspense.
Une histoire de France du XXe siècle à nos jours, originale et subjective, par le prisme de ses étrangers célèbres." Je suis né le 4 avril 1945 à Montauban de parents allemands, lesquels ont attendu plus de six mois pour déclarer ma venue au monde - trop tard ! Cela a fait de moi un apatride, qui a grandi dans le 15e arrondissement de Paris avec les derniers hussards noirs de la République, a été un supporter inconditionnel de l'équipe de France de Raymond Kopa en 1958, avant d'arriver à Francfort et de prendre la nationalité allemande... pour éviter le service militaire. Revenu en France pour mes études, j'en suis expulsé en mai 1968 - une interdiction de séjour levée dix ans plus tard.
Depuis, ma vie est une sorte de pont entre l'Allemagne et l'Hexagone, et, en 2015, j'ai obtenu le droit de devenir aussi français. Pouvoir désormais jouer avec les deux maillots correspond au fond assez bien à mon état d'esprit : la France doit beaucoup à ses étrangers, sans qui son histoire aurait été tout autre. Ainsi, c'est également la Grande Histoire qui se dessine à travers eux : car tous sont arrivés au gré des mouvements politiques, économiques, scientifiques, culturels... et même sportifs. "
C'est ce cheminement que retrace ce livre à quatre mains, faisant halte ici auprès d'un Émile Zola s'éteignant à l'aube de la Belle Époque, là au couronnement à Cannes des Indigènes de Rachid Bouchareb ; et, toujours, au côté de ces hommes et femmes qui, venus d'ailleurs, ont depuis cent cinquante ans mis la main à l'ouvrage, glorieux et laborieux, d'un pays qui s'écrit.
Pour saisir l’évolution politique de la France, les résultats locaux des élections sont essentiels. Leur extrême variabilité géographique semble un défi à leur compréhension. Grâce à des cartes précises qui resituent l’électeur dans son proche milieu plutôt que seulement dans une classe sociale, cet ouvrage ambitieux montre que les variations locales de l’opinion obéissent souvent à une logique historique de longue durée qui se déroule généralement en trois stades : apparition d’une nouvelle opinion à cause d’un évènement singulier, propagation sur un terrain préexistant, limitation par les territoires des opinions rivales. Au fil des pages, Bonnets rouges, Gilets jaunes, partisans de Chasse, pêche, nature et traditions (CPNT), mais aussi du Rassemblement national, du Parti communiste, de la droite et de la gauche se mettent en place dans l’espace français. Alors s’éclaire l’épuisement actuel de l’opposition de la droite et de la gauche, comme les tentatives de remplacer cette opposition, qui puisent dans un passé plus ancien, structuré par des régularités géographiques. Ce qui est souvent présenté comme une histoire progressive est ainsi doublé par une histoire à l’envers, par la réapparition de clivages passés souvent très anciens
Hervé Le Bras est historien et démographe, directeur d’études à l’EHESS. Il a notamment publié Marianne et les lapins : l’obsession démographique (Hachette, 1992) et Naissance de la mortalité (Gallimard/Seuil, 2000). Avec Emmanuel Todd, il est l’auteur du best-seller Le Mystère français (Seuil, 2013). En 2016, il a également publié Le Nouvel Ordre électoral aux Éditions du Seuil.
Un livre-somme sur l'histoire, l'idéologie et la culture de la France coloniale, qui fera date
Depuis vingt ans, l'histoire coloniale (et ses brûlants prolongements actuels dans les enjeux de mémoire) est au cœur des débats de la société française. En cette année où nous commémorons les soixante ans de la fin de l'Empire colonial français avec les accords sur l'Algérie, quatre historiens – Nicolas Bancel, Pascal Blanchard, Sandrine Lemaire et Dominic Thomas – ont considéré qu'il était pertinent de sélectionner les cent meilleurs textes-références écrits par les spécialistes français et internationaux sur le passé colonial de la France, qui permettent de plonger dans deux siècles et demi d'histoire coloniale, de 1763 au débat actuel sur la mémoire coloniale, et de les rassembler dans un ouvrage unique, hors norme.
Le livre est construit sur cinq grands ensembles chronologiques : (1) les débuts de l'utopie coloniale à la fin du siècle des Lumières et du Premier Empire ; (2) l'expansion coloniale à marche forcée au XIXe siècle et la naissance de la culture coloniale ; (3) l'apogée colonial au xxe siècle mais aussi la fragilité de l'Empire liée au début des revendications ; (4) les Indépendances et la fin du rêve colonial ; (5) l'après-Empire : la persistance des effets de colonisation dans la société contemporaine et les débats autour de la mémoire coloniale (décolonial, postcolonial, déboulonnage des statues, musées...). Un cahier iconographique de 48 pages contiendra une centaine d'illustrations sur l'entreprise coloniale, la culture et la propagande impériale (vie quotidienne, scènes de rue, affiches de propagande, cartes postales, dessins et presse, etc.).
La colonisation française est au cœur du récit national français, elle traverse les siècles et les régimes politiques. Cette histoire se déroule sur les cinq continents, sur tous les océans, elle marque le monde (plus de cinquante États aujourd'hui indépendants sont concernés ainsi que des régions ultramarines) et la société française de Louis XVI à Emmanuel Macron. Un travail considérable a été fait par des historiennes et des historiens durant ces dernières années, travail qu'il est temps de transmettre et de faire connaître au grand public. En résulte une " histoire globale ", un ensemble qui parle du monde entier, et qui porte un regard à 360° sur la colonisation, l'idéologie coloniale et la culture coloniale.
Les rois de France en majesté.
Il ne s'agit pas d'une histoire de la monarchie française, mais de celle de " nos rois " : ceux dont le règne a le plus marqué l'histoire nationale. Si Franck Ferrand évoque, par souci de clarté et de filiation, les premiers (jusqu'au début de la dynastie capétienne) et les derniers monarques (jusqu'à Louis-Philippe), il s'attache principalement à raconter la vie et l'oeuvre de quatorze d'entre eux, depuis Philippe-Auguste jusqu'à Louis XVI. Soit, entre ces deux souverains, les figures de Saint Louis, Philippe Le Bel, Charles V, Charles VII, Louis XI, Louis XII, François Ier, Henri III, Henri IV, Louis XII, Louis XIV et Louis XV. Des portraits enlevés, écrits avec grâce et servis par une superbe iconographie (une centaine d'illustrations dont plusieurs tableaux généalogiques). La véritable histoire des " rois qui ont fait la France ".
Féru d'histoire et conteur savoureux, Bruno Solo a convié chez lui, le temps d'un dîner imaginaire, des personnages de l'Histoire de France : Clovis, l'inconnu le plus célèbre de notre récit national ; le sage Éloi, ministre de Dagobert ; Alcuin, l'avisé moine et conseiller très éclairé de Charlemagne ; l'ardente Aliénor d'Aquitaine, reine de France puis d'Angleterre ; Christine de Pizan, la première femme écrivaine et philosophe de langue française à avoir vécu de sa plume ; Michel de l'Hospital, chancelier, apôtre de la tolérance pendant les guerres de religion ; Théophraste Renaudot, homme-orchestre et fondateur de La Gazette ; René-Robert Cavelier, l'explorateur mégalo du Mississippi et de la future Louisiane ; le Chevalier d'Éon, l'agent secret à l'identité sexuelle mystérieuse ; Louise Michel, institutrice féministe, figure de la Commune de Paris et militante anarchiste ; Georges Mandel, politique clairvoyant face au péril nazi, chef de cabinet de Georges Clemenceau.Le banquet promet d'être animé !En hôte curieux et mordant, Bruno a l'art de relancer la conversation. Il n'hésite pas à poser les questions qui fâchent, dégonfle certaines légendes, fait des parallèles avec notre présent. Sans jamais se départir de son esprit caustique et de son humour.Les Visiteurs d'Histoire offre des portraits vivants de figures parfois méconnues. Une narration divertissante, pleine de fantaisie, au service d'un fond rigoureux et intelligent. À l'image de Bruno Solo : passeur humble et passionné de l'Histoire de France.
Bruno Solo est comédien, auteur, réalisateur et producteur.
« Après les attentats de 2015, la laïcité fut invoquée et convoquée. Dans les collèges et lycées du pays, le élèves furent rassemblés et des leçons de laïcité leur furent administrées. Après l'horrible assassinat de Samuel Paty, les enseignants ont de nouveau été instruits d'informer leurs élèves sur la laïcité. Le drame est qu'ils se sentent tout autant démunis qu'il y a cinq ans, car la laïcité souffre d'une double ignorance. D'abord ceux qui lui sont attachés et sonnent parfois l'alarme, rendent sa défense impossible, faute d'arriver à la définir simplement et clairement. Du coup, elle est perçue par d'autres comme un catéchisme répétitif, un corset vide de sens, voire comme un régime de discriminations, c'est-à-dire rien de ce qu'elle est... La laïcité, qui permet aux croyants et non croyants d'être libres et égaux en droit, est au coeur de l'identité française. Mais la majorité des Français ne sont pas à même de la définir. Ils ne sont pas capables d'expliquer à leurs enfants, à leurs amis, à leurs collègues, comment elle vit en droit et en pratique. De la Laïcité offre pour la première fois et pour tous publics, une définition et une explication fondées sur le droit et sur l'histoire. Son appropriation par le plus grand nombre des citoyens est le premier instrument de sa défense efficace et légitime. »Patrick Weil
Ce livre efface la coupure aussi traditionnelle qu'arbitraire entre le Moyen Âge et l'époque moderne. C'est toute cette période, de Charles VII à Henri II, qui est placée sous le signe ' des ' Renaissances. La fin de la guerre de Cent Ans et des grandes crises socio-économiques, au milieu du XVe siècle, est effectivement le point de départ d'un renouveau général, des hommes, des échanges, des richesses... La période 1453-1559 est alors entraînée dans un mouvement de floraison, de dynamisme et de créativité en de multiples domaines ; c'est ce siècle effervescent qui, en définitive, correspond bien à l'appellation de ' beau XVIe siècle '.
Il s'agit bien ici d'un ' certain regard ' sur le temps des Renaissances. La dialectique du changement (emblématique des représentations sur la période) et des continuités suppose d'évaluer avec justesse l'ampleur des mutations. Elle nourrit le débat, déjà ancien, sur la ' modernité ' de la Renaissance : s'agit-il de l'enfantement d'un monde nouveau ou du point d'aboutissement d'un certain rapport au monde, issu des derniers siècles médiévaux ? Cette interrogation permet de tisser la trame qui sépare ce temps lumineux des Renaissances des ténèbres des guerres de Religion...
L'opposition entre de Gaulle et Mitterrand met dos à dos un homme qui lutte contre l'effondrement d'une civilisation et un individu qui se moque que celle-ci disparaisse pourvu qu'il puisse vivre dans ses ruines à la façon d'un satrape. Le premier donne sa vie pour sauver la France ; le second donne la France pour sauver sa vie. L'un veut une France forte, grande et puissante, à même d'inspirer une Europe des patries ; l'autre la veut faible, petite et impuissante, digérée par l'Europe du capitalisme. L'un ressuscite Caton ; l'autre réincarne Néron. De Gaulle se sait et se veut au service de la France ; Mitterrand veut une France à son service. L'un sait avoir un destin ; l'autre se veut une carrière. De Gaulle n'ignore pas qu'il est plus petit que la France ; Mitterrand se croit plus grand que tout. Le Général sait que le corps du roi prime et assujettit le corps privé ; l'homme de Jarnac croit que son corps privé est un corps royal. L'un écoute le peuple et lui obéit quand il lui demande de partir ; l'autre reste quand le même peuple lui signifie deux fois son congé. L'homme de Colombey était une ligne droite ; celui de Jarnac un noeud de vipères. L'un a laissé une trace dans l'Histoire ; l'autre pèse désormais autant qu'un obscur président du Conseil de la IVeRépublique. L'un a fait la France ; l'autre a largement contribué à la défaire...Ce portrait croisé se lit comme une contre-histoire du XXe siècle qui nous explique où nous en sommes en même temps qu'elle propose une politique alternative qui laisse sa juste place au peuple : la première.M.O.
Une histoire de la France " d'en bas ", celles des classes populaires et des opprimés de tous ordres, pour un livre monumental : une histoire des résistances, des révoltes et des rébellions face à l'ordre établi et aux pouvoirs dominants, une histoire qui restitue le champ des possibles non aboutis dans leur contexte politique, économique et social, mais qui passe aussi par l'histoire du quotidien, de l'intime et du sensible, attentive aux émotions, aux bruits et aux sons.
1685, année terrible, est à la fois marquée par l'adoption du Code Noir, qui établit les fondements juridiques de l'esclavage " à la française ", et par la révocation de l'édit de Nantes, qui donne le signal d'une répression féroce contre les protestants. Prendre cette date pour point de départ d'une histoire de la France moderne et contemporaine, c'est vouloir décentrer le regard, choisir de s'intéresser aux vies de femmes et d'hommes " sans nom ", aux minorités et aux subalternes, et pas seulement aux puissants et aux vainqueurs.
C'est cette histoire de la France " d'en bas ", celle des classes populaires et des opprimé.e.s de tous ordres, que retrace ce livre, l'histoire des multiples vécus d'hommes et de femmes, celle de leurs accommodements au quotidien et, parfois, ouvertes ou cachées, de leurs résistances à l'ordre établi et aux pouvoirs dominants, l'histoire de leurs luttes et de leurs rêves.
Pas plus que l'histoire de France ne remonte à " nos ancêtres les Gaulois ", elle ne saurait se réduire à l'" Hexagone ". Les colonisés - des Antilles, de la Guyane et de La Réunion en passant par l'Afrique, la Nouvelle-Calédonie ou l'Indochine - prennent ici toute leur place dans le récit, de même que les migrant.e.s qui, accueilli.e.s " à bras fermés ", ont façonné ce pays.
Le grand basculement de l'été 1914, les horreurs des tranchées et le "front de l'arrière" font comprendre le processus qui conduit à un conflit inédit par son ampleur et sa brutalité : une guerre totale. En 1918, la France émerge, victorieuse mais "malade de la guerre" : profondément affectées, jusque dans leurs structures, l'économie et la démographie ne peuvent être "réparées" aussi rapidement qu'un pont ou une route. La démobilisation culturelle et le retour à la mobilisation politique se déroulent dans une atmosphère de tensions et de modernisation artistique. Alors que la France abandonne, en partie à regret, une politique de puissance en Europe, elle l'exprime avec force sur le terrain colonial. Avant que tout ne retombe dans des crises multiples pour aboutir à la catastrophe de mai-juin 1940 et, avec elle, à la mise à mort des principes républicains.
Pour restituer ce "passé qui ne passe pas", Nicolas Beaupré a su trouver la bonne distance entre passion et parti pris pour rendre intelligibles les enjeux d'une des périodes les plus dramatiques et controversées de l'histoire de France.
Comment peut-on être Breton ? Comment le devient-on ? De quelle singularité la Bretagne peut-elle être créditée ? Comment comprendre le décalage entre la fierté des Bretons et leur image vue et transmise par d'autres ? Pourquoi cette identité insubmersible ?
La réponse à ces questions est au coeur de ce livre, car l'identité bretonne est née d'une histoire chahutée et mouvante : inscrite dans la longue durée de plus d'un millénaire, la dévalorisation
des Bretons, des Bas-Bretons surtout, ne cesse d'étonner quand on la compare à la réalité d'un territoire longtemps autonome, indépendant, riche économiquement, notamment au temps des
ducs, aux XIVe et XVe siècles.
Joël Cornette, éminent connaisseur de la Bretagne, met en valeur, dans un essai clair et concis, la puissance de cet « État breton » envoie d'affermissement à la fin du Moyen Âge, avant d'analyser ce que l'annexion forcée par le royaume de France, en 1532, a signifié. Déconstruisant les lieux communs qui se sont cristallisés sur cette péninsule et ses habitants, il retrace une histoire méconnue et souligne l'originalité d'une identité bretonne trop longtemps décriée.
« En l’absence d’un parti confessionnel, c’est la droite qui en a tenu lieu et il n’est pas douteux que pour des générations, catholicisme et droite ont été associés en bien comme en mal », observait René Rémond. Cette dimension structurante de la vie politique française est pourtant restée un angle négligé de l’histoire contemporaine.Du Magnificat à Notre-Dame lors de la Libération de Paris en août 1944 aux élections présidentielles de 2022, ce livre montre comment, sortant de la guerre des « deux France », les catholiques ont contribué à façonner la IVe et la V République. En 1944, les démocrates-chrétiens deviennent un parti de gouvernement. Après 1958, le gaullisme consonne avec Vatican II et un nouveau concordat semble même possible avant que l’évolution de la société ne déchire les catholiques de droite. La guerre d’Algérie et Mai 68 réarment une marge réactionnaire alors même que l’Église paraît trahir l’ordre ancien. « Dieu n’est pas conservateur », clame Mgr Marty à Notre-Dame. La droite non plus, promet Valéry Giscard d’Estaing dont la majorité composée de catholiques dépénalise l’avortement. L’élection de Jean-Paul II conforte ceux qui réprouvent ce tournant. L’ampleur des manifestations pour l’école libre en 1984 ou contre le mariage homosexuel et la PMA depuis 2013, réaffirme leur place au sein des droites. Au XXIe siècle, la visibilité croissante de l’islam exacerbe cet activisme conservateur.Avec les meilleurs spécialistes, ce livre propose pour la première fois d’éclairer de manière croisée l’histoire des droites et celle du catholicisme. S’étendant du centre aux extrêmes, l’exploration de cet univers à la forte densité intellectuelle et d’une grande créativité militante, apporte un éclairage neuf sur la vie politique française.Réunis autour de Florian Michel, historien, et de Yann Raison du Cleuziou, politiste, vingt-neuf chercheurs reconnus ont contribué à cet ouvrage.
Une histoire de France des origines à la fin de la Grande Guerre par un styliste à la plume incomparable." Nous n'avons pas tenté une oeuvre originale : on peut éclaircir l'histoire, on ne la renouvelle pas. Nous n'avons pas non plus soutenu une thèse. Nous nous sommes efforcé de montrer comment les choses s'étaient produites, quelles conséquences en étaient résultées, pourquoi, à tel moment, telle décision avait été prise plutôt que telle autre. Ce qu'on découvre, au bout de cette analyse, c'est qu'il n'est pas facile de conduire les peuples, qu'il n'est pas facile non plus de fonder et de conserver un État comme l'État français, et l'on en garde, en définitive, beaucoup d'indulgence pour les gouvernements. Peut-être ce sentiment est-il la garantie de notre impartialité. Mais comment serions-nous de parti pris puisque notre objet est de présenter dans leur enchaînement les événements de notre histoire ? Nous ne pouvons la juger que par ses résultats. Et, comparant notre condition à celle de nos ancêtres, nous sommes amené à nous dire que le peuple français doit s'estimer heureux quand il vit dans la paix et l'ordre, quand il n'est pas envahi et ravagé, quand il échappe aux guerres de destruction et à ces guerres civiles, non moins redoutables, qui, au cours des siècles, ne l'ont pas épargné. " Ce passage, tiré de l'introduction de ce livre publié en 1924, illustre bien la nature de l'ouvrage. Loin de ce que feront l'école des Annales et l'historiographie marxisante des années 1950 et 1960, Jacques Bainville privilégie une histoire plus " classique " et littéraire qui, tout en se fondant sur l'exactitude des faits et le refus des partis pris, traite singulièrement de l'histoire politique de la France imbriquée dans l'histoire de la politique extérieure que, en tant que journaliste et chroniqueur parlementaire, il connaît sur le bout des doigts. Toute son attention est portée, avec une très grande clarté, sur l'enchaînement des faits au service d'un but : montrer comment la France s'est construite à travers les âges, comment celle de son temps provient de celle d'hier. Un grand bonheur de lecture au contact d'un livre très instructif.
La dynastie capétienne ne se confond pas avec 'la naissance de la France'. Sans doute le royaume de Francie occidentale puis de France devient-il une entité politique qui ne se partage plus, mais le souverain continue de se nommer roi "des Francs". Si la monarchie construit et élargit méthodiquement son domaine, le sentiment d'une unité française n'existe pas encore. Soucieux d'échapper à toute téléologie dynastique ou nationale, ce livre accorde une grande attention aux singularités régionales.
Les siècles de la féodalité, longtemps décrits comme des siècles de fer, correspondent en réalité au moment du "décollage" européen. Les acquis des recherches historiques récentes, y compris archéologiques, conduisent à réexaminer le regroupement des populations et la "naissance du village", l'instauration de la seigneurie châtelaine, le rôle des réformes monastiques ou l'épanouissement de l'art roman et gothique. Florian Mazel remet ici en question la thèse d'une "mutation féodale" rapide et brutale autour de l'an mil au profit d'une appréciation plus nuancée des évolutions.
Racontées avec entrain et espièglerie, ces histoires insolites sont cocasses, piquantes, fascinantes. Incroyables ? Oui, mais vraies. Elles ont été exhumées du grand livre de l'Histoire de France, qui se révèle plus amusante que jamais.L'incroyable stratagème de Voltaire pour arnaquer la loterie nationale ; les étranges techniques de réanimation des Parisiens tombés dans la Seine au XVIIIe siècle ; les soirées galantes d'Édouard VII, fils de la reine d'Angleterre, dans le Paris des plaisirs ; le culot en fer forgé d'un certain Lustig qui réussit à vendre la tour Eiffel ; la véritable histoire du vrai faux Monsieur Mouche et de ses bateaux ; les audacieuses manoeuvres d'Henriette d'Entragues, maîtresse d'Henri IV, pour faire tourner la tête du roi et vider les caisses du royaume ; la fabuleuse et cruelle obsession de Philippe le Bel pour le trésor des Templiers ; les étranges vertus des coeurs de momies ; le premier " dîner de cons "...
L'histoire a longtemps juxtaposé des images simples pour définir les quatre siècles écoulés de 481 à 888 : aux Mérovingiens sanguinaires et incapables - à l'exception de Clovis - succédaient des Carolingiens glorieux, conquérants et propagateurs actifs de la foi chrétienne. Les recherches récentes, fondées sur une réévaluation des sources écrites et sur les progrès de l'archéologie, ont libéré cette période du carcan des idées reçues.
Si les premiers Carolingiens rassemblent sous leur sceptre presque toute l'Europe occidentale, cette construction brillante se révèle fragile. La puissance effective ne vaut que sur une échelle territoriale étroite et le pouvoir central est obligé de collaborer avec les aristocraties locales. Quand apparaît le nom de "Francie", il recouvre une mosaïque de communautés régionales très diverses.
Rejetant les anachronismes et les outrances, les auteurs restituent une société étrangère à la nôtre par ses hiérarchies, ses caractères anthropologiques et ses institutions. Cette histoire renouvelée possède un attrait majeur : au-delà des représentations traditionnelles, elle s'efforce d'atteindre le réel.
Historien, critique de cinéma, et surtout grand marcheur, Antoine de Baecque a traversé le Vercors pour raconter une région qui le touche au coeur. Empreinte de souvenirs d'enfance, elle est marquée de hauts faits historiques et tellement belle.
Le Vercors, pour Antoine de Baecque, c'est le souvenir des randonnées de jeunesse, sous les falaises du Grand Veymont, dont il retrouva, ému, les journaux à la mort de son père. Un lieu où il retourne aujourd'hui, quatre décennies plus tard, pour fouler les sentiers, trébucher sur ses souvenirs, ramasser et conserver feuilles, fleurs ou cailloux glissés dans la chaussure ; autant de moments qu'il savoure et partage, à l'orée de la vieillesse, en amoureux passionné de la marche. Cette forteresse naturelle est aussi un refuge, où l'on croise la grande Histoire, celle des chemins ardus empruntés par les maquisards et des grottes où s'abritaient les figures de toutes les résistances.
En alternant chronique intime, historique et carnet de voyage, les mots de l'auteur marcheur retournent aisément au passé, pour se confronter à sa présence in situ, révélant des scènes de fiction troublantes et envoûtantes.
Sur plus de vingt siècles de notre histoire nationale, vingt récits d'épisodes connus mais demeurés mystérieux.À la lumière des recherches les plus récentes, cet ensemble sans équivalent tisse une trame envoûtante et constitue à sa façon une autre histoire de France.
Le 27 septembre 52 avant notre ère, tout est réuni pour que Vercingétorix l'emporte à Alésia sur les légions de César ; or c'est tout l'inverse qui se produit. Comment expliquer ce désastre ? Le 29 mai 1968, le général de Gaulle disparaît : eut-il la tentation de se retirer, et qu'est-il allé dire et faire à Baden-Baden ? Le secret de ces heures capitales n'est pas entièrement élucidé. La grande histoire est faite aussi de ces incidents, hasards et affaires qui ont défrayé la chronique et conservé leur part de mystère tout en influant sur les destinées du pays : épopée de Jeanne d'Arc, affaire des Poisons, prétendu Louis XVII, exécution du duc d'Enghien, complot de la Cagoule, et bien d'autres circonstances tout aussi romanesques et le plus souvent tragiques ont contribué à façonner la mémoire et la légende nationales. Sur elles, voici ce qu'il est possible de savoir et de comprendre. Une autre manière d'écrire l'histoire de France.
La véritable histoire des forces spéciales françaises.Le Commandement des opérations spéciales (COS) est créé par un arrêté du ministre de la Défense Pierre Joxe, le 24 juin 1992. Basé à Paris, cet état-major interarmées est chargé de concevoir, planifier et conduire les opérations militaires des forces spéciales françaises. Ces missions, situées en dehors des cadres d'actions militaires classiques, visent à atteindre des objectifs d'intérêt stratégique, notamment en termes d'ouverture de théâtre d'intervention, dans la profondeur, sur des objectifs à haute valeur ou en matière de lutte contre le terrorisme.
Walter Bruyère-Ostells en décrit la genèse et montre comment le COS s'organise et mène ses premières missions, gagnant notamment ses galons en 2003 en Afghanistan. Considérées dès lors comme appartenant au cercle des meilleures forces spéciales du monde, ses unités travaillent de plus en plus avec leurs homologues anglo-saxonnes. Dans la décennie 2010, avec la montée de la lutte contre le terrorisme, les forces spéciales connaissent encore de nouvelles évolutions de leurs missions.
Le présent ouvrage décrit le COS non seulement comme un laboratoire de nouveaux matériels ou de modalités d'action innovantes pour les armées, mais aussi comme un observatoire idéal pour appréhender les transformations de la guerre depuis trente ans. En effet, par leur place au coeur des théâtres de crises ou de conflits et par leur souplesse d'emploi, les forces spéciales sont les premières à s'adapter aux nouvelles conflictualités. Il s'attache également à observer le COS dans la chaîne politico-militaire qui déclenche puis conduit les opérations. Placé sous l'autorité directe du chef d'état-major des armées (CEMA) permettant une boucle décisionnelle courte et un contrôle politico-militaire étroit, le COS entretient en effet des relations parfois faites de tensions avec les états-majors des forces conventionnelles.
Contrairement aux nombreuses études déjà consacrées à ces " soldats de l'ombre " dans leur ensemble ou à l'une des prestigieuses unités de l'armée de terre, de la marine ou de l'armée de l'air qui les composent (1er RPIMa, 13e RDP, commandos marine et CPA 10 notamment), celui-ci s'appuie sur des sources largement inédites, car déclassifiées pour la première fois et complétées par les témoignages oraux de plusieurs des commandants du COS et CEMA ainsi que d'opérateurs des forces spéciales, recueillis par l'auteur. Partant, il relate les grands faits d'armes du COS depuis sa création (en Afghanistan, en Somalie, au Niger, en Libye, en Côte d'Ivoire, en Irak, au Mali...).
L'ouvrage de référence.
Le 17 octobre 1961, des dizaines d'Algériens furent tués par balles ou assommés et jetés dans la Seine par la police parisienne alors qu'ils manifestaient pacifiquement, à l'appel du Front de libération nationale, pour l'indépendance de l'Algérie et contre le couvre-feu discriminatoire que leur avait imposé le préfet de police Maurice Papon. Paris 1961 fait l'analyse exhaustive de cette violence et de ses séquelles.
Jim House et Neil MacMaster démontrent que ce massacre constitua le paroxysme d'une répression couramment pratiquée par les autorités françaises à l'encontre des immigrés algériens. L'État français importa progressivement en métropole la violence qu'il déployait au Maroc et en Algérie depuis les années 1940 dans sa lutte contre les nationalismes d'indépendance. Des tactiques institutionnalisées, dont la torture et l'assassinat, furent ainsi mises en oeuvre jusqu'à Paris pour démanteler le FLN.
L'ouvrage analyse également l'occultation officielle de ce massacre, qui ne suscita pas de réaction de masse au sein de la gauche et rencontra l'ambivalence des dirigeants nationalistes algériens avant de lentement réémerger dans les mémoires en France et en Algérie.
Événement brûlant de l'histoire contemporaine, la répression policière du 17 octobre 1961 témoigne du rapport trouble que la France entretient avec son passé colonial.
Août 2014. Un château célèbre, une maison de retraite qui ferme, des archives qui s'ouvrent. Une épaisse liasse composée de petites fiches attrape le regard. On y lit : " Buveur impénitent ", " impulsif et violent ", " malade mentale ", " insulte au personnel ", " trublion de la pire espèce ", " à ne jamais reprendre ". Ces formules expéditives stigmatisent des centaines de pensionnaires étant partis, volontairement ou non, entre 1956 et 1980.
L'historienne fait surgir de cette source les pratiques gestionnaires d'une institution en charge de personnes âgées, les scandales de la vie d'hospice, mais aussi une galerie de portraits, des trajectoires singulières, toutes marquées par les guerres et les crises du XXe siècle. Le fichier de Villers-Cotterêts permet d'entrer de plain-pied dans une histoire discordante de l'État social et de mettre en lumière la persistance de la disqualification des vieux pauvres.
Qui sont ces femmes et ces hommes âgés qui ont suffisamment dérangé pour susciter un dispositif disciplinaire de papier spécifique pendant plus de vingt ans ? Quelle histoire nous livre l'administration de ces " indésirables " ?
À quelques kilomètres d'Embrun dans les Hautes-Alpes, sur les bords du lac de Serre-Ponçon, jaillit soudain un château aux allures médiévales, le château de Picomtal. Au début des années 2000, les nouveaux propriétaires effectuant des travaux découvrent, au revers des planchers qu'ils sont en train de démonter, des inscriptions. Cent vingt ans plus tôt, au début des années 1880, le menuisier qui a monté le parquet dans les différentes pièces s'est confié. L'homme sait qu'il ne sera lu qu'après sa mort. Il adresse un message outre-tombe et parle de lui, de ses angoisses, de sa famille, de ses voisins, faisant revivre une société villageoise confrontée au progrès économique matérialisé par l'arrivée du chemin de fer, mais aussi à l'avènement de la République. Mais c'est surtout quand il évoque les secrets des uns et des autres, quand il parle de sexualité, que Joachim Martin s'avère un témoin passionnant des moeurs souvent cachées de son temps. On dispose de peu de témoignages directs des gens du peuple, mais cette façon de s'exprimer est totalement inédite. Qui plus est ces confessions revêtent un caractère exceptionnel. À travers son témoignage, sur lui-même et son village, c'est ainsi toute une époque qui revit.
La France passe pour être l'amie du monde arabe depuis des siècles. Elle entretiendrait avec l'Orient une relation singulière et privilégiée en comparaison de celles de ses voisins d'Europe. Mais qu'en est-il vraiment ? Jean-François Figeac revient sur cette histoire longue et complexe : de la diplomatie de Louis XV à celle d'Emmanuel Macron, en passant par l'expédition d'Égypte de Napoléon Bonaparte, la protection des chrétiens d'Orient, l'expérience mandataire, l'émergence d'Israël, la politique arabe gaullienne ou encore le récent réveil de l'islam au Proche-Orient. Cette fresque est aussi et surtout un essai sur notre rapport au monde arabe, à sa culture, à ses religions, mais aussi sur la fascination, réelle ou fantasmée, artistique ou littéraire de la France pour le Proche-Orient, ainsi que sur la séduction qu'il exerce et les craintes qu'il provoque. Ce mille-feuille temporel ne saurait être réduit à une diplomatie immuable. Il nous en apprend au moins autant sur les ruptures politiques et sociales hexagonales que sur la place de la France au Levant. Un livre brillant et salvateur sur un des sujets les plus incandescents de notre temps.