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Arts et spectacles
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Une ancienne légende fait remonter l'origine de la peinture à l'initiative d'une jeune fille qui circonscrivit sur un mur l'ombre de l'homme qu'elle aimait avant qu'il ne parte pour un long voyage. Cette naissance "en négatif" de la représentation artistique occidentale est sans doute significative. En effet, la peinture fait son apparition sous le signe de la dialectique absence/présence (absence du corps/présence de sa projection). Cet ouvrage, situé au point de rencontre de la représentation artistique et de la philosophie de la représentation, se propose de poser les jalons de cette histoire qui conduit du mythe des origines à la photographie et au cinéma, à travers les expériences les plus significatives de l'utilisation de l'ombre dans l'art occidental.
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L'histoire des images est indissociable de l'histoire de l'art. Elle s'y distingue certes par des spécificités, comme l'histoire de l'architecture. Il serait impossible de dater et de localiser la plupart des images médiévales sans passer par l'histoire des styles et donc par l'histoire de l'art. On ne peut comprendre le sens d'une image sans ce préalable.
Il ne s'agit pas pour autant d'isoler l'histoire de l'art dans une autonomie factice. L'art est profondément imbriqué dans l'histoire sociale, religieuse et politique. Les spécialisations morcelant les compétences, ces imbrications sont souvent ignorées ou mal comprises, de sorte que la solution d'un problème se trouve non moins souvent au carrefour des disciplines. Les essais réunis dans ce volume s'y situent en tout cas clairement, débordant constamment vers l'histoire religieuse et celle des idées philosophiques, parfois vers l'histoire littéraire ou celle des institutions. La plupart d'entre eux sont relatifs aux images, parfois davantage à leur iconographie ou à leurs déterminations extérieures, comme le culte dont elles sont l'objet, parfois pour les situer stylistiquement ou pour mettre en évidence les procédés mis en oeuvre. Ils visent à rendre aux oeuvres leur consistance, en traitant tour à tour du statut de l'image médiévale, des thèmes iconographiques et enfin des problèmes spécifiques à une oeuvre ou à un ensemble d'oeuvres. -
Saturne et le sphinx : Proudhon, Courbet et l'art justicier
Chakè Matossian
- Librairie Droz
- 1 Juin 2008
- 9782600305228
L'art peut-il se soustraire à la question de la tyrannie ? La servitude volontaire résulte d'effets d'hypnose, elle procède d'un assoupissement de la vigilance du spectateur, entretenu par la croyance en l'image. Il incombe dès lors au philosophe d'en démonter le piège, de départir le plaisir de la représentation du leurre qu'elle produit. En posant le regard sur l'oeuvre de Gustave Courbet, Pierre-Joseph Proudhon, l'anti-tyran, investit cette problématique, qui, d'emblée, est nécessairement celle du rapport au réel. Qu'est-ce qu'une ligne ? Peinture et écriture révèlent, dans leur entrelacement, dans la relation spéculaire de leur tracé, que l'enjeu de l'acte créateur est la liberté, question de vie et de mort. En ce sens, s'il a une destination sociale, l'art ressortit au politique et à la médecine. Ainsi semble-t-il indispensable de repérer l'imaginaire médical et de le définir en tant que moteur de la pensée esthétique de Proudhon. L'examen de la dépendance de l'art au public et à l'espace public peut-il échapper au discours oraculaire ? Comment décider de l'écart entre destin et destination ? Reprenant ce questionnement à la suite de Kant, Proudhon trouve dans le symbole qu'il appelle " plus ou moins mythique " la seule figure possible d'un avenir qui, dans sa plénitude, se dérobera inévitablement. A l'instar de Saturne, Proudhon tranche. En tranchant, il trace. En traçant, il tranche.
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L'instauration du tableau 2 : Métapeinture à l'aube des temps modernes
Victor i. Stoïchita
- Librairie Droz
- 1 Juin 2008
- 9782600305167
Le présent ouvrage, consacré à l'apparition du tableau, a pour objectif de rendre visible le processus par lequel le travail métapictural a fondé la condition moderne de l'art. Il interroge également le statut du tableau en tant qu'objet figuratif "moderne". Cette étude traite du statut de l'image peinte en Europe occidentale entre 1522, année de la révolte iconoclaste de Wittemberg, et 1675 lorsque Cornelius Norbertus Gijsbrechts - peintre originaire d'Anvers - créa une toile représentant le revers d'un tableau. Stoichita concentre ces analyses sur des exemples venant de l'Europe du Nord, région où se cristallise le discours métapictural, la crise du statut de l'image religieuse et enfin la crise du "tableau" lui-même.
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Connoisseurship et histoire de l'art - consideration sur la peinture des xve et xvie siecles
Frédéric Elsig
- Librairie Droz
- 1 Janvier 2019
- 9782600305662
Dans la sphère académique, l'histoire de l'art traverse une crise d'identité qui gagne peu à peu le monde muséal. À force d'emprunter ses approches à d'autres disciplines des sciences humaines, elle prend le risque de perdre de vue son objet premier, l'oeuvre d'art dans sa matérialité, et son outil le plus fondamental : le connoisseurship. Celui-ci consiste à établir l'identité des oeuvres, en les replaçant dans la dynamique des parcours individuels et des échanges culturels. Loin de se réduire à un talent inné, il peut et doit être enseigné sur une base théorique permettant l'exercice de l'oeil. C'est à cet objectif que répond ce livre. Conçu comme un manuel méthodologique, il vise à responsabiliser les futurs acteurs de notre patrimoine et à leur transmettre des compétences concrètes, pertinentes aussi bien sur le marché de l'art que dans le monde muséal et la sphère académique. Ce faisant, il plaide en faveur d'une histoire de l'art organique, capable de se réinventer sans cesse.
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Art et democratie - art et democratie. les debats sur les arts du dessin dans les premieres annees d
Christian Michel
- Librairie Droz
- 1 Janvier 2020
- 9782600305709
Les protagonistes de la Révolution française ont voulu constituer un nouveau système des beaux-arts, destinés non plus à la glorification des princes et à la satisfaction matérielle des élites de la naissance et de la finance, mais à l'éducation de l'ensemble des citoyens. Ce sont les différents projets soumis à l'Assemblée nationale et à l'opinion publique qui sont ici présentés. Ils abordent des questions toujours d'actualité : la fonction qui doit être assignée à l'art dans une société démocratique, la reconnaissance de certains praticiens comme artistes, les modes d'enseignement des arts et le rôle que l'État doit jouer pour les soutenir et éventuellement les orienter. Les débats, assez virulents, autour de ces questions sont analysés dans une longue introduction. Cinq des textes les plus importants, dont certains n'avaient jamais donné lieu à une édition scientifique, sont ensuite présentés, édités et annotés. Cette anthologie fait connaître les prémices de débats qui n'ont toujours pas fini de faire couler de l'encre.
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Le génie de Léonard de Vinci, celui de Michel-Ange ressortent mieux sur le fond révélateur de l'Académie de Careggi, où Marsile Ficin règne en maître, évoquant sinon invoquant Platon. La culture platonicienne entretenue par Ficin - mais Cristoforo Landino ou Ange Politien sont tour à tour convoqués - délimite le contour d'un nouvel ordre artistique dont André Chastel, dans un travail de jeunesse qui engage déjà ses subtiles analyses d'histoire de l'art et des idées, rend raison avec passion. En quelques pages lumineuses, Jean Wirth donne à ce maître livre sa juste place dans une tradition historiographique qu'il a contribué à renouveler.
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A-t-il existé une statuaire carolingienne ? Les chefs-d'oeuvre de la sculpture romane auvergnate datent-ils bien du XIIe siècle ? La sculpture saxonne du XIIIe siècle dérive-t-elle vraiment de modèles français ? Quand a-t-on construit le porche de Moissac, le tympan de Conques, la façade de la cathédrale de Reims ? Ces questions et beaucoup d'autres reçoivent trop souvent, dans les études spécialisées et à plus forte raison dans les manuels, des réponses péremptoires qui dissimulent les difficultés, les raisonnements approximatifs et le refus des remises en cause. Examinant l'une après l'autre les méthodes dont nous disposons pour dater les oeuvres, de l'analyse de laboratoire au jugement stylistique en passant par l'interprétation des documents écrits, Jean Wirth évalue les apports et les limites de chacune d'elles. Il montre à partir d'exemples concrets quelles dérives les menacent et comment en faire le meilleur usage. Parfaitement conscient des faiblesses de l'histoire de l'art, mais amoureux de sa discipline, il en propose une critique radicale et constructive. Dater une oeuvre quelques décennies voire quelques années plus tôt ou plus tard n'est pas un petit jeu stérile, mais peut en modifier entièrement la signification artistique et le message. Si la statue-reliquaire de sainte Foy à Conques était réellement une oeuvre carolingienne, cela signifierait que le refus par Charlemagne du culte des images était irréaliste. Situés au milieu du XIIe siècle, les chapiteaux du maître auvergnat de Mozat sont des excentricités incompréhensibles. En les replaçant dans le contexte du XIe siècle, on s'aperçoit qu'ils constituent une étape majeure du développement de la sculpture romane et qu'ils ont été imités jusqu'à Compostelle. Enfin, comme le montre Jean Wirth, la datation précise des oeuvres est indispensable pour dégager l'individualité et l'influence des grands artistes médiévaux, au lieu de les dissoudre dans des écoles et des ateliers aux contours indistincts. Auteur de nombreux travaux sur l'image médiévale, Jean Wirth est archiviste-paléographe et professeur d'histoire de l'art à l'Université de Genève.
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Les chrétiens de la fin du Moyen Age considéraient-ils sainte Anne, la mère de la Vierge, comme une sorcière? Y avait-il de véritables athées au temps de Rabelais? La destruction des images saintes par la Réforme a-t-elle vraiment traumatisé les croyants? Pour répondre à ces questions, Jean Wirth réfute les facilités d'une histoire des mentalités et de l'imaginaire qui réduit les hommes du passé aux produits d'un conditionnement religieux dont nous nous serions progressivement dégagés. Il y substitue une sémantique historique qui traque le changement de signification des concepts derrière l'identité trompeuse des mots. D'un essai à l'autre, les notions dont se sert l'historien pour comprendre le passé, à commencer par celles de croyance ou de religion, perdent leur évidence et apparaissent elles-mêmes comme historiquement datées. Le terme de «croyance» n'a pas de véritable équivalent dans les langues médiévales et celui de «religion» y désigne normalement le mode de vie des clercs réguliers. Rien ne traduit mieux le succès de la Réforme et de la Contre-Réforme que le bouleversement du vocabulaire dont l'usage actuel est issu : le sens moderne de «croyance» et de «religion» apparaît lorsqu'il devient possible et même nécessaire de choisir entre des Eglises rivales. Il enregistre un changement social. Il est donc assez paradoxal d'expliquer le comportement des hommes du Moyen Age et même de ceux qui ont fait la Réforme par des croyances. Le procédé est commode, en ce qu'il permet d'assimiler la créativité en matière religieuse à une attitude passive, comme si les religions venaient du ciel.
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Venise et paris, 1600-1700 : La peinture vénitienne et la France (fortune et dialogues)
Fuccia Laura De
- Librairie Droz
- 1 Janvier 2020
- 9782600305716
Les villes de Paris et de Venise sont, au XVIIe siècle, deux des principaux centres internationaux du marché de l'art et des collections. C'est précisément au cours de ce siècle que s'amorce un processus d'enrichissement considérable des collections françaises en tableaux vénitiens de la Renaissance et que sont établis, au vu de ces modèles au coloris intense, les fondements d'un débat aux conséquences durables sur la formulation de la théorie de l'art et sur la production picturale française. Ce volume présente la physionomie des principaux collectionneurs français de tableaux vénitiens au XVIIe siècle et propose une étude de la réception de ces oeuvres en tenant compte des canons esthétiques élaborés et diffusés entre Paris et Venise. En s'appuyant sur un grand nombre de documents, pour la plupart inédits, et sur un vaste répertoire d'oeuvres, ce texte permet d'explorer la fortune en France de Titien, Bassan, Véronèse, Tintoret et Giorgione, tout en éclairant notre compréhension d'un dialogue intense qui s'instaure au Seicento autour du tonalisme vénitien.
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En cas de malheur, de Simenon à Autant-Lara (1956-1958) : Essai de génétique scénaristique
Alain Boillat
- Librairie Droz
- 1 Janvier 2020
- 9782600360463
Sorti dans les salles à une période charnière, le film En cas de malheur de Claude Autant-Lara (1958) fait ici l'objet d'une analyse approfondie qui porte à la fois sur l'écriture scénaristique, le contexte sociohistorique et les modalités de la transposition à l'écran du roman homonyme de Georges Simenon. Alain Boillat envisage les différentes variantes conçues par les scénaristes dans une perspective narratologique et d'étude des normes de genre. Ce faisant, il propose une méthodologie favorisant l'application au cinéma de la génétique des textes littéraires, et renouvelle plus largement l'étude du phénomène de l'adaptation. En discutant certains aspects du récit filmique (point de vue, flash-back, etc.), l'ouvrage montre combien le personnage ne peut être appréhendé au cinéma sans la prise en considération de la vedette qui l'incarne. Or En cas de malheur réunit les deux plus grandes stars qu'ait connues le cinéma français : d'un côté Brigitte Bardot, nouvelle icône de la féminité qui présage les bouleversements sociaux des années 1960, de l'autre Jean Gabin, associé à une image de la virilité issue des années 1930.
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Le Mortifiement de vaine plaisance, « la Mise à mort du vain plaisir », est un traité de dévotion composé par René d'Anjou en 1455. L'auteur écrit pour les simples gens lais, « les simple laïcs », sans rechercher une expression savante ou citer des autorités ardues. Sous la forme d'une fiction allégorique originale, il raconte comment l'Ame pieuse se plaint de manière émouvante à deux allégories personnifiées, Crainte de Dieu et Parfaite Contrition, du plaisir illusoire qui la tourmente sans cesse. Le martyre subi par le coeur est décrit avec âpreté et les images sont crues. Elles reflètent les mentalités de la fin du Moyen Age, la dévotion à la Croix et la hantise de la mort. L'oeuvre est imprégnée de spiritualité franciscaine et des écrits de Jean Gerson. Les allégories sont mises en scène de manière théâtrale et les dialogues sont émaillés d'images suggestives destinées à convaincre, comme dans les sermons des prédicateurs de l'époque. Trois paraboles, qui développent des sujets empruntés à la vie quotidienne, sont contées avec une verve destinée à emporter l'adhésion. Comme dans les autres écrits de René d'Anjou, le texte est indissociable de son illustration, qui fixe dans les esprits les scènes les plus émouvantes du drame qui est relaté. Le texte édité est accompagné d'une traduction en français moderne. Il est assorti de variantes, de notes et d'un glossaire. La reproduction en couleur de seize miniatures complète l'ouvrage.
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Oeuvres imprimées Tome 1 ; traités Messins I ; oraison très dévoté 1542 ; forme d'oraison 1545
Guillaume Farel
- Librairie Droz
- 1 Janvier 2009
- 9782600313285
Le Dauphinois Guillaume Farel, « boutefeu » de la Réforme en Romandie, dans le Chablais et le pays de Gex, fut à l'origine de dix-huit traités imprimés, parus entre 1524 et 1560, tous rédigés en français, exceptés deux en latin - certains ayant connu plusieurs remaniements ou rééditions. L'ensemble représente plus de 2000 pages in-octavo. Il n'en existe aucune édition exhaustive. La présente entreprise entend combler cette lacune. Elle propose une édition critique de toutes les oeuvres imprimées de Farel. Dans ce premier volume, sont présentées l'Oraison très dévote en laquelle est faicte la confession des pechez... de 1542 et sa réédition fortement amplifiée de 1545, parue sous le titre de Forme d'oraison... : textes de pastorale pour les fidèles, textes de politique ecclésiale à l'intention des pouvoirs temporels, textes enfin de défense de la cause reformée dans un climat de polémique religieuse. Les annexes dévoilent un ensemble de lettres et de documents, inédits bien souvent, publiés ici intégralement ou sous forme d'analyses, un ensemble de trente-six pièces rédigées entre l'arrivée de Farel à Metz et son départ (mi-août à fin octobre 1542). Elles permettent de mieux cerner l'action du réformateur à Metz et d'offrir un contexte précis aux deux traités publiés pour la première fois depuis la Réforme.
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Portraits de médievistes suisses (1850-2000) ; une profession au fil du temps
Collectif
- Librairie Droz
- 1 Juin 2008
- 9782600313230
En un siècle et demi, depuis que la philologie romane fut promue discipline universitaire jusqu'à nos jours, l'appréciation du langage en tant qu'il est consigné dans les textes médiévaux et la méthode scientifique qui en résulte se sont continuellement renouvelées. À travers une série de portraits fondés autant sur la biographie que sur le travail de huit médiévistes dont la formation ou les recherches sont ancrés en Suisse, ce volume procède les cas particuliers et montre l'évolution des pratiques philologiques sur la longue durée.
Les contributions réunies par Ursula Bähler et Richard Trachsler, mènent d'Adolf Tobler à Roger Dragonetti, en passant par les « Zurichois » Meyer-Lübke, Morf et Bezzola, et les Romands Piaget, Rychner et Aebischer. Illustrant une histoire de la médiévistique qui de fait déorde largement les frnotières de la Confédération Helvétique, elles donnent à voir comment chacun des savants étudiés a oeuvré, à sa façon, au progrès de la philologie moderne dans le domaine des langues romanes et infléchi les mutations qu'a traversées la discipline. -
En 1664, Perrault est secrétaire de la Petite Académie et commis de Colbert. Intermédiaire entre les artistes et le Ministre, il a pour mission de faire appliquer les nouveaux statuts de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture. Et notamment d'organiser ces fameuses « conférences » pédagogiques dont le premier commentateur sera Le Brun. La Peinture, vibrant hommage au premier peintre du roi - dont le principat était alors très controversé - est tout à la fois éloge du règne de Louis XIV et invitation aux académiciens à le glorifier par leurs oeuvres. Ecrit en vers, ce morceau de littérature est également pour Perrault une manière de légitimer son action professionnelle auprès des académiciens et de rappeler qu'il est aussi écrivain : l'auteur des fameux Contes.
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Les Figures de David à la Renaissance
Elise Boillet, Sonia Cavicchuioli, Paul-Alexis Mellet
- Librairie Droz
- 1 Janvier 2015
- 9782600318136
La figure de David, prophète et roi, pécheur et pénitent, aède et psalmiste, est une figure complexe et même ambiguë, particulièrement emblématique des tensions et des croisements fertiles entre les champs du profane et du sacré, du politique et du religieux. Les lettres et les arts de la Renaissance donnent ainsi à voir et à entendre l'audace pugnace et soumise du berger devenu champion de son peuple et du mercenaire ayant reçu l'onction divine, l'inconvenance révérencieuse du roi dansant devant l'arche d'alliance et la faiblesse adultère et meurtrière dans laquelle le jette l'oubli de ses devoirs civils et religieux. Et, dans les poèmes, les tragédies et les romans, les gravures et les peintures, les pièces de musique, une foule de figures qui lui disputent souvent le premier plan, de Saül à Bethsabée en passant par Jonathan. Ces représentations littéraires et artistiques font écho à la pensée politico-théologique qui se forge dans le contexte européen de l'affirmation des Etats régionaux et nationaux, des guerres d'Italie qui voient s'affronter les nouvelles grandes puissances et des guerres de Religion qui opposent souverains et peuples catholiques et protestants. Cette pensée, multiple dans ses développements, à la fois dissèque la singularité exemplaire du parcours politique et du cheminement spirituel de David et cherche le sens de sa destinée, au-delà de la galerie médiévale des preux, dans la lignée des juges et rois fondateurs de la monarchie d'Israël.
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La réception des Vite de Giorgio Vasari dans l'Europe des XVIe-XVIIIe siècles
Pascale Dubus, Corinne Lucas-fiorato
- Librairie Droz
- 27 Juillet 2018
- 9782600347051
« Ce sont vos écrits qui m'ont donné envie d'apprendre cette langue ». La langue est l'italien, les écrits sont la première édition des Vite de Vasari et l'auteur de cette lettre est un Flamand, Lambert Lombard, artiste et lettré renommé. La diffusion européenne des Vite fut immédiate, mais leur réception ne fut pas toujours aussi élogieuse. Les deux éditions du texte (1550 et 1568) déclenchèrent des réactions en tous genres, car elles suscitèrent des discours ekphrastiques, théoriques, historiographiques et critiques sur les arts figuratifs en Europe qui n'ont rien perdu de leur actualité. Les contributions rassemblées ici mettent en évidence la variété et la dynamique de la réception, entre les XVIe et XVIIIe siècles, de cette oeuvre hybride, source d'imitations, d'adaptations, de plagiat, de traductions et, bien sûr, d'inspiration. On reçut encore les Vite comme une oeuvre à la gloire de Florence, un recueil d'histoires romanesques et même la matrice d'un nouveau vocabulaire artistique. Le lecteur découvrira tout au long des chapitres les voies empruntées par ceux qui contribuèrent à construire l'histoire des arts européens en référence à ce monument fondateur.
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Il était nécessaire de fournir une réflexion sur une catégorie majeure de l'oeuvre rabelaisienne, mais peu arpentée pour elle-même : le monstrueux. Le large bestiaire tératologique qui peuple les romans de Rabelais est ici envisagé selon plusieurs biais successifs : sa caractérisation, son archéologie au regard de la philosophie naturelle, son positionnement particulier entrevu sous l'angle de l'histoire de l'art et des représentations du monstre, son économie dans les différents régimes du texte littéraire (narration, énonciation, description, recours intertextuels). Ce parcours permet in fine de mettre au jour les mécanismes d'une herméneutique du monstre qui reproduit dans le cadre du récit - et plus particulièrement par la manière dont les personnages et la voix narrative mettent en mots la rencontre avec des phénomènes naturels étranges - les préoccupations interprétatives du lecteur lui-même face au texte de Rabelais.