Hermann
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Emile Zola et la photographie : une page d'amour
Mathilde Falguiere, Céline Grenaud-Tostain, Jean-Sébastien Macke, Bruno Martin, Collectif
- Hermann
- 4 Octobre 2023
- 9791037031303
On connaît Émile Zola écrivain, journaliste, intellectuel engagé, épistolier, mais l'homme de lettres est également homme d'images. Attiré de longue date par la photographie, il s'y adonne passionnément à la fin de sa vie : cette facette de sa créativité mérite d'être revisitée.
Ces années de pratique coïncident avec de grands bouleversements dans la vie de Zola : l'amour pour Jeanne et la naissance de leurs enfants Denise et Jacques, le maintien d'une vie conjugale avec Alexandrine, l'engagement dans l'affaire Dreyfus, l'exil. Ses photographies, très intimes souvent, témoignent ainsi d'une existence prise et livrée sur le vif. Sa pratique dépasse celle d'un simple amateur pour faire signe, à la fois, vers la composition artistique et vers la révélation autobiographique.
L'acquisition par la Médiathèque du patrimoine et de la photographie (MPP) d'une extraordinaire collection de négatifs, la restauration de cinq cents d'entre eux et les tirages entrés dans d'autres collections publiques ont remis sur le devant de la scène un corpus d'une richesse foisonnante. L'oeuvre photographique de Zola trouve ici, dans les textes qui l'escortent, un prolongement critique d'une grande diversité, animé par une ambition collective : faire redécouvrir et comprendre une oeuvre encore largement méconnue. -
Du parti pris des lieux dans le cinéma contemporain : Akerman, Alonso, Costa, Dumont, Huillet & Straub, Mograbi, Tarr...
Corinne Maury
- Hermann
- 21 Mars 2018
- 9791037011152
Que peut le lieu au cinéma, lorsqu'il n'est pas limité à être le décor de l'action, ni même confondu avec le paysage, encore moins réduit à un espace à parcourir ou encore amalgamé à une espèce de neutralité territoriale ? Des cinéastes tels que Chantal Akerman, Lisandro Alonso, Pedro Costa, Bruno Dumont, Béla Tarr, Avi Mograbi, Tariq Teguia, Philippe Grandrieux, Danièle Huillet et Jean-Marie Straub ou encore Sharunas Bartas choisissent de ne pas (con)centrer exclusivement la narration cinématographique sur la seule trajectoire des personnages. Les lieux qu'ils figurent à l'écran sont des spatialités telluriques, des territoires d'habitation, des matrices existentielles où se mobilisent des manières de faire et de vivre, où s'accomplissent tant des forces d'émancipation que des adynamies existentielles. Cellule d'accueil, pivot remarquable, refuge de trajectoires individuelles et communautaires, le lieu au cinéma rayonne tantôt comme un chantier précaire, tantôt comme une fortification inébranlable.
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Depuis les années 1960-1970, la mémoire confuse des camps de concentration et du génocide des Juifs est devenue peu à peu omniprésente, au point d'engendrer un authentique imaginaire des « camps » dont les motifs resurgissent dans des films n'ayant pourtant aucun rapport avec la Seconde Guerre mondiale. Ces images clandestines apparaissent selon trois grandes modalités - l'imagerie, la persistance et la rémanence - qui affectent aussi bien le cinéma de science-fiction hollywoodien (Fleischer, Spielberg), les séries télévisées ou les films de zombies que le cinéma dit « d'auteur » européen (Godard, Bergman, Resnais, Akerman, Duras). Ainsi, quelles images se trament sous les images ? Quel circuit mystérieux empruntent-elles parfois afin de parvenir jusqu'à nous ? Et surtout, de quelles obsessions et de quels discours nos images contemporaines sont-elles les véhicules ?
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Photographier le Grand Paris : Une histoire visuelle du changement métropolitain
Raphaëlle Bertho, Sonia Keravel, Frédéric Pousin, Nathalie Roseau, Collectif
- Hermann
- 18 Septembre 2024
- 9791037037978
Si saisir la grande ville n'est pas chose aisée, la mettre en image l'est encore moins. Comment capter la dynamique du temps qui travaille l'espace ? Comment saisir ce qui est en mouvement, multiforme, immense ? Ce livre fait l'hypothèse que l'on ne peut comprendre l'histoire du Grand Paris - sociale, architecturale, urbaine, paysagère, politique - et son aménagement, sans comprendre les images que cette histoire a produites, et les finalités diverses selon lesquelles elles ont été créées, interprétées, médiatisées, conservées. Au croisement de plusieurs des segments d'une histoire de la grande ville, les 13 études qui constituent cet ouvrage concourent à écrire une histoire de la photographie du changement métropolitain tout en questionnant la figurabilité d'une métropole en perpétuelle évolution.
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Avec ma grand-mère, je m'arrêtais derrière les balustrades des fenêtres des voisines qui possédaient un téléviseur ; nous n'en avions pas chez nous, nous étions trop pauvres pour voir des films sur le petit écran. Là, le visage collé aux fers forgés, on contemplait le début de « L'Ange bleu » ; on voyait apparaître une main qui soulevait le rideau de fer d'une vitrine où une affiche annonçait le numéro de Lola-Lola ; une femme entrait dans le plan et lançait un seau d'eau sur la vitre. Je plongeais alors à la dérobée dans la léthargie et le désir, et me transformais en Lola-Lola, cette fille qui exhibait des jambes bien galbées et entonnait : « Je suis de la tête aux pieds faite pour l'amour. » Zoé Valdés rend un hommage littéraire et poétique à Marlene Dietrich et au célèbre film de Josef von Sternberg, qui fera de l'actrice allemande l'incarnation de la femme fatale et l'icône érotique des années trente. De Cuba à Paris, en passant par Berlin, la narratrice raconte comment Marlene Dietrich interprétant Lola-Lola, la petite danseuse du cabaret « L'Ange Bleu », a fait irruption dans sa vie d'enfant, puis de femme, jusqu'à hanter totalement son imaginaire. Ses aventures personnelles font renaître sous nos yeux, tour à tour, l'artiste, la séductrice, l'amante, la militante que fut Marlene Dietrich. Avec " L'Ange bleu " de Zoé Valdés le lecteur est transporté dans le monde du glamour en noir et blanc. Plus qu'une simple évocation du film, ce livre est le regard inspiré d'une narratrice spectatrice qui, par les charmes d'une écriture mélant humour et poésie, nous fait traverser la frontière entre l'art et la vie. Laissant émerger les souvenirs de son enfance dans les quartiers pauvres de La Havane, la narratrice nous raconte comment Marlene Dietrich transformée en Lola Lola, la petite danseuse du cabaret L'Ange bleu, a fait irruption à plusieurs reprises dans sa vie d?enfant, puis de femme, jusqu'à hanter complétement son imaginaire.
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Archaïsme et impureté : les écarts de Pasolini, Paradjanov et Oliveira
Alice Letoulat
- Hermann
- 23 Février 2022
- 9791037006516
Cet ouvrage a pour ambition d'analyser la posture esthétique marginale qu'adoptent trois cinéastes rarement étudiés conjointement, l'Italien Pier Paolo Pasolini (1922-1975), le soviétique Sergueï Paradjanov (1924-1990) et le Portugais Manoel de Oliveira (1908-2015). Chez eux, les gestes filmiques marquent une volonté d'échapper aux limites encadrant conventionnellement le cinéma et les thématiques qu'il aborde. Ainsi, ces films à l'ambivalence revendiquée se situent à l'écart des formes dominantes et ouvrent une voie détournée privilégiant les choix archaïsants et impurs. Ceux-ci témoignent d'un ethos cinématographique dont on étudie la portée tant esthétique que politique.
Trois gestes constitutifs de ce décalage sont identifiés. Tout d'abord, l'acte de fonder se manifeste dans les images filmiques par de nombreux motifs archéologiques ; la quête d'origines garantit la constitution d'un monde à habiter et dans lequel circuler. C'est ce deuxième geste de circulation qui occupe la suite de l'analyse : les films étudiés mettent en jeu d'importants réseaux d'emprunt et de redistribution qui montrent combien l'enracinement originel ne s'accompagne pas nécessairement de l'érection de délimitations rigides, pensées au contraire ici comme poreuses. Ce choix répété du débordement constitue ainsi la troisième et dernière partie de cet ouvrage : dans ces films, la spécificité cinématographique ainsi que les corps et jusqu'aux temps eux-mêmes débordent leur cadrage conventionnel. -
Ce livre rassemble seize articles publiés entre 1999 et 2019, consacrés à ce qu'il est convenu d'appeler le « cinéma hollywoodien classique », à savoir l'ensemble des films produits par l'industrie du cinéma américain entre les années 1930 et les années 1950, dans des compagnies aux noms devenus légendaires (Paramount, Warner Bros., 20th Century Fox, MGM, RKO...). Produites dans un cadre universitaire, ces réflexions s'ancrent dans le goût de l'autrice pour les films de « l'âge d'or » américain qui ont accompagné sa vie, et sur sa volonté de comprendre en profondeur leur puissance d'enchantement et de consolation. On trouvera dans ces pages de mémorables figures de stars, des cinéastes qui incarnèrent le « génie du système » (André Bazin), des études de l'art hollywoodien, ou encore le récit de moments de production fiévreux où les studios se faisaient historiens de l'actualité. Tous ces films ont en commun d'avoir été conçus pour de vastes publics dont le cinéma était l'un des premiers loisirs. Il n'était pas prévu, du moins explicitement, que les critiques puis les chercheurs en fassent des oeuvres d'art, des modèles universels, en un mot l'expression d'un puissant classicisme. Mais c'est ce qui arriva, et à ce titre ils constituent désormais un patrimoine culturel dont l'analyse n'est pas près de prendre fin.
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Libre interprétation critique et poétique du film Il était un père de Yasujiro Ozu, et de son thème central : l'amour inconditionnel d'un père pour son fils.
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L'ouvrage de Pierre-Alexandre Schwab est un essai qui porte à la lumière, avec émotion, la vie et l'oeuvre d'un des plus étonnants directeurs de la photographie que le cinéma ait connu : Henri Alekan, disparu en 2001. Dans le portrait intime et passionné qu'il dresse du grand « chef opérateur », l'auteur rend hommage non seulement à un artiste de premier plan, mais aussi, à travers sa vie, à toute une profession, moins bien connue que celle de réalisateur, et sans laquelle pourtant le cinéma ne pourrait exister. Que seraient des films cultes comme La Belle et la Bête de Jean Cocteau ou Les Ailes du désir de Wim Wenders sans les somptueuses images d'Henri Alekan ? Pierre-Alexandre Schwab retrace la carrière exceptionnelle de celui qu'il considère comme « le plus baudelairien des chefs opérateurs ». Des tout premiers pas d'Alekan, aux côtés de son maître Eugen Schufftan, jusqu'à l'âge de la maturité où l'artiste met en pratique ses conceptions picturales et musicales de la lumière, en collaborant avec les plus grands cinéastes, l'auteur nous fait traverser soixante-dix ans de vie créative, de Marcel Carné à Amos Gitaï, en passant par René Clément, William Wyler, Abel Gance, Joseph Losey ou Raúl Ruiz. À la fois, discret et modeste, exigeant et rigoureux, Henri Alekan était un créateur insatiable dans sa soif de découvertes et passionnément engagé dans la transmission de son art aux jeunes générations. Le livre est accompagné d'entretiens inédits avec Jean Douchet, Dominique Delouche et Jean-Louis Leconte.
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Imaginaires du déjà-vu ; Resnais, Rivette, Lynch et les autres
Diane Arnaud
- Hermann
- 18 Janvier 2017
- 9791037015433
Au cinéma, l'art du déjà-vu crée des effets de remémoration et de reconnaissance encore plus troublants que dans nos vies. Vertigo d'Alfred Hitchcock et La Jetée de Chris Marker ont montré la voie : ressusciter une histoire d'amour, revoir une scène marquante. Les films mystérieux d'Alain Resnais, de Jacques Rivette, de David Lynch sont au coeur du livre, car ils confrontent avec une ingéniosité inouïe la compulsion de répétition au désir de recréation. De L'Année dernière à Marienbad, Je t'aime, je t'aime et Providence à Céline et Julie vont en bateau, L'Amour par terre et Histoire de Marie et Julien en passant par Lost Highway, Mulholland Drive ou Inland Empire, les moments inquiétants, amusants parfois, où le spectateur perçoit des plans et des situations déjà vus l'amènent à se déplacer sur les scènes du souvenir, du rêve, du fantasme. Ces formes originales de déjà-vu font accéder aux possibilités imaginaires de la réinvention pour échapper à un destin tout tracé.
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« L'argent est l'envers de toutes les images que le cinéma montre et monte à l'endroit » écrit Gilles Deleuze dans le deuxième volet de Cinéma. Le capital est toujours derrière le cinéma. Le Capital hante Cinéma du début à la fin. C'est donc une lecture marxiste du diptyque composé de L'Image-mouvement et L'Image-temps que propose Jun Fujita dans Ciné-capital.
Comment fonctionne le mode de production ciné-capitaliste ? Comment celui-ci fait-il produire de la plus-value aux images ? Pourquoi et comment s'approprie-t-il le travail même du spectateur ? En quel sens peut-on soutenir qu'Eisenstein et Hitchcock ont anticipé l'arrivée de la New Economy des années 1990 (dématérialisation du travail et financiarisation de l'économie) ? Quand et comment les images s'insurgent-elles contre l'exploitation ciné-capitaliste ? Comment se mettent-elles à valoir pour elles-mêmes ? Pourquoi le cinéma politique, depuis Straub et Huillet, a-t-il cessé de privilégier le tournage au bord de la mer ? Qu'est-ce qui permet à Deleuze d'affirmer qu'Ozu est un cinéaste de gauche ? Telles sont quelques-unes des questions abordées dans Ciné-capital. -
Hugues Krafft au Japon de Meiji : photographies d'un voyage, 1882-1883
Suzanne Esmein
- Hermann
- 15 Décembre 2003
- 9782705699895
Le 25 août 1882, un jeune bourgeois fortuné de Reims, Hugues Krafft, débarque à Yokohama et s'installe au Japon pour six mois. Muni d'un appareil photographique à prise instantanée, il entreprend de fixer les aspects les plus traditionnels d'une civilisation en train de se transformer sous ses yeux pour entrer dans la modernité. En sa compagnie, on goûte au charme de l'ancien Japon, celui, moins connu, des petits gens, et l'on comprend mieux la séduction qu'il a exercée, et qu'il exerce encore. Avec 63 photographies titrées par Krafft et commentées par Suzanne ESMEIN avec transcriptions des mots japonais.
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Paysage ! Le mot fait rêver... Il désignait à l'origine le tableau, la peinture d'une vaste étendue, puis, très vite, l'espace reçu par l'observateur sensible. Le terme peut sembler distancé par le moderne territoire. Il reste porteur d'un idéal de liberté, de beauté. Il est présent partout. Dépassant les frontières de la géographie, il gagne l'histoire de l'art, la philosophie, les sciences de l'aménagement. Mais alors que s'étendent les villes, l'urgence du paysage se fait sentir.
Nous avons choisi de donner la parole aux auteurs photographes de l'ultra-contemporain. Seize d'entre eux, parmi les plus singuliers, ont été interrogés. Ils nous présentent la raison de leurs images.
L'attention portée aux mots, à l'avant-image, constitue l'originalité de cet ouvrage qui s'adresse aux amoureux de la Terre et de la photographie. -
Photographier le chantier ; transformation, inachèvement, altération, désordre
Jordi Ballesta, Ane-Céline Callens, Collectif
- Hermann
- 6 Novembre 2019
- 9791037037169
Le chantier est un terrain au sein duquel des travaux sont en cours de réalisation. Il constitue une séquence, d'ordinaire transitoire et planifiée, durant laquelle une configuration matérielle succède à une autre. Il est a priori orienté vers un accomplissement. Pour autant, il est des lieux durablement inachevés, désordonnés et altérés qui sont qualifiés par le mot chantier.
Depuis son invention, la photographie s'est attachée à représenter les opérations de construction, de réhabilitation, de rénovation, de démolition ou encore d'extraction. Son histoire est aussi jalonnée d'images où l'étroite relation entre le chantier et le fait de faire émerger et de transformer se distend.
Dans cet ouvrage collectif, des spécialistes de la photographie, des architectes tournés vers les études visuelles et des photographes interrogent la polysémie du mot chantier, la polymorphie des sites qu'il qualifie et les différents projets de représentation qu'il motive : artistiques, documentaires, journalistiques, illustratifs, publicitaires, propagandistes. -
Considéré à ses débuts comme « l'art du peuple », le cinéma a accompagné durant un siècle les mutations de ce sujet si fluctuant. L'auteur inspecte ici quelques-unes de ses figures contemporaines exposées sur des scènes fort distantes : les films de Jia Zhangke, un cinéma français opposant le réalisme à la République, des documentaires réalisés sur des places insurgées et d'autres tournés auprès de migrants clandestins. L'assemblage de ces écarts fait saillir des traits partagés dessinant la silhouette d'un peuple précaire, plus indéterminé et moins substantiel que le prolétariat dont il est le successeur. Le livre s'emploie à en préciser le portrait et les possibles en articulant le figuratif au politique.
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Hors Cadre : Imaginaires cinématographiques de l'histoire
Michèle Lagny
- Hermann
- 3 Juin 2020
- 9791037005205
Ce volume rassemble pour la première fois une série de textes qui ont joué un rôle fondateur pour le développement de la réflexion historique dans le champ du cinéma.
Durant près de quarante ans, Michèle Lagny (1938-2018) en a arpenté en tous sens les territoires, des documentaires aux fictions, des films populaires aux oeuvres de création. En historienne rigoureuse animée d'une intense curiosité, elle a contribué dans les années 1980-90 aux débats transatlantiques sur la « New Film History ». C'est toutefois dans son domaine de prédilection - l'étude des « films historiques » (dont ceux de Renoir, Visconti, Allio ou Watkins) -, qu'elle a développé ses propositions les plus stimulantes. Pour Michèle Lagny, seule l'analyse précise des formes permet de découvrir la perception du temps que façonne un film quand il élabore des images du passé. -
Jean Collet aime citer François Truffaut : « Dans la vie, il y a les compliqueurs et les simplifieurs ». Répondant aux questions d'un ami spectateur, Jean Collet simplifie ici pour nous le cinéma.
Où trouve-t-on l'art dans le 7e Art ?
Comment échapper à la prouesse trompeuse, à la manipulation qui fascine ?
Comment, devant un grand film, passer de l'éblouissement à la conviction ?
Paradoxalement, le film vit de sa relation avec le spectateur, alors que l'oeuvre échappe à son réalisateur. L'oeuvre d'art est révélation. C'est pourquoi le cinéma demande, en même temps qu'il engendre, une conversion du regard.
Cette conversion du regard, ce livre a l'ambition d'y conduire le lecteur.
Le jeune 7e art nous a beaucoup donné. Ce sont les spectateurs avertis et exigeants qui lui offrent un avenir. -
écrire le cinéma ; le ciné-roman selon Robbe-Grillet
Anna Zoppelari
- Hermann
- 24 Avril 2013
- 9782705671068
Film trop écrit et ciné-roman trop filmique, L'Immortelle apparaît comme une oeuvre pivot somme toute méconnue dans la bibliographie d'Alain Robbe-Grillet. Ce rôle est certainement lié au travail intersémiotique qui la caractérise, mais il est surtout déterminé par le travail de transformation de la fonction et de la forme de la narration qui s'opère dans l'ouvrage de l'écrivain-cinéaste : de la mise en valeur de la crise du sujet on passe à un projet narratif construit à partir de quelques thèmes générateurs qui construisent et détruisent en même temps la logique narrative du récit. Cette condition intermédiaire permettra finalement à l'écrivain de relire le texte à la lumière d'une conscience individuelle hantée par ses obsessions personnelles. Le présent ouvrage circonscrit donc l'analyse à un genre liminaire et à un texte spécifique afin de relire leur centralité dans l'esthétique de l'écrivain. L'analyse détaillée ne se limite pas à édifier le récit dans son organicité, mais permet de s'interroger sur sa forme labyrinthique et sur l'idéologie narrative qui la soutient.
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« On a souvent voulu me persuader que, de nature et d'éducation, j'étais foncièrement plus proche de Visconti que de Fellini, et je me suis posé la question : qu'en aurait-il été si, au lieu de rallier le Cirque Fellini, ç'avait été l'écurie Visconti qui m'avait engagé ? Je n'ai jamais su exactement par quel charme j'avais pu susciter l'intérêt, puis l'affection de Federico, mais je suis sûr que mon profil s'éloignait trop de celui des poulains du signor conte pour que je sois éligible dans son phalanstère. Si j'avais intégré sa légion d'or, j'aurais sans doute eu à regretter la molle sensualité tout orientale où baignaient les tournages du faro. De mes cinq « felliniennes années », j'ai le souvenir d'un apprentissage chaleureux du métier et de la vie. Visconti sera désormais pour moi l'artiste hautain qu'il faut se contenter de ne connaître que par son oeuvre : contradictions, travestissements, énigmes et aveux qu'il nous donne à déchiffrer, un peu comme le rébus de sa vie ». Après avoir consacré un livre largement salué par la critique, Mes felliniennes années, au maestro, dont il fut l'assistant et le confident, Dominique Delouche brosse un portrait à la fois vibrant et intime du réalisateur de Senso, Mort à Venise et Le Guépard, que tout ou presque opposait à Fellini.
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Jeux interdits ; essai sur le Décalogue de Kieslowski
Yves Vaillancourt
- Hermann
- 15 Mai 2014
- 9791037034175
Le Décalogue de Krzysztof Kieslowski (1941-1996) est une oeuvre phare du cinéma contemporain. Cette série de dix films illustre la manière dont les hommes brisent les interdits et pourquoi ils s'exposent alors à l'échec de leur projet. Guidé par l'intuition que chaque film repose sur une structure mimétique, Yves Vaillancourt montre en effet que les personnages du Décalogue, tout comme les gens dans la vie de tous les jours, s'imitent les uns les autres. Ainsi, dans un monde séculier comme le nôtre, les messages moraux ne viennent plus du ciel, mais des effets miroirs des hommes dans leurs rapports mutuels à l'interdit.
Yves Vaillancourt livre ici un exercice de philosophie tout empreint de sensibilité, guidant le lecteur et les cinéphiles vers ces moments où, parfois, les humains s'ouvrent à la mystérieuse et difficile révélation du bien. Bien qu'il ne soit pas croyant, il défend avec éloquence l'idée que le Décalogue est l'une de ces oeuvres qui ouvrent à ce mystère qu'on appelle communément le sacré. -
Julie Courel fait oeuvre de pionnière au Burkina Faso, car elle introduit la caméra dans le vécu quotidien d'une communauté qui se construit entre «zone lotie» et « zone non-lotie », entre « ex-villageois » et « pas encore citadins». Ma conviction est que c'est dans l'univers socio-économique où évolue le restaurant «Tchara», ses actrices et ses acteurs, que se construit la vraie ville africaine.
Les trois films et la thèse écrite constituent un capital pour tous les jeunes chercheurs qui, à la suite de Julie Courel, voudront vivre, voir et sentir « l'autre ville » de Ouagadougou en construction avec « Ouaga 2000 » des années 2000. Les films laissent les acteurs libres de leurs faits et gestes et de leurs propos. Il n'y a ni misère noire ni mendiants, ni enfants aux ventres ballonnés tant médiatisés hors d'Afrique. Makini, Kanama ou Aminata travaillent et gagnent leur vie à la sueur de leur front, sans plus. C'est une existence comme n'importe quelle autre, n'importe où sur cette « terre des hommes ». Chercher à comprendre et expliquer qu'on peut naître, vivre et évoluer en dehors et à côté des « normes » du système et de l'État Importé postcolonial en Afrique, c'est ce que réussit ce travail de reccherche, simple, profond et compliqué à la fois.
Il fallait le faire, c'est fait.
Pr Basile Laetare Guissou -
Dans cette histoire que littérature et cinéma ont longtemps partagée (en France plus qu'ailleurs), l'oeuvre de Malraux fait figure à la fois de comble et d'hapax. Sa filmographie n'égale pas celles de Guitry, Cocteau ou Duras, mais le réalisateur de Sierra de Teruel a pour lui d'avoir exploré toutes les dimensions du 7e art : l'essai théorique (en particulier touchant l'adaptation), les ressorts d'une politique cinématographique et audiovisuelle, l'invention de « scénarios dans un fauteuil » rédigés sans perspective de réalisation, ou encore le genre du film d'art qu'il défendit en contribuant aux documentaires tirés de ses propres essais... À ce titre, Malraux est un auteur total. Cet essai s'attache à examiner chacun de ces plans, à en observer les croisements opérés entre temps des oeuvres littéraires et temps des films, à proposer, autrement dit, une entrelecture propre à renouveler l'image que nous nous faisons de ce domaine d'étude aujourd'hui délaissé.
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Le cinéma nous regarde, il en sait souvent plus sur nous et notre époque que ce que nous croyons savoir sur lui. Il nous livre un instantané photographique du temps qui passe et ouvre la possibilité de la critique au coeur du divertissement. Cet art des masses est un art du monde, des peuples, du peuplé, du dépeuplé, du populaire, et parfois du populiste. Le cinéma, ce n'est pas exactement le film, c'est ce qui, dans le film, ne relève pas du sens, en quelque sorte la part folle et non théologique du film. Ce art excède son esthétique, en rendant sensible en lui la trace des spectres, de l'oublié, du sans-voix et du laissé-pour-compte. « Dès qu'il eut franchi le pont, les fantômes vinrent à sa rencontre », entend-on dans Nosferatu de Murnau. Ces traces ou ces apparitions de fantômes sont inséparables du rêve et de la remémoration qui a lieu au cinéma. La pensée est cinématographique, depuis des temps immémoriaux, elle rêve et pense en cinéma. Depuis que le cinéma existe par ses films, depuis que prolifèrent ces singulières temporalisations des images par le mouvement, le cinéma suscite, invente et innerve la pensée.
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Juger le cinéma n'a jamais été la seule affaire des spécialistes. Le 7e art, dès sa naissance, a montré sa capacité à susciter toutes sortes de réactions, spontanées ou savantes, émerveillées ou inquiètes, rendant compte du rapport singulier qui se tisse entre le film et son spectateur. Ce qu'on interroge ici en priorité, ce sont donc moins les discours professionnels que l'expérience du cinéma au sens large, telle qu'elle se vit à de multiples niveaux : chez le spectateur cultivé, fasciné ou révulsé, mais rarement indifférent ; chez les critiques bien sûr, dans les moments particuliers où, face à des oeuvres inattendues, leurs convictions esthétiques sont ébranlées ; enfin, chez le spectateur ordinaire, dont le goût fut longtemps ignoré alors que son expérience est par excellence le terrain où s'observent les échos et les effets du cinéma dans la société.
Cette entreprise, par son étendue, exigeait la collaboration de plusieurs disciplines. Ainsi se donnent à voir d'un article à l'autre les contours mouvants de l'expérience du cinéma, qui se transforme en circulant entre les époques, les individus, les communautés interprétatives, et rassemble finalement les publics.