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Les presses du réel
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Manuel d'écologie urbaine
Audrey Muratet, François Chiron, Myr Muratet
- Les presses du réel
- 11 Juillet 2022
- 9782378963484
Ce manuel propose un état des connaissances actuelles sur le fonctionnement de la nature en milieu yrbain : son écologie.
Les villes sont des structures complexes qui abritent une disparité de conditions de vie. Elles peuvent générer des viviers de biodiversité comme elles peuvent les détruire. Elles sont elles-mêmes des organismes qui se développent, mutent, périclitent. Ce manuel analyse ces phénomènes. Il affirme quelques principes afin de pallier la cécité écologique des citadins, et parer à l'agonie des écosystèmes urbains.
Ce manuel entend provoquer une prise de conscience. Elle est nécessaire, insuffisante et pourtant indispensable. Chaque être vivant dépend des interactions entretenues avec les milieux et le vivant qui l'entourent, quels qu'ils soient. L'ouvrage souligne par là même les dimensions sociologiques, urbanistiques et politiques induites. -
Formes et trajets Tome 1 ; hétérochronies
Nicolas Bourriaud
- Les presses du réel
- 19 Septembre 2022
- 9782378963743
Le premier volume du recueil de textes de Nicolas Bourriaud, autour de la problématique du temps dans l'art, et de la manière dont le thème ou le motif du temps et de la durée traverse l'oeuvre de nombreux artistes, en relation avec la société, les publics et l'histoire.
La critique d'art s'apparente plus que jamais à cette antique science qu'est la balistique. Dans un monde plus mouvant que jamais, elle calcule la trajectoire d'étranges objets catapultés dans la Cité, les oeuvres d'art. Elle explore leur parcours sinueux, cartographie les paysages qu'elles traversent. Elle est un discours trajectorial en son principe : à l'étude du mouvement décrit par l'oeuvre s'ajoute la description d'un itinéraire modèle, c'est-à-dire ce calque subjectif et conceptuel qui se surimpose, le temps d'un texte, aux formes de la production artistique : la théorie.
Quelles que soient les circonstances qui président à l'écriture des préfaces et des articles que l'on dissémine ça et là, les mêmes traits surgissent pour former des figures similaires, comme la limaille de fer se reconfigure toujours en fonction du degré de puissance d'un aimant. Textes de commande ? Oui, si l'on considère que l'activité du critique consiste à répondre aux sollicitations. Autrement dit, comme le pensait Serge Daney, à renvoyer la balle après un service, au plus près possible d'une trajectoire gagnante - en tout cas ailleurs que dans les pieds de l'artiste. C'est déjà beau de renvoyer le projectile, à une époque où l'on se contente de faire du mur contre les images. Mais on ne doit pas toujours renvoyer de la même manière, il faut diversifier les coups, du lob au passing shot... Pour éveiller l'intérêt, il importe en premier lieu de surprendre l'envoyeur, de viser un coin du terrain où personne ne se trouve, chercher toujours l'angle imprenable.
Ce premier tome regroupe des textes qui abordent la problématique du temps dans l'art. Tout d'abord en tant que thème central pour une génération d'artistes dont j'ai suivi le travail depuis mes débuts, à la toute fin des années 1980, puis comme un motif conceptuel, du temps réel de l'esthétique relationnelle aux bifurcations borgésiennes des artistes-archéologues, en passant par la grande synchronisation planétaire de ces dernières décennies.
Le volume inclut des textes sur Charles Avery, Braco Dimitrijevic, Subodh Gupta, Bertrand Lavier, Pierre Huyghe, Melik Ohanian, Philippe Parreno, Matthew Ritchie, Franz West... -
Bien que Richter se soit exprimé à maintes reprises par la parole et l'écrit, jusqu'à présent il s'est toujours montré réservé quant à la publication de ses textes. Hormis de nombreuses interviews, seuls quelques fragments de textes isolés ont été publiés ici et là.
Outre ses notes et extraits de journal écrits au fil des mots, trouvera-t-on des essais, des lettres, prises de positions et déclarations, manifestes, entretiens, conversations et dialogues.
Les notes écrites de Richter accompagnent l'acte de peindre, elles le mettent en question et subissent même son correctif. Au lieu d'un texte anticipatoire et explicite, apparaissent une pensée synchrone et une réflexion ultérieure, raisonnée au sens le plus littéral du terme, où le réfléchir sur soi-même est le prolongement du doute.
Comme nul autre artiste contemporain, Richter s'interroge sur le possible et l'impossible, sur la fonction et l'autonomie de l'art actuel. -
Pensée en acte ; vingt propositions pour la recherche-création
Erin Manning, Brian Massumi
- Les presses du réel
- 24 Mars 2022
- 9782378963156
La « recherche-création » monte en puissance en France. Erin Manning et Brian Massumi en sont parmi les plus radicaux théoriciens. Ils se demandent dans ce petit ouvrage quelle écologie de l'expérience mettre en place, entre recherche et création, pour nous aider à penser ensemble et à mettre la pensée en acte. En guise de réponses, ils tirent de leurs expériences vingt propositions décoiffantes et enjouées, qui donnent des envies plutôt que des leçons. Ils sèment ainsi des graines d'événements éminemment politiques, dont notre avenir a bien besoin.
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Danser l'imprévu : une lecture politique et sensible des cahiers de Vaslav Nijinski
Madeleine Abassade
- Les presses du réel
- 1 Octobre 2022
- 9782378963606
Au travers d'une nouvelle lecture minutieuse des Cahiers de Vaslav Nijinski, qu'on qualifia de « fou », et en les sortant de la réduction au diagnostic psychiatrique dont ils sont encore l'objet, Madeleine Abassade fait apparaître la révolte du danseur contre un ordre établi dont il fut l'instrument et dont il cherchera à s'émanciper en créant ses propres chorégraphies.
Hiver 1919. Le célèbre danseur et chorégraphe russe Vaslav Nijinski écrit sans trêve jour et nuit, depuis la Suisse où il s'est réfugié deux ans plus tôt. Son épouse le fera interner de force à l'hôpital psychiatrique de Zurich, falsifiera ses manuscrits avant de les publier comme témoignage de l'écriture d'un schizophrène. Bien que traduit au plus près de son écriture originale à partir de 1995, le livre du chorégraphe de L'Après-midi d'un faune et du Sacre du printemps est toujours considéré aujourd'hui comme les signes de sa bascule dans la folie.
Reprenant la lecture des Cahiers en menant une enquête minutieuse, Madeleine Abassade les débarrasse enfin de leur étiquette morbide. N'est-ce pas la pensée politique et spirituelle de Léon Tolstoï et peut-être celle du révolutionnaire insurgé Maxime Gorki que Nijinski interroge ? Au travers d'une remise en contextes historiques des secousses qui ébranlent l'artiste comme le monde et par l'examen de son écriture spiralée, répétitive, poétique, on découvre alors un Nijinski sensuel, sensible, passionné, non violent, dénonçant les inégalités sociales, pacifiste convaincu, insoumis, dont l'écriture dansante est engagée vers la quête d'une transformation. Là, Dieu n'est pas dans les icônes, mais bien dans les corps. Là, la vie comprend la mort et l'artiste danse l'imprévu. L'écriture de Nijinski est bien aussi radicale et révolutionnaire que l'était sa danse. -
Quand il est publié en 1976, le récit autobiographique du peintre abstrait franco-allemand Hans Hartung (1904-1989) intitulé Autoportrait donne le sentiment d'un recueil vivant et parfois un peu décousu de souvenirs personnels et de propos esthétiques. Le livre, qui ne connaît pas en France le succès escompté, est très vite soldé et disparaît des librairies... Cependant, il continue de faire son chemin parmi les spécialistes et les amateurs de Hartung ainsi que parmi les historiens de l'art, lesquels se passionnent pour une vie extraordinaire et romanesque, avec ses échecs initiaux et ses succès mondiaux, ses intuitions picturales visionnaires, ses traumatismes de guerre, sa puissante relation avec Anna-Eva Bergman et bien d'autres choses encore. L'Autoportrait sert obstinément de référence et de source.
Si sincères soient-elles, ces mémoires rédigées alors que l'artiste a plus de 70 ans ne sont pourtant pas toujours fiables, loin de là. Il était donc urgent de publier à nouveau ce texte avec un appareil de notes qui l'éclaire, l'affine, le contredit parfois. Cette édition critique s'appuie principalement sur l'étude et le traitement du gigantesque fonds d'archives sur Hartung, conservé à Antibes, dans la Fondation qu'il avait lui-même appelée de ses voeux. C'est son équipe - Marianne Le Galliard, Elsa Hougue, Thomas Schlesser, Jean-Luc Uro - qui a mené cette enquête, afin de mieux cerner l'existence et l'oeuvre d'une des plus singulières figures d'artiste du XXe siècle. -
Dans le palais des rêves : la vie et l'époque du légendaire Chelsea Hotel de New York
Sherill Tippins
- Les presses du réel
- 7 Septembre 2022
- 9782378963705
Une exploration fascinante des origines utopiques et des 130 ans d'histoire tumultueuse du légendaire Chelsea Hotel de New York, la plus grande et la plus ancienne communauté d'artistes et de musiciens au monde.
Sherill Tippins nous raconte l'histoire et la biographie du Chelsea Hotel à travers le récit captivant des vies que le Chelsea a croisées : de ses premiers jours en tant que communauté coopérative, après sa fondation en 1884 par l'architecte français Philip Hubert, en passant par ses périodes pop, rock et punk.
Le Chelsea n'a cessé d'évoluer à travers les événements et les personnes qu'il a rencontrés. Les deux récessions de 1893 et 1903 ont obligé les propriétaires à transformer l'immeuble d'appartements en hôtel. Des invités inattendus sont arrivés : des survivants du naufrage du Titanic en 1912, des marins et des soldats de la Première Guerre mondiale, des artistes du nouveau Fillmore East au début des années 1970. Même des policiers de la ville y sont passés, au moins deux fois : après la mort de Dylan Thomas en 1953 et le meurtre de Nancy Spungen, la petite amie de Sid Vicious, en 1978.
Il est difficile de citer les noms de nombreux écrivains, poètes, peintres et artistes américains importants qui n'ont pas vécu ou séjourné au Chelsea à un moment donné. De Dylan Thomas à Bob Dylan, de Virgil Thomson à Leonard Cohen, de John Sloan à Christo, le Chelsea ne s'est pas contenté de les héberger, il les a également nourris et inspirés.
Mais le Chelsea reste un mystère : pourquoi et comment cet hôtel est-il devenu la plus grande et la plus ancienne communauté connue d'artistes ? Dans le palais des rêves en est l'histoire intime et fascinante. -
Deux études, inédites en français, du sociologue et critique musical britannique Simon Frith, pionnier des popular music studies. Le premier texte offre une exploration critique de son champ d'étude à travers la question de l'analyse des textes de chansons populaires. Le second aborde la dimension technologique des musiques populaires.
Ce volume est consacré au sociologue et critique musical britannique Simon Frith, pionnier des popular music studies et l'un des initiateurs de l'Association Internationale pour l'Étude des Musiques Populaires (IASPM). Les deux articles qui composent ce volume, inédits en français, nous montrent comment Frith, selon sa propre expression, prend la musique populaire au sérieux. Qu'il s'agisse de la signification des paroles des chansons pop ou du poids de l'industrie musicale, Frith prend appui sur l'expérience des amateurs pour restituer les multiples sens que nous attribuons à la musique et la manière dont les technologies y contribuent. Attentif aux nombreux zigzags de l'histoire, aux continuités autant qu'aux ruptures, soulignant la diversité des protagonistes, il insiste sur l'importance des controverses, des désaccords et des imprévus, nous rappelant que la « lutte pour le plaisir » ne cesse jamais. -
Keep it Flat : Petite histoire sur la Terre plate
Alexandra Midal, Emma Pflieger, Antoine Foegle
- Les presses du réel
- 17 Octobre 2023
- 9782378964696
Regards croisés d'une théoricienne du design (Alexandra Midal), d'un neuroscientifique (Albert Moukheiber), de deux designers (Antoine Foeglé et Emma Pflieger) et de deux commissaires d'exposition (Jolanthe Kugler et Scott Longfellow) sur les mécanismes à l'origine de la théorie de la Terre plate, et les moyens de diffusion des récits « alternatifs ».
En dos de tortue, avec ou sans dôme : les formes multiples de la Terre plate agissent comme un mode de représentation cartographique de la dissidence, un ultime rempart à la modernité. Qu'est-ce que la théorie de la Terre plate ? Comment détourne-t-elle des événements politiques et scientifiques pour proposer un récit alternatif ?
La théorie de la Terre plate apparaît au XIXe siècle à l'encontre de l'idée même de la modernité. Pourtant, du train à la vidéo YouTube en passant par la radio et la photographie, les platistes ont su habilement - et continuent de le faire - capitaliser sur les moyens de diffusion de l'information à leur disposition pour mettre en doute la sphéricité de la Terre et tenter de gagner des adeptes en s'opposant aux institutions scientifiques et politiques.
Keep it flat. Petite histoire sur la Terre plate croise les regards d'une théoricienne du design (Alexandra Midal), d'un neuroscientifique (Albert Moukheiber), de deux designers (Antoine Foeglé et Emma Pflieger) et des commissaires de l'exposition Objectif Terre (Jolanthe Kugler et Scott Longfellow) pour tenter d'échapper à une vision manichéenne, généralement à l'oeuvre dans l'inconscient collectif, et comprendre les mécanismes sous-jacents qui fondent la théorie de la Terre plate. -
Objectif Terre : Le design de notre planète
Jolanthe Kugler, Scott Longfellow, Frédéric Neyrat
- Les presses du réel
- 17 Octobre 2023
- 9782378964689
Artistes, designers, chercheuses et chercheurs enquêtent sur le « devenir objet » de la Terre, face à la vision technoscientifique et aux projets de géo-ingénierie qui tendent à faire de notre planète un objet de design.
Notre planète est-elle devenue objet de design ? Face à la géo-ingénierie, à l'ensemencement de nuages et aux ambitieux projets de contrôle des écosystèmes planétaires, la question semble plus que jamais justifiée.
Représenter le monde par la cartographie, le modeler par l'aménagement du territoire, modéliser la planète pour anticiper les phénomènes naturels et, aujourd'hui, l'influencer en contrôlant le climat : cet ouvrage fait le point sur une posture qui existe depuis la sédentarisation humaine, qui a été largement accélérée par la révolution scientifique des Lumières, puis par une vision technoscientifique liée aux révolutions industrielles, celle du design de notre planète. Artistes, designers, chercheuses et chercheurs enquêtent sur le « devenir objet » de la Terre.
Publié à l'occasion de l'exposition « Terra. Le design de notre planète » au mudac - Musée cantonal de design et d'arts appliqués contemporains, Lausanne, en 2023-2024. -
Le troisième numéro de la revue annuelle qui s'attache à valoriser les savoir-faire et la technique dans le design, l'artisanat ou l'industrie, consacré au pliage.
On plie. Tous les jours, on plie. On plie du bois, du linge, du métal, du carton, de la terre, on plie même nos jambes, nos bras. Le pli s'immisce au creux de la peau, dans le coin des yeux, dans les mouvements de la terre... Les plis de l'eau... Le pli est partout.
Dans les métiers aussi, le pli est à l'origine de nombreux gestes techniques : cintrer, plisser, tordre, former, ployer, etc. Éventails, parachutes, tentes, serviettes, chaises... les objets se plient et se replient. Tout le temps.
Donc, on plie. Mais pour quoi faire ? C'est ce qu'on a tenté de comprendre avec ce troisième numéro du magazine Tools.
Un zingueur plie le métal avec sa plieuse portative. Une plisseuse plisse le carton avec ses doigts de fée. Un serveur de bistrot plie chaque jour les serviettes en tissu en attendant le rush du service. Un designer dessine les plis qui éviteront des assemblages trop complexes. Un ingénieur calcule le poids et la portée des armatures de la tente afin qu'elle puisse se déployer d'un seul geste. Une couturière plisse d'un geste précis le tombé d'une jupe de lit. Un légionnaire apprend à repasser et plisser sa chemise. Un militaire plie de la tôle pour construire à la hâte une caserne préfabriquée.
Parfois, plier c'est une question de vie ou de mort. Prenez l'exemple d'un parachute replié. Au prochain saut, il risque fort de ne pas se déplier correctement - et alors, on vous laisse imaginer la suite...
Au fur et à mesure de la construction de ce numéro 3, on s'est donc rendu compte que plier, parfois veut dire cadrer : prendre le pli, rentrer dans le cadre... On dit bien « se plier aux règles ». C'est peut-être le numéro de Tools où le lecteur ou la lectrice rencontrera le plus de militaires ! En effet, l'invention de nouveaux matériaux pliés, cintrés ou ondulés ont parfois appuyé des logiques de camps temporaires, d'infrastructures d'urgences.
On trouvera dans ce numéro aussi des vies nomades, des plis effectués dans l'urgence, comme lorsqu'on déploie une tente dans la rue, dans un contexte précaire. Plier, déplier, c'est alors une façon de se protéger, de chercher un abri.
On aura un aperçu des couches de temps immenses qui se faufilent dans chacun de nos plis : les gestes du pliage accompagnent l'Humanité depuis bien longtemps, depuis les premiers outils et les premières toges. Le pli fait partie, par exemple sous la forme des drapés, de notre histoire culturelle commune. Au temps de la modernité et de l'industrie, le pli est devenu le moyen de concilier des vies de plus en plus urbaines et sédentaires avec le désir du mouvement, comme une sorte de pont entre le passé et le présent. Le pli fait gagner de la place dans les appartements de ville, fait entrer de nouveaux objets dans des espaces de plus en plus petits. Comme si on était des escargots avec notre maison sur le dos, comme si on allait tout emporter, bientôt, sur le toit de la voiture.
D'une certaine manière, on peut dire que le pli se trouve à la frontière entre deux forces contraires : celle de l'ordre et celle du désordre. Au milieu, on trouve une sorte d'équilibre plus ou moins précaire : tant qu'on plie, on ne rompt pas.
Donc on plie, oui, mais parfois, on ne plie plus. Parce qu'on n'y arrive plus, ou tout simplement parce qu'on n'en a plus envie. Dans ce numéro, il y a aussi des gens qui froissent, comme cette adolescente qui se sent bien dans son désordre.
On espère donc que les lecteurs et les lectrices s'émerveilleront comme nous des immenses possibilités du pli pour construire des mondes ; mais aussi qu'il percevront que le pli, l'ordre, la mesure, il faut savoir les dépasser. Et si même Marie Kondo, la papesse de l'ordre, a arrêté de plier ses chaussettes, c'est bien que tout le monde a aussi parfois le droit de lâcher prise... -
Cattelan, Maurizio ; autobiographie non autorisée
Francesco Bonami
- Les presses du réel
- 11 Septembre 2013
- 9782840666639
Voici le récit, par son ami Francesco Bonami, du parcours de l'artiste italien, une des plus grandes figures du monde de l'art. De ses débuts dans les milieux populaires de Padoue, dans les années 1960, à l'annonce de la fin de sa carrière d'artiste, associée à la rétrospective qui lui a été consacrée en 2011 au Guggenheim, à New York, sont évoquées la genèse de ses grandes oeuvres et sa propre réaction au monde de l'art, et aux exigences liées à l'identité d'artiste.
« Je suis Maurizio Cattelan » a déjà eu de multiples occurrences, quand tel ou tel endossait, pour des entretiens ou des conférences, la « personna » de cet artiste italien abonné des magazines, des collectionneurs et des rumeurs les plus enthousiastes du monde de l'art.
Francesco Bonami a pris les commandes - comme un pirate qui détourne l'avion en vol - du jet(set) de la Cattelan Air, pour une autobiographie non autorisée, où le rusé commissaire d'exposition tient le « je » de l'artiste en haute estime au point d'écrire sans filet ses faits et gestes depuis l'enfance à Padoue jusqu'à sa récente démission de l'art après une rétrospective magistrale au musée Gugenheim de New York.
à 52 ans, Cattelan met un point final (?) à une carrière brillante, ponctuée d'oeuvres dérangeantes, polémiques et poétiques à la fois.
Bonami, son ami, le considère pour ce qu'il est ; un artiste né pauvre dont la success story est restée sous contrôle - hinterland italien aidant.
« J'ai été Maurizio Cattelan » le temps d'un court livre qui dévoile des moments furieux quand j'ai dû faire le choix du gendarme ou du voleur, de la maman ou de la putain, du clown blanc ou de l'amuseur public, quand j'ai eu l'idée de devenir artiste d'art contemporain - cette discipline qui permet tout et son contraire, qui autorise, parfois, tout un chacun à frôler les sommets sans périr foudroyé, qui a su, il y a si longtemps, créer les conditions d'un bouleversement du monde, et qui a échoué en fin de compte.
Heureusement...
« Je deviendrai Maurizio Cattelan » si Dieu le veut et si Francesco Bonami le souhaite encore. Le reste est déjà une légende urbaine qui s'étudie dans les classes propédeutiques.
Il aurait pu s'endormir dans les délices de Padoue, il en a juré autrement ; aujourd'hui, Maurizio Cattelan, qui a repris son nom véritable, officie incognito aux commandes de la plus belle boutique de la ville ; un magasin général.
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Art performance, manoeuvres, coefficients de visibilité
Michel Collet, Collectif
- Les presses du réel
- 28 Juillet 2023
- 9782378964719
La genèse de l'art performance est constituée d'une multitude d'expérimentations transdisciplinaires qui ont remis en cause les modes d'existence de l'art. Prisée pour ses audaces souvent spectaculaires, la performance est aujourd'hui célébrée et présentée dans un grand nombre de lieux de diffusion de la culture.
Parallèlement à ce foisonnement de performances ostentatoires, on observe la présence croissante d'autres déclinaisons du performatif : pratiques furtives, immatérielles, actions intangibles ou avisuelles... On parle à ce sujet d'infiltrations, de processus, de manoeuvres, d'art in socius, de services à activer.
Les auteurs de cet ouvrage sont des artistes et des chercheurs européens et nord-américains étroitement associés au développement de ces activités à faible coefficient de visibilité artistique. Non seulement ces approches transversales de l'art action se positionnent-elles aux frontières d'autres disciplines, mais elles débordent parfois le champ de l'art vers la philosophie, le politique, les sciences sociales ou encore les sciences naturelles. Ces chercheurs-créateurs parlent alors d'anti-performance, de lecture de l'espace, de géotransgression, d'agent d'art et du vacillement des frontières entre l'art et la vie. Ces approches convoquent des champs théoriques associés à de nouvelles façons de pratiquer la recherche-création et l'art en acte. -
Un parcours de l'oeuvre peinte de l'artiste, philosophe, psychanalyste et théoricienne féministe israélienne Bracha L. Ettinger, à travers un ensemble de reproductions et de textes de Jean-François Lyotard, Nicolas Bourriaud, Noam Segal, Amelia Jones, Precious Okoyomon et de l'artiste elle-même.
Bracha L. Ettinger, née en 1948, travaille aux avant-postes de la peinture contemporaine. Comme beaucoup d'autres femmes artistes, la radicalité de son travail commence à peine à être reconnue. Ettinger a formulé la théorie matricielle de l'origine à la fois comme modèle thérapeutique et comme philosophie. L'espace matrixiel se déploie également dans son travail artistique.
Pour la première exposition personnelle de Bracha L. Ettinger à Paris depuis 22 ans, Radicants publie un ensemble de textes essentiels autour de son travail, incluant deux textes de Jean-François Lyotard, un écrit de Noam Segal (commissaire de l'exposition), un texte d'Amelia Jones, et enfin le plus récent un projet d'écriture à quatre mains de Precious Okoyomon et Bracha L. Ettinger elle-même.
« L'oeuvre de Bracha Lichtenberg Ettinger est un travail d'anamnèse, guidé par la présence de la Shoah. Cette présence, comme de la Chose, ne demande rien, elle se fait oublier : déjà par le code secret dont la forclôt l'administration SS de la Endlsung, mais encore sous le nom bénin d'Holocauste, sous les pardons cérémonieux des chefs d'État et d'Église, et encore sous les mémoriaux autant de modes de l'oubli. »
Jean-François Lyotard. -
Deux entretiens dans lesquels Carmelo Bene expose sa méthode de travail et ses idées sur la télévision et ouvre une réflexion sur les liens entre avant-gardisme artistique et diffusion de masse.
Au croisement des arts, l'oeuvre de Carmelo Bene - acteur, auteur et metteur en scène, pour le théâtre, le cinéma et la télévision, mais aussi romancier et poète - remet systématiquement en question le langage artistique avec lequel il s'exprime. Ni captations de spectacles théâtraux, ni adaptations cinématographiques, ses réalisations pour le petit écran explorent les possibilités techniques et esthétiques offertes par le médium télévisé.
Ce volume réunit deux entretiens, respectivement avec les critiques Italo Moscati et Maurizio Grande, publiés au moment de la diffusion du Hamlet télévisé de Carmelo Bene (1978). L'artiste y expose sa méthode de travail et ses idées sur la télévision, ce « médium innocent aux possibilités puissantes, inexplorées ». Relues à l'ère d'Internet, ses réflexions invitent à penser les liens entre spectacle vivant et petit(s) écran(s), mais aussi entre nouveautés technologiques et recherche esthétique, entre avant-gardisme artistique et diffusion de masse. -
Art as a set of practices which take as their theoretical and practical point of departure the whole of human relations and their social context: the manifesto that has renewed the approach of contemporary art since the 1990s.
Where does our current obsession for interactivity stem from? After the consumer society and the communication era, does art still contribute to the emergence of a rational society?
Nicolas Bourriaud attempts to renew our approach towards contemporary art by getting as close as possible to the artists' works, and by revealing the principles that structure their thoughts: an aesthetic of the inter-human, of the encounter; of proximity, of resisting social formatting.
The aim of his essay is to produce the tools to enable us to understand the evolution of today's art. We meet Felix Gonzalez-Torres, Louis Althusser, Rirkrit Tiravanija or Félix Guattari, along with most of today's practising creative personalities. -
écrits (manifestes, textes, entretiens)
Lucio Fontana
- Les presses du réel
- 12 Septembre 2013
- 9782840666653
Première édition critique des écrits de Lucio Fontana (1899-1968), figure incontournable de l'art italien des années 1950 et 1960, fondateur du spatialisme et auteur des Concetti spaziali (Concepts spatiaux), cette anthologie inédite réunit les manifestes, textes et entretiens de l'artiste. Chaque écrit est contextualisé par une introduction et annoté afin de donner au lecteur des clefs de compréhension.
Cette édition est précédée d'un essai qui s'attache à analyser et à relire l'oeuvre de Lucio Fontana en mettant en dialogue sa part textuelle et ses réalisations plastiques dans la perspective de saisir la diversité de ses modes d'expression (peinture, sculpture, céramique, environnement) dans le contexte de la création européenne et américaine de la seconde moitié du XXe siècle. -
Prenant l'attitude d'un Persan à Paris, le grand critique brésilien Mário Pedrosa écrit en 1975 à ses compatriotes, depuis son exil parisien, un texte testamentaire, son adieu à la critique d'art.
Discours aux Tupiniquins est l'un des textes les plus profonds pour comprendre le point de vue de Mário Pedrosa, finalement très critique, sur les développements de l'art moderne occidental et son espoir d'un art nouveau, fruit de ce qu'il appelle encore le tiers-monde. S'il emploie le mot postmoderne, ce n'est pas dans le sens de Jean-François Lyotard, et pourtant, quelques années à peine avant La Condition postmoderne (1979), Pedrosa affirme que le moderne et le primitif, le savoir savant et le savoir populaire ont cessé de s'opposer. -
Pd-extended 1 ; poésie numérique en pure data
Jacques Donguy
- Les presses du réel
- 11 Mai 2017
- 9782840669333
Livre numérique constitué d'une série de 76 captures d'écran du projet de 2013 pd-extended 1, texte en aléatoire composé de typographies, d'images et de sons par le pionnier de la poésie numérique en France.
Jacques Donguy, critique d'art, poète, traducteur (d'Augusto de Campos) et théoricien, fondateur de la galerie d'art contemporain J&J Donguy, pratique la poésie numérique et sonore, en collaboration avec Guillaume Loizillon, Laurent Mercier et Etienne Brunet. Il utilise l'ordinateur en faisant appel à des procédures aléatoires basées sur le hasard, ce qui renvoie à Mallarmé et à son Coup de Dés. Jacques Donguy est l'éditeur, avec Sarah Cassenti et Jean-François Bory, de la revue Celebrity Cafe. -
Recueil de textes théoriques du compositeur allemand : un témoignage précieux de ses recherches sur le lien musical qui existe entre le son et le corps, permettant de mieux comprendre une grande partie de sa production musicale entre 1960 et 1990.
À la fois compositeur et théoricien, Dieter Schnebel devient célèbre grâce aux Glossolalies ou aux Maulwerke, dont l'écriture musicale utilise en même temps la voix, les gestes et les mouvements du corps. Si ses oeuvres musicales sont souvent représentées - et ce grâce à l'ensemble vocal Maulwerker, interprètes spécialisés dans le répertoire de théâtre musical contemporain -, ses écrits théoriques ne sont que très peu connus en France.
Pourtant, ils sont d'une incroyable actualité car Schnebel tente toujours de replacer la musique dans une perspective plus large, presque humaniste, dans laquelle l'interprète devient un élément central. Les textes traduits dans ce volume sont un témoignage précieux des recherches menées par Schnebel sur le lien musical qui existe entre le son et le corps et permettent de mieux comprendre une grande partie de sa production musicale entre 1960 et 1990. -
Le XXe siècle a été le théâtre d'une recherche intense et plurielle dans le champ musical, remettant sur le chantier l'ensemble des normes qui structuraient et définissaient la nature même de la musique : du futurisme à la noise, en passant par l'improvisation, la poésie sonore, l'électroacoustique, la live electronic music, ou encore l'installation sonore, furent ainsi reconsidérés les rapports entre musique et bruit, musiciens et non-musiciens, à l'espace et au langage, les notions de forme et de temps musical, les modalités de la création sonore, tout comme sa relation avec le quotidien et les autres arts. Si l'expression « musiques expérimentales » a pu désigner durant la seconde moitié du XXe siècle - et plus particulièrement dans les pays anglo-saxons - les recherches effectuées principalement dans une filiation diffuse avec l'esthétique cagienne, elle semble aujourd'hui beaucoup plus large, embrassant toute pratique se développant sur le terreau fertile des expériences musicales du siècle dernier, mais aussi sous l'influence des musiques populaires.
Les contributions réunies ici - écrits d'artistes, recherches universitaires ou essais critiques - ont valeur d'introspection de cette diversité, tout du moins d'une partie. Elles abordent tour à tour les notions d'expérience et d'indétermination, les rapports au bruit et au territoire, l'esthétique minimaliste et l'improvisation, le field recording, l'électroacoustique et l'électronique, l'approche conceptuelle, l'influence du metal, ou encore la place du son dans le champ de l'art contemporain, dessinant dans leur articulation les contours de ce que peut être l'expérience de l'expérimentation. -
Planète B : le sublime et la crise climatique
Nicolas Bourriaud
- Les presses du réel
- 4 Octobre 2022
- 9782493734020
Nicolas Bourriaud invite des artistes du monde entier à s'interroger sur la contemporanéité du concept romantique du sublime, à l'ère de l'anthropocène.
La prise de conscience du réchauffement climatique, en modifiant notre relation collective à la terre, a également eu un impact sur le regard humain. Dans ce contexte, le concept romantique du sublime a pris une nouvelle tournure : basé sur les rapports entre l'humain et la nature, défini comme un sentiment de « plaisir mêlé de terreur » et par le contraste entre l'immensité et l'individu, le sublime est la notion esthétique qui correspond à l'anthropocène.
Dans Planète B. Le sublime et la crise climatique, Nicolas Bourriaud invite des artistes venant du monde entier à s'interroger sur la contemporanéité de ce concept dans une exposition en trois actes : 1. Toute exposition est une forêt. 2. Charles Darwin et les récifs coralliens. 3. La mort tragique de l'île de Nauru.
Planète B. Le sublime et la crise climatique est le dernier chapitre d'une suite d'expositions entamée par La Grande Accélération. L'art dans l'ère de l'Anthropocène (Biennale de Taipei, 2014), suivie de Crash Test. La Révolution Moléculaire à la Panacée (Montpellier, 2018), et Le 7ème continent (Biennale d'Istanbul, 2019).
Ce catalogue est publié à l'occasion de l'exposition éponyme présentée au Palazzo Bollani, Venise, du 20 avril au 27 novembre 2022, avec Nils Alix-Tabeling, Dana-Fiona Armour, Charles Avery, Gianfranco Baruchello, Hicham Berrada, Bianca Bondi, Peter Buggenhout, Roberto Cabot, Alex Cerveny, Anna Conway, Sterling Crispin, Kendell Geers, Anna Bella Geiger, Loris Gréaud, Max Hooper Schneider, Agata Ingarden, Per Kirkeby, Agnieszka Kurant, Romana Londi, Turiya Magadlela, Lucia Pizzani, Thiago Rocha Pitta, Ylva Snfrid, Nicolás Uriburu, Ambera Wellmann, Haegue Yang, Phillip Zach. -
Straub/Huillet, non merci ? - la plainte d'un ami
Vincent Nordon
- Les presses du réel
- 11 Septembre 2013
- 9782840666677
On a beaucoup écrit sur le couple étonnant que formèrent les cinéastes Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Beaucoup trop. Trop de gloses, de références, de déférence. De seconde main.
Loin des chapelles, des groupes, des clans, des revues de cinéphiles, j'ai voulu Straub/Huillet, non merci ? comme un acte au plus près d'une mémoire.
C'est un livre apparemment narcissique, égocentrique, mais celui qui y dit « je » s'abrite derrière les masques du professeur, du poivrot, du clown lunaire, mélancolique et qui s'embrase au moindre souvenir.
J'ai rencontré le couple au sortir de mon adolescence, juste après la découverte éblouissante de Chronik der Anna-Magdalena Bach. Une longue amitié naissait, non sans éclats multiples dus au frottement de nos caractères assez rudes. Longtemps, je me suis couché devant eux ; j'étais devenu « straubien » comme bien d'autres, mais mon instinct de survie m'a conduit à cette guerre de libération personnelle que raconte Straub/Huillet, non merci ?
C'est - aussi - une déclaration d'amour posthume à Danièle Huillet, à sa beauté, sa force.
Son sourire enfui. -
Richter, peintre d'Allemagne - le drame d'une famille
Jurgen Schreiber
- Les presses du réel
- 11 Septembre 2013
- 9782840666660
Gerhard Richter est un immense artiste. C'est surtout un grand peintre d'Histoire dont l'oeuvre, déjà si accomplie, sort régénérée de la lecture de ce livre. Soit une enquête au coeur du système nazi de stérilisation et d'euthanasie des « faibles d'esprit » : une entreprise criminelle épouvantable dont sera victime la jeune tante du peintre. Celle-là même avec qui il figure, à l'âge de quatre mois, dans son célèbre tableau Tante Marianne peint en 1965 à partir d'une photographie prise en juin 1932, déclarée schizophrène et à l'élimination de laquelle participera comme médecin accoucheur et SS-Obersturmbannfürher le futur beau-père de Richter, Heinrich Eufinger, dont il épousera la fille Ema en 1957 - sans conscience ou connaissance de l'extraordinaire entrelacement des faits que relate l'ouvrage.
Voilà Richter rattrapé aussi par l'histoire : songeons à l'exil forcé de David ou à la fuite économique contrainte de Courbet, l'homme des allégories réelles, à qui l'on facture abusivement le rétablissement de la colonne Vendôme. Le premier est déclaré régicide, le second est un actif sympathisant de la Commune : c'est leur personne et la fin de leur carrière artistique qui sont concernées. Alors qu'avec Richter, à qui l'on doit en 1988 le fulgurant cycle pictural chroniquant à distance la fin des chefs de la Fraction Armée Rouge à la prison de Stammheim, c'est sa production de tableaux du milieu des années 1960 qui se voit reprise, obligeant salutairement à revoir l'approche de la totalité d'un travail qui n'est sûrement pas réductible à un discours conceptuel sur les styles ou à la seule délectation formelle.