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Chantons sous les larmes : Lettres à Jean-Pierre Marielle
Agathe Natanson
- Seuil
- Cadre rouge
- 22 Mars 2024
- 9782021548259
« Je rêve de vous, je dis vous parce qu'il me semble que nous devons de nouveau faire connaissance, vous
m'intimidez maintenant que vous êtes dans votre nouveau monde. Sortons, allons prendre le thé et refaisons le chemin inverse, ce sera amusant, je suis prête, j'ai retrouvé la station debout, vos yeux peuvent croiser les miens. Venez, j'ai des choses à vous dire. »
C'est ainsi que débute la correspondance d'Agathe Natanson, avec l'homme tant aimé, à présent disparu. Des lettres, comme autant de rencontres, pour lui raconter ses jours et ses nuits dans la solitude révoltante du deuil qui est désormais la sienne. Dans ses mots, où se mêlent larmes et éclats de malice, chagrin et éclairs de joie, il y a tout le charme déployé pour tromper la tristesse, la capacité à chérir le souvenir d'une vie extravagante aux côtés du formidable comédien qu'était son mari. Et bien sûr ce goût irrésistible pour le jeu, qui les liait si fortement et qui fut tellement précieux quand la maladie fatale s'est immiscée dans la grande histoire d'amour de ce couple magnifique.
Agathe Natanson, comédienne, a été la dernière épouse de Jean-Pierre Marielle. -
« Sait-on vraiment qui on est ? On est multiple tout au long de sa vie. On se construit sur une espèce de socle social, une origine géographique. Moi, je suis née à Marseille, en 1954, dans une famille "populaire". Je ne suis pas une héritière. Ou plutôt, je suis héritière de la vie des gens qui m’ont précédée, mais qui étaient ouvriers, paysans et immigrés. Je crois que je n’ai pas trahi la jeune fille que j’étais à 18 ans. Je suis une comédienne "connue", comme on dit, avec une identité assez forte dans mon milieu professionnel, et même à l’extérieur ! Et je suis tout autant comédienne que citoyenne. J’adore mon métier – jouer –, mais il y aura toujours dans le choix de mes projets une volonté de donner à voir des images de femmes qui sont très ancrées dans une réalité sociale. »
Ariane Ascaride traverse une enfance assez solitaire. Tombée dans le théâtre dès ses 8 ans, elle «monte» à Paris pour tenter l’entrée au Conservatoire, tout en poursuivant des études de sociologie à la Sorbonne. Elle rencontre Robert Guédiguian, son futur mari, dans les réunions syndicales de leur université. En 1981, ils tournent Dernier Été, premier film d’une longue série ensemble, jusqu’à ce jour de 1998 où Ariane reçoit sans y croire le César de la meilleure actrice pour Marius et Jeannette. Ce tournant dans sa carrière lui offrira de multiplier les collaborations au cinéma, à la télévision et au théâtre. En 2019, elle reçoit le prix d’interprétation à la Mostra de Venise pour Gloria Mundi. Enfin, Ariane est attachée à un autre rôle : celui de femme dans la société. On la connaît pour ses interventions indignées face aux injustices sociales, qu’elle combat à l’écran comme à la ville.
Entretiens menés par Sophie Lhuillier -
Dans la maison où il est né, au Maroc, le père a sa chambre, le frère aîné la sienne. Lui dort avec sa mère et ses soeurs. Cocon familial chaleureux et sensuel. Les enfants savent tout des amours de leurs parents. Mais, par pudeur, on n'en parle pas.
Il est adolescent lorsque son grand frère l'emmène à Tanger. Premier voyage qui lui révèle la vraie nature de ses désirs. Il se prend de passion pour cet aîné qu'il vénère et qui, tombant amoureux d'une femme, l'abandonne à son désespoir.
Il a vingt ans. Il débarque à Genève pour poursuivre ses brillantes études. Il a tant rêvé d'Europe, de livres, de cinéma, de liberté ! C'est la solitude qu'il découvre, loin des siens. Il est séduisant, il en joue. Dès lors, comment échapper à l'image d'objet sexuel que lui renvoient les hommes qu'il rencontre, y compris ceux qui veulent son bien ?
Abdellah Taïa a écrit l'itinéraire d'un enfant de notre siècle, en recherche d'équilibre entre la tradition marocaine et la culture occidentale, entre le désarroi et l'ambition de réussir. Il brave les hypocrisies, à la fois cru et délicat, naïf et malin, drôle et émouvant.
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Va où il est impossible d'aller ; mémoires
Costa-Gavras
- Seuil
- Documents (H.C)
- 5 Avril 2018
- 9782021393903
Né en Arcadie, dans une Grèce déchirée par l'Occupation et la guerre civile, le jeune Costa-Gavras n'aurait jamais pu imaginer nous emmener comme il le fait aujourd'hui là où il lui était impossible d'aller.
Il arrive à Paris en 1955, immigré sans argent. Son rêve : suivre des études. Au hasard des rencontres, il découvrira la Sorbonne, la Cinémathèque d'Henri Langlois, et deviendra rapidement, après avoir fait l'Idhec, l'assistant des plus grands : René Clair, René Clément, Jacques Demy, Henri Verneuil, Jean Becker, Jean Giono, le tout muni d'une carte de travail qui excluait tout assistanat de mise en scène.
Il passe à la réalisation avec un premier film coup de poing, Compartiments tueurs. Et enchaîne les succès internationaux avec Z, L'Aveu, Section spéciale, Music Box, Missing, Amen... Il est l'auteur de dix-huit films qui ont autant changé le cinéma que notre manière de voir le monde.
Ses Mémoires retracent sa jeunesse, sa vie d'" avant ", et fourmillent de détails sur Hollywood, les acteurs, les tournages, comme sur le rôle majeur qu'il a joué à la Cinémathèque française. On y croise bien sûr des légendes, Luis Buñuel ou John Ford, des actrices et acteurs tels Romy Schneider, Jessica Lange, Jean Seberg, Jack Lemmon, Marlon Brando, John Travolta ou Dustin Hoffman. Mais plus encore, ce livre redonne vie à une magnifique famille de pensée dont il suffit d'évoquer les noms – Yves Montand, Simone Signoret, Jorge Semprún, Salvador Allende, Arthur et Lise London, Chris Marker, Romain Gary – pour faire comprendre que Costa-Gavras a été nourri des plus grands rêves de notre époque, comme de ses combats les plus rudes.
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Enfant de l'entre-deux guerres, destiné à reprendre une prospère charcuterie de banlieue, Alain Delon voit, très jeune, dans le cinéma le moyen d'échapper à une existence trop ordinaire. Grâce à quelques grands cinéastes, tels Clément, Visconti ou Melville, qui lui offrent ses plus beaux rôles dans Plein Soleil, Le Guépard ou Le Samouraï, il s'impose dès les années 60 comme une figure tutélaire du cinéma français. Sa beauté angélique, ses idylles avec Romy Schneider ou Mireille Darc, ses performances de comédien contribuent à faire de lui un acteur adulé. Mais sa vie d'homme d'affaire soucieux de rentabiliser son image, ses relations avec le Milieu et l'affaire Markovic ainsi que sa propension à s'enfermer peu à peu dans des rôles de flic ou de voyou font pâlir son étoile et suscitent la controverse.
Vincent Quivy a écumé les archives, épluché la filmographie, enquêté au plus près de la star dont il dévoile le tragique : des films remarquables, des rôles inoubliables, une volonté de fer et le désir insatiable d'aller toujours plus haut mais une existence devenue image,un homme prisonnier de son propre mythe.
L'icône emblématique du cinéma français, son parcours et ses paradoxes, se dévoilent peu à peu à travers ce portrait humain, lucide et nuancé, révélateur d'une existence passionnée et comme désespérée.
Vincent Quivy, journaliste et historien, a publié au Seuil des livres d'enquête historiques et politiques, et plus récemment Qui n'a pas tué John Kennedy ? (2013) et Jean-Louis Trintignant, L'inconformiste (2015).
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Pendant une vingtaine d'années, Anny Duperey s'est passionnée pour l'art photographique, installant un laboratoire dans sa salle de bains, où elle passait des jours, et parfois des nuits, à développer ses pellicules et tirer elle-même ses images argentiques en noir et blanc.
Elle commente ici, avec émotion, délicatesse et drôlerie, une centaine de ses photos préférées et inédites.
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Au dos de nos images Tome 3 (2014-2022) ; scénarios de le silence de Lorna, la fille inconnue, le jeune Ahmed et Tori et Lokita
Luc Dardenne, Jean-Pierre Dardenne
- Seuil
- La Librairie du XXIe siècle
- 13 Janvier 2023
- 9782021523782
Comment filmer ce qui nous terrorise aujourd'hui ? Comment filmer ces nouveaux fanatiques d'une croyance autorisant la haine, le meurtre de tous ceux et toutes celles qui n'adhèrent pas à cette croyance ? Comment filmer cette actualité en saisissant le présent profond à l'oeuvre dans cette actualité ? Rossellini a su le faire avec Allemagne année zéro. Il a su filmer le noyau du nazisme : le mépris du père dans le mépris de l'homme faible, malade, mépris culminant dans l'autorisation de tuer ce père, de tuer celui ou celle dont la fonction est de dire la loi, d'interdire le meurtre. (24 octobre 2016)
Je remarque que j'écris moins souvent dans mon journal de travail. Je ne sais pas pourquoi. Au début, après l'échec de notre film Je pense à vous, j'ai écrit pour essayer de comprendre ce que nous avions fait et essayer de sortir de l'ornière dans laquelle nous et notre cinéma étions embourbés. Mon frère et moi ne cessions de discuter pour savoir que faire, comment faire, ou peut-être ne plus rien faire. Ce sont des condensés de ces échanges que je notais sans trop bien savoir pourquoi, sans doute pour nous donner
du courage, me donner du courage dans l'écriture de ce qui deviendrait le film La Promesse. [...]
Je vais donc sans doute continuer d'écrire ce journal pour nous aider, m'aider, dans l'écriture des scénarios mais aussi parce que je me rends compte que j'en ai besoin. C'est étrange, mais j'ai comme l'impression que sans lui, même si j'y écris moins souvent, je serais incapable de penser un film avec mon frère. C'est ma façon d'être à deux pour faire des films, mon frère a une autre façon, l'important étant que nous désirons tous les deux faire le même film. (30 décembre 2021)
L. D. -
Sauver les médias ; comment s'adapter à la révolution numérique
Julia Cagé
- Seuil
- Coédition Seuil-La République des idées
- 5 Février 2015
- 9782021219579
Les médias sont en crise. Pas seulement la presse écrite, mais toute la chaîne de production de l'information. Confrontés à une concurrence croissante et à une baisse inexorable des recettes publicitaires, les journaux, les radios, les télévisions, les pure players sont tous à la recherche d'un nouveau modèle. Fondé sur une étude inédite des médias en Europe et aux États-Unis, ce livre propose de créer un nouveau statut de " société de média à but non lucratif ", intermédiaire entre le statut de fondation et celui de société par actions. Ce statut permettrait d'œuvrer pour des médias indépendants des actionnaires extérieurs, des annonceurs et des pouvoirs publics, mais dépendants de leurs lecteurs, de leurs salariés et des internautes. Il s'agit d'un modèle économique adapté à la révolution numérique et aux enjeux du XXIe siècle. Le débat est ouvert : il en va, tout simplement, de l'avenir de notre démocratie.
Normalienne, titulaire d'un doctorat de l'université de Harvard, Julia Cagé est professeur d'économie à Sciences Po Paris. Elle est également membre de la Commission économique de la nation.
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Jean-Louis Trintignant ; l'inconformiste
Vincent Quivy
- Seuil
- Documents (H.C)
- 3 Septembre 2015
- 9782021168945
Et dieu créa la femme, Un homme et une femme, Z, La Controverse de Valladolid, Ceux qui m'aiment prendront le train, Amour ... la liste est longue des succès et des chefs d'œuvres de l'acteur. Mais elle ne dit rien de sa vocation première de réalisateur, rien de sa passion pour le théâtre ou la poésie contemporaine, et si peu de choses de l'homme Trintignant. Du " joli garçon " des débuts, partenaire et amant de Brigitte Bardot, aux rôles de méchant, froid, impénétrable où il excelle, de l'amoureux transi au cow-boy muet, l'interprète s'est forgé, dit-il, un métier.
La fierté des timides, les cicatrices d'une enfance en clair-obscur, les liens noués et brisés, ont fait émerger un personnage tout en retenue et en tension, d'une sensibilité encore aiguisée par les drames familiaux. Déterminé, solitaire et silencieux, il a suivi son chemin, à l'écart du star system. Comédien exigeant d'un cinéma français en plein renouveau, figure de la grande période du cinéma italien et réalisateur original, il aura cependant croisé la plupart des grands noms de la vie artistique de son époque.
Vincent Quivy livre une biographie complète de l'acteur, des coulisses des tournages aux tourments de sa vie. Pour mener à bien son enquête, il s'est appuyé sur des archives multiples et a rencontré nombre de ceux qui l'ont côtoyé sur les plateaux ou qui ont partagé sa vie. Il trace un portrait émouvant et précis d'un immense acteur, séducteur et énigmatique.
Vincent Quivy est historien journaliste et écrivain.
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Le cinéma est intrinsèquement lié au partage dans la communauté éphémère et aléatoire des salles obscures. Serge Toubiana le sait mieux que quiconque, pour avoir dirigé Les Cahiers du Cinéma et plus tard la Cinémathèque française. Dans cette vie consacrée entièrement au 7e art, il revient sur quelques rencontres particulièrement importantes, dans des portraits de cinéastes ou d'actrices ou acteurs qui sont autant de coups de cœur. Du coup, le lecteur voit ses propres souvenirs se réveiller ou sa curiosité s'animer, pris d'un irrésistible désir de voir ou revoir les nombreux films évoqués ici avec enthousiasme et érudition. Ces exercices d'admiration, fondés sur la générosité, suscitent un appétit d'images. C'est le temps de voir.
Journaliste et critique de cinéma français, Serge Toubiana a été rédacteur en chef des Cahiers du cinéma et directeur de la Cinémathèque française.
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" L'année dernière, confie Woody Allen, j'ai eu des problèmes avec le fisc. Sur ma déclaration d'impôt, j'ai essayé de faire passer mes notes de psychiatre en frais professionnels. Mais l'administration a dit que ça faisait partie des loisirs. On est arrivé à un compromis et on a fait passer ça en dons caritatifs. "
Sur le chemin accidenté de la vie, Woody Allen peut accompagner chacun tel un chaleureux complice, un guide et un initiateur. Une occasion d'explorer quelques thèmes communs au réalisateur et à la psychanalyse : l'angoisse, l'identité et le changement, le pouvoir de la parole.
" Et pour finir, conclut Allen, j'aimerais avoir un message un peu positif à vous transmettre... Je n'en ai pas... Est-ce que deux messages négatifs, ça vous irait ? "
Docteur en psychologie, psychothérapeute d'orientation analytique, Éric Vartzbed pratique en institution psychiatrique (au Réseau Santé Valais) et en cabinet privé à Montreux. Il est aussi l'auteur du Bouddhisme au risque de la psychanalyse (Seuil, 2009).
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C'est en 1946, dans un film d'Orson Welles, qu'apparaissent pour la première fois dans le cinéma commercial des images de la barbarie concentrationnaire nazie.
Il faudra attendre Shoah de Claude Lanzmann, en 1985, pour que se fasse jour une nouvelle façon d'user de la caméra comme de l'instrument même de la prise de parole.
A travers une suite d'essais comparatifs dont le champ va s'étendant aux autres arts, à commencer par la peinture, Hubert Damisch s'emploie à montrer comment le cinéma ne sera enfin devenu parlant qu'en passant par ce qui prend ici le nom de "montage du désastre".
Mais comment parler de montage, comment parler d'"images", là où l'excès, le débord du réel sur toute visée représentative ou documentaire est à ce point abyssal?
Hubert Damisch a enseigné pendant trente ans à l'Ecole des hautes études en sciences sociales. En 1997, il a publié dans la même collection Un Souvenir d'enfance de Piero della Francesca.
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Théâtre de ma vie
Myriam Boyer, Hélène Rochette
- Seuil
- Documents (H. C.)
- 2 Septembre 2021
- 9782021467581
La vie de Myriam Boyer est un véritable roman qui commence dans les bars de la Mulatière, banlieue populaire près de Lyon, où l’emmenait son père, petit voyou bagarreur. D’abord comédienne sur les planches des théâtres lyonnais, la jeune mère du futur Clovis Cornillac décide de tenter sa chance à Paris. Pendant les auditions, il lui arrive de laisser son fils sous la surveillance des habitués des troquets des Buttes-Chaumont. Des hommes blessés qui l’inspirent, des femmes indociles dont elle sait mieux que personne restituer la grâce. Des frères et sœurs d’âme de la Berthe, mère-courage invalide qui a donné à sa fille le goût d’une liberté non négociable. Tout à la fois pudique et entière, Myriam Boyer revient sur les grandes heures de sa carrière, les tournages, les répétitions, le mélange de l’art et de la vie dans toute son intensité. Elle fait revivre des rencontres inoubliables avec d’autres élus d’une humanité cabossée, de Bernard-Marie Koltès à Patrick Dewaere, de Philippe Léotard à Simone Signoret dont elle dresse pour nous des portraits magnifiques. Myriam Boyer, née en 1948, est actrice et réalisatrice. Agnès Varda, Bertrand Blier, Claude Sautet ou François Ozon : elle a tourné avec les plus grands cinéastes. Elle a été, à deux reprises, lauréate du Molière de la meilleure comédienne. Elle a écrit ce livre avec Hélène Rochette, journaliste à Télérama.
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Au dos de nos images Tome 2 : 2005-2014 ; scénarios Le gamin au vélo, Deux jours, une nuit par Jean-Pierre et Luc Dardenne
Luc Dardenne
- Seuil
- La Librairie du XXIe siècle
- 29 Janvier 2015
- 9782021176117
Quand mon frère et moi nous disons que pour faire un film à deux il faut que nous désirions faire le même film, il me semble que cela veut dire que tous les deux nous atteignons cet état où nous sommes hantés par les mêmes images lointaines qui s'éveillent en nous [...] dont nous ne parlons pas mais qui surgissent de notre enfance partagée. Ce ne sont pas des images mais plutôt des phantasmes, des bribes de scénario enfouis qui reviennent et nous attirent.
Qu'est-ce qu'un père, une mère, un fils, une fille ? Qu'est-ce qu'un individu qui ne serait ni père, ni mère, ni fils, ni fille ? Est-ce pensable ? Après le nazisme et le communisme réel qui voulurent remplacer le lien généalogique par la soumission au Maître ou au Parti et avec le consumérisme contemporain qui starifie l'individu sans lien, c'est une question qui n'est pas insignifiante.
" Indignez-vous ! " dit-il, " Indignez-vous ! " Le problème est que l'indignation est loin d'être libre de préjugés. Seule, elle est aveugle, prête à s'accoupler à n'importe quelle colère.
Comme les événements télévisuels, beaucoup de films sont mis en scène pour être filmés.
Le film Shoah de Claude Lanzmann empêchera peut-être que les humains des siècles à venir ne confondent Auschwitz avec Pompéi.
Londres pour une rétrospective de nos films. Un critique nous a dit : " En tant que spectateur de vos films, j'ai toujours le sentiment d'avoir raté quelque chose, d'être arrivé trop tard dans la salle. " Nous l'avons remercié pour ce compliment.
L. D.
Jean-Pierre et Luc Dardenne sont cinéastes. Ils ont obtenu deux fois la Palme d'or au festival de Cannes (en 1999 pour Rosetta, en 2005 pour L'Enfant). Luc Dardenne a publié, en 2005, Au dos de nos images I (1991-2005) et, en 2012, Sur l'affaire humaine au Seuil, dans " La Librairie du XXIe siècle ".
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Fin décembre, tombée de la nuit, énorme tempête de neige annoncée sur le massif des Bighorn. Le garde-chasse Joe Pickett a garé son 4x4 en lisière de la forêt et surveille un troupeau de wapitis lorsque les premiers coups de feu retentissent. Très vite c'est le massacre, les animaux tombant sous les balles les uns après les autres. Beretta en main, Joe s'approche du tueur et, stupéfait, s'aperçoit qu'il s'agit de Lamar Gardiner, le superviseur du district pour la Twelve Sleep National Forest. Il l'arrête, mais celui-ci réussit à s'enfuir. Pas pour longtemps : quelques instants plus tard, Joe le retrouve sauvagement assassiné. Mais par qui ? Déjà difficile, l'enquête devient carrément impossible lorsqu'un groupe de marginaux, les Citoyens souverains, vient s'installer dans les montagnes, ajoutant à la confusion... et à la violence.
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" Je veux rire, une fois encore, de nos délires ensemble. Sur les chemises bicolores. Sur Twin Peaks, sur Urgences. Sur les vaches. Sur tant d'histoires qui n'avaient pas forcément de rapport avec la télé parle de tout et de n'importe quoi (surtout de n'importe quoi). Oui, je pense à vous. Chacun se battant dans sa vie, pour sa vie. Contre la bêtise et le mensonge, contre tout ce qui manipule et avilit. Mais je n'ai pas envie de sortir les grands mots. Ça ne vous ressemble pas, les grands mots. Je vous vois au quotidien. Dans le jardin, au soleil. Dans les manifs. Les bagarres. Les fêtes avec les amis. Pas les grands mots, non. Les balades au bord de la mer. Le chat qui plisse les yeux sous la lampe. Les confidences et les secrets. Un livre qui fait vivre. Une vieille chanson qui se réveille dans la tête. Le plaisir tout bête de rigoler d'un taré à la télé... "
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Serge Moati se souvient : " Eté 1957. J'avais perdu mon père, ma mère et mon pays, la Tunisie. Le tout en deux mois. Trois disparitions en un été : une sacrée distraction. "
En mai 1968, après un séjour au Niger où il apprend son métier de réalisateur, il frappe à la porte, fort peu accueillante, du parti socialiste. Il rencontre François Mitterrand et, en 1971, devient son conseiller pour la télévision. Plus tard il sera " son " réalisateur pour les débats présidentiels : 1974. 1981. 1988. On se souvient de celui, décisif, de 1981 qui oppose le leader de la gauche à Valéry Giscard d'Estaing, ou de la cérémonie du Panthéon. Coulisses. Secrets. Manipulations en tous genres. L'histoire palpite. Côté cœur, c'est la saga personnelle et drôle d'une victoire.
Né en 1946, Serge Moati commence sa carrière de réalisateur en 1968. Il a signé de nombreux films et travaillé avec les comédiens les plus célèbres. Pendant dix ans, il a produit et animé Ripostes, diffusé sur France 5, et présente aujourd'hui Cinémas sur la même chaîne.
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Greta Garbo
Jean Lacouture
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Curriculum
- 30 Novembre 2018
- 9791036906879
« C'était un jour de septembre 1951, vers la fin de la matinée. Sur le trottoir de la rue de Rivoli, le long des arcades entre le Louvre et la Concorde, je vis s'avancer à ma rencontre deux femmes de haute taille. Le visage de l'une, soudain, happa mon regard. Ce visage ? Mais oui : c'était bien elle ! Pas de lunettes, pas de chapeau protecteur, les cheveux sur les épaules, en grandes mèches claires, un regard marin. Déjà, je devais me retourner pour la voir. Et moi qui n'ai jamais osé suivre une femme dans la rue, enviant l'audace des héros de Morand et de Drieu, je lui emboîtai le pas le long des allées des Tuileries... » Il m'aura fallu un demi-siècle pour oser l'interpeller, comme je le fais ici... J. L.
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Mésaventure du paradis ; mélodie cubaine
Bernard Matussière, Erik Orsenna
- Seuil
- Biographies-Témoignages
- 25 Juin 2015
- 9782021145342
Toute famille a ses eldorados. Des lointains peuplés d'ancêtres forcément farouches, séducteurs et richissimes. Enfant, on me promenait sur les ports, on m'enivrait de Brésil et de Caraïbes, sans plus de précision. L'âge venant, j'ai décidé d'aller y voir.
Elle s'appelait Villademoros, papetière. Il se prénommait Augustino, négociant. Mes arrière-grands-parents. Ils habitaient La Havane, où ils étaient nés.
Cent vingt ans plus tard, Cuba coupe le souffle tellement les gens, les lieux son beaux, et serre le cœur tant l'échec est criant. Un grand Fidel est passé par là. Il voulait édifier le paradis sur terre... on peut construire des écoles, des hôpitaux. On ne force pas un peuple au bonheur. Surtout quand ce peuple le possède en lui. Vous l'aviez deviné : en même temps que l'arbre généalogique, nous avons visité les ruines du rêve.
E.O.
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Attentat express ; qui a tué Gilles Jacquier ?
Caroline Poiron, Sid ahmed Hammouche, Patrick Vallélian
- Seuil
- H.C. essais
- 24 Mai 2013
- 9782021113785
" Ce mercredi 11 janvier 2011, à Homs, ville symbole de la révolte contre le régime de Bachar al-Assad, rien ne s'est déroulé comme nous l'attendions. Nous pensions partir au nord. Notre escorte militaire nous a conduit au sud. Nous voulions rendre compte des horreurs de la guerre civile qui secouait la Syrie depuis mars 2011. Et voilà que nous avons été pris pour cible. Des explosions, quatre, avaient secoué le quartier alaouite de Akrama al-Jadida pourtant calme et préservé jusque-là. Gilles a été abattu dans l'immeuble où je me trouvais également. Tout s'est passé si vite. Les cris. Le sang. L'évacuation dans un taxi jaune vers le dispensaire. Tout proche. "
Caroline Poiron était la compagne de Gilles Jacquier, grand reporter à France2, tué ce jour-là à Homs dans des circonstances dramatiques. Dans Attentat Express, elle retrace, avec Sid Ahmed Hammouche et Patrick Vallélian, les événements qui se sont succédé ce jour-là. Leur enquête pose de troublantes questions. Pourquoi leur escorte de sécurité a-t-elle disparu à la première explosion ? Pourquoi la circulation a été bloquée pendant plusieurs minutes, puis a repris comme si de rien n'était après la mort de Gilles Jacquier. Quel rôle a joué la religieuse chrétienne qui a facilité leur entrée en Syrie ? Qui sont les pro-Bachar qui les ont poussés vers la mort ? Quel était l'intérêt du régime syrien de tuer le journaliste de France Télévisions ?
Les trois journalistes trouveront des réponses au cours de mois d'investigation en France, en Syrie, au Liban, en Égypte, en Belgique, en Turquie et au Maroc.
Caroline Poiron est photographe journaliste pour France Télévisions et Paris Match. Sid Ahmed Hammouche et Patrick Vallélian sont grands reporters respectivement à La Liberté (Suisse) et à L'Hebdo (Suisse). Ils étaient tous présents à Homs le 11 janvier 2012.
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À quoi servent les journalistes ? Qui servent-ils ? Quels sont les limites et les enjeux de leur travail ? Si Citizen Kane, projeté sur les écrans américains en 1941, reste une œuvre hors normes, elle s'inscrit néanmoins dans un genre cinématographique créé par Hollywood dans les années 1930 : le film de journalisme. Dédié aux liens qui unissent la presse, la politique et le cinéma, il dévoile l'envers du décor : les conflits d'intérêts, l'intrusion du pouvoir, les obstacles à la liberté d'expression.
Rapidement, le modèle se propage à l'Europe et à la France. Mais la notion de vérité demeure partout le thème central : le film de journalisme traque la calomnie, ses héros et ses héroïnes affrontent un univers de complot ou de manipulation, et il devient même pamphlet au besoin.
Dans un texte vif, émaillé d'exemples célèbres et d'anecdotes spectaculaires, Sonia Dayan-Herzbrun, dégage puis analyse les caractéristiques et les évolutions du film de journalisme, son rôle et son pouvoir, du Watergate à la guerre d'Irak et d'Orson Welles à Michael Moore.
Sonia Dayan-Herzbrun est professeure de sciences-sociales à l'université Paris-7. Directrice de Tumultes, revue d'analyse des phénomènes politiques contemporains, elle est l'auteure de six ouvrages parmi lesquels Femmes et politique au Moyen-Orient (L'Harmattan, 2005).
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Le voyeur absolu. Evgen Bavcar est né en 1946 en Slovénie. A l'âge de 11 ans, à la suite de deux accidents consécutifs, il perd totalement la vue.
Au début des années soixante, à l'Institut des jeunes aveugles de Ljubljana, puis au lycée, il prend ses premières photos.
Installé à Paris, où il a poursuivi des études en philosophie et en esthétique, il est naturalise français en 1981, et travaille pour le CNRS.
En avril 1987, la première exposition des photos d'Evgen Bavcar a lieu à Pans. Depuis, expositions, catalogues et publications se succèdent dans différents pays d'Europe (en Allemagne, France, Espagne, Suisse, etc.).
Cette expérience, stupéfiante à bien des égards, ne cesse de poser des questions. Comment un aveugle réussit-il à substituer à une vision qui n'existe plus depuis trente-cinq ans un ensemble sensible qui lui permet d'appréhender une réalité dans tous ses détails ?
Cette expérience exceptionnelle, sans équivalent dans l'histoire de l'art, conduit évidemment à se poser cette question essentielle : la photographie ne serait-elle pas, avant toute chose, une image mentale du monde, et seulement cela ? Un effet de sensualité, dont le tirage sur papier ne constituerait qu'un phénomène secondaire ?
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Jamel Debbouze n'a que trente-deux ans, mais sa vie pourrait déjà être un roman. Un roman sur fond de drame, mais aussi d'ascension sociale à la vitesse d'une fusée. On passe ici très vite des larmes aux rires, de la misère à la fortune.
Là où cette histoire commence, à Barbès (XVIIIe arrondissement de Paris) puis à Trappes (Yvelines), dans un milieu d'immigrés marocains, la douceur de vivre et la chaleur humaine ne sont pas absentes, mais l'itinéraire n'est pas vraiment celui d'un enfant gâté, surtout quand frappe la tragédie. Jamel, qui n'a pas le physique d'un athlète, est en effet handicapé par la perte, dans des circonstances terribles, de l'usage d'un bras. Mais quand il est sur les planches, plus rien ne l'arrête, et bientôt plus personne, y compris les financiers, ne lui résiste. On a affaire à un magicien de la comédie, au regard magnétique, parlant au rythme d'une mitraillette, improvisateur sans pareil, devenu l'emblème de toute une génération.
A travers des témoignages intimes et des révélations sur des rencontres décisives ignorées, ce livre reconstitue pour la première fois le parcours vrai d'un surdoué dse banlieues.
Marie Jocher et Alain Kéramoal sont journalistes indépendants.
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Personne ne semble en douter : l'influence des médias est écrasante. Mais du côté des journalistes, on se montre volontiers sceptique. Tant de causes que l'on a cherché à défendre et qui ont tourné court !
À l'examen, la question ne se satisfait pas de réponses à l'emporte-pièce. Le pouvoir des médias suscite des convictions fortes, et contradictoires. Cet essai est donc animé d'une double ambition : tenter de découvrir dans l'histoire des idées les principaux jalons qui les expliqueraient. Et, puisque le débat n'est pas clos, instiller, face au foisonnement même de ces idées, un scepticisme salubre.
Daniel Cornu a été journaliste, rédacteur en chef du quotidien La Tribune de Genève, Il a enseigné l'éthique du journalisme aux universités de Genève, Neuchâtel et Zurich et a publié plusieurs ouvrages sur ce thème.