Philippe Rey
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"" Il n'est pas dans mon intention de faire ici la leçon à qui que ce soit, ni d'imposer un point de vue. Ce livre n'a été dicté que par le désir de défricher la jungle des possibilités qui s'offrent à un art encore jeune et magnifique, toujours à explorer, et de m'y retrouver moi-même aussi indépendant et libre que possible. " Andreï Tarkovski, tout au long de son oeuvre cinématographique, rédige des notes de travail, des réflexions sur son art, restituant dans le même mouvement son itinéraire d'homme et d'artiste. À partir de son exil en Italie où il réalise Nostalghia en 1983, puis en France durant la dernière année de sa vie, il rassemble ces écrits qui sont d'abord édités en Allemagne puis dans les autres pays d'Europe occidentale où ils deviendront vite une référence incontournable. Il y aborde une large réflexion aussi bien sur la civilisation contemporaine que sur l'art cinématographique : son ontologie et sa place parmi les autres arts, ou des aspects plus concrets comme le scénario, le montage, l'acteur, le son, la musique, la lumière, le cadrage... Puisant dans son expérience de cinéaste, dans sa vaste culture littéraire, se remémorant ses années de formation, les luttes interminables pour terminer ses films à l'époque soviétique, Andreï Tarkovski offre ici le livre-bilan d'un artiste en recherche de sens, d'un homme qui consacra son inépuisable énergie à " fixer le temps "...
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De ton enfance misérable en Italie, tu as puisé l'énergie de mener une vie d'artiste et de combat en Amérique. Belle, intelligente, tu as vingt ans quand le photographe Edward Weston fait de toi son modèle, son amante, et surtout son élève. Amie de Diego Rivera, tu lui présentes Frida Kahlo, tu participes à la postrévolution au Mexique et parcours le pays avec ton appareil, sans oublier de multiplier les aventures amoureuses, avec un appétit de vie et un superbe mépris des conventions. Chassée du Mexique, tu t'exiles dans le sombre Berlin des années 30, avant de gagner Moscou où ton aveuglement sur les purges staliniennes reste encore un mystère... Et tu décides soudain de ranger tes objectifs pour te consacrer à ton engagement politique. Pourquoi abandonner ta passion ? Pourquoi avoir renoncé à ta liberté, pour devenir une militante aux ordres du parti communiste ? Durant la guerre d'Espagne, tu préfères soigner les blessés jusqu'à l'épuisement plutôt que couvrir le conflit. Ton activité artistique n'aura duré que sept ans, c'est peu, mais ces années suffisent à te faire reconnaitre comme l'une des plus grandes photographes de ton temps. Sur ta tombe à Mexico, les mots de Pablo Neruda rappellent combien ton oeuvre est encore vivante : Tina Modotti, ma soeur, tu ne dors pas, non, tu ne dors pas. Bernadette Costa-Prades
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" Tout mon être était d'Afrique du Nord, berceau historique des tribus berbères. C'est à quarante cinq ans passés que j'ai pris la pleine conscience de cette lointaine appartenance. Il était temps d'amorcer un rapprochement, de partir à la découverte, de comprendre pour mieux aimer. Mais avant d'entreprendre le voyage, j'ai voulu récapituler ce que je savais. J'ai remonté le fil de mon existence pour repérer ce que je n'avais pas vu, pas saisi, de ce monde berbère qui m'avait fait signe sans que je lui réponde. La mémoire offre de beaux voyages, surtout quand on chevauche des mots. " Maroc, Libye, Algèrie, Niger, Tunisie : Éric Fottorino raconte les Berbères, juifs et arabes, femmes façonnant l'argile, hommes cultivant la terre, artisans et commerçants, opposants politiques et cinéastes engagés, activistes du Printemps arabe... Accompagné par les superbes photographies d'Olivier Martel, il nous convie à une quête personnelle menant à de passionnantes découvertes : une région, une histoire, des traditions millénaires, une langue, un peuple, des peuples...
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Adieu, Palmyre
Dominique Fernandez, Ferrante Ferranti
- Philippe Rey
- Document
- 7 Avril 2016
- 9782848765211
" J'ai été quatre fois à Palmyre : c'était le lieu le plus enchanteur de l'Orient, à la fois par la beauté exceptionnelle des ruines et par le paysage romantique qui les entourait. Maintenant que tout est détruit, j'ai voulu me souvenir de ce que cela avait été. On arrivait à l'hôtel Zénobie, désuet, décati, construit dans l'enceinte du site, et d'emblée la légende de la grande reine planait sur la ville qu'elle avait portée à son apogée. Je ressuscite l'image de Zénobie qui avait osé se dresser, femme et Arabe, contre l'empereur romain Aurélien, chef de l'État le plus puissant du monde. Puis j'évoque ce qui restait du site, l'idée générale qui avait présidé à son ordonnancement, avant d'examiner en détail, mais toujours plus en amoureux qu'en érudit, les monuments qui ont subsisté, si poétiques : le théâtre, les temples, les tours funéraires. Avant de conclure par une réflexion sur l'iconoclasme, une des plus vieilles passions de l'homme, qui pousse une idéologie au pouvoir à faire table rase de celles qui l'ont précédée. " Dominique Fernandez Voici Palmyre racontée et montrée par deux voyageurs passionnés qui l'ont visitée à de nombreuses reprises. Ce site inouï, détruit en 2015 par la violence de Daech, est reconstitué par les photographies de Ferrante Ferranti qui en donnent une vision exhaustive (temples, agora et théâtre, colonnades et arches, camp de Dioclétien, tombeaux), faisant ainsi oeuvre de mémoire. Palmyre apparaît alors dans sa splendeur, telle qu'on ne la reverra jamais.
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Elia Kazan. Une Amérique du chaos
Florence Colombani
- Philippe Rey
- Document
- 19 Juillet 2013
- 9782848763323
C'est d'abord une histoire typiquement américaine, celle d'Elia Kazanjoglou, Grec d'Anatolie, né à Constantinople à l'orée du XXe siècle. À l'âge de quatre ans, il débarque à New York avec sa famille pour échapper à la persécution turque. Il est dès lors un outsider qui se sent perpétuellement en danger, et n'aura de cesse de faire oublier sa différence pour obtenir l'approbation collective. Brièvement comédien, puis metteur en scène qui brille à Broadway comme à Hollywood, Elia Kazan, un jour d'avril 1952, commet l'irréparable : il donne des noms à la Commission des activités anti-américaines (HUAC) qui traque les communistes du monde du spectacle. L'homme, désormais pétri de doutes et de culpabilité, devient un créateur passionnant qui livre dans ses films ses hontes secrètes, sa douleur de n'avoir jamais été accepté par son père, son lyrisme à fleur de peau. Sur les Quais, À l'Est d'Eden, La Fièvre dans le Sang, America America, L'Arrangement... : ce livre explore les richesses d'une filmographie exceptionnelle, et dresse au passage un portrait de l'Amérique de Kazan. Une Amérique qui a la beauté littéraire d'Arthur Miller et de Tennessee Williams, un monde de grands espaces, à l'attraction dangereuse. Une terre abrupte, où la démocratie est en danger, et l'individu menacé de destruction. " J'avais envie de chaos, oui, de chaos ", disait Kazan. C'est bien ce chaos qui anime son cinéma heurté, violent, contradictoire, ce chaos qui le rend bouillonnant de vie.
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Les 101 meilleures séries télévisées ; la dvdthèque idéale, c'est là !
Nils Ahl, Benjamin Fau
- Philippe Rey
- Document
- 4 Octobre 2012
- 9782848762234
Au cours des vingt dernières années, les séries télévisées ont acquis leurs lettres de noblesse. Conçues à l'origine pour attirer des annonceurs et fidéliser les téléspectateurs, elles se sont peu à peu émancipées. Des productions comme Six Feet Under, Les Soprano, Sur écoute ou Mad Men font même jeu égal avec les meilleures productions cinématographiques. Après un remarquable Dictionnaire des séries télévisées en 2011, le premier du genre, Nils C. Ahl et Benjamin Fau se sont attelés à une tache fort délicate : sélectionner - et classer ! - leurs 101 meilleures séries, celles qu'il faut avoir vu, les incontournables. Ils ont passé au crible les 3 300 diffusées en France, tous genres confondus, depuis l'origine de la télévision jusqu'au dernières nées des networks américains - des Brigades du tigre aux Experts, des Simpsons à Star Trek -, ont parfois bataillé ferme, et ont fini par tomber d'accord. À la fois spectateurs ravis et critiques consciencieux, mêlant leurs regards subjectif et rigoureux, les deux auteurs proposent 101 articles critiques et passionnés. Avec, pour chaque série : un " pitch " de départ, les grandes lignes des différentes saisons, les portraits des personnages principaux, les détails techniques, les enjeux narratifs et artistiques examinés avec attention, et bien sûr les raisons de la voir absolument ! Un cahiers-photos et un glossaire de l'indispensable du jargon sériephile viennent compléter cet ouvrage ludique et riche d'informations. Une mine d'idées pour tout amateur de séries curieux de nouvelles découvertes !
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Roman Polanski ; vie et destin de l'artiste
Florence Colombani
- Philippe Rey
- Document
- 12 Avril 2012
- 9782848763224
On a toujours beaucoup parlé de Roman Polanski. Ces derniers temps bien sûr, lorsque l'affaire de moeurs qui l'avait conduit à quitter les États-Unis en 1977 l'a rattrapé en septembre 2009... Mais déjà à Lodz, dans les couloirs de l'école de cinéma, quand l'étudiant qu'on surnommait Romek fascinait ses camarades avec sa ferme intention de conquérir le monde... et aussi dans les années soixante quand il séduisait l'Occident avec son sens de l'absurde et sa mise en scène virtuose... ou encore en 1969 quand son épouse Sharon Tate fut assassinée par les disciples de Charles Manson. Oui, on a toujours beaucoup parlé de Roman Polanski et de sa vie si outrageusement, si désespérément romanesque... Et on en reparlera, bien sûr, dans ce livre qui évoquera - du ghetto de Cracovie au chalet de Gstaad en passant par le Swinging London et l'Amérique du Flower Power - 77 ans d'une existence qui épouse les soubresauts du siècle. Mais ce dont on parle peu - ou jamais assez -, s'agissant de Roman Polanski, c'est de l'oeuvre. Au-delà de l'homme, de ses tragédies et de ses failles, il y a un cinéaste de tout premier plan. Polanski a adapté Shakespeare (Macbeth, 1971), Hardy (Tess, 1979) et Dickens (Oliver Twist, 2005), révélé au monde le destin de Wladyslaw Szpilman (Le Pianiste, 2002), signé un chef-d'oeuvre du film noir (Chinatown, 1974) et inventé la parodie sérieuse (Le Bal des vampires, 1967), terrifié des générations de spectateur (Répulsion, 1965 ; Rosemary's Baby, 1968) et trouvé un équivalent cinématographique à l'esthétique de Beckett (Cul-de-sac, 1966) comme à celle de Kafka (Le Locataire, 1976)... Bref, il a donné au cinéma une série de films d'apparence très différente mais profondément reliés par une même vision du monde. Une vision du monde que ce livre se propose de mettre enfin au jour.
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" Le 17 avril 1975, mes parents et grands-parents sont chassés de Phnom Penh par les Khmers rouges, fuyant ainsi l'un des plus grands massacres du XXe siècle. C'est pendant cet exil dramatique, en transit entre deux mondes, que je nais au Vietnam, le 6 juin 1977. Émigrés peu après, mes parents entament leur nouvelle vie dans une banlieue du 93. Une vie difficile. Eux, qui ne parlent pas le français, exhortent leurs enfants à s'intégrer - mission pas si facile pour moi qui enrage d'être traité de "Chinetoque' dans la cour de l'école. Alors, une fois passée la porte de notre appartement, je fais tout pour me fondre dans la masse. Je deviens le Chinois qui joue bien au basket, sait manier la tchatche et fredonne du hip hop. Mais à trop vouloir ressembler aux autres, ne vais-je pas perdre le lien avec mes origines, mon histoire, mon être véritable ? " Dans ce livre, Frédéric Chau renoue le fil du passé et raconte l'exode de ses parents, puis son enfance et sa jeunesse dans une banlieue bigarrée. Comment " s'intégrer " lorsque l'on a échappé à un massacre où la famille a laissé son âme ? Comment grandir ici alors que l'on vient d'ailleurs ? Questions difficiles que Frédéric devra résoudre avant de connaître plus tard un réjouissant succès sur scène et au cinéma... Entre tragédie et comédie, l'histoire d'un homme attachant en perpétuelle quête de lui-même.
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Il fut la première icône du grand écran et demeure, cent ans après son premier film, le visage le plus instantanément reconnaissable de Hollywood. Mais qui était vraiment l'homme à la moustache ? Le metteur en scène constamment à la fois derrière et devant la caméra ? L'individu coupé des réalités et se voyant en Jésus ou, mieux, en Napoléon ? Quelle est la relation entre Chaplin et Charlot ? Peter Ackroyd braque ses projecteurs sur une vie - autant qu'une oeuvre - improbable, depuis d'humiliants débuts dans les music-halls londoniens jusqu'à une célébrité planétaire acquise alors qu'il n'avait que vingt-cinq ans. Et, sur le fond d'une centaine de films qui n'ont cessé depuis de drainer des hordes de spectateurs fascinés à travers le monde, nous entraîne - par les sombres scandales des années 1940 - au final et pathétique exil Suisse. Une biographie magistrale, nourrie de nouvelles et singulières révélations sur un personnage énigmatique entre tous.
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Proust-Visconti ; Histoire d'une affinité élective
Florence Colombani
- Philippe Rey
- Document
- 19 Juillet 2013
- 9782848763354
Luchino Visconti a rêvé toute sa vie d'adapter À la Recherche du temps perdu, sans jamais passer à l'acte, par superstition peut-être ou par manque de temps - ce temps de la maladie et de la mort qui avait bien failli coûter son oeuvre à Proust et qui contraignit Visconti à renoncer à son projet le plus cher. Une étonnante proximité s'établit à travers les années entre l'écrivain et le cinéaste. Né en 1906, soit sept ans avant la parution de Du côté de chez Swann, le comte Luchino Visconti di Modrone est un authentique Guermantes, héritier d'une famille qui tint la seigneurie de Milan pendant deux siècles, y fit bâtir la cathédrale, et joua un rôle essentiel dans l'histoire de l'opéra le plus célèbre du monde, le Teatro alla Scala. Mais on décèle surtout une forte parenté dans les thèmes communs à Proust et à Visconti : la rêverie autour d'une enfance mythifiée, la peinture d'un monde au bord du gouffre, la passion de Venise, la " race maudite " des invertis... Toute sa vie, le cinéaste sera hanté par l'oeuvre proustienne, et par ses personnages. Et toute sa vie, il ne cessera de la mettre en scène. Il transpose la relation entre Charlus et Morel dans Senso, recrée la plage de Balbec dans Mort à Venise, fait entendre la sonate de Vinteuil dans Sandra, exalte Wagner dans Ludwig, reconstitue le salon Verdurin dans L'Innocent... Le film À la Recherche du temps perdu de Visconti n'existe pas, mais son fantôme traverse ses chefs-d'oeuvre, obstinément fidèles à ce fameux, et magnifique, " sentiment proustien ". Ce que nous offre là Visconti - une relecture, une réinvention de Proust -, n'est-il pas infiniment plus précieux qu'une adaptation littérale ?