L'histoire débute à la fin du XIXe siècle. Persuadés d'avoir retrouvé en Afrique la nature disparue en Europe, les colons créent les premiers parcs naturels du continent. Puis, au lendemain des années 1960, les anciens administrateurs coloniaux se reconvertissent en experts internationaux. Il faudrait sauver l'Éden ! Mais cette Afrique n'existe pas. Il n'y a pas de vastes territoires vierges de présence humaine, arpentés seulement par ces hordes d'animaux sauvages qui font le bonheur des safaris. Il y a des peuples, qui circulent depuis des millénaires. Pourtant, ces hommes, ces femmes et enfants sont encore expulsés des parcs naturels africains, où ils subissent aujourd'hui la violence quotidienne des éco-gardes soutenus par l'Unesco, le WWF et tant d'autres ONG.
Convoquant archives inédites et récits de vie, ce livre met au jour les contradictions des pays développés qui détruisent chez eux la nature qu'ils croient protéger là-bas, prolongeant, avec une stupéfiante bonne conscience, le schème d'un nouveau genre de colonialisme : le colonialisme vert.
Une histoire mondiale de l'Afrique, une histoire africaine du monde. Tel est le double pari de cet ouvrage ambitieux qui nous plonge dans la conversation que les sociétés du continent africain ont, au cours de l'histoire, toujours entretenue avec celles du reste du monde. Une conversation multimillénaire, depuis la dispersion des humains modernes jusqu'à nos jours, dont les auteurs et autrices nous invitent à écouter toutes les tonalités. Car cette histoire est faite de rapports de domination et de violences, de rejets et de révoltes, mais également d'interactions à toutes les échelles, de circulations de biens et d'idées, d'innovations et d'adaptations locales, de mutations globales.
S'émancipant des monologues factices qui divisent le passé, ce livre propose une histoire polyphonique. Il s'appuie sur les recherches les plus actuelles et les plus poussées pour éclairer la manière dont les sociétés africaines ont toujours pris part au monde.
Le Rhinocéros d'or peint le tableau d'une Afrique méconnue, celle des « siècles d'or » du Moyen Âge (VIIIe-XVe siècle).Le témoignage d'un négociant, d'un aventurier, d'un géographe arabe, une carte, une fresque, une inscription gravée, les ruines d'une ville de sel ou de terre, un site récemment fouillé, sont autant de traces qui permettent à François-Xavier Fauvelle de reconstituer ces pans d'histoire. Il nous mène de l'Afrique du Nord aux royaumes du Ghâna et du Zâfûn, de l'empire du Mâli à l'Égypte, du Kânem près du lac Tchad aux royaumes chrétiens de Nubie et d'Éthiopie, des principautés de la côte d'Afrique de l'Est aux énigmatiques ruines de Grand Zimbabwe. On découvre les cours de souverains opulents ; les villes bruissantes d'activité où les commerçants du monde islamique rencontraient les négociants africains ; les marchés où s'échangeaient ambre de cachalot, esclaves et or contre perles indopacifi ques et vaisselle de Chine. Les sociétés africaines étaient alors parties prenantes d'un vaste monde interconnecté. Devenu un classique, Le Rhinocéros d'or a été traduit en une dizaine de langues. Paru dans sa première version en 2013 (Alma), le livre a reçu le Grand Prix du livre d'histoire (Rendez-vous du livre d'histoire de Blois), l'édition anglaise (Princeton University Press, 2018) celui du « Medieval book of the year » (Medievalists.net).Cette nouvelle édition est augmentée de plusieurs chapitres et enrichie des fruits d'une dizaine d'années de recherches.
Retraçant un parcours de recherche qui l'a mené de l'Afrique du Sud au Maroc en passant par l'Éthiopie, François-Xavier Fauvelle fait ressortir les enseignements d'une histoire qu'il n'est plus permis de nier ou d'ignorer.
Il pointe les défi s d'une documentation fragmentaire qui suppose d'employer fouilles archéologiques et écrits anciens, traditions orales et usages contemporains du passé, tout en déconstruisant les représentations héritées des siècles de la traite des esclaves puis du colonialisme.
Apparaissent alors les richesses d'une histoire marquée par une singulière diversité d'économies, de langues, de croyances religieuses et de formations politiques.
Réinscrite dans ses interactions avec les mondes extérieurs, cette histoire renouvelle notre compréhension des mondes africains anciens et permet de repenser les phénomènes globaux, tels ceux du Moyen Âge, à partir de l'Afrique.
La première histoire globale d'un corps d'armée mythique.Créé par décret impérial en juillet 1857, le premier bataillon de tirailleurs n'a de sénégalais que le nom : en effet, ce corps de militaires constitué au sein de l'empire colonial français regroupe en réalité toute la " force noire " - c'est-à-dire les soldats africains de couleur qui se battent pour la France.
Si les études portant sur le rôle des tirailleurs sénégalais dans les deux conflits mondiaux sont légion, rares sont les ouvrages qui retracent toute leur histoire, de la création de ce corps au XIXe siècle à sa dissolution en 1960. S'intéressant aux trajectoires collectives comme aux destins individuels (le militant Lamine Senghor, le résistant Addi Bâ ou encore le Français libre Georges Koudoukou), Anthony Guyon propose ici la première synthèse globale sur le sujet. Il revient sur les moments de gloire de cette armée - comme la défense de Reims en 1918, la bataille de Bir Hakeim en 1942 ou l'opération Anvil en 1944 -, autant que sur les tragédies qui jalonnent également son parcours (citons notamment les terribles massacres commis par la Wehrmacht à leur encontre lors de la campagne de France).
Loin des habituels clichés qui font que, aujourd'hui encore, l'iconographie dégradante incarnée par " Y'a bon Banania " demeure l'un des premiers éléments associés à l'identité des tirailleurs sénégalais, cet ouvrage à la fois complet et accessible illustre toute la complexité de leur position à mi-chemin entre les sociétés coloniales et l'autorité métropolitaine. À mettre entre toutes les mains.
« Le temps est venu de panser nos blessures », proclame Nelson Mandela lorsqu'il devient le premier président noir de la République d'Afrique du Sud en 1994. Quel long chemin d'intolérance a mené les Sud-Africains au système de l'apartheid et comment vivent-ils avec ce passé douloureux depuis ? Gilles Teulié retrace l'histoire de ce pays jamais en paix avec lui-même, et pourtant l'un des plus prometteurs d'Afrique.
La pointe sud de l'Afrique, passage obligé vers l'Orient, fut toujours une terre de migrations. Toutefois, rien ne laissait présager que du simple comptoir fondé en 1652 au Cap par le Néerlandais Jan Van Riebeeck naîtrait une colonie si florissante. Calvinistes néerlandais, luthériens allemands du Nord de l'Europe et huguenots chassés de France s'implantèrent dans cette terre promise, au prix de luttes mortelles avec la mosaïque d'ethnies qui la compose. Mais l'espoir d'une cohabitation pacifique s'éloigne tandis que les Afrikaners et les colons anglophones se défont en partie de la tutelle britannique en 1910. La suprématie blanche guidera sa destinée jusqu'à ce que le célèbre détenu de Robben Island sonne l'heure de la réconciliation raciale.
Des premiers peuplements à l'émergence de l'empire zoulou, de la violence inédite des guerres anglo-boers aux premières élections libres, en passant par l'aventure fondatrice du Grand Trek, c'est l'épopée de toutes les identités sud-africaines qui renaît dans cette synthèse riche et vivante où l'on croise aussi bien Gandhi que Winston Churchill. Nombreux restent les défis à relever aujourd'hui pour cette société aux onze langues officielles mais la « nation arc-en-ciel », membre des Brics et acteur international majeur, n'en reste pas moins un pays d'avenir.
L'Afrique subsaharienne est le berceau de l'humanité. Ce petit livre fait le point sur une histoire au moins aussi variée et passionnante que celle des autres continents et s'attache à déconstruire un à un les grands clichés qui continuent de nourrir les imaginaires occidentaux ; ceux qui font de l'Afrique un continent subalterne, à part, irrémédiablement à la traîne.Or l'Afrique, depuis toujours, influe sur le reste du monde. Elle lui a fourni main-d'oeuvre, or et matières premières, qui ont joué un rôle essentiel dans la mondialisation économique. Elle a développé, au fil des siècles, un savoir parfaitement adapté à ses conditions environnementales, savoir qui fut taillé en pièces par l'extrême brutalité de la colonisation, pourtant si brève au regard de l'histoire longue. Mais, si on lui a beaucoup pris, l'Afrique a aussi donné, avec une formidable vitalité.Catherine Coquery-Vidrovitch dégage les étapes cruciales de l'histoire africaine et met en avant, pour chacune d'elles, les idées essentielles et originales. L'objectif de ce livre est aussi, et surtout, d'aider à comprendre le présent afin d'en dégager des perspectives d'action pour l'avenir.
Les masques et la mosquée
L'empire du Mâli (XIIIe-XIVe siècle)
Que sait-on de l'empire du Mâli ? Partant d'une analyse de la notice Wikipédia consacrée à cette formation politique majeure du Moyen Âge, François-Xavier Fauvelle s'interroge sur les raisons de l'obscurité qui continue de l'entourer. Puis, patiemment, il reconstitue des savoirs modestes et solides, avant d'assembler avec virtuosité les multiples pièces, issues des textes arabes, de la tradition orale et des fouilles archéologiques, du vaste " puzzle " documentaire qu'est l'histoire du Mâli.
Qu'ont Soundjata et Charlemagne en commun ? Quel rôle le fameux pèlerinage de Mûsâ à La Mecque joue-t-il dans la légitimation du pouvoir ? Attentif aux échos de la geste des mansa, les empereurs mâliens, jusque dans Le Roi Lion de Walt Disney, cette enquête éclaire l'histoire dynastique du Mâli impérial des XIIIe et XIVe siècles, avant de nous faire observer de très près les rituels d'une cour où, les jours de fêtes, les masques dansent devant la mosquée. La compréhension des logiques économiques, religieuses et politiques du Mâli médiéval permet, en point d'orgue, de proposer une nouvelle hypothèse de localisation de la capitale de l'empire, dont la recherche a agité historiens et archéologues depuis le milieu du XIXe siècle.
Par-delà cette ville depuis longtemps disparue, c'est bien l'intelligence de l'Afrique médiévale que met en jeu cette histoire renouvelée.
Alors que les premiers contacts remontent au milieu du XVe siècle, les Européens se sont longtemps contentés d'aller chercher en Afrique subsaharienne des esclaves pour les plantations d'Amérique, et pour cela ils n'avaient nul besoin de contrôler ni d'explorer le pays.
Ce n'est qu'avec l'essor du mouvement abolitionniste et la prohibition de la traite négrière (1807 pour l'Angleterre) que certains voyageurs ont porté sur l'Afrique intérieure un regard différent. Ils se sont
attachés à en connaître la géographie, à en évaluer le potentiel et à en approcher les peuples de près. Si le racisme et les préjugés ne sont pas absents de leurs récits de voyage, l'estime et parfois la bienveillance sont également là.
Cinq Britanniques, parmi lesquels le célèbre Mungo Park, et deux Français, dont le « découvreur » de Tombouctou René Caillié, ont laissé de passionnantes observations et évoqué leurs multiples rencontres
« à hauteur d'homme » avec les habitants d'une dizaine de pays (aujourd'hui le Mali, le Sénégal, le Niger, la Gambie...).
Bien loin du ton dominateur et avide des récits des années 1850 et suivantes, ces textes nous donnent une image riche et suggestive de l'Afrique des débuts du XIXe siècle. Une révélation pour le lecteur européen de l'époque. Sans doute une surprise pour nous, aujourd'hui.
À Paris, on entend de toute part le même refrain : « La Françafrique est morte et enterrée ! » Pourtant, de Ouagadougou à Libreville, de Dakar à Yaoundé, de Bamako à Abidjan, la jeunesse se révolte contre ce qu'elle perçoit comme une mainmise française sur son destin.
Quinze ans après la Seconde Guerre mondiale, la France a officiellement octroyé l'indépendance à ses anciennes colonies africaines. Une liberté en trompe l'oeil. En réalité, Paris a perpétué l'Empire français sous une autre forme : la Françafrique. Un système où se mêlent des mécanismes officiels, assumés, revendiqués (militaires, monétaires, diplomatiques, culturels...), et des logiques de l'ombre, officieuses, souvent criminelles. Un système érigé contre les intérêts des peuples, avec l'assentiment d'une partie des élites africaines et qui profite toujours aux autocrates africains « amis de la France ». Un système que tous les présidents français ont laissé prospérer, en dépit des promesses de « rupture ».
Exceptionnel par son ampleur, inédit par son contenu, cet ouvrage retrace cette histoire méconnue, depuis les origines coloniales de la Françafrique jusqu'à ses évolutions les plus récentes. Rédigées par des spécialistes reconnus - chercheurs, journalistes ou militants associatifs -, les contributions rassemblées dans ce livre montrent que le système françafricain, loin de se déliter, ne cesse de s'adapter pour perdurer.
Une introduction, accessible à tous, à l'histoire de l'Afrique. En coédition avec la revue L'Histoire
Sommes-nous africains ? Qu'est-ce que l'Afrique ? De cette double interrogation, née au XVIIIe siècle dans la diaspora africaine déportée aux Amériques, a émergé un vaste mouvement intellectuel, politique et culturel qui a pris le nom de panafricanisme au tournant du XXe siècle. Ce mouvement a constitué, pour les Africains des deux rives de l'Atlantique, un espace privilégié de rencontres et de mobilisations.
De la révolution haïtienne de 1791 à l'élection du premier président noir des États-Unis en 2008 en passant par les indépendances des États africains, Amzat Boukari-Yabara retrace, dans cette ambitieuse fresque historique, l'itinéraire singulier de ces personnalités qui, à l'image de W.E.B. Du Bois, Marcus Garvey, George Padmore, C.L.R. James, Kwame Nkrumah ou Cheikh Anta Diop, ont mis leur vie au service de la libération de l'Afrique et de l'émancipation des Noirs à travers le monde. Mêlant les voix de ces acteurs de premier plan, bientôt rejoints par quantité d'artistes, d'écrivains et de musiciens, comme Bob Marley ou Miriam Makeba, la polyphonie panafricaine s'est mise à résonner aux quatre coins du " monde noir ", de New York à Monrovia, de Londres à Accra, de Kingston à Addis-Abeba.
Les mots d'ordre popularisés par les militants panafricains n'ont pas tous porté les fruits espérés. Mais, à l'heure où l'Afrique est confrontée à de nouveaux défis, le panafricanisme reste un chantier d'avenir. Tôt ou tard, les Africains briseront les frontières géographiques et mentales qui brident encore leur liberté.
Dans cet essai critique, Achille Mbembe montre qu'au-delà du mélange de choses qui prévaut aujourd'hui, le mérite de la décolonisation africaine fut d'ouvrir sur une multitude de trajets historiques possibles. À coté du monde des ruines et de la destruction, de nouvelles sociétés sont en train de naitre.
La décolonisation africaine n'aura-t-elle été qu'un accident bruyant, un craquement à la surface, le signe d'un futur appelé à se fourvoyer ? Dans cet essai critique, Achille Mbembe montre que, au-delà des crises et de la destruction qui ont souvent frappé le continent depuis les indépendances, de nouvelles sociétés sont en train de naître, réalisant leur synthèse sur le mode du réassemblage, de la redistribution des différences entre soi et les autres et de la circulation des hommes et des cultures. Cet univers créole, dont la trame complexe et mobile glisse sans cesse d'une forme à une autre, constitue le soubassement d'une modernité que l'auteur qualifie d'" afropolitaine ". Il convient certes de décrypter ces mutations africaines, mais aussi de les confronter aux évolutions des sociétés postcoloniales européennes - en particulier celle de la France, qui décolonisa sans s'autodécoloniser -, pour en finir avec la race, la frontière et la violence continuant d'imprégner les imaginaires de part et d'autre de la Méditerranée. C'est la condition pour que le passé en commun devienne enfin un passé en partage. Écrit dans une langue tantôt sobre, tantôt incandescente et souvent poétique, cet essai constitue un texte essentiel de la pensée postcoloniale en langue française.
Le génocide perpétré au Rwanda d'avril à juillet 1994 a été exceptionnel par son envergure, sa rapidité et son mode opératoire : plus d'un demi-million de Tutsi ont été exterminés en cent jours. Les victimes sont généralement tombées sous les coups d'un très grand nombre d'assassins ayant eu recours à des armes rudimentaires. Quels ont été les ressorts d'une telle tragédie ? Quelles en ont été les causes, lointaines et plus immédiates ? Comment s'est-elle déroulée ? Quelles séquelles a-t-elle laissées ? Ce génocide n'appartient pas qu'à l'histoire : il reste un enjeu politique contemporain, tant au Rwanda qu'ailleurs dans la région et de par le monde, notamment en France. Les débats restent intenses ; les oppositions, souvent violentes. Filip Reyntjens, en s'appuyant sur des faits communément admis, offre des clés de lecture pour une interprétation plus sobre de ce qu'on a appelé le « dernier génocide du XXe siècle ». « Filip Reyntjens, fin connaisseur de la région des Grands Lacs [...] rappelle que la communauté internationale est loin d'avoir accompli son examen de conscience. » Le Monde, 4 avril 2017 « Filip Reyntjens [...] aborde le génocide comme un fait politique et, en bon universitaire, analyse sobrement les positions des uns et des autres. » Le Soir, 1-2 juillet 2017
Dans les années 1950 et 1960, les dirigeants français ont mené au Cameroun une guerre secrète. Pour garder la mainmise sur ce pays clé de son empire, la France a inventé une politique africaine néocoloniale. Alors qu'elle écrasait dans le sang le mouvement nationaliste porté par l'Union des populations du Cameroun (UPC), elle octroya au pays une " indépendance " de façade et plaça à sa tête une dictature " amie ". S'appuyant sur d'innombrables témoignages et des milliers d'archives, les auteurs détaillent les étapes de cette guerre méconnue. Ils racontent comment furent assassinés les leaders de l'UPC : Ruben Um Nyobè en 1958, Félix Moumié en 1960 et Ernest Ouandié en 1971. Ils montrent comment l'administration et l'armée françaises, avec leurs relais locaux, ont conduit une effroyable répression : bombardements des populations, escadrons de la mort, lavage de cerveau, torture généralisée, etc. Et ils expliquent finalement pourquoi cette guerre, qui a fait des dizaines de milliers de morts, a transformé le Cameroun en laboratoire de la " Françafrique ", ce pacte néocolonial grâce auquel les élites françaises et africaines s'accaparent les richesses du continent et privent les peuples de leurs droits.
Parce que pour connaître les peuples, il faut d'abord les comprendre.
D'abord les paysages. Puis l'envoûtement. Du Kenya, le visiteur garde irrévocablement l'image de cette fracture géologique du Rift, assénée telle un coup de poing. Le Kenya ou l'Afrique en miroir. Toute l'Afrique, résumée dans l'histoire d'un pays et dans ses convulsions depuis l'indépendance.
Le Kenya est indissociable de son mythe, entretenu par le cinéma et les récits de voyages. Ses parcs nationaux, sa mosaïque ethnique, son histoire coloniale en ont fait un terreau propice aux meilleures légendes. Mais dans ses soutes, la fureur n'a jamais été contenue. Les rages ethniques, politiquement exploitées, sont toujours à eur d'actualité. La mémoire des massacres coloniaux y reste vive. L'ambiance rétro des clubs so British de Nairobi est une façade aussi délicieuse que trompeuse.
Ce petit livre n'est pas un guide. C'est une odyssée africaine. Une plongée dans l'âme du peuple kenyan, porteur des épopées et des tourments d'un continent. Un grand récit suivi d'entretiens avec Caroline Elkins (Jomo Kenyatta ne voulait pas renverser l'ordre colonial, mais y avoir accès), Yvonne Adhiambo Owuor (Être Kenyan, c'est être multiple) et Nanjala Nyabola (Les grandes familles jouent sur les peurs, la misère et les tribus).
Un voyage au gré de personnages forts et de lieux marquants, pour mieux connaître les passions kenyanes. Et donc mieux les comprendre.
EXTRAIT
On appelle ça « se prendre le Rift ». Une bretelle d'autoroute, une banlieue, un pont, un virage. Et la terre, soudain, s'ouvre sous les roues. Jusqu'à l'horizon, des centaines de mètres plus bas, ce ne sont plus que des lacs alcalins, aux eaux argentées, des volcans cuivrés, à simple ou double cratères, enflammés par l'aube, émergeant au milieu d'un océan de savanes, de labours, de figuiers d'émeraudes et d'acacias à l'écorce dorée. On épie l'envol des flamants et celui des vautours. On guette le babouin, le zèbre, la girafe, l'éléphant qui se seraient par trop approchés de la route.
Est-ce la lumière ou la splendeur des lieux ? Est-ce l'altitude ? La tête tourne. L'aube kenyane est un spectacle. Une tragédie, un opéra qu'on contemple depuis la corniche comme on le ferait depuis le balcon d'un théâtre. Archéologues, aventuriers, explorateurs, simples voyageurs : nul n'a échappé à la beauté de ces terres. Dans ce pays à peine grand comme la France, où se retrouvent tous les paysages d'Afrique (glaciers, déserts, forêts primaires, savanes, lagunes, sable fin, mangrove, récifs coralliens...), chacun trouve ici sa mélopée propre.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
- "(...) Belle et utile collection petit format chez Nevicata, dont chaque opuscule est dédié à un pays en particulier. Non pas un guide de voyage classique, mais, comme le dit le père de la collection, un «décodeur» des mentalités profondes et de la culture. Des journalistes, excellents connaisseurs des lieux, ont été sollicités (...). A chaque fois, un récit personnel et cultivé du pays suivi de trois entretiens avec des experts locaux. - Le Temps
- "Comment se familiariser avec "l'âme" d'un pays pour dépasser les clichés et déceler ce qu'il y a de juste dans les images, l'héritage historique, les traditions ? Une démarche d'enquête journalistique au service d'un authentique récit de voyage : le livre-compagnon idéal des guides factuels, le roman-vrai des pays et des villes que l'on s'apprête à découvrir." - Librairie Sciences Po
À PROPOS DE L'AUTEUR
Bruno Meyerfeld, journaliste, a été correspondant du Monde en Afrique de l'Est. Au Kenya, l'âme de l'Afrique l'a définitivement happé.
Entre le viiie et le XVe siècle ont existé au Sahel nombre de villes-marchés, de cité-États, de royaumes et de sultanats. La plus célèbre et la mieux documentée de ces formations politiques est le sultanat du Mali (XIIIe-XVe siècle). S'y rapportent tant l'épopée de Sunjata, texte monument de la tradition orale, que la " charte du Manden ", parfois présentée comme la première déclaration des droits humains. Il est évoqué dans plusieurs des " manuscrits de Tombouctou " rédigés au XVIIe siècle. Au milieu du XIVe, Ibn Battuta aurait séjourné dans la capitale du sultanat, relatant son voyage dans sa fameuse
Rihla. Quelques décennies plus tôt, en 1323-1325, son chef Mansa Musa avait défrayé la chronique des savants mamelouks lors de son pèlerinage vers La Mecque
via Le Caire. C'est alors, sans doute, que nous sommes au plus proche du Mali médiéval.
À défaut de sources internes, ce pôle majeur de l'Afrique au Moyen Âge n'est en effet accessible qu'au travers de ces regards portés sur lui au fil du temps. D'où la nécessité d'une archéologie du savoir, à même de démêler et de comprendre les multiples transformations des manières d'appréhender le Mali, du XIVe siècle à nos jours. C'est à cette ambitieuse entreprise qu'est consacré cet ouvrage qui, de manière régressive, restitue les métamorphoses des représentations du Mali, pour mieux éclairer ce qu'il est possible de connaître de son histoire.
Préface de Bertrand Hirsch
Parce que pour connaître les peuples, il faut d'abord les comprendre
Un pays ? Pas tout à fait, tant ses frontières sont convoitées et disputées. Un continent ? Pas complètement. Un peuple ? Pas si sûr. Alors, une fresque ? Évidemment !
Le Congo est un tableau peint au rythme de l'Afrique, sur une toile immense où l'ardeur de survivre et l'ingéniosité forment les ressorts d'une naïveté apparente et si séduisante.
Le Congo est musical, il danse, il chante, il vibre quand il rit et quand il pleure, sur les rives du grand fleuve, cette artère profonde de l'Afrique remontée par des aventuriers tout droits sortis du coeur des ténèbres.
Ce petit livre n'est pas un guide. C'est un décodeur. La rumba congolaise y rythme l'amour et les folies de la vie. Le courage des femmes outragées par les guerres interminables y révèle la détermination de surmonter les décennies d'horreur. Un récit à l'image des Congolaises, rempli de leur folle énergie et ode à l'éternelle maternité de l'Afrique.
Un grand récit suivi d'entretiens avec Isidore Ndaywel, Maddy Tiembe et Freddy Tsimba.
Un voyage historique, politique et culturel pour mieux connaître les passions congolaises. Et donc mieux les comprendre.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
[...] Belle et utile collection petit format chez Nevicata, dont chaque opuscule est dédié à un pays en particulier. Non pas un guide de voyage classique, mais, comme le dit le père de la collection, un «décodeur» des mentalités profondes et de la culture. Des journalistes, excellents connaisseurs des lieux, ont été sollicités [...]. À chaque fois, un récit personnel et cultivé du pays suivi de trois entretiens avec des experts locaux. - Le Temps
Comment se familiariser avec "l'âme" d'un pays pour dépasser les clichés et déceler ce qu'il y a de juste dans les images, l'héritage historique, les traditions ? Une démarche d'enquête journalistique au service d'un authentique récit de voyage : le livre-compagnon idéal des guides factuels, le roman-vrai des pays et des villes que l'on s'apprête à découvrir. - Librairie Sciences Po
À PROPOS DE L'AUTEUR
Spécialiste de l'Afrique pour le journal Le Soir (Bruxelles), auteur de nombreux livres, Colette Braeckman a fait du reportage de terrain, aux côtés des grandes et petites gens, sa marque de fabrique. Une authentique exploratrice des âmes et de la culture de l'Afrique des Grands Lacs. Elle est l'auteur de Rwanda et de Congo dans la collection L'âme des peuples.
Dans l'amas des archives de la principale institution chargée de l'histoire et de la mémoire du génocide au Rwanda, plusieurs liasses de fragiles petits cahiers d'écoliers renfermaient dans le silence de la poussière accumulée les récits d'une centaine d'enfants survivants.
Rédigés en 2006 à l'initiative d'une association rwandaise de rescapés, dans une perspective testimoniale et de catharsis psychologique, ces témoignages d'enfants devenus entre-temps des jeunes hommes et des jeunes femmes, racontent en trois scansions chronologiques souvent subverties ce que fut leur expérience du génocide, de la " vie d'avant " puis de la " vie d'après ". Leurs mots, le cruel réalisme des scènes décrites, la puissance des affects exprimés, livrent à l'historien une entrée incomparable dans les subjectivités survivantes et permettent, aussi, d'investir le discours et la gestuelle meurtrière de ceux qui éradiquèrent à jamais leur monde de l'enfance.
Le livre tente une écriture de l'histoire du génocide des Tutsi à hauteur d'enfant. Il donne à voir et à entendre l'expression singulière d'une expérience collective, au plus près des mots des enfants, au plus près du grain de la source. Tentative historiographique qui est aussi une mise à l'épreuve affective et morale pour l'historienne face à une source saturée de violence et de douleur. Loin des postulats abstraits sur l'" indicible ", le livre propose une réflexion sur les conditions rendant audibles les récits terribles d'une telle expérience de déréliction au crépuscule de notre tragique XXe siècle.
Le rouge et le noir
Soixante ans après son lever, le " soleil des indépendances ", occulté par la persistance de la tentation despotique, peine à éclairer l'Afrique. Au fil des décennies, la cohorte des tyrans, adeptes du pouvoir absolu, du repli clanique et du parti unique, se seront échinés à dévoyer une souveraineté en trompe-l'oeil, moins conquise qu'octroyée.
Qu'il s'agisse de l'Ougandais Idi Amin Dada, de Sa Majesté Bokassa Ier, empereur de Centrafrique, du Congolo-Zaïrois Mobutu ou du Zimbabwéen Robert Mugabe, les ex-tuteurs européens se repaissent des frasques, tantôt grotesques, tantôt cruelles, de satrapes qui furent leurs élèves, leurs soldats puis leurs alliés. Feignant d'oublier que tous, du bouffon ubuesque au dictateur à l'implacable froideur, n'auront été au fond que les rejetons monstrueux de l'aberration coloniale.
Bien sûr, l'ancien tirailleur togolais Gnassingbé Eyadéma ne ressemble guère au Guinéen Ahmed Sékou Touré, l'homme qui osa défier Charles de Gaulle ; pas plus qu'au Tchadien Hissène Habré, premier chef d'Etat du continent condamné par une juridiction africaine. Pour autant, on déniche souvent aux sources de leurs dérives respectives les ingrédients du même élixir toxique : enfance chaotique, appétit de revanche, blessures narcissiques, ivresse messianique et paranoïa.
Dans cette édifiante galerie de portraits biographiques, Vincent Hugeux croque également d'une plume incisive d'autres personnages étrangers au " pré carré " francophone mais tout aussi romanesques, fût-ce dans l'abjection : Yahya Jammeh (Gambie), Teodoro Obiang (Guinée-Equatoriale) ou Issayas Afeworki (Erythrée).
Les uns ont disparu, d'autres règnent encore. Et chacun d'entre eux nous raconte autant notre histoire que la sienne.
La 2e édition de cet ouvrage d’histoire globale retrace l’évolution du continent :8 parties couvrant l’histoire de l’Afrique de -10 000 ans à aujourd’hui,Les points forts de chaque période,2 cahiers de cartes en couleur.
La légende veut que la France ait " généreusement " amené ses anciennes colonies d'Afrique noire à l'indépendance en 1960. Une décolonisation qui se serait faite dans la compréhension mutuelle et l'intérêt partagé de la France et de l'Afrique. Ce livre raconte une tout autre histoire : celle d'une guerre brutale, violente, meurtrière et méconnue, la guerre du Cameroun, qui a permis à Paris d'inventer un nouveau système de domination : la Françafrique.
La légende veut que la France, " patrie des droits de l'homme ", ait généreusement offert l'indépendance à ses anciennes colonies d'Afrique noire en 1960. Ce livre raconte une tout autre histoire : celle d'une guerre brutale, violente, meurtrière, qui a permis à Paris d'inventer un nouveau système de domination : la Françafrique.
Cette guerre secrète a pour théâtre le Cameroun des années 1950 et 1960. Confrontées à un vaste mouvement social et politique, porté par un parti indépendantiste, l'Union des populations du Cameroun (UPC), les autorités françaises décident de passer en force. En utilisant les mêmes méthodes qu'en Algérie (torture, bombardements, internements de masse, action psychologique, etc.), elles parviennent en quelques années à éradiquer militairement les contestataires et à installer à Yaoundé une dictature profrançaise.
En pleine guerre froide, et alors que l'opinion française a les yeux tournés vers l'Algérie, la guerre du Cameroun, qui a fait des dizaines de milliers de morts, est à l'époque passée inaperçue. Elle a ensuite été effacée des mémoires par ceux qui l'ont remportée : les Français et leurs alliés camerounais. Le crime fut donc presque parfait : les nouvelles autorités camerounaises ont repris les mots d'ordre de l'UPC pour vider l'" indépendance " de son contenu et la mettre au service... de la France ! Mais la mémoire revient depuis quelques années. Et les fantômes du Cameroun viennent hanter l'ancienne métropole. Laquelle, de plus en plus contestée sur le continent africain, devra tôt ou tard regarder son passé en face.
De la veille de la colonisation à nos jours, la condition féminine en Afrique subsaharienne a connu d'extraordinaires mutations, à des rythmes différents d'un point à l'autre du continent, du Sénégal à l'Afrique du Sud et du Kénya au Congo. Dans ce monde où modes de vie anciens et nouveaux se côtoient et se mêlent, la vie, le rôle et les activités des femmes offrent un éventail de situations extrêmement diversifiées. En un siècle, tout y a changé, à commencer par le déplacement, à un rythme accéléré, des femmes de la campagne vers les villes.De leurs tâches quotidiennes à leurs activités économiques, de leur éducation à leur sexualité, de leur influence sociale à leur rôle politique, de leur affectivité à leur créativité, tout contribue à faire des femmes africaines un des moteurs de leurs sociétés. Connaître leur histoire, c'est comprendre le rôle essentiel qu'elles ont joué dans l'histoire du continent, mais aussi, par l'espoir dont elles sont porteuses, les possibilités d'évolution des sociétés africaines.Publiée initialement en 1994, cette vaste fresque historique et sociale est signée de l'une des meilleures spécialistes de l'histoire du continent.
Entre les discours selon lesquels l'Afrique ne serait pas « entrée dans l'histoire », ceux qui ne se fondent que sur l'orthodoxie économique opposant Nord développé et Sud qui ne le serait pas, et des visions archaïques bien souvent héritées du passé colonial, le continent africain souffre, en Occident, d'une réputation peu enviable. Une réputation aussi fausse que condescendante et que symbolisait déjà, en son temps, la « négrologie » de Stephen Smith.
À l'opposé de ces visions étriquées, l'ouvrage d'Anne-Cécile Robert repose sur une connaissance profonde des réalités culturelles, économiques et politiques du continent, comme des regards qui sont portés sur lui.
En posant ouvertement la question « Et si, à l'inverse des croyances les plus diffuses, il était possible que l'Occident ait besoin de l'Afrique et non le contraire ? », Anne-Cécile Robert inverse le champ d'analyse et permet d'interroger nos propres modèles économiques (en crise depuis des années) et auxquels l'Afrique pourrait fournir des réponses, notamment quant à la transition vers un modèle plus harmonieux dans l'équilibre entre les êtres humains et leur environnement.