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Le labyrinthe des égarés : l'Occident et ses adversaires
Amin Maalouf
- Grasset
- essai français
- 4 Octobre 2023
- 9782246830443
Une guerre dévastatrice vient d'éclater au coeur de l'Europe, qui ravive les pires traumatismes du passé ; des menaces de cataclysme nucléaire sont constamment agitées, alors qu'on les croyait définitivement écartées ; un bras de fer planétaire se déroule, opposant l'Occident à la Chine et à la Russie... Il est clair qu'un bouleversement majeur est en train de se produire, qui affecte déjà notre mode de vie, et qui remet en cause les fondements mêmes de notre civilisation. Chacun en a conscience, mais personne encore n'a contemplé cette crise avec la profondeur de champ qu'elle mérite.
Comment en est-on arrivé là ? Amin Maalouf remonte, dans ce livre, aux origines de ce nouvel affrontement entre l'Occident et ses adversaires, en retraçant l'itinéraire de quatre grandes nations : d'abord le Japon de l'ère Meiji, qui fut le premier pays d'Asie à défier la suprématie des nations « blanches », et dont la modernisation accélérée fascina l'humanité entière, notamment les autres pays d'Orient, qui tous rêvèrent de l'imiter ; puis la Russie soviétique, qui constitua, pendant trois-quarts de siècle, une formidable menace pour l'Occident, son système et ses valeurs, avant de s'effondrer ; ensuite la Chine, qui représente en ce vingt-et-unième siècle, par son développement économique, par son poids démographique et par l'idéologie de ses dirigeants, le principal défi à la suprématie de l'Occident ; et enfin les Etats-Unis, qui ont tenu tête à chacun des trois « challengers », et qui sont devenus, au fil des guerres, le chef suprême de l'Occident et la première superpuissance planétaire.
L'ensemble de ces récits constitue une grande fresque historique qui éclaire, comme on ne l'avait jamais vu jusqu'ici, les enjeux des conflits en cours, les motivations des protagonistes, et les étranges paradoxes de notre époque.
En exergue du livre, l'auteur cite cette parole si pertinente de Faulkner : « Le passé ne meurt jamais. Il ne faut même pas le croire passé. » -
Paru en Italie en 1997 dans un volume d'essais intitulé Cinq questions de morale, traduit chez Grasset en 2000, Reconnaître le fascisme d'Umberto Eco est un texte d'une extrême actualité : le témoignage lucide et terrible d'un des plus grands intellectuels du XXe siècle, qui a grandi dans l'Italie de Mussolini.
Quatorze. Tel est le nombre des caractéristiques qui permettent de déterminer si une idéologie, un mouvement, une société sont fascistes, selon Umberto Eco. Il y a les plus évidentes : la haine de la culture, l'obsession du complot, le refus de l'étranger. D'autres, plus insidieuses, bénignes en apparence, aboutissent au même résultat si l'on n'y prend garde : la peur du langage complexe, l'idée d'un peuple doté d'une volonté propre, le fait de considérer les désaccords comme des trahisons.
Les sociétés démocratiques sont-elles à l'abri d'un retour du fascisme ? Non, dit Umberto Eco, qui nous met en garde contre le masque innocent que prendra le fascisme pour revenir au pouvoir. « Ce serait tellement plus confortable si quelqu'un s'avançait sur la scène du monde pour dire : "Je veux rouvrir Auschwitz, je veux que les chemises noires reviennent parader dans les rues italiennes !" Hélas, la vie n'est pas aussi simple. » Les clefs pour débusquer et combattre une idéologie mortifère. -
Que s'est-il passé le 7 octobre 2023 ?
Un choc dans l'âme juive ? un pogrom sans précédent depuis la Shoah ? un ébranlement de la conscience universelle ? une étape dans la guerre mondiale menée contre les démocraties ?
Quel lien avec l'invasion de l'Ukraine ?
Quel sens donner à l'alliance, autour des terroristes du Hamas, de l'Iran, de la Turquie, de la Russie impérialiste, de la Chine, de l'islamisme sunnite ?
La riposte de Tsahal fut-elle « proportionnée »?
Que voulait dire Emmanuel Levinas quand il parlait de l'« exception juive » ? Et Romain Gary et Albert Cohen quand ils annonçaient à l'auteur le retour de « la plus vieille des haines » ?
La solitude d'Israël est-elle irrémédiable ?
Telles sont quelques-unes des questions posées dans cet essai de colère et de combat que nourrit un demi-siècle d'amour pour l'Etat des Juifs et de méditation sur son destin. -
« Fais ce livre dans dix ans, fais-le dans vingt ans. Fais-le quand tu voudras mais fais-le ! Promets-moi de l'écrire ».
François Mitterrand
« Cet ouvrage est la réalisation de l'engagement que j'ai pris par une chaude soirée de juin 1994.
La promesse aura attendu trois décennies avant de se muer en témoignage, où se dévoilent, par plans successifs, les visages multiples de ce personnage si secret.
J'ai voulu montrer combien un homme - à plus forte raison un homme d'État - est plus proche de nous que ceux qui, dotés de recettes de communicants, sont revenus de tout sans être allés nulle part.
Je laisse le soin au lecteur, à partir des différentes facettes de cet homme si singulier car pluriel, de se faire sa propre opinion.
Comme une charade : « Et mon tout est un Président ».
A. L.
Un récit personnel d'exception qui mêle l'histoire du monde (Gorbatchev, Clinton, Thatcher), l'histoire de France, l'amour, l'amitié et la littérature.
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Le Salon vert : À l'Elysée, au coeur du pouvoir
Marie-Béatrice Baudet, David Gaillardon
- Grasset
- Document français
- 22 Mai 2024
- 9782246831594
Situé au premier étage de l'Elysée juste à côté du bureau du Président de la République, le Salon vert est l'antichambre du pouvoir. C'est dans cette pièce que, tour à tour, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron, entourés de leurs proches conseillers, ont décidé du futur économique, social et international de la France. Beaucoup d'arbitrages y ont été rendus : âge du départ à la retraite, vente de notre fleuron industriel Alstom, engagement des troupes françaises au Sahel, réplique aux attentats terroristes... La vie privée hante aussi ces lieux, où deux présidents se sont mariés et la dépouille d'un autre a été exposée.
Dans ce magnifique bureau inconnu du grand public, l'Histoire s'écrit au quotidien. Tout y est signe, à commencer par la couleur verte de ses boiseries Louis XV qui évoque à la fois l'espérance, l'argent et l'autorité. Chaque objet dit aussi quelque chose de ce lieu stratégique: ainsi de la pendule placée sur la cheminée ou de la nouvelle table de réunion trônant au centre du décor.
Mêlant recherches historiques et confidences de responsables politiques et de haut-fonctionnaires, Marie-Béatrice Baudet et David Gaillardon nous font pénétrer dans les coulisses de ce foyer de la République. Les murs du Salon vert nous livrent leurs secrets. -
« Qui suis-je ? Un homme de déchirures, arraché encore enfant à son Maroc natal, jeté dans la fournaise idéologique, bousculé par la lutte des classes, enfiévré par le rêve révolutionnaire, embrasé par la conquête politique, subjugué par François Mitterrand, trahi, brocardé, méprisé, marginalisé par le Parti socialiste. Qui suis-je ? Un insoumis, le bruit et la fureur, l'espoir d'un peuple qui veut renverser le système et y parviendra. Quoi qu'il en coûte. »
Septembre 2026. À 20h, ce dimanche-là, Jean-Luc Mélenchon doit annoncer s'il est ou non candidat à la présidentielle 2027. Une quatrième et ultime tentative. Réfugié dans sa maison de campagne du Gâtinais, comme sur une scène, il raconte, il se raconte. Sa vie, ses combats, ses blessures. Sa jeunesse. Mitterrand, adulé. Le Parti socialiste, abandonné. Les élites, détestées. Mais aussi la France, le peuple, les idéaux, le désir de révolution, les mots, la justice, la violence.
Moi, Jean-Luc M., c'est l'épopée d'un homme à travers cinquante ans de luttes. C'est l'ascension d'un tribun que n'effraie plus aucune surenchère : haï, adoré, mais un homme comme on en voit peu. C'est aussi la transformation politique d'un militant qui se radicalise. Le gladiateur va disputer son dernier combat...
« Depuis trente ans, j'ai vu Jean-Luc Mélenchon changer de stature, mais aussi de valeurs, je l'ai vu grandir et se perdre, prôner puis pourfendre le socialisme gestionnaire, adorer puis trahir la République laïque. Je l'ai vu passer de la générosité à la férocité, de l'humanisme au fanatisme, du charisme au clanisme... »C.B -
En ces premières années du XXIe siècle, le monde présente de nombreux signes de dérèglement. Dérèglement intellectuel, caractérisé par un déchaînement des affirmations identitaires qui rend difficiles toute coexistence harmonieuse et tout véritable débat. Dérèglement économique et financier, qui entraîne la planète entière dans une zone de turbulences aux conséquences imprévisibles, et qui est lui-même le symptôme d'une perturbation de notre système de valeurs. Dérèglement climatique, qui résulte d'une longue pratique de l'irresponsabilité... L'humanité aurait-elle atteint son « seuil d'incompétence morale » ? Dans cet essai ample, l'auteur cherche à comprendre comment on en est arrivé là et comment on pourrait s'en sortir. Pour lui, le dérèglement du monde tient moins à une « guerre des civilisations » qu'à l'épuisement simultané de toutes nos civilisations, et notamment des deux ensembles culturels dont il se réclame lui-même, à savoir l'Occident et le Monde arabe. Le premier, peu fidèle à ses propres valeurs ; le second, enfermé dans une impasse historique. Un diagnostic inquiétant, mais qui débouche sur une note d'espoir : la période tumultueuse où nous entrons pourrait nous amener à élaborer une vision enfin adulte de nos appartenances, de nos croyances, de nos différences, et du destin de la planète qui nous est commune.
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Le Bonhomme Lénine, paru chez Grasset en 1932, huit ans après la mort du créateur de l'URSS, est la première biographie critique du grand révolutionnaire soviétique. Fruit d'une enquête minutieuse, cet ouvrage demeure une source majeure pour appréhender la vie et la personnalité de Lénine.
Malaparte déconstruit, avant le mot, le mythe léniniste. En seulement quelques années, les autorités soviétiques et la presse des pays capitalistes ont fait de Lénine un saint laïque pour les uns, un Gengis Kahn prolétarien pour les autres. Malaparte entend détromper tout le monde et retrouver le Lénine authentique : le stratège et le politicien, l'homme et le partisan. Nous admirons son intelligence stratégique, nous déplorons ses petitesses, nous le voyons dans la vie de tous les jours, passionné de musique, de balades à bicyclette et de littérature.
Dans un style flamboyant, le grand écrivain italien nous fait vivre l'épopée du « petit-bourgeois » Lénine, de ses années d'étudiant sans le sou à ses triomphes machiavéliques, de mutineries en prison, de congrès en révolution, jusqu'au pouvoir suprême. Cet ouvrage d'une impeccable précision historique retrace avec brio l'une des périodes les plus marquantes de l'histoire politique moderne. Tout en conservant un impitoyable regard critique, Malaparte rend son humanité à Lénine, ainsi qu'à toute la galaxie des révolutionnaires de son entourage, que l'histoire officielle avait momifiés dans le respect. -
Souvent, les journées de Jean-Luc Ployé commencent dans une petite salle sombre d'une prison de haute sécurité. Par réflexe, il passe la main sous la table pour vérifier la présence d'une alarme, et s'assure qu'un gardien armé reste à proximité. Face à lui viennent s'asseoir Alain Penin, violeur multirécidiviste massacrant celle qui lui résiste à coups de tournevis, ou encore Jacques Rançon, criminel sexuel qui découpe les parties génitales de ses victimes. Des heures durant, parfois toute la journée, il les questionne sur leurs crimes, leur vie personnelle et familiale, leurs fantasmes, et leur fait passer des tests de personnalité. Il y a aussi, chaque jour, des victimes, jeune fille agressée par son père, femme violée, enfant perdu. Dans la vie solitaire de l'expert se succèdent les trajets en voiture entre les commissariats et tribunaux de France ; les repas seul au restaurant, l'estomac noué ; les combats pour trouver le sommeil.
Qu'est-ce qui pousse un homme à se confronter chaque jour à la violence que produit notre société, en accueillant les récits de la plus implacable cruauté et ceux d'une souffrance absolue ? Comment rentre-t-on chez soi après avoir passé huit heures à échanger avec Michel Fourniret ou Francis Heaulme ? Peut-on être un père tranquille et un compagnon tendre quand on rencontre à la chaîne des victimes traumatisées ? Expert psychologue près la Cour de Cassation, Jean-Luc Ployé, du haut de ses 1 000 procès d'assises et 15 000 expertises, renverse l'analyse dans un document exceptionnel.
Expert de sa propre histoire, enquêteur de toutes les psychés, l'auteur livre ainsi le récit de son enfance invisible dans une famille très nombreuse. Atteint de bégaiement, moqué par ses parents et voisins, il deviendra l'un des plus grands experts de France, dévoué à sa carrière au point de délaisser ses enfants et ses compagnes. Car La Passion du mal, entre regard, bienveillance, voyeurisme et réparation, le consume tout entier : il lui faut sonder les profondeurs de l'âme humaine, comprendre et dire pour que justice se fasse, dans une société dévorée par la violence et en quête de douceur. -
La parabole des aveugles : Marine Le Pen aux portes de l'Elysée
Aquilino Morelle
- Grasset
- Essai
- 8 Novembre 2023
- 9782246834229
Déjà deux fois finaliste de la présidentielle, en 2017 et 2022, devenue la candidate des classes populaires, du monde du travail, des chômeurs aussi, débarrassée de son père et du fatras antisémite et xénophobe qui était le sien, progressant dans toutes les catégories sociales et dans tous les territoires, Marine Le Pen est désormais considérée comme la favorite pour les élections présidentielles de 2027.
Comment en est-on arrivé là?
Analyser de manière précise et sur le long terme les étapes de la propagation du vote FN/RN en France, comprendre qui furent les vrais responsables de cette situation inédite, avant d'envisager la voie -étroite- à emprunter pour barrer le chemin de Marine Le Pen vers l'Élysée : telle est l'ambition de ce livre.
Il reste un peu plus de 40 mois avant la prochaine présidentielle: c'est peu -peut-être trop peu. C'est assez, si l'on accepte de regarder la réalité en face et de ne plus se payer de mots, ainsi que nous y invite ici Aquilino Morelle. -
Comment s'emparer d'un Etat à l'ère de la modernité, et comment le défendre ? Voilà la question à laquelle Malaparte répond dans cet essai publié pour la première fois en 1931. La première édition a été française, chez Grasset, et le livre a été interdit dans toutes les dictatures du moment, pour n'être traduit en Italie qu'en 1948. Selon Malaparte, le temps des révolutions populaires est terminé. Nul besoin désormais de mobiliser un peuple afin de conquérir le pouvoir. Pour renverser un régime, il suffit d'une organisation technique et tactique, d'un nombre restreint d'individus capables de paralyser, pendant quelques heures, les administrations. Il illustre cette thèse en analysant le coup d'Etat bolchevique de 1917, la victoire du Polonais Pilsudski contre les Soviétiques en 1920, le putsch manqué de Kapp la même année à Berlin, et consacre un chapitre au 18 Brumaire de Bonaparte.
Loin d'être un traité sec et analytique, ce livre donne l'occasion à Malaparte de déployer son génie du portrait. Et voici un homme politique allemand qui n'exerce pas encore le pouvoir au moment où est publié le livre : hystérique, jaloux, peureux, tous traits de caractère qui ne pourront le mener qu'à une férocité impitoyable et sans limite. Ce politicien, c'est Hitler, et la description est prophétique.
Théorie impeccable, art du portrait et pénétration psychologique font de ce livre un classique. Et ce n'est pas parce que les réseaux sociaux sont arriver qu'il s'agit moins, à un moment donné, de prendre d'assaut un bâtiment symbolique du pouvoir... Tous ceux qui se rappellent le 6 janvier 2021 à Washington le savent. -
Passeport diplomatique ; quarante ans au Quai d'Orsay
Gérard Araud
- Grasset
- Essai
- 2 Octobre 2019
- 9782246821120
Après trente-sept ans passés au Quai d'Orsay à occuper les postes les plus prestigieux de la diplomatie française, Gérard Araud analyse ici la longue séquence historique dont il a été un acteur et un témoin privilégié :
« Ma carrière, commencée un an après l'élection de Ronald Reagan et conclue deux ans après celle de Donald Trump, s'est inscrite dans un moment particulier de l'histoire qu'à défaut d'un autre terme, j'appelle le « néo-libéralisme ». Fondé, en économie, sur la souveraineté du marché, sur la méfiance vis-à-vis de l'État et sur l'ouverture des frontières et, en politique étrangère, sur la conviction de la supériorité des valeurs de l'Occident. »
Ses mémoires se lisent comme un essai, clair et érudit, confrontant les analyses pour expliquer l'effondrement d'un monde et comprendre celui qui vient. A la théorie s'ajoute un grand art du trait et du portrait. L'ambassadeur, à la manière d'un moraliste, incarne les anecdotes, conte incidents et situations cocasses, distille conseils aux jeunes diplomates et avis sur les ministres et les Présidents qu'il a servis.
Haut-fonctionnaire iconoclaste, connu pour son franc-parler, son humour fin et sans concession, Gérard Araud emmène le lecteur dans les coulisses de la diplomatie : il nous donne le sentiment, soudain, d'être au coeur de la machine, d'en comprendre les rouages et les complexités (le chapitre des négociations sur le nucléaire iranien, notamment, est particulièrement passionnant).
Un ouvrage incontournable pour ceux qui veulent comprendre comment se fait la politique de notre pays sur la scène internationale. -
La police contre la rue
Sebastian Roché, Francois Rabate
- Grasset
- essai français
- 25 Octobre 2023
- 9782246828143
En France, le maintien de l'ordre, autrement dit la manière dont la police gère les manifestations, connaît depuis les années 2010 une série de crises sans précédent. Loi Travail, Gilets jaunes, finale de la Ligue des champions, réforme des retraites... Dans toutes ces occasions, les façons de faire des forces de l'ordre ont été mises à l'index par de nombreux observateurs.
Matraquages, nasses, charges successives, policiers moto-portés, grenades, lanceurs de balles de défense - les désormais fameux LBD. Ces pratiques, les uns les jugent brutales, attentatoires aux droits fondamentaux, les autres inévitables pour faire face aux « casseurs ». Mais à quelle conception du maintien de l'ordre renvoient-elles ? Y a-t-il une spécificité de notre histoire française ? Même dans les situations les plus tendues, n'y a-t-il pas d'autres approches ? Et comment fait-on dans les autres « démocraties » ?
Pour répondre à ces questions, ce livre revisite l'histoire du maintien de l'ordre et de ses conceptions depuis les années 1960, en France (viticulteurs fusils à la mains ; mai 68, incendie du Parlement de Bretagne par les marins pêcheurs), mais aussi chez nos voisins britanniques et allemands. Et il le fait en confrontant les points de vue. D'un côté un gendarme, un CRS, un ancien Préfet de police de Paris (Michel Delpuech), un grand flic anglais, une officier de police et professeure dans une université de police allemande. De l`autre, un grand dirigeant syndical (Bernard Thibault), un ancien responsable de service d'ordre d'extrême-gauche, un ancien député écologiste et le récent Défenseur des Droits. Et puis trois chercheurs en science politique, spécialistes des mouvements sociaux et des groupes radicaux, ou de l'organisation policière.
Cette mise en perspective permet d'éclairer la crise actuelle du maintien de l'ordre à la française et de n'esquiver aucun débat. Ailleurs, l'idée de « désescalade » porte à rechercher des solutions d'apaisement. La France, persuadée de l'excellence de sa doctrine, saura-t-elle sortir d'une mécanique de l'affrontement ? -
Les loups aiment la brume : enquête sur les opérations clandestines de la Turquie en Europe
Laure Marchand, Guillaume Perrier
- Grasset
- Essai
- 14 Septembre 2022
- 9782246827702
Depuis l'échec des négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, Ankara et Bruxelles entretiennent des relations plus qu'ambiguës. Alternant crises diplomatiques et collaborations géopolitiques, ce sont deux visions du monde qui se jaugent et se toisent. Mais c'est à l'ombre de la scène médiatique, dans l'activisme souterrain de la Turquie et de ses cellules clandestines, que la vraie menace rôde. Comme le dit un proverbe turc, « les loups aiment la brume », et quand celle-ci se lève, elle laisse derrière elle, et chez nous, bien des énigmes et des cadavres...
C'est pour percer l'opacité qui entoure ces agents de l'ombre et les activités des services de renseignement turcs - le redouté MIT - que les auteurs ont mené l'enquête. En Sicile. En Allemagne. En Suisse. En France, bien sûr, à Paris ou en province...
Dans ce livre puissant, Laure Marchand et Guillaume Perrier ont remonté la piste des agents d'Erdogan. Le territoire européen dans son ensemble apparaît comme un terrain d'action privilégié et violent du président Erdogan. Le « Reis » peut compter sur ses militants, des réseaux islamistes et ultranationalistes, les « Loups gris » et des groupes politico-criminels prêts à monter au front pour défendre la mère-patrie. Mais avec la déliquescence du pouvoir turc et la crise de succession qui s'annonce, les loups s'entre-dévorent. Ce qui les rend encore plus dangereux pour les démocraties européennes... -
Une histoire mondiale du communisme Tome 2 ; les victimes
Thierry Wolton
- Grasset
- essai français
- 14 Octobre 2015
- 9782246859581
La tragédie humaine à laquelle est associée l'histoire du communisme est-elle la conséquence de circonstances malheureuses ou d'une politique délibérée ? Ce débat, récurrent depuis l'apparition du premier régime communiste en Russie, ne peut être tranché que si l'on prend en considération la dimension mondiale du système.
Quelles que soient la géographie, l'histoire, la culture des pays où le communisme a triomphé, les mêmes méthodes ont abouti aux mêmes résultats. Ce ne sont pas les circonstances qui ont scellé le sort des peuples concernés, mais l'application d'une politique identique, quelles que soient les particularités nationales. Rien ne ressemble davantage à une victime russe qu'une victime chinoise, cubaine, coréenne ou roumaine...
La guerre civile permanente que les régimes communistes ont menée contre leur population, pour imposer leur dogme, explique l'hécatombe sans précédent qui en a résulté. C'est en toute conscience que des dizaines de millions d'êtres humains ont été enfermés, torturés, déportés, affamés. C'est en toute conscience que des centaines de millions d'autres êtres humains ont été surveillés, exploités, endoctrinés, asservis.
L'histoire mondiale du communisme, vue du côté des victimes, montre à quel point les utopistes parvenus au pouvoir n'ont pas davantage cherché à en finir avec les inégalités qu' à construire la société idéale promise : c'est à l'humanité de l'homme qu'ils s'en sont pris.
La trilogie, saluée par la critique et les plus grands spécialistes, fait déjà date dans l'historiographie du communisme et a été couronnée par le prix Jan Michalski. Le tome 3 est aussi le lauréat du Prix Aujourd'hui 2018. -
Une histoire mondiale du communisme Tome 3 ; les complices
Thierry Wolton
- Grasset
- essai français
- 20 Septembre 2017
- 9782246852704
Après Les Bourreaux (tome 1, le communisme d'en haut, du côté du pouvoir) et Les Victimes (tome 2, le communisme d'en bas, du côté de la société), Thierry Wolton achève sa monumentale trilogie « Une histoire mondiale du communisme » par ce dernier volume : Les Complices (le communisme dans les têtes).
L'auteur s'attache, dans ce volet de son essai d'investigation historique, à tous ceux qui ont permis au communisme de prospérer avec un tel succès dans l'espace et avec une telle longévité dans le temps.
Les dizaines de PC dans le monde avec leurs millions d'adhérents ; l'aveuglement idéologique de la quasi-totalité des intellectuels de l'époque ; la complaisance de la plupart des responsables politiques occidentaux à l'égard des régimes marxistes-léninistes ; l'aide apportée par les capitalistes cupides aux économies socialistes : autant de visages et de formes de complicité.
A l'heure du bilan, maintenant qu'il est établi que l'espoir s'est mué en tragédie, les responsabilités apparaissent multiples et planétaires, ce qui rend ce passé si douloureux et la volonté de l'oublier impérieuse. Regarder ces vérités en face, sans honte mais sans concession, est pourtant une nécessité si l'on veut comprendre notre époque, héritage direct de ce siècle communiste achevé.
Fidèle à sa méthode, Thierry Wolton brosse ici un grand récit ponctué de témoignages, d'anecdotes, d'analyses qui viennent compléter sa réflexion. Il montre aussi combien cette aventure humaine a façonné le visage de notre nouveau siècle, faisant de cette Histoire mondiale du communisme un livre au présent.
Sa trilogie, saluée par la critique et les plus grands spécialistes, fait déjà date dans l'historiographie du communisme et a été couronnée par le prix Jan Michalski. Le tome 3 est aussi le lauréat du Prix Aujourd'hui 2018. -
Une histoire mondiale du communisme Tome 1 ; les bourreaux
Thierry Wolton
- Grasset
- essai français
- 14 Octobre 2015
- 9782246859574
Voici le premier récit complet de la plus grande aventure politique du XXè siècle : celle qui a porté les plus folles espérances et qui a conduit à la plus terrible catastrophe humaine de tous les temps, par sa durée et son ampleur.
Le communisme n'a pas seulement régné sur une trentaine de pays et régi la vie de plus d'un tiers de l'humanité, il a également occupé la plupart des esprits pendant des décennies, aux quatre coins du monde. Nulle autre idéologie, nul autre système politique n'ont connu dans l'histoire une si foudroyante expansion.
Comment expliquer ce succès, à quoi correspond-t-il, de quelle manière le communisme a-t-il triomphé, pourquoi a-t-il partout échoué, pour quelles raisons tant de vie humaines ont-elles été sacrifiées en son nom ? Seule une histoire mondiale de cette épopée permet de répondre à ces questions, de comprendre à la fois ce siècle communiste et l'héritage qu'il nous a laissé.
D'octobre 1917 à la Révolution culturelle chinoise, de la collectivisation des campagnes à l'industrialisation menée à marche forcée, de la pénurie généralisée à la culture bâillonnée, de l'enfermement des peuples aux camps de concentration, tous les aspects de la réalité communiste, de son vécu sont ici racontés, analysés, mis en perspective.
La trilogie, saluée par la critique et les plus grands spécialistes, fait déjà date dans l'historiographie du communisme et a été couronnée par le prix Jan Michalski. Le tome 3 est aussi le lauréat du Prix Aujourd'hui 2018. -
« Le Royaume-Uni des années 1980. Les années Thatcher. Elles sortent toutes de là, les voix qui courent dans ce livre, elles plongent au creux de plaies toujours béantes, tissent un récit social, la chronique d'un pays, mais plus que cela, elles laissent voir le commencement de l'époque dans laquelle nous vivons et dont nous ne savons plus comment sortir.
C'est l'histoire d'un spasme idéologique, doublé d'une poussée technologique qui a bouleversé les vies. Ici s'achève ce que l'Occident avait tenté de créer pour panser les plaies de deux guerres mondiales. Ici commence aujourd'hui : les SOS des hôpitaux. La police devenu force paramilitaire. L'information tombée aux mains de magnats multimilliardaires. La suspicion sur la dépense publique quand l'individu est poussé à s'endetter jusqu'à rendre gorge. La stigmatisation de populations entières devenues ennemis de l'intérieur.
Londres. Birmingham. Sheffield, Barnsley. Liverpool. Belfast. Ancien ministre. Leader d'opposition. Conseiller politique. Journaliste. Ecrivain. Mineur. Activistes irlandais. Voici des paroles souvent brutes qui s'enchâssent, s'opposent et se croisent. Comment ne pas entendre ces quelques mots simples venus aux lèvres de l'ancien mineur Chris Kitchen comme de l'écrivain David Lodge : une société moins humaine était en gestation ?
Comment ne pas constater que le capitalisme qui prétendait alors incarner le monde libre face au bloc soviétique en plein délitement, est aujourd'hui en train de tuer la démocratie ?
Quand la mémoire prend forme, il est peut-être trop tard, mais il est toujours temps de comprendre. »J.P. -
Pour l'Ukraine est composé d'une trentaine de discours choisis parmi les plus marquants de ceux que le président Zelensky a prononcés depuis la veille de la guerre, puisque, le 21 février, pressentant l'attaque, il a solennellement appelé son peuple à l'unité de la nation. On y trouvera les dramatiques discours du premier jour (le matin et le soir de l'invasion), mais aussi les grands discours institutionnels comme ceux qu'il a tenus devant le Congrès américain, l'Assemblée nationale française, le Parlement anglais, et des discours aux populations européennes, comme celui de Prague, le 4 mars.
Sans relâche, il se pose en défenseur de son pays et, bien au-delà, des valeurs de démocratie et de liberté mises en danger par cette guerre. Volodymyr Zelensky nous avertit : si l'Ukraine tombe, c'est l'Europe qui tombe. Une parole qui restera à l'égal des plus grands discours de défense des valeurs démocratiques.
Cet ouvrage exclusif, publié avec l'accord des autorités ukrainiennes sur la base de textes autorisés, constitue la première édition mondiale de ses discours.
PREMIERE PUBLICATION MONDIALE.
TOUS LES PROFITS DE LA VENTE DE L'OUVRAGE SERONT REVERSÉS A L'ORGANISME DE SOUTIEN AU PEUPLE UKRAINIEN GÉRÉ PAR L'AMBASSADE D'UKRAINE A PARIS.
Traduit de l'anglais et annoté par Raphaël Zyss. -
Histoires diplomatiques : leçons d'hier pour le monde d'aujourd'hui
Gérard Araud
- Grasset
- Essai
- 7 Septembre 2022
- 9782246827399
L'invasion de l'Ukraine par la Russie a bouleversé les Européens qui assistent médusés au retour de la guerre interétatique sur leur continent. En effet, depuis 1945, les Européens de l'ouest sont sortis de l'Histoire grâce aux Etats-Unis. Poutine, qui se comporte comme les Etats l'ont fait pendant des siècles, leur prouve qu'ils doivent aujourd'hui se réhabituer à vivre une tragédie et non un drame bourgeois. Le `'moment occidental'' arrive à son terme, et l'on voit apparaître un monde de grandes puissances qui ont à définir un équilibre fondé sur les rapports de force, similaire à celui que connaissait l'Europe jusqu'en 1914. Or, les Etats appelés à coexister aujourd'hui n'ont ni langage ni tradition ni vision du monde en commun... Tout est donc à réinventer.
Gérard Araud propose ici de nourrir le réarmement intellectuel de l'opinion publique française à partir d'exemples tirés de son histoire pour mettre en lumière toute la gamme des obstacles inhérents aux relations internationales. Il nous livre un véritable manuel de diplomatie avec, à chaque fois, un rappel historique des faits, mais aussi l'explication des choix diplomatiques et leurs conséquences.
Ce livre, audacieux dans sa forme, dresse des parallèles entre histoire et actualité :
La guerre de succession d'Espagne et le conflit israélo-palestinien lui permettent d'interroger la meilleure manière de terminer une guerre.
La paix d'Amiens de 1803 et le Brexit illustrent l'art de conclure des traités.
Le Congrès de Vienne éclaire la distinction entre politique étrangère et diplomatie.
La dépêche d'Ems de 1870 interroge la pression des opinions publiques indignées à l'heure des réseaux sociaux.
L'Entente cordiale évoque l'idée d'équilibre des puissances incarnée aujourd'hui par les Etats-Unis.
La Première Guerre mondiale montre comment les alliances comme l'OTAN peuvent dévier de leurs causes initiales.
Le Traité de Versailles permet de comprendre que la « question allemande » est aussi une « question française ».
Le désastre de mai 1940 se pose comme matrice de la relation de la France aux Etats-Unis.
L'expédition de Suez de 1956, leçon sur la militarisation d'une politique étrangère, informe l'engagement de la France au Mali.
Enfin, le refus français l'invasion de l'Irak en 2003 démontre que la stature d'un pays ne se résume pas à son PIB ou sa force de frappe.
Cet essai brillant, manifeste du réalisme en politique étrangère, se dévore comme un livre d'histoire. -
C'est l'histoire d'un soutien français à une monarchie absolue dont on n'ose prononcer le nom. Où l'omerta et les tabous sont rois. Où, depuis l'arrivée d'un jeune prince sans expérience, sanguinaire et colérique, règnent la terreur et la corruption : les opposants sont condamnés sans procès, les plus riches fortunes du pays séquestrées, une guerre sanglante est menée au Yémen, un journaliste est assassiné dans un consulat à Istanbul.
Quand d'autres pays ont condamné l'Arabie Saoudite, qu'a fait la France face à ces dérives ? Elle a oeuvré à renforcer son partenariat, maintenu l'envoi de munitions, invité des soldats saoudiens à se former dans la plus prestigieuse école militaire française, mis au service du royaume ses communicants les plus redoutables, développé encore davantage ses accords culturels avec le royaume... Entreprises d'armement, chefs étoilés, architectes, économistes, politiques, présidents d'institution culturelle : tous aimeraient vendre leur savoir-faire à l'Arabie saoudite. A quel prix ?
Malgré l'opacité, les mystères et les portes closes, Audrey Lebel nous offre une enquête inédite sur les relations franco-saoudiennes et lève le voile sur l'aveuglement complice du pays des droits de l'Homme dans les crimes perpétrés par Riyad.
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La poudrière
Jean-Michel Décugis, Pauline Guéna, Marc Leplongeon
- Grasset
- Essai
- 6 Janvier 2021
- 9782246821489
L'ultra-droite est de retour, obsédée par la fin de la République. Des attentats se fomentent sur notre sol. Des groupuscules se montent partout ; gagnent la bataille idéologique ; pénètrent les principaux mouvements de contestations dans le pays, saccagent nos institutions, l'Arc de triomphe lors d'une manifestation des Gilets jaunes. Leurs relais sont médiatiques, littéraires, politiques. La thèse du « grand remplacement » de Renaud Camus a irrigué bien au-delà des rangs extrémistes, pour s'imposer dans le débat public.
Ils sont de plus en plus nombreux, sur le territoire, à se radicaliser autour des thèmes du déclin de la France, des crises économiques et sociales, de l'abandon du pays aux musulmans, de la faiblesse de l'État, au point que les services de renseignement pensent désormais inéluctable un affrontement entre communautés, dessinant l'ébauche d'une future guerre civile. Y sommes-nous déjà ? La société craquelle, la « dissidence », elle, s'organise. Alain Soral, Dieudonné, Boris Le Lay et autre prêcheur de haine sont interdits de Youtube Facebook ou Twitter, avant d'être poursuivis en justice et de devenir des martyrs de leur cause. Leurs sites sont fermés, ils en ouvrent de nouveaux. Quand leurs mouvements sont dissous, ils se reforment sous un autre nom. Actions coup de poing contre les immigrés - « kebabs, mosquées, on en a assez ! », camps d'été survivalistes, projets d'attaques, fermes à trolls, propagande numérique, etc. La DGSI craint l'attaque de loups solitaires de l'ultradroite et relève avec inquiétude l'apparition d'une frange de militants identitaires qui leur étaient jusqu'alors inconnus.
Jean-Michel Décugis, Pauline Guéna et Marc Leplongeon les ont rencontrés et font parler ceux qui s'estiment être les « Grands remplacés ». C'est à une plongée inquiétante que nous invitent ici les auteurs de Mimi. Portraits, réseaux, généalogie du combat, entrée dans la clandestinité : le feu couve. -
« Ce livre, écrit au jour le jour pendant et après les attentats contre Charlie Hebdo et à l'Hypercacher, ne sort que deux ans après les événements : il fallait respecter le temps du deuil ; et me donner la faculté de suspendre celui de la réflexion. "Penser" les attentats est une gageure, parfois même un oxymore : le risque est soit de donner trop de sens à ce qui n'en a pas, soit de rater les étapes d'un processus plus complexe qu'il n'y paraît. Penser les attentats, c'est possiblement se tromper. Ce livre est un cheminement, une progression, une interrogation, un questionnement sur la radicalité, la radicalisation, la jeunesse, l'islamisation, la violence, le nihilisme. Autant de termes qu'on ressasse à longueur de journées sans jamais s'arrêter pour les creuser, les approfondir jusqu'à la nausée. Ce petit essai est obsessionnel : revenir à l'infini sur les actes, les causes, les effets, les acteurs, les conséquences, sans jamais se raturer, au risque même, çà et là, de se contredire. Les frères Kouachi, Amédy Coulibaly sont les tristes protagonistes d'un événement originel, matrice de tous les attentats qui suivirent : les notes et scolies rédigées à chaud et publiées maintenant, doivent se plaquer sur tous les attentats qui suivirent, et qui sortent tout droit, peu ou prou, de janvier 2015.Car ce qui me frappe à la relecture d'un texte rédigé il y a deux ans, c'est à quel point ce qui y était prévu est déjà advenu ou encore, hélas, à advenir . Je n'ai donc rien censuré des passages prophétiques qui me donnent aujourd'hui le sentiment d'une réflexion rattrapée par le réel, au prétexte qu'ils pourraient être lus comme ayant été rédigés rétroactivement à partir du réel : on ne s'excuse pas d'avoir eu raison trop tôt. "Nous sommes en guerre" a dit le président de la République. Les écrivains ont toujours voulu dire la guerre. Je n'échappe ni à la règle, ni à la tradition. »Y.M.
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Le président est-il devenu fou ? le diplomate, le psychanalyste et le chef de l'Etat
Patrick Weil
- Grasset
- essai français
- 16 Mars 2022
- 9782246858126
Quand Le président T.W. Wilson : portrait psychologique, paraît en 1966, co-signé par le Viennois Sigmund Freud et William Bullitt, un diplomate originaire de Philadelphie, beaucoup crient au faux et mettent en doute la participation du père de la psychanalyse à ce livre entièrement consacré à un chef d'État américain. L'ouvrage fait scandale. La polémique enfle puis s'éteint sans que la vérité sur ses auteurs ait été démontrée. Le livre imprimé n'était en fait que l'ombre du manuscrit achevé en 1932. Le texte avait subi de nombreuses amputations et corrections - plus de trois cents - opérées par Bullitt sans l'aval de Freud, décédé depuis presque trente ans. Une fois le diplomate américain disparu à son tour, on crut le manuscrit princeps perdu. Patrick Weil l'a retrouvé.
Pour comprendre comment cette oeuvre a été conçue, y mesurer l'apport du père de la psychanalyse et saisir pourquoi elle a été censurée par son co-auteur, il nous faut plonger dans la vie de William Bullitt et le suivre, pas à pas, à travers les méandres de sa carrière diplomatique. D'abord proche conseiller de T. W. Wilson lors de la négociation du traité de Versailles qui devait, selon les voeux même du président américain, mettre fin à toutes les guerres et poser les fondements d'une paix mondiale via la SDN (La société des nations), Bullitt démissionne quand il découvre que le Président s'apprête à signer un traité qui dénature ses promesses, puis témoigne à charge contre lui devant le Sénat et l'opinion publique mondiale en septembre 1919. Quelques mois plus tard, à la grande surprise de Bullitt, Wilson sabote volontairement la ratification du traité... Comment un chef d'Etat peut-il détruire ce pour quoi il s'est battu ? Wilson, victime héroïque des revendications outrancières d'isolationnistes républicains comme l'Histoire l'a retenu ? La cause de son ahurissant retournement est-elle à plutôt à chercher dans la tête même du Président, son inconscient, ses mécanismes psychiques ? Le Président était-il devenu fou ? Bullitt en discute avec Freud, auprès duquel il suit une psychanalyse. C'est à Vienne, en 1930, que naît leur projet d'écrire ensemble un portrait psychologique du président américain.
Grâce à Bullitt et Freud, on découvre une autre réalité du Traité de Versailles, un nouveau récit de la période 1936-1940 qui précède l'effondrement de la France. Car quatorze ans après sa fracassante démission de 1919, Bullitt est devenu l'un des grands diplomates de Roosevelt, premier ambassadeur américain en URSS, puis à Paris entre 1936 à 1940. A travers ce témoin privilégié de l'Histoire, on découvre les grands événements internationaux du XXe siècle en compagnie des géants de l'époque : Lénine, Staline, Roosevelt, Herbert Hoover, de Gaulle, Churchill, Tchang Kaï-chek, Léon Blum, Daladier, Jean Monnet et bien sûr Wilson. Et l'on déchire enfin le rideau qui nous obscurcit la vue sur un passé souvent mythifié et mystifié. Quatre-vingt-dix ans après l'achèvement de leur livre commun, l'appel de Bullitt et Freud à reconnaître chez nos dirigeants les symptômes d'une personnalité pathologique avant qu'ils ne nous mènent à des catastrophes résonne de toute sa force.