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P.O.L
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Léaud ne tient pas en place. Quand ce ne sont pas les doigts, les mains, les bras ou le corps entier qui bougent, ce sont les yeux qui regardent à droite à gauche, comme essentiellement indisciplinés. Résultat : une image dynamisée et un réjouissant climat de liberté, mais aussi le spectacle d'un personnage/acteur livré à lui-même, sans amarres, courant en permanence le risque d'une sorte de perdition. De là que malgré la vitalité physique et verbale, malgré la malice, la gouaille, le rire (souvent contenu), le sourire (éclatant, juvénile jusque dans le visage devenu vieux), on ressente chez Léaud un fond de détresse. »
Parmi les cinquante-quatre textes du cinéma de Léaud, dix-huit analysent le jeu de l'acteur, vingt-sept textes évoquent chacun un film (Les Quatre Cents Coups, Baisers volés, La Maman et la Putain, etc.), plus précisément une séquence dans le film, choisie parce que Léaud, révélé par François Truffaut, y est exemplairement lui-même, et neuf textes décrivent chacun un souvenir personnel dans la vie de l'auteur, un moment vécu dans la réelle compagnie de Jean-Pierre Léaud. Des Quatre Cents Coups (1959) à La Mort de Louis XlV (2015), les films évoqués se succèdent dans l'ordre chronologique, de même que les souvenirs. Ce parti-pris présente l'avantage d'une mise en perspective simple et claire : l'intemporalité des textes d'analyse traduit la permanence des oeuvres ; la chronologie, dans les deux autres types de textes, donne à ressentir le défilement des années et le vieillissement des individus - en particulier l'individu Léaud, bien sûr. -
Le cinéma que je fais : écrits et entretiens
Marguerite Duras
- P.O.L
- Fiction
- 7 Octobre 2021
- 9782818053508
"Que le cinéma aille à sa perte, c'est le seul cinéma.
Que le monde aille à sa perte, qu'il aille à sa perte, c'est la seule politique."
Marguerite Duras, Le Camion
Cet ouvrage recueille, pour la première fois, un ensemble de textes et d'entretiens de Marguerite Duras, la plupart inédits ou difficiles d'accès, autour des dix-neuf films qu'elle a réalisés des années 1960 à la fin des années 1980. Depuis La Musica jusqu'aux Enfants, en passant par India Song, Le Camion ou Le Navire Night, Marguerite Duras a rédigé des textes pour des dossiers de presse, des notes de tournage et des déclarations d'intention, des commentaires et des réflexions sur ses écrits, ses films et sur la situation du monde et du cinéma. Pour Marguerite Duras, tout est écriture, d'un bref entretien, d'un commentaire de film au roman, à la pièce de théâtre ou radiophonique, jusqu'au film lui-même. -
Face à Giacometti, et aux côtés de l'artiste, Jacques Dupin le fut souvent, qui lui rendit visite chaque semaine pendant treize ans. De cette amitié sont issus des textes, ici réunis pour la première fois, qui accompagnent et prolongent l'oeuvre.
Portraits d'un artiste au travail par un poète dont l'écriture éprouve la même exigence, les mêmes tourments, le même surgissement d'une présence séparée. -
Le spectateur zéro ; conversation sur le montage
Yann Dedet, Julien Suaudeau
- P.O.L
- Fiction
- 28 Mai 2020
- 9782818049938
Dans la joie du voyage, le plaisir du flash-back et des remontées en surface, Yann Dedet, monteur, revient ici sur cinquante ans de carrière et une bonne centaine de films. Avec un sens unique du détail, mais attentif aux grandes lignes, il se rappelle ses collaborations au long cours avec Truffaut, Stévenin, Pialat, Garrel, Poirier et tous les autres. Pourquoi n'avoir jamais monté plus d'un film avec la même réalisatrice ? Comment oublier le scénario et regarder le film en fac ? Qu'est-ce qui fait du monteur un psychanalyste d'occasion, un amant passager et un philosophe platonicien ? Et quel étrange syndrome pousse les cinéastes à lui demander des plans qu'ils n'ont pas tournés ? Dans cette seconde chambre obscure, le gardien ultime de la mémoire parvient-il toujours à retrouver le rêve du film ?
Entretiens avec Julien Suaudeau, romancier, collaborateur à Positif et réalisateur de plusieurs films. Il enseigne à Bryn Mawr College, non loin de Philadelphie. -
Au bord du documentaire : contributions à la revue Trafic
Harun Farocki
- P.O.L
- Trafic
- 1 Décembre 2022
- 9782818056530
Harun Farocki, né en 1944 à Neutitschein (aujourd'hui Novíý Jicín en République tchèque), a réalisé des films et des oeuvres audiovisuelles depuis la fin des années 60 et des installations depuis 1995 (soit plus d'une centaine d'oeuvres). De 1962 jusqu'à sa mort en 2014, il a vécu à Berlin, comme cinéaste, essayiste, enseignant et artiste.
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Emmanuelle André - Jacques Aumont - Paul Aymé - Raymond Bellour - Bernard Benoliel - Anne Bertrand - Damien Bertrand - Christa Blümlinger - Jacques Bontemps - Gabriel Bortzmeyer - Nicole Brenez - Érik Bullot - Mathieu Capel - Amadis Chamay - Serge Daney - Pierre Eugène - Jean-Paul Fargier - Harun Farocki - Hélène Frappat - Jean-Michel Frodon - Oliver Fuke - Hervé Gauville - Yervant Gianikian - Matthieu Gounelle - Philippe Grandrieux - Marie Anne Guerin - Ryûsuke Hamaguchi - Shiguéhiko Hasumi - Vinzenz Hediger - Nicolas Helm-Grovas - Radu Jude - Friedrich Kittler - Alexander Kluge - Romain Lefebvre - Mathieu Macheret - Catherine Malabou - Eva Markovits - Kira Mouratova - Laura Mulvey - Raphaël Nieuwjaer - Jacques Rancière - Mark Rappaport - Clément Rauger - Bert Rebhandl - Judith Revault d'Allonnes - Jacques Rivette - Jonathan Rosenbaum - Peter Szendy - Noah Teichner - Antoine Thirion - Marcos Uzal - Amos Vogel - Peter Wollen - Dork Zabunyan - Eugénie Zvonkine.
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Dans son oeuvre critique et rigoureuse, Harun Farocki aimait décortiquer le travail des média, des films et des machines de vision, mais aussi étudier celui des artisans, des ouvriers et du monde commercial. Depuis le milieu des années 1960 jusqu'à sa mort en 2014, tout au long de sa vie de cinéaste, d'essayiste et d'artiste, il a analysé les dispositifs des images photographiques et post-photographiques, leurs régimes d'affection et de signification.
C.B. -
"J'essaie peut-être de dire une chose impossible : être où je ne suis pas, parler avec les morts, aimer une inconnue. J'essaie, penché sur l'image, de fixer le point où la fiction prend corps.
Des histoires liées à la photographie, au cinéma, à des images qui hantent la mémoire ; des récits en train de s'écrire, des enquêtes en train d'être menées, des scènes en train de se filmer ; des études de cas : Antonioni, Gus Van Sant, Chris Marker, Giacometti, Stendhal, Duras...
Au fond de toute image, de tout récit, il s'agit avant tout de saisir l'absence, d'écrire la disparition."
Bertrand Schefer. -
Quelque chose est en cours. Je sens bien qu'on prend le train en marche, que les trois qui sont là ont dû se parler avant qu'on ne commence à les entendre. Marceline s'affiche en brune dans le noir et blanc. Dans quelques secondes, elle va entrer en cinéma, s'avancer de son corps, de sa voix, vers la mise en scène d'une effraction de l'histoire. Ses bras nus portent un message à peine visible : un matricule bouleversant, qui fait intrigue pour ceux qui la filment en ce 16 mai 1960. Cette histoire rapprochée du film d'ethnographie parisienne Chronique d'un été (Jean Rouch, Edgar Morin, 1960) reconstitue la fabrique d'un personnage féminin qui n'eut pas "les quinze ans de tout le monde". En intriquant intimité et collectivité, décors naturels et sites fantomatiques, hier et aujourd'hui, je suis partie à la recherche de ce que l'écran condense du manque et de ce que les archives déplient du temps - le temps d'apprendre à styliser et à dire. Apparaît ainsi, d'entre les pages, la silhouette prémonitoire d'une contemporaine, artiste et témoin de la Shoah.
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Mai 68, le chaos peut être un chantier ; conférence interrompue
Leslie Kaplan
- P.O.L
- Poésie
- 3 Mai 2018
- 9782818045121
Mai 68 a été une immense prise de parole dans toute la société française, entre étudiants et ouvriers, entre jeunes et vieux, entre femmes et hommes. On a parlé de tout, de tout, de tout, de la politique comme de la sexualité, des revendications comme des désirs, et ce mouvement culturel qui contestait la société capitaliste marchande dans son ensemble et dans ses détails nous a légué des outils pour penser aujourd'hui, et d'abord, pour continuer d'explorer la parole : pourquoi parler, comment parler, un dialogue, c'est quoi.
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Accompagner un film, c'est se tenir dans sa compagnie. Et ainsi, sans même le suivre pas à pas, ce qui est de toute façon illusoire, en figurer au moins une manière d'utopie grâce à la proximité marquée envers tels ou tels de ses moments, tels de ses traits les plus saillants. Afin que se révèle une prégnance du détail attestant l'intensité de la capture dont le spectateur a été la proie et qu'il essaie de rendre au fil de l'argumentation, de l'évocation qui lui paraît propre à servir le caractère unique, la valeur, le génie du film auquel il a choisi de s'attacher.
Robert Wise, Jacques Tourneur, Ritwik Ghatak, Roberto Rossellini, Satyajit Ray, Jean-Claude Biette, Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, Chantal Akerman, Claude Lanzmann, Gus Van Sant, Ingmar Bergman, José Luis Guerín, Benoit Jacquot, Stephen Dwoskin, Avi Mograbi, Philippe Grandrieux, Alfred Hitchcock, John Ford, Vincente Minnelli, Federico Fellini, Chris Marker, Harun Farocki, Paul Sharits, Max Ophuls, Fritz Lang - tels sont ici, dans leur ordre d'apparition, les principaux cinéastes dont les films ont suscité pour l'auteur autant d'émotions que de questions propres au cinéma. -
La querelle des dispositifs ; cinéma - installations, expositions)
Raymond Bellour
- P.O.L
- Trafic
- 16 Octobre 2015
- 9782818017036
- Dites-moi au moins l'argument de la querelle.
- Oh! il est si simple qu'il paraît pauvre face à tant de points de vue qui aménagent plus ou moins une dilution du cinéma dans l'art contemporain, et son histoire à l'intérieur de l'histoire de l'art. La projection vécue d'un film en salle, dans le noir, le temps prescrit d'une séance plus ou moins collective, est devenue et reste la condition d'une expérience unique de perception et de mémoire, définissant son spectateur et que toute situation autre de vision altère plus ou moins. Et cela seul vaut d'être appelé cinéma.
- Vous ne suggérez tout de même pas une primauté de l'expérience du spectateur de cinéma sur les expériences multiples du visiteur-spectateur des images en mouvement de l'art dont on tend à le rapprocher ?
- Évidemment non. Il s'agit simplement de marquer qu'en dépit des passages opérant de l'une aux autres et inversement, ce sont là deux expériences trop différentes pour qu'on accepte de les voir confondues. On n'oblige personne à se satisfaire de la vision bloquée de la salle de cinéma. Ce désert de Cameraland, disait Smithson, ce coma permanent. On peut préférer la flânerie, la liberté du corps et de l'esprit, la méditation libre, l'éclair de l'idée. On peut aussi, comme Beckett, se sentir mieux assis que debout et couché qu'assis. Simplement, chaque fois cela n'est pas pareil, on ne sent ni on ne pense vraiment les mêmes choses. Bref, ce n'est pas le même corps. D'où la nécessité de marquer des pôles opposés pour mieux saisir tant de positions intermédaires.
Les essais rassemblés dans ce livre, écrits entre 1999 et 2012, évoquent parmi d'autres les artistes et cinéastes Eija-Liisa Ahtila, Chantal Akerman, Zoe Beloff, James Benning, Dara Birnbaum, Jean-LLouis Boissier, Janet Cardiff et George Bures Miler, Hans Castorf, David Claerbout, James Coleman, Pedro Costa, Harun Farocki, Masaki Fujihata, Yervant Gianikian et Angela Ricci Lucchi, Douglas Gordon, Pierre-Marie Goulet, Philippe Grandrieux, Gary Hill, Alfredo Jaar, Ken Jacobs, Rinko Kawauchi, Thierry Kuntzel, Fritz Lang, Chris Marker, Cildo Meireles, Jonas Mekas, Avi Mograbi, Antoni Muntadas, Max Ophuls, Tony Oursler, Pipilotti Rist, Doug Aitken, Tania Ruiz Gutiérrez, Sarkis, Shelly Silver, Robert Smithson, Michael Snow, Beat Streuli, Sam Taylor-Wood, Eulalia Valldosera, Danielle Vallet Kleiner, Agnès Varda, Bill Viola, Jeff Wall et Apichatpong Weerasethakul. -
Il y a plusieurs âges de la peinture dans la fresque. Ce Déluge d'Uccello retient une énigme. Le problème de l'espace et de la construction perspective y est étrangement anachronique par rapport à ce qu'est ici la solution de la figure : une grande métonymie des états de mouvement dans un espace stéréoscopique ; la figure ainsi comprise comme corps y est débordée par une inconnue de référence et d'emploi dans le 'mazzocchio'. La couleur découpe des unités, non des détails : elle est faite d'un grain plus gros que les corps. Un des niveaux de lecture est sans doute celui qu'impose une sorte d'avancée fantomale du corps de la mythologie, non de ses figures. Ce livre est mis en scène par des passages de peinture (des passages écrits, des sortes d'animaux) qui prennent appui sur les deux bords opposés de ce Déluge : la division des corps dans l'eau et l'objet le plus résistant (le module refermé de construction des figures).
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Cher Paul
Au cinéma avec Paul Otchakovsky-Laurens
par Valérie Mréjen
« Étranges figures » du cinéma français par Marie Anne Guerin
Personnages en quête de lumière. En attendant les barbares d'Eugène Green
par Paul Choquet
Les fantômes de Yamagata par Clément Rauger
Éloge d'Agnès Varda par Christa Blümlinger
Éloge de la curiosité. Agnès Varda par António Preto
Les vivants et les morts. Marker, Resnais et Les statues meurent aussi
par Sam Di Iorio
Un film sauvé par l'amour. Son chemin d'Alexandre Chtrijak
par Irène Bonnaud
Un ange, des diables. Une fois, la nuit de Boris Barnet
par Fabrice Revault
L'arche de Noé, 2. Arènes sanglantes de Rouben Mamoulian
par Hervé Gauville
Slave to love. Trois tyrans par Mathieu Macheret
La menace étrangère par Josef von Sternberg (présentation par Janet Bergstrom)
Filmer une pensée. The Salvation Hunters de Josef von Sternberg
par Janet Bergstrom
Quatre plans sur vingt-quatre par Raymond Bellour
Fleurs de tragédie. Le pathos ornemental de Sternberg/Dietrich par Olivier Cheval
Dr. Sternberg & Mr. Mamoulian par Gaspard Nectoux
La collection particulière de Josef von Sternberg par Théo Esparon
L'Année dernière à Marienbad. Essai d'interprétation par Geneviève Bollème -
Nul besoin aujourd'hui de jouer au Christ pour descendre aux limbes, il suffit d'aller au cinéma, de payer son obole à la caisse d'une salle obscure, d'emprunter l'escalier tortueux qui conduit au sous-sol et de franchir la porte coupe-feu qui débouche sur l'enfer, le purgatoire ou le paradis des images où s'accomplissent nos désirs inavouables.
L'inconscient visuel que la caméra révèle à Benjamin, le cinéma permanent où Breton se laisse détrousser comme dans un bois ou l'espace négatif que creuse souterrainement l'art termite cher à Farber ne sont que d'autres noms de ces limbes, dévoyés autant que sécularisés, de notre temps. Pour s'y rendre, il n'est point de meilleurs guides que les films eux-mêmes, qu'ils relèvent ici du registre de la prose comme plusieurs productions hollywoodiennes de Sjstrm, de McCarey, de Tourneur et de Fuller, de celui de la poésie comme quelques oeuvres underground plus libres de Levitt, Loeb et Agee, de Brakhage, de Frank et Leslie, ou de celui, plus inclassable encore, de l'écriture de Biette ou de Straub et Huillet.
Ces Descentes aux limbes forment un diptyque avec Passages à vide dont elles constituent à la fois un prolongement et un cas limite. Là où ceux-ci s'efforçaient de décrire le vide central de l'essieu qui fait tourner la roue des films, celles-là tentent plutôt d'explorer son rayonnement vers la périphérie, aux confins du cinéma, aux abords de la peinture, de la littérature et de la photographie, tels qu'aperçus depuis cette autre rive. -
Visions du Capitole par Cyril Béghin - Claude de Givray, entre Ferreri et Carbonnaux par Luc Moullet - Piquante promenade dans les ruines de la Nouvelle Vague par Jean-Paul Fargier - La Mélangite, le « western mental » d'Agnès Varda par Bernard Bastide - La Mélangite ou les Amours de Valentin Synopsis par Agnès Varda - « The girl with a past » Clairvoyance d'Ida Lupino par Marie Anne Guerin - Des corps dans l'espace Le cinéma comme connaissance charnelle par Annette Michelson - Réflexions autour de Shining par Pip Chodorov - Les sentiments mitigés que m'inspire l'art vidéo par Eric de Kuyper - Le monde ouï Retour sur une lecture de Stanley Cavell par Jean-Michel Durafour - Jean-Louis Leutrat, un cinéma de paramnésie par Alban Pichon - L'arche de Noé, 15 Le Fleuve de Jean Renoir par Hervé Gauville - Murnau en Alaska par Janet Bergstrom - Noa Noa sur le Wannsee Tabou, Les Hommes, le dimanche et le paradis perdu du cinéma muet par J. Hoberman - Flying Man par Agnès Geoffray.
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Les Vacances de Hegel, le tableau que Magritte peignit en 1958 et qui représente un parapluie ouvert surmonté d'un verre aux trois quarts plein, est au centre de cette étude. Itinéraire plutôt qu'étude, en fait, puisqu'il ne s'agit pas ici d'expliquer une oeuvre, d'en épuiser le sens en se l'appropriant, mais d'épouser le mouvement d'une pensée qui travaille visiblement, de se placer sous un regard qui est aussi une peinture et aussi une pensée - et cela par l'écriture, cette description invisible... Bernard Noël, s'appuyant sur une analyse du regard qu'en retour l'oeuvre provoque et sur les textes laissés par le peintre, restitue le fonctionnement de cette pensée qui se confond avec sa matérialisation.
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On pourrait dire d'un roman du regard qu'il est le récit du regard tourné vers le corps au travail. Parfois tout est en gestes, postures, déplacements ; parfois tout se passe derrière le visage. Mais ce qu'on voit n'est-il pas fait de tout ce que l'on ne voit pas? Il y a de la peau partout, c'est sous elle que la pensée pratique ses tatouages, devant et sur elle que nos yeux dessinent des images tandis que, mot à mot, la langue y prend son plaisir...
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Cette suite d'articles, pour la plupart publiés en ligne sur le site des Cahiers du cinéma, certains dans la revue Vacarme, s'organisent autour de quelques faits ou éléments constitutifs, pour Pierre Alferi, du pouvoir qu'exerce le cinéma sur nous. D'abord le fantastique et l'immaturité qui sont d'ailleurs, hors même le genre dit fantastique qui fait ici l'objet de beaux développements, au coeur du cinéma qui produit des fantômes animés. Pierre Alferi s'attache à l'évocation et à la critique aussi bien des films à effets (science-fiction, monstres, vampires, etc.) que d'oeuvres plus discrètes, elliptiques, mais pas moins efficaces (ainsi du cinéma de Jacques Tourneur). Ensuite la mélancolie filmée à travers cette manière qu'ont certains héros non pas de regagner le monde qui leur a été refusé, mais d'en faire leur deuil. Ensuite encore, bien sûr, les acteurs, ce qui les fait, peut-être, des êtres d'un genre unique dont les personnages endossés seraient les espèces. Quelques portraits pour cerner une singularité qui ne s'affiche pas, hyperphysique, qui se laisse entrevoir de rôle en rôle, entre les avatars. Enfin, quelques articles imaginent des cinéastes à partir de leurs films. Certains s'appuyèrent sur un modèle déjà classique du beau, dans le théâtre et la peinture, pour maintenir farouchement une volonté d'art dans l'usine à films (Lang, Murnau, Ulmer, Preminger). D'autres, arrivés un peu tard, ont mimé cette volonté (Minnelli, Corman, Lynch, Kitano).
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Le corps du cinéma ; hypnoses, émotions, animalités
Raymond Bellour
- P.O.L
- Trafic
- 14 Mars 2011
- 9782818012604
«Ce livre cherche à mieux comprendre ce qu'est un spectateur de cinéma, un corps de spectateur pris dans le corps du cinéma. On y mène d'abord une comparaison, classique mais jamais éclairée, entre le cinéma et l'hypnose - cet état énigmatique, intermédiaire entre la veille, le rêve et le sommeil. Ressaisie dans l'histoire des dispositifs de vision dont l'hypnose participe, depuis la fin du XVIIIe siècle, cette vue du cinéma comme hypnose s'engage dans trois directions : une analogie de dispositifs ; une interprétation métapsychologique ; la réévaluation contemporaine de l'hypnose stimulée par la recherche neurobiologique. Le parti pris essentiel de ce livre suppose une équivalence entre l'état de cinéma compris comme hypnose légère et la masse des émotions éprouvées au cours de la projection d'un film. Mais plutôt que des émotions conventionnelles, de nature psychologique, il s'agit des émotions premières que Daniel Stern a nommées des affects de vitalité : les réactions sensibles induites chez le tout petit enfant par la construction corporelle et psychique de son expérience, qui sont autant de signes précurseurs du style dans l'art. De ces émotions sans nom, aussi variables que toujours recommencées, le cinéma semble par excellence être le lieu, lui qui se donne, dans ses films authentiques, pour la réalité faite art. Enfin, ce corps d'hypnose et d'émotion est aussi un corps animal. Part d'animalité de l'homme, tenant au mouvement, au plus élémentaire du corps affecté. Dès sa conception et sans cesse au fil de son histoire le cinéma s'est voué à la figuration animale. On la cerne ici à travers le cinéma américain où l'animal, entre pastoralisme et «wilderness», occupe une fonction anthropologique première ; et dans des oeuvres du cinéma moderne européen, d'où ressort une vision plus ontologique. Ce livre est largement conçu à partir d'analyses de films. On cherche à ressaisir le film dans son détail le plus intime, là où, de micro-émotions en émotions plus vastes, sans cesse il se construit. Le choix des films a été aussi divers que possible, dans l'histoire comme dans la géographie du cinéma : des films Lumière aux oeuvres du cinéma moderne et contemporain, en passant par le cinéma classique et le cinéma expérimental ou d'avant-garde. On aimerait avoir ainsi touché le coeur du cinéma. Quelques auteurs surtout ont inspiré cette approche : pour l'hypnose, Lawrence Kubie, Sigmund Freud, Léon Chertok et François Roustang ; pour le développement de l'enfant et la neurobiologie, Daniel Stern et Antonio Damasio ; pour la pensée et la critique du cinéma, Gilles Deleuze et Serge Danay.» Raymond Bellour.
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Reprenant au détail l'analyse systématique d'un tableau vénitien du XVIe siècle, Une partie d'échecs, le présent essai entend déplacer les grilles formelles d'une première publication. Ce travail de jeunesse avait donné lieu à un malentendu qui s'est nommé sémiologie des arts visuels. L'auteur était une ombre, il y manquait la chair, la peinture et la comédie des passions simulées, c'est-à-dire les raisons de notre attachement aux fictions. Ce livre-ci, à son tour, s'annule de lui-même : tout doit s'effacer. Le plaisir est la disparition de son objet, l'assurance de son évanouissement. L'objet d'élection ne meurt pas, il devient le passé. Seule la jouissance en est le présent.
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Gaël Lépingle, La Nouvelle Vague, arme et bagage. À genoux les gars d'Antoine Desrosières et Marguerite et Julien de Valérie Donzelli
Mariano Llinás, Nos démons
Fernando Ganzo, El Pampero à l'heure de La flor
Claire Allouche, Martín Rejtman, le tact du désespoir
Gabriela Trujillo, L'attente comblée par l'attente. Sur Zama de Lucrecia Martel
Érik Bullot, Synchronies discrètes. Notes sur le Journal de Raúl Ruiz
Antony Fiant, «L'histoire du dernier des hommes devenu un roi». André Robillard vu par Henri-François Imbert
Henri-François Imbert, André Robillard, en chemin. Journal de montage
Jacques Bontemps, Amanda, le hasard et la fragilité. Amanda de Mikhaël Hers
Raymond Bellour, Photo, cinéma, cinéma, photo - mouvements de Ross McElwee
Jean-Louis Comolli, Les Coréennes de Chris Marker
Gilbert Cabasso, Les Âmes mortes de Wang Bing
Jonathan Rosenbaum, The other side of the argument. Premières réflexions sur la fugue démoniaque d'Orson Welles
Hervé Gauville, L'arche de Noé, 6. Fantastic Mr. Fox de Wes Anderson
Marie Martin, Adapter Melville, porter son ombre
Sarah Ohana, Les personnages pointillés
Jean-François Chevrier, La disparition comme forme biographique. Lettre à Damien Odoul -
La Nouvelle Vague, arme et bagage par Gaël Lépingle
Nos démons par Mariano Llinás
El Pampero à l'heure de La flor par Fernando Ganzo
Martín Rejtman, le tact du désespoir par Claire Allouche
L'attente comblée par l'attente par Gabriela Trujillo
Synchronies discrètes par Érik Bullot
« L'histoire du derniers des hommes devenus un roi » par Antony Fiant
André Robillard, en chemin par Henri-François Imbert
Amanda, le hasard et la fragilité par Jacques Bontemps
Photo cinéma, cinéma, photo par Raymond Bellour
Les Coréennes de Chris Marker par Jean-Louis Comolli
Les Âmes mortes de Want Bing par Gilbert Cabasso
The other side of the argument par Jonathan Rosenbaum
L'arche de Noé, 6 par Hervé Gauville
Adapter Melville, porter son ombre par Marie Martin
Les personnages pointillés par Sarah Ohana
La disparition comme forme biographique par Jean-François Chevrier -
Marcos Uzal, La foire aux auteurs. Cannes 2019
Anne Bertrand, Voyages en Ghirri
Youssef Ishaghpour, Le peu de réalité de l'image numérique. 24 Frames d'Abbas Kiarostami
Olivier Assayas, Manny Farber : ce qui reste du cinéma
Manny Farber, Des années 1930 aux années 1970. Une conférence au MoMa
Sylvie Pierre Ulmann, Vigo, Luce
Gilbert Cabasso, Cinéma, numérique, survie. Lettre à Jean-Louis Comolli
Raymond Bellour, Avec Christian Metz - deux façons de penser
Guillaume Dulong, Merci. Du ciné-numérique au cinématographe chiffré de La Sapienza d'Eugène Green
Hervé Gauville, L'arche de Noé, 8. Mon oncle d'Amérique d'Alain Resnais
Judith Revault d'Allonnes, Zelimir Zilnik dans le tumulte de l'Histoire
Eugénie Zvonkine, Vers un réel halluciné. Requiem pour un massacre d'Elem Klimov
Elem Klimov, Le Dépassement
Andreï Tarkovski, Le montage
Thomas Lescure, Édith